samedi 31 mars 2012


RETRO 25 MARS

Une manif reflétant le sens d’une Révolution

Les images des imposantes manifestations pacifiques, à Tunis et à Sfax notamment, à l’occasion de la célébration du  56ième anniversaire de l’indépendance ont fait le tour des télés et des réseaux sociaux. Vibrantes, éloquentes, réjouissantes étaient ces scènes où l’objet de tous les désirs était en premier lieu l’amour et le respect du drapeau tunisien, emblème de la patrie et de l’identité nationale, que brandissaient et arboraient,  avec  grande fierté, la majorité des manifestantes et des manifestants, comme pour le défendre et le préserver à jamais de toute profanation perpétrée récemment par des Salafistes. Tout ce beau monde était aussi rassemblé et mobilisé contre tous les extrémismes, les dissensions et discordes et en faveur de la préservation de l’Etat civil, la modernité et pour une Tunisie libre et unie, et du retour aux vraies causes et valeurs de la Révolution, à savoir l’emploi, la dignité et la liberté.

C’est en tous cas ce que rappelaient à tous les slogans scandés et écrits sur les banderoles ou pancartes ainsi que les témoignages recueillis auprès des manifestants qui ont par ailleurs déploré que les drapeaux  n’aient pas ornés nos villes et nos campagnes, comme à l’accoutumée, à l’occasion de la célébration de la journée historique du 20 mars 1956. Il est vrai que l’absence des étendards rouges et blancs a été remarquée par tous.  Et l’on se demande pourquoi cette éclipse étonnante et inexcusable et qui en est responsables, le gouvernement, les municipalités ou les deux ?  Y a-t-il quelqu’un pour éclairer notre lanterne ?

mercredi 28 mars 2012

Entretien avec : M. Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire, à La Presse:

Le combat du Tunisien n’est pas de savoir s’il est musulman ou non

Le combat du Tunisien n’est pas de savoir s’il est musulman ou non

Au terme des cent jours de l’accession du gouvernement provisoire au pouvoir, l’heure est moins au bilan des réalisations accomplies qu’à l’énumération des faiblesses et des erreurs, par ailleurs admises par M. Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire. Faiblesses qu’il impute au manque d’expérience de l’équipe gouvernementale, mais face à quoi il fait valoir, cependant, les qualités d’honnêteté et de bonne gouvernance.
Reconnaître ses erreurs, c’est se donner les moyens de les corriger. Le nouveau programme économique, dont le chef du gouvernement révèle les priorités essentielles, servira à ses yeux d’occasion pour apporter les correctifs nécessaires.
M. Hamadi Jebali s’est prêté de bonne grâce à toutes les questions de La Presse, même celles qui fâchent. Qu’il s’agisse du laxisme dont le gouvernement est accusé face au problème salafiste, au flou qui entoure le calendrier électoral, au renchérissement du coût de la vie, au sentiment d’insatisfaction qui prévaut dans les régions ou à sa visite aux détenus de l’Aouina, le chef du gouvernement a répondu sans détour.
A propos de l’initiative de M. Béji Caïd Essebsi, le chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots, appelant l’ancien compagnon de Bourguiba «à garder la mesure de son rôle et à ne pas chercher à souffler dans des corps inanimés». Interview .

