lundi 28 mars 2016

Arrêt sur image


32e Foire internationale du livre de Tunis : Le livre, ce meilleur ami de l’homme

 Par Samira DAMI
La 32e foire internationale du livre de Tunis (Filt) s’avère riche en événements et en manifestations célèbrant plusieurs formes d’expressions littéraires, artistiques et culturelles.
Cette session de la Filt, qui se déroulera du 25 mars au 3 avril, au Parc des expositions du Kram, fêtera le livre dans toutes ses déclinaisons entre nouvelle, roman, essai, biographie. 237 exposants de 23 pays et 400 auteurs, éditeurs et libraires offriront aux amoureux de la lecture une ouverture sur le monde favorisant la nourriture spirituelle et la découverte de nouveaux auteurs talentueux et importants. Outre l’exposition de livres, une foule d’actions et de manifestations est prévue entre tables rondes, conférences-débats, rencontres avec les écrivains d’ici et d’ailleurs, ainsi que deux colloques aux thèmes cruciaux : «La culture face au terrorisme» et «L’avenir de la littérature du Maghreb». Mieux, un symposium sera consacré au grand romancier espagnol Miguel Cervantès à l’occasion de la commémoration du 400e anniversaire de sa mort. La France étant l’invitée d’honneur de cette 32e session, le poète et romancier français d’origine tunisienne Hédi Kaddour, prix Goncourt du 1er roman en 2006 pour «Waltenberg» et grand prix du roman 2015 de l’Académie française avec les «Prépondérants», est, ainsi parmi nous, outre la présence de Jean-Marc Salmon, auteur de «29 jours de révolution : histoire du soulèvement tunisien» qui présentera son livre le mercredi 30 mars à 15h00, ainsi que de Fawzi Mellah et Benjamin Stora.
La foire du livre représente, au fil des ans, une occasion pour convoquer d’autres expressions dont le fondement n’est autre que l’écrit, tel le théâtre par exemple. Mais aussi la musique et la danse, le cirque pour mieux fêter le livre et afin de drainer davantage de public.
Ainsi une quarantaine de spectacles pour petits et grands figurent au menu entre pièces de théâtre, musique, performance, danse, cirque, séances de lecture et de contes pour enfants, cela sans compter l’animation d’ateliers, notamment du numérique et autres expositions.
Petits et grands lecteurs trouvent, visiblement, leur bonheur, eu égard au programme (espérons-le en tout cas) durant cette 32e foire du livre qui, cerise sur le gâteau, consacrera 8 grands prix aux auteurs et aux éditeurs qui se seront distingués par leurs œuvres entre fond et forme.
Quatre prix seront décernés aux éditeurs de livres pour enfants et aux auteurs d’ouvrages de traduction. La traduction représentant une ouverture sur les autres cultures et œuvres littéraires, scientifiques, politiques, artistiques. Enfin, «le meilleur tweet» en relation avec la foire du livre sera également récompensé.

