RETRO 24 Février
La violence verbale perdure sur les plateaux
On a cru qu’après l’assassinat de Chokri Belaid la violence verbale et les tensions
dans les studios et sur les plateaux de télé allaient s’atténuer. Or, passés
quelques jours, les acteurs de la scène politique sont non seulement revenus à
leurs anciennes habitudes mais leurs propos ont décuplé de violence. Et les
exemples les plus criards sont légion : mardi dernier, sur Hannibal-TV, Hechmi Hamdi président d’El
Aridha versa un flot de reproches, diatribes et invectives versant carrément
dans la diffamation, accusant Hamadi
Jebali de « Haggar » (méprisant autrement dit ), de «perdant»
et de « traitre». Pis, il ne trouva pas mieux que d’affirmer, au nom de
tous les habitants de Sidi Bouzid, que« Si Jebali venait à être
reconduit par Ennahdha cela représenterait une humiliation pour eux tous»
(sic).
Sur les chaînes de radio ce n’était pas mieux, puisque une vidéo, enregistré dans un studio, a
circulé sur les réseaux sociaux montrant Bahri Jelassi , président du parti de
l’ouverture et de la fidélité, dans un état de déchainement total prenant à partie son interlocuteur dont
l’intervention lui a déplu. Fou -furieux il a failli s’en prendre physiquement
au journaliste lui reprochant le choix de l’intervenant, tout en proférant des
mots orduriers sans que cela ne le dérange outre mesure, provoquant le dégout
de tous ceux qui ont visionné la vidéo.
Il faut le dire, la violence verbale et les tensions perdurent
sur les plateaux. Or après l’assassinat infâme du président du mouvement des
patriotes démocrates et face à la situation très grave et délicate que traverse
le pays, peut-on aujourd’hui se permettre de tels écarts, en produisant des
discours incitant à la haine et à l’agression politique, peut-on, encore, débattre
dans la tension et la violence verbale ? Lesquelles ont largement contribué à la situation
dramatique que nous vivons aujourd’hui. Aux politiques de mesurer leurs propos,
d’avoir plus d’humilité et moins d’arrogance, surtout ceux au pouvoir.
Aux médias audio-visuels, de leur côté, de faire preuve de
professionnalisme et d’objectivité et de
prendre leur responsabilité par un choix dosé des invités. En évitant de
faire appel, juste pour le sensationnalisme, à des personnes qui ne peuvent
produire que des clashs et des shows de bas étage tant leurs propos querelleurs
et tapageurs sont irresponsables et
générateurs de haine. Ce qui ne fait qu’envenimer la situation. Mais ce serait
nettement mieux si, répétons-le encore une fois, les autorités activaient les
décrets 115 et 116 et la mise sur pieds de la Haica (Haute autorité de
l’information et de la communication audiovisuelle). Et les dramatiques
évènements vécues par notre pays tout récemment ne le montre que trop bien.
Un œil sur l’actualité économique
Un
nouveau magazine d’information économique hebdomadaire, intitulé Aîn ala El
Iktissad, (Un œil sur l’économie) diffusé tous les mardis vers 18H20, vient de
voir le jour sur El Watanya 1. Voilà qui nous sort des débats partisans
politiques pour nous plonger dan la réalité du monde économique qui touche
directement au vécu des citoyens. Justement le premier numéro de l’émission a
été consacré à la sinistrose qui frappe le secteur du tourisme ainsi que la
question de l'endettement du secteur. Cela sur fond de reportages, chiffres et
interventions d’experts et de spécialistes sur le plateau qui, pour le moins, maîtrisaient
leur sujet. Franchement il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme en voyant les
hôtels fermés ou en déprime en l’absence de touristes. Mais ce qui est encore
plus désolant c’est de découvrir ces images d’hôtels saccagés par des casseurs
et par ceux pour, qui, le tourisme est illicite. Comment se fera la reprise du
secteur dans ces conditions lamentables ? C’est pourquoi les invités ont
insisté sur la nécessité du rétablissement de la sécurité dans le pays.
Ce
magazine, qui se veut un œil sur l’actualité économique, est articulé autour de
plusieurs rubriques dont « Mostalah wa Hikayat», autrement dit « Un
concept et des histoires» dans un but de vulgarisation. Exemple : c’est
quoi la bourse ? A quoi sert-elle ? Mais, l’on remarque parfois que
l’explication de ces notions est assez laborieuse. Or, quelques illustrations,
entre dessins, animation et graphiques, peuvent contribuer à faciliter leur
compréhension par le plus grand nombre.
La forme est
assez dynamique dans l’ensemble, la présentatrice et les invités, qui lui font
face, sont debout, mais on pourra, cependant, reprocher à la journaliste Yosr
Sahraoui, cette tendance à avoir le nez dans ses feuilles, faute de
téléprompteur.
Au final
l’on ne s’ennuie nullement à regarder ce magazine informatif et utile, conçu
par Samira Mahdaoui et réalisé par Sonia Nefzi, d’autant que l’on y apprend des
choses. Ce qui n’est pas rien, loin de là.
S.D.