lundi 19 mars 2012

Rétrovision 18/03/2012


De l’overdose des émissions
 sportives à celles politiques


De plus en plus, les chaînes de télé locales, et notamment publiques, recourent à la facilité, pour meubler les soirées, sans débourser beaucoup d’argent, en se contentant d’émissions de débats à propos de tout et de rien. Il suffit de disposer une table ronde ou ovale et quelques sièges sur le plateau et le tour est joué.  Pour causer, voire papoter, politique. Même El Watania 2, pourtant consacrée, soi-disant aux régions, s’y est mise, en programmant  des émissions du genre, Hadith fi Essiyassa,  (Conversation politique) Ma Waraâ El Hadeth (Au-delà de l’événement), animé par Moez Khadraoui, un revenant, jadis animateur d’émissions de jeux et de variétés, nouvellement converti à l’animation politique, comme ça, d’un coup de baguette magique, alors que c’est là le rôle des journalistes. Cela d’autant que pareil programme demande une certaine spécialisation, un background et une culture politique certaine. On se demande d’ailleurs sur quels critères sont choisis les animateurs des émissions politiques. Quand donc comprendra-t-on, du côté des chaînes publiques, qu’à chacun son métier ?
Bref, il est sûr que cette pléthore d’émissions de débats reflète un manque flagrant de moyens financiers ainsi que l’absence de cohésion des programmes  à travers une grille homogène et claire, riche de nouvelles productions. Or, faudrait-il, encore,  savoir qu’il n’existe pas un public mais des publics avec chacun ses préférences et ses attentes. Ce qui nécessite une programmation variée où coexistent tous les genres d’émissions afin de satisfaire et de répondre aux attentes de tous. Car il ne s’agit pas de passer d’un extrême à l’autre, d’une overdose d’émissions sportives, opium du peuple, avant le 14 janvier à une overdose de programmes politiques, modèle dominant après le 14 janvier. Tout est, donc, question de dosage et de véritable choix de programmation loin de tout remplissage ou improvisation.

vendredi 16 mars 2012

Portrait d'un Constituant : Mohamed Larbi Fadhel Moussa, Indépendant du groupe parlementaire «El Kotla El Dimocratiya»

Un électron libre qui privilégie le consensus

 
Marqué dès sa tendre enfance par cet esprit de militantisme qu’a connu la Tunisie post-indépendante des années 60, Fadhel Moussa a été influencé par sa mère, Zakia Moussa, qui était dans le feu de l’action, et leur maison, sise à la rue de l’Oise à Bellevue, ne désemplissait guère tant elle était ouverte aux démunis des environs tels El Ouardia, La Cagna, Dubosville, Borj Ali Raïss, Kabaria et autres qui venaient quérir une assistance sociale. «Ma mère était l’une des grandes militantes de l’Union nationale de la femme tunisienne (Unft), soutenue par mon père dès 1958 elle avait fondé «Nadi El Fatate» «Le club de la jeune fille», et deux ans plus tard «La maison du nourrisson», elle a émancipé femmes et filles en grand nombre. Ainsi, bien qu’issus d’une couche sociale moyennement aisée, nous vivions en totale communion avec cet environnement populaire», confie-t-il. Ce qui l’a marqué durant ses études primaires, de 1958 à 1963, c’est la précarité quasi générale qui imprégnait le pays : «Je me rappelle que le matin à l’école on distribuait du lait à tous les élèves sous l’œil attendri du directeur de l’école M. Mahmoud Sebaï, un homme inoubliable». A certains égards, observe-t-il : «Le spectacle de la désolation sociale de notre pays, aujourd’hui, n’est malheureusement pas très loin du spectacle de cette époque. C’est pourquoi je pense qu’il faut s’engager avec cette même ferveur dont ont fait preuve, alors, nos parents, pour redresser l’économie de notre pays».

mardi 13 mars 2012

meurtre du prédicateur Lotfi Kallel. Un crime aux mobiles obscurs


Un crime aux mobiles obscurs
• Il ne s’agit pas d’un braquage selon la famille et les proches
• «Je n’accuse aucune partie», affirme la sœur benjamine Sonia Kallel