L’Université centrale, partenaire de la Filt
Afin de mieux interagir avec leur environnement, les temples de la diffusion du savoir et de la connaissance, telles les institutions scolaires et universitaires, devront s’impliquer davantage. D’où la nécessité de voir la coopération des ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avec le ministère de la Culture qui chapeaute la Foire du livre de Tunis.
Ainsi, l’Université centrale par exemple s’est associée en tant que partenaire à la filt. Et sa direction souligne que «coïncidant avec les vacances universitaires, cela permettra aux étudiants de visiter les stands, de suivre les conférences-débats et de découvrir les multiples nouveaux métiers du livre, y compris la forme numérique. Des métiers à prospecter pour les futurs ingénieurs de polytechnique centrale. Habitués à un environnement pluriculturel, les étudiants de centrale com saisiront l’occasion pour tester leurs aptitudes-journalistiques et interviewer des auteurs d’envergure internationale, tel le denrier lauréat du Grand Prix de l’Académie Française Hédi Kaddour. Enfin, les étudiants de la Centrale DG auront l’opportunité de rencontrer et de dialoguer avec l’économiste conseiller de la BAD et ancien ministre des finances Hakim Ben Hamouda, lors de la présentation de ses trois derniers ouvrages.
Il est vrai qu’aux yeux de la direction de l’Université centrale, «la foire du livre représente une véritable fête du savoir, outre que l’art et la culture non seulement participent activement à l’économie et au progrès de la société, mais contribuent aussi à marquer les nouvelles générations».
Ainsi, d’une année à l’autre, la Foire internationale du livre de Tunis s’impose de plus en plus aussi bien en tant que manifestation commerciale que culturelle et artistique.
Souhaitons maintenant que, lors de cette 32e session de la Filt, les prix soient à la portée des toutes les bourses et qu’elle contribue par là à favoriser la lecture, franchement en crise sous nos cieux.
Car selon un sondage réalisé en avril 2015 par Emrhod consulting, 79% des Tunisiens ne possèdent pas de livres autres que le Coran ou des magazines, tandis que 87% n’ont lu aucun livre en entier durant les 12 derniers mois précédant la date du sondage, alors que 8% seulement ont acheté un livre pendant la même période.
La progression de l’analphabétisme, l’abandon scolaire, l’absence d’incitation à la lecture dans les programmes scolaires et universitaires, la cherté des prix et l’irruption des nouvelles technologies expliquent, entre autres, la crise de la lecture chez nous. D’où, encore une fois, la nécessité d’une coordination et d’un partenariat entre tous les ministères impliqués (l’Education, l’Enseignement supérieur et la Culture) afin de rendre au livre sa valeur et sa légitimité d’antan auprès, notamment, des jeunes générations.

lundi 21 mars 2016

Arrêt sur image : Inhebek hedi, de Mohamed Ben Attia

Conte ordinaire d’une tranche de vie

Par Samira DAMI
Le premier long métrage de Mohamed Ben Attia Inhebek Hedi ou Hedi est actuellement à l’affiche dans 17 salles de l’ensemble du pays.
La double distinction qu’il a obtenue à la Berlinale de 2016, soit l’Ours d’argent du meilleur acteur attribué à Majd Mastoura par le jury officiel présidé par l’immense Meryl Streep et le Prix du meilleur premier film accordé à Mohamed Ben Attia par un jury parallèle, fait courir le public.
La fable est simple, façon conte ordinaire, d’une tranche de vie : Hédi (Majd Mastoura), un jeune homme sans histoire, est indifférent à tout ce qui l’entoure, il laisse faire, il laisse passer.
Sa mère, autoritaire en diable, voire tyrannique (Sabeh Bouzouita), décide de tout : elle arrange et organise le mariage de son benjamin qui ne fait que subir, tel un ado, les ordres et les injonctions de tous : le frère aîné (Hakim Boumasoudi), le supérieur hiérarchique et autre, commercial pour une marque automobile, fait la navette entre Kairouan, où il habite, et Mahdia. Et c’est dans cette ville pittoresque et touristique qu’il rencontre, à quelques jours de son mariage, Rim (Rym Ben Messaoud), une animatrice et danseuse dans un hôtel. La rencontre avec cette jeune fille, mature, libre et indépendante, changera le long fleuve tranquille de son existence plate, monotone et morose.
Il tombera amoureux pour la première fois de sa vie. Transformé, Hédi, le taciturne vit enfin, s’exprime, se confie, en révélant sa passion pour l’art de la bande dessinée, goûte aux plaisirs de l’amour et remet sa vie en question…
Dans Inhebek Hedi, le réalisateur inverse les personnages types auxquels le cinéma tunisien nous a, en général, habitués: le personnage oppressé, opprimé,  voire écrasé par une mère, et, par-delà, par une société castratrice et dominatrice, n’est pas comme à l’accoutumée féminin, mais masculin (Hédi).
Autres inversions des rôles : l’oppresseur n’est pas, comme de tradition dans le cinéma tunisien, le père mais la mère et le personnage moteur, libérateur et émancipateur s’avère féminin.
La femme libératrice de l’homme et d’une société archaïque et pesante.
Toutefois, le résultat est le même, car que la famille (la société) soit patriarcale ou matriarcale, c’est toujours la jeunesse qui trinque tant elle est étouffée et enchaînée.
Or, justement, Hédi, cet anti-héros, est l’archétype d’une jeunesse désœuvrée (scène du café), errante et brimée même après la révolution perceptible en toile de fond du film (la grande histoire).
La révolution du 14 janvier 2011 n’a rien changé au carcan d’une société obsolète, sclérosée et en crise, ni à la condition des jeunes qui peinent à trouver du travail, à jouir de la liberté et de la dignité, les principales revendications de la révolution.
La double dimension du récit et l’allégorie sont claires et manifestes. Néanmoins, le film pose une question : l’exil serait-il la seule issue pour les jeunes ? Car face  à la mer et à l’horizon infini, sur la plage de l’hôtel, Hédi promet de suivre Rim qui doit partir travailler en France. Mais partira-t-il vers cette Europe, objet du désir?
Voilà qui entretient le suspense jusqu’à la fin du film ?
Toutefois, les mobiles et les motivations du choix final de Hédi ne sont pas aussi apparents et explicites.

