dimanche 2 août 2015

Retrovision

Toutes ces télés en vacances 
Les chaînes de télé aussi bien publiques que privées sont en vacances, on dirait. Car il est clair que pour les différents programmateurs, l’été est synonyme, à leurs yeux, de rediffusions en boucle de vieilles émissions déjà ressassées, entre caméras cachées, variétés, jeux et fictions, la plupart produites tout au long de l’année ou durant Ramadan, soit celui écoulé, soit ceux des années précédentes. Ainsi depuis la fin du mois saint, certaines chaînes ne programment que des rediffusions de leurs propres programmes, ainsi que des fictions venues d’ailleurs, comme sur Ettassia et Al Hiwar Ettounssi, par exemple. D’autres chaînes se sont spécialisées dans la programmation de feuilletons égyptiens et libanais, telle NessmaTV. Les télés publiques ne font pas mieux, tout est reprise, on est même remonté jusqu’aux archives des années 70. Certes, l’émission «Les archives de la télé», diffusée en hiver sur Al Watania 1, vaut le détour, mais pas au point de la rediffuser, encore et encore, juste pour le remplissage. Or, partout ailleurs, les satellitaires ne prennent pas de vacances en été, bien au contraire, elles concoctent des grilles légères, en proposant des émissions toutes fraîches pour leur public. Et les genres varient : jeux, concours, divertissements, talk-shows, variétés. Cela outre la retransmission de grands événements culturels et sportifs. Prenons l’exemple des chaînes publiques françaises, France 2 et France 3 sur lesquelles sont programmées des émissions distractives et culturelles, à la fois aériennes, ludiques et instructives, telles que «Fort Boyard», «Secrets d’Histoire», «Un livre un jour», « Dans quelle étagère », «Intervilles» qui propose une compétition et un concours jubilatoires et conviviaux entre plusieurs villes françaises,s pourquoi, en fait, nos chaînes publiques, Al Watania 1 et 2,s ne produisent-elles pas une émission du même genre ? Ce qui permettrait de tisser des liens entre plusieurs villes et gouvernorats à travers l’émulation et l’échange entre les jeunes ? Certes, certaines chaînes diffusent une ou deux nouvelles émissions à l’image de Hannibal-TV, tel ce documentaire sur les étapes importantes des six premiers mois de la présidence de Béji Caïd Essebssi ou encore le programme hebdomadaire, «l’Interview». Cela outre que la satellitaire a judicieusement maintenu au moins l’un de ses programmes politiques comme « Face-à-Face », à titre d’exemple, où Kamel Jendoubi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec les institutions constitutionnelles et la société civile, a répondu aux questions d’Imen Maddahi sur la prestation du gouvernement Essid dans plusieurs domaines entre autres la crise du bassin minier de Gafsa outre une évaluation de l’adoption, le 25 juillet, par l’ARP de la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. D’ailleurs, l’on se demande pourquoi la majorité des autres chaînes locales ont supprimé leur programme politique comme si en été il ne se passait rien ni au plan national ni au plan international. Ce qui est loin d’être probable, à preuve l’adoption de la loi antiterroriste par l’ARP, les événements en Libye, en Turquie et partout au MoyenOrient qui méritent bel et bien un arrêt sur image.

Des spéciales culturelles qui se ressemblent

 Dans la grisaille des rediffusions ressassées à l’infini, il est encore heureux que quelques chaînes se focalisent sur les festivals d’été, notamment Carthage et Hammamet, et cela grâce à une couverture de tous les spectacles programmés. Ettassia, Tunisna-TV, Hannibal-TV, Al Watania 1 et 2 consacrent, ainsi, des spéciales à ces manifestations d’été. Or, toutes ces émissions se ressemblent, il s’agit de reportages avant et après les spectacles dont des extraits sont montrés outre l’intervention des artistes, des directeurs de festivals, ainsi que des témoignages de quelques spectateurs et journalistes, mais le plus souvent ce sont les mêmes journalistes qui, d’une chaîne à l’autre, évaluent de manière impressionniste la prestation des artistes qui étaient sur scène. Ce qui donne l’impression au public de suivre la même émission sur plusieurs chaînes. Un peu d’originalité dans le concept et le traitement serait, donc, souhaitable. Il existe, également, cette autre tendance dans ces spéciales, consacrées à la couverture des manifestations culturelles, consistant à poser des questions abracadabrantes, comme le fait Hella Dhaouadi sur Hannibal-TV et qui se voit même imitée par certaines de ses collègues. Le hic, c’est qu’on a même parlé dans les médias de «l’école Hella Dhaouadi» (sic). Bref, il est clair que les chaînes aussi bien publiques que privées ont, dans leur majorité, misé principalement sur le mois de Ramadan sacrifiant, par-là, la grille des programmes du reste de la saison estivale. Or, tout le monde ne peut pas se payer des vacances et même ceux qui en ont les moyens ne peuvent couper complètement avec les télés pendant deux mois ou plus. Mieux, la télévision est quasiment l’unique moyen de loisirs des pauvres, voire de la classe moyenne, et si toutes les chaînes leur servent quotidiennement le même plat composé seulement de rediffusions, il est normal que ces téléspectateurs se réfugient ailleurs en regardant les autres satellitaires arabes. A moins que pour les télés locales l’audience et l’audimat ne comptent pas et n’ont aucun intérêt durant la période estivale. Ce qui est étrange, car c’est pendant cette saison, où une bonne partie des Tunisiens sont en vacances et peuvent consacrer plus de temps à la télévision, que les chaînes, notamment les nouvelles, peuvent se (re)positionner et gagner du terrain sur bien d’autres.
Samira DAMI

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