Hier soir s’est déroulée au cimetière du Jellaz l’inhumation du prédicateur Lotfi Kallel, un quinquagénaire poignardé à mort dans le quartier de Montplaisir, à Tunis, dimanche à l’aube, par deux individus qui ont pris, aussitôt, la fuite dans une voiture de location.
La Presse s’est déplacée à la maison du défunt où ont accouru tous les proches, le voisinage, les camarades et les amis du prédicateur.
Tous étaient stupéfaits, éplorés et chagrinés par la disparition du prédicateur islamiste membre du groupe «Ettabligh».
La sœur benjamine du défunt, Sonia Kallel, en pleurs, affirme que l’assassinat de son frère est un crime planifié, tel un scénario de film. Et elle est d’autant plus étonnée que certains évoquent la possibilité d’un braquage : «Ce n’est nullement le cas», insiste-t-elle. Leur voisine, Mme Maryam Zaghouani, très chagrinée par la disparition de celui qui était son voisin depuis de longues années, abonde dans le même sens, rapportant les propos de son fils sur ce crime : «Mon fils qui travaille à Carthage est rentré dimanche à l’aube, avant 5h00 du matin, il m’a signifié que s’il était rentré un peu plus tôt il aurait pu peut-être sauver le disparu. Car, en rentrant il a vu une voiture de location qui roulait à une vitesse folle dans le sens inverse de la maison du disparu, ce qui l’a empêché de relever le numéro de la voiture ou d’identifier les assassins». Et de poursuivre : «Le disparu, poignardé à cinq reprises, est aussitôt rentré à la maison en criant et en appelant ses enfants, il y avait du sang partout… C’était terrible. Que Dieu ait son âme. C’était un homme de bonne moralité, pacifique, tolérant, il a été assassiné dans des conditions obscures mais j’ai confiance dans la justice pour découvrir les véritables mobiles du crime, identifier les coupables, les arrêter et les juger».
La sœur du prédicateur assassiné tient à nous dire que son frère «a choisi la voie de la religion et du ‘‘tabligh’’ dont tous les adeptes sont connus pour leur moralité, tolérance et bonté, refusant la discorde et la haine et appelant au bien. Il n’a jamais fait de mal à personne durant toute sa vie. Je récuse encore une fois des rumeurs qui insinuent qu’il a été victime d’un braquage car le dire c’est renoncer à chercher les véritables mobiles du crime. Mon frère n’a jamais reçu de menaces et je n’accuse aucune partie…».
Et d’achever ses propos en appelant les Tunisiens à la fraternité et à ne point se lancer des accusations d’apostasie qui ne font que susciter la haine et la discorde (fitna).

dimanche 11 mars 2012


Retro 12 mars

L’outrage au drapeau et le sit-in devant la télévision tunisienne

Qui mettra fin à ces inadmissibles agressions?

Les images, pourtant tremblotantes, captées par un téléphone portable ont fait, mercredi dernier, le tour des journaux télévisés des chaînes locales : on y voit un  Salafiste  décrocher et profaner  le drapeau national, hissé sur l’édifice qui se trouve à l’entrée de la Faculté des Lettres des Arts et des Sciences Humaines de La Manouba, pour le remplacer par l’étendard noir des Salafistes. Quand une  jeune étudiante, Khawla Rachidi, accourut pour l’en empêcher, il la jeta, violemment, parterre. Un groupe d’étudiants  est, alors, venu à la rescousse dans une pagaille générale, sous les yeux  horrifiés d’une partie des étudiants qui criaient leur colère et indignation alors que d’autres, Kamis et barbes  hirsutes et dont la plupart se sont avérés étrangers à la faculté, hurlaient  leur approbation, voire leur joie tout en scandant des slogans en faveur du port du niqab pour les étudiantes.

jeudi 8 mars 2012

Exposition perso-collective à la galerie Efesto à La Marsa.

Et Michela Sarti créa Polifema !