Se libérer par la transe?

Au-delà des questions de l’errance et du désarroi de la jeunesse en quête d’amour, de liberté et d’un avenir meilleur, «Inhebek Hedi» déroule une histoire d’amour où les personnages sont nuancés et humains car même la mère autoritaire croit agir pour le bien de son fils.
Certes, mais qui dit amour dit relation passionnelle, surtout quand il s’agit d’un coup de foudre amoureux.
Or, on ne voit pas, on ne ressent pas la montée de la passion et la passion tout court, même dans l’unique scène d’amour du film.
On ne comprend pas, non plus, que Hédi le timoré et le timide prenne l’initiative d’embrasser Rim dans la scène de la baignade en mer. Car logiquement, étant donné le caractère des personnages, c’est à l’audacieuse Rim de le faire.
On s’étonne enfin de voir Hédi se libérer par la transe au rythme  d’une danse rituelle déchaînée, scène filmée, caméra à l’épaule,  de manière chaotique.
Cela à l’instar de plusieurs personnages féminins stéréotypés dans certains films tunisiens qui se libèrent par  la transe. Voilà qui nous replonge en plein exotisme car on aurait aimé que Hédi se libère autrement, par exemple en réalisant son projet rêvé : la publication de ses bandes dessinées.

Des plans et des références
Drame non dénué d’humour (scène où Hédi s’excuse auprès de Rim pour avoir menti et scène dans la voiture avec Khédija (Omnia Ben Ghalia)); Inhebek Hedi se décline dans une facture classique et une mise en scène sobre et épurée, façon les frères Dardenne (coproducteurs du film). Il est filmé du point de vue du personnage central et se caractérise par un parti pris clair : filmer le personnage de Hédi, l’anti-héros, de dos afin d’exprimer sa passivité et son atonie, notamment avant la transformation et l’évolution qu’il connaît.
Les plans larges, puis rapprochés, en servant les protagonistes, rythment le film. Certains nous renvoient à des références cinématographiques : tel ce plan où Hédi, à l’image d’un personnage de Scorsese, ou de Wim Wenders, se retrouve seul dans un immense paysage blanc immaculé.
Un plan filmé dans des lacs salés (sebkha) reflète la solitude du personnage.
Il y a aussi ce mouvement de caméra et ce travelling latéral à la manière de David Lynch (la voiture roulant de nuit). Il y a, enfin, cette scène du cimetière où Rim et Hédi sont entourés de morts, exprimant l’immobilité d’une société figée, sans vie. L’ennui, c’est que la qualité de l’image, dans pratiquement l’ensemble  du film, pose problème tant elle est approximative et indéfinie. Enfin, parti pris de l’absence de musique et des moments de silence ne nous renvoient-ils pas, encore une fois, au cinéma des frères Dardenne dont les films «Rosetta» et «L’enfant» ont raflé la Palme d’or en 1999 et en 2005.
Côté interprétation des acteurs, Majd Mastoura a sorti un jeu tout en retenue. Ce qu’il semble maîtriser, contrairement à l’interprétation de la scène de confrontation avec sa mère quand il refuse, enfin, qu’elle se mêle de sa vie et lui trace son chemin. Là, son jeu s’avère quelque peu brouillon. Rym Ben Messaoud n’a pas démérité, non plus, en interprétant son rôle avec justesse.
Inhebek Hedi, coproduction tuniso-(Nomadis Images et Tanit films)-belge (Les films du fleuve), vient confirmer la saillie du cinéma tunisien, surtout avec la sortie de plusieurs films réalisés, ces dernières années, et dont certains, pas tous, affichent une amélioration palpable au niveau de l’écriture du scénario. En ce sens que la tendance est désormais à la confection d’une histoire simple et cohérente, dans l’ensemble. D’où la réconciliation avec le public tunisien et même étranger.
Reste, maintenant, à soigner et à améliorer, globalement, l’écriture cinématographique, fond et forme confondus.
S.D.

Retrovision du 7 février 2016

Séries et feuilletons turcs
La déferlante 
Depuis le succès phénoménal de la série Noor (Gümüs), en 2005, les fictions turques ont envahi nos petits écrans. Rares sont les chaînes locales qui ne proposent pas quotidiennement deux à trois séries turques. Ce succès d’audience dans tout le monde arabe et même dans les Balkans (soit 70 pays) est dû, au fond, à l’invention d’une potion magique, d’un mode de vie alliant tradition et modernité, autrement dit Orient et Occident. Une mixture qui montre que la tradition et les valeurs musulmanes ne sont pas incompatibles avec la modernité. Cela tout en usant des ingrédients habituels aux fictions entre amour, romance, haine, jalousie, enlèvements, meurtres, actions, aventures, etc. Outre le choix de beaux héros et de décors intérieurs de rêve. Or, justement, Noor qui a marqué le début de l’engouement des téléspectateurs arabes pour les séries turques, incarne cette mixture magique. Tant ce feuilleton, quoique parfois tiré par les cheveux, traite du tiraillement entre tradition et modernité et distille amour et romance, sensibilité. Les héros de cette série sont incarnés par des acteurs qui ont profondément séduit les téléspectateurs arabes : Kivanc Tatlitug surnommé «le Brad Pitt du monde arabe» dans le rôle de Mohaned, incarnant le mari parfait aimant et romantique, et Songül Öden dans le rôle de Noor. Certes, l’actrice est moins séduisante, mais elle incarne la femme à la fois authentique et moderne, indépendante et courageuse. Quoi de plus normal que les téléspectateurs s’identifient et soient séduits par ce couple harmonieux, symbolisant l’amour romantique, objet du désir de tant de femmes arabes. Ainsi, le succès de Noor (85 millions de téléspectateurs dans le monde arabe) a précipité l’entrée, sous nos cieux, des séries du pays du Bosphore grâce à leur doublage en dialecte syrien, auquel les téléspectateurs tunisiens (arabes) ont été familiarisés grâce Séries et feuilletons turcs La déferlante à l’incontournable Bab El hara. Le doublage des séries turques ayant favorisé une véritable industrie au Liban. Autres séries télévisées populaires qui ont fait un tabac chez nous et dans la majorité des pays arabes : Wadi El Dhieb qui boucle sa saison 13 en Turquie et Harim El Soltane qui s’est achevée après 4 saisons. Il s’agit là d’une des plus grosses productions turques de tous les temps qui se focalise sur la période de Soliman le Magnifique, mais surtout sur son harem, les intrigues et les rivalités entre favorites dont notamment Hurem qui a réussi à devenir l’épouse du sultan. Prisée un peu partout dans le monde arabe, cette saga historique créée par Meral Okay et dont l’action se situe au XVIe siècle, a séduit les masses par la forme, la somptuosité des décors, des costumes, la beauté des acteurs principaux en mobilisant 150 millions de téléspectateurs arabes. Mais Harim El Soltane compte des milliers de détracteurs, en Turquie même, puisque dès la diffusion, sur Star-TV, du 1er épisode, le 5 janvier 2011, le conseil suprême de la radio et de la télévision a reçu plus de 75.000 plaintes demandant l’arrêt de sa diffusion. Même le président Recep Tayyip Erdogan a fustigé la série en déclarant : «Ce n’est pas le Soliman que nous connaissons. Il a passé trente ans de sa vie à dos de cheval et non dans des palais comme il est montré à la télé. Je maudis et condamne les réalisateurs de ces séries et