Et Michela Sarti créa Polifema !
«L’expo» se décline comme un conte ludique au gré des pérégrinations d’un sacré personnage qui n’est autre que Polifema, femme «ronde et dodue à l’œil de cyclope», référant à la mythologie grecque. Cyclope des temps modernes, elle exerce un fol attrait sur les Hommes. D’où son parcours tumultueux, loin d’être ordinaire et commun : après avoir été chassée du paradis, elle exerça le plus vieux métier du monde, tourna des films érotiques, puis entreprenant un voyage planétaire, en quête de bonheur, elle joua à la révolutionnaire en Amérique du Sud, cueilli de l’opium à Bukhara, dansa à Bollywood... Un jour elle rencontra l’amour et se débarrassa, enfin, de cette image de femme objet sexuel, qui lui collait à la peau. Elle atterrit sur les planches du célèbre opéra de Paris, puis du mythique Moulin Rouge. Désormais, elle danse dans les cabarets, «à guichets fermés», s’enivrant de bonheur, enthousiasmée et transformée par sa nouvelle vie de meneuse de revue.
La singularité de cette exposition initiée par Michela Margherita Sarti, artiste et galeriste tuniso-italienne, réside surtout dans le fond, soit ce parti pris de la thématique ludique, mais aussi cette dimension perso-collective. Car le public peut découvrir les différentes stations et étapes du voyage de Polifema ainsi que sa vie extraordinaire, loin d’être un long fleuve tranquille, à travers diverses toiles et photos concoctées par d’autres artistes. Ce personnage féminin, dont la forme se veut un clin d’œil et un hommage au grand peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, est sorti de l’imaginaire de Michela Sarti, qui s’est déjà distinguée par son univers inhabituel lors d’une précédente exposition, il y a deux ans : «El Fiabe Erotiche de Mimi». Polifema s’incruste dans les œuvres picturales de plus d’une vingtaine de peintres et photographes tunisiens et étrangers qui ont bien voulu jouer le jeu et prêter leur cadre et toile à l’initiatrice et auteure de l’idée qui intervient, ainsi, sur leurs œuvres. La femme cyclope des temps modernes se retrouve, le plus souvent, en avant-plan de la surface des représentations picturales et photographiques, et rarement en arrière-plan. Est-ce parce qu’elle en est le sujet et l’héroïne ? Visiblement oui, mais à y regarder de plus près on comprend qu’il s’agit d’une articulation, d’un personnage charnière qui donne du sens et de la cohésion à cette performance où le ludique le dispute au cocasse.
L’aventurière s’incruste dans les peintures pour suggérer les principaux épisodes du feuilleton de sa drôle de vie : on peut imaginer que telle Eve, en compagnie d’Adam, elle a été chassée du «Jardin d’Eden», toile représentée par Zoubeïda Chamari Daghfous dans un style mixte associant deux techniques, l’acrylique et le collage, sur le fond et à la surface de la toile s’entrecroisent et s’entrelacent des formes humaines et végétales: métamorphose des corps en arbres, métamorphose des visages en fleurs et vice-versa pour une parfaite harmonie avec la nature, soit cette quête éternelle du paradis perdu pour les Hommes, mais aussi pour Polifema que l’on retrouve «En terres inconnues», flottant sur un nuage à travers la peinture de Chawki Lahmar ou encore telle Alice «Au pays des merveilles» vivant des rêves d’enfance, étranges, surréalistes et ludiques, comme le reflète la peinture de Alia Kateb qui se particularise par le relief de ses collages. Enfin, notre personnage descend sur terre pour vivre la première station de son parcours planétaire à travers la toile «Invito Davanti», un clin d’œil au courant pictural hyperréaliste. Après la fréquentation assidue des bars à Tunis (photos de Skander Dhaoui), Polifema se retrouve star de cinéma non pas à Hollywood mais à Bollywood, ce qu’on voit dans la représentation de Patricia Natale : «Pupa et Polifema à Bollywood». La balade de la femme charnue et voluptueuse se poursuit de plus belle à travers les cadres de nombreux artistes tels Sabrina Belkhouja, Lamia Guemara, Tobi Ayedadjou, Anne Turki, Othman Taleb, Souhir Ben Yaâla, et les autres.
Michela Sarti a aussi convoqué de grands peintres disparus d’ici et d’ailleurs parce que la performance le veut, mais aussi pour rendre hommage à de grosses pointures du monde de la peinture comme Edouard Manet (Déjeuner sur l’herbe), Edgard Degas (La classe de danse) ou également notre peintre national Feu Ammar Farhat (Le journal).
Cette expo légère, traversée d’humour, a donné lieu à une autre œuvre, un ouvrage, en un unique exemplaire, au titre évocateur mélangeant les images et les mots : «La vie extraordinaire de Polifema».
L’exposition inaugurée le 12 février se poursuit encore. Avis aux amateurs.
Auteur : Samira DAMI

samedi 3 mars 2012

Entretien avec : Abderrahmane Ladgham, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption

La corruption coûte deux points de croissance à l’économie tunisienne

La corruption coûte deux points de croissance à l’économie tunisienne
• «Un Monsieur Bonne gouvernance» dans tous les ministères
Abderrahmane Ladgham, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, a fait plusieurs annonces au cours de cet entretien accordé à La Presse. Entre autres: la création d’un conseil supérieur de suivi présidé par le Chef du gouvernement, dans le but d’accélérer le recouvrement des biens spoliés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, une grande réforme concernant les achats publics et la formation des 5.000 acheteurs publics que compte l’administration et l’institution d’une législation dissuasive pour sanctionner la corruption.
Enfin, une campagne multimédia et un site web de gouvernance afin d’ancrer la culture de l’anticorruption et de l’éthique.