les propriétaires de cette chaîne de télévision, qui l’ont réduit, dans ce navet, à un libertin, amateur de conquêtes sexuelles et collectionneur de femmes esclaves. Ceux qui jouent avec les valeurs du peuple doivent recevoir une leçon». Bien que les producteurs de la série aient rétorqué «qu’il s’agit d’une fiction et non pas d’un film documentaire», la série a été définitivement interdite sur les écrans turcs, une année après l’entame de sa diffusion, soit en décembre 2012. Le parlement turc ayant voté à la majorité la décision d’interdiction d’antenne en Turquie, pour «falsification de vérités historiques et obscurcissement de l’histoire turque présentée aux générations montantes».
 A consommer avec modération 
Bref, après les séries et feuilletons égyptiens et syriens, notre paysage audiovisuel est envahi par les fictions télévisées turques, entre drames, mélodrames, comédie sentimentale, genre policier, etc, qui battent tous les records d’audience : de Noor jusqu’à Wadi El Dhieb en passant par Ward wa chouk, Aski ou Amour interdit, Sanawat Edhayaâ, et autres. Les deux chaînes publiques diffusent actuellement la série Kouloub Taïha (Des cœurs dans la tourmente). Hannibal-TV, qui a perdu beaucoup de terrain côté audience de 2010 à 2013, s’est repositionnée à la 4e place avec une pénétration de 12,3%, selon Sygma Conseil, grâce à la programmation de la série Wadi El Dhieb. De son côté, Nessma-TV propose, quotidiennement, pas moins de trois feuilletons turcs : Sanawat Edhayaâ, Harim El Soltane (saison 2) et Kloub Erromane, doublé en dialecte tunisien, outre la création d’une chanson typiquement tunisienne spécialement pour le générique. Le succès des séries turques est tel que la chaîne a recouru au doublage en dialectal afin de brasser plus large au niveau de l’audience. Mais faudrait-il encore ne pas choisir des navets, or Kloub Erromane en est un, tant la fable est peu crédible et abracadabrante. Cela outre que la qualité du doublage qui n’est pas au top, notamment dans le choix de certaines voix. Et on constate là la différence avec le doublage performant des Syriens. Ainsi, le succès des séries turques dont les ventes ont rapporté 50 millions de dinars en 2015 peut être expliqué par la qualité de certaines d’entre elles, mais de là à opter pour des navets, et ils sont légion, voilà qui favorise le nivellement par le bas, nous rappelant la déferlante des télénovelas sud-américaines, dans les années 90, avec ces fables niaises, pas du tout crédibles et profondément soporifiques. On comprend, par ailleurs, que l’option des chaînes locales pour la programmation de séries turques est également due à leur coût assez modique d’autant qu’elles meublent les cases vides des grilles durant plusieurs années, mais s’en contenter n’est pas du tout judicieux. Car toute fiction représente un modèle de vie, la vitrine d’un pays avec ses qualités et ses défauts, mais surtout son identité. Or, tout public a besoin qu’on lui tende un miroir dans lequel il se retrouve. Et s’il consomme, à outrance, les fictions télévisées des autres, il finira par y être aliéné. C’est pourquoi toutes les séries étrangères devraient être diffusées et consommées avec modération. Cela outre l’impérative nécessité de produire tunisien, et pas seulement pour le mois de Ramadan, ou alors sommes-nous acculés à ne voir des fictions télévisées tunisiennes que durant le mois saint ? Tout porte à le croire.
S.D.

Retrovision du 14 février 2016

Attassia-TV
Entre le social et les concepts consommés
Après un premier démarrage à l’occasion du mois de Ramadan 2015, la chaîne généraliste privée, Attassia-TV, a officiellement lancé ses programmes le 23 janvier 2016. La satellitaire a programmé de nouvelles émissions, entre le social, le divertissement et le sport, en attendant les informations et les débats politiques. Mais rappelons d’abord qu’afin de marquer le coup et de se positionner dans le paysage audiovisuel tunisien (PAT), Attassia-TV s’est, à l’occasion du dernier Ramadan, associée avec la chaîne privée Tunisna, en proposant déjà quelques émissions spécifiques au mois saint, façon caméra cachée, jeux et fictions (Bolice, Ambulance et Leïlat Echak). La nouvelle grille annoncée comporte notamment deux talkshows, genre divertissement. D’abord RDV9, ou Rendez-vous 9 animé par une figure connue du monde du journalisme sportif, Mourad Zghidi, qui s’est révélé un animateur toutes options, puisqu’il est également présentateur-animateur d’une émission politique sur Radio-Kelma. Mais à force de vouloir brasser large, l’ancien journaliste sportif à Canal+ pourrait s’emmêler les pinceaux. Bref RDV 9 se focalise, chaque semaine, de manière décalée sur l’actualité politique, culturelle et autres, et ce, à travers plusieurs rubriques amusantes telle Caméra Houcem, en particulier, qui est concoctée par Houcem Hamed qui se fait un plaisir de titiller les hommes politiques et autres célébrités façon Le petit journal sur Canal+. D’autres rubriques sont pour le moins accrocheuses, telles Kima el youm (Comme aujourd’hui) dont l’enjeu est de raviver la mémoire des Tunisiens qui ont tendance à être oublieux de l’importance de plusieurs faits et événements de notre histoire. Chaâbouna El Adhim (Notre grand peuple), rubrique signée Mouna Dechri, met en situation des personnages dans la rue afin d’observer le comportement et la réaction des citoyens face à plusieurs problèmes et fléaux sociaux comme le racisme, et la violence dont sont victimes les femmes, etc. Ce genre de caméras cachées sont, aujourd’hui, galvaudées. Plusieurs émissions y ont recours ici (Mazalet el barka sur Al Watania 1) et partout ailleurs afin d’attirer l’attention de tous en dénonçant certains défauts et travers sociaux. Free Style est cette autre rubrique goupillée, dans un style libre, percutant et satirique, par le chroniqueur Haythem El Mekki, l’une des voix de Mosaïque FM, connue pour sa verve et sa liberté de ton dans les commentaires de la vie politique. Dans Free Style, il décortique, au gré de l’actualité, le discours des hommes politiques et autres événements importants de la semaine. De son côté Quoi d’9, à l’intitulé venu d’ailleurs, se veut un talk-show de divertissement, à l’image des Enfants de la télé animé par Arthur sur TF1. Amel Smaoui, qui a roulé sa bosse dans plusieurs chaînes de télé dont Nessma TV et les défuntes Canal+ Horizons et Telvza TV, anime ce talk-show marqué par certaines hésitations et pesanteurs dues, entre autres, à la maladresse de certains nouveaux chroniqueurs, entre hommes et femmes, qui sont loin d’avoir séduits. D’où la question : sur quels critères les a-t-on choisis?
La dimension sociale accrocheuse
 Les émissions sociales semblent cet autre pilier de la satellitaire. Ainsi, deux émissions Yed Wahda (L’union) et L’Eria du genre téléréalité ont-elles été programmées. Yed Wahda, présentée par l’homme aux multiples casquettes, le comédien, humoriste, animateur de radio et de télé et metteur en scène, Jaâfar Guesmi, décline un concept déjà vu et consommé ailleurs sur d’autres télés arabes. L’important, c’est qu’on y expose la situation de citoyens démunis, vivant sous le seuil de la pauvreté, dans la Tunisie profonde, tout en incitant «les âmes généreuses» à réagir en venant en aide à tous les laissés-pour-compte afin de contribuer à les faire sortir de la misère et à combattre, aussi, la précarité et l’exclusion sociale. Accusé par certains d’utiliser la pauvreté comme un fonds de commerce et d’user d’un style populiste, le présentateur, qui a animé, durant Ramadan dernier, une émission du même genre sur Radio IFM, rejette toutes ces accusations en bloc, en rétorquant que «dans le contrat qui le lie pendant 5 ans à Attassia TV, il est stipulé qu’il cède tous ses droits et son salaire au profit de ces mêmes démunis». Toutefois, moins de dramatisation dans la forme apporterait une touche supplémentaire de sincérité afin d’éviter tout populisme et exploitation dans un but d’audience. Coproduite par IFM, l’émission apporte du bonheur à certaines familles mais ne représente pas pour autant une solution à la détresse humaine. Car c’est au gouvernement de mettre en place un plan contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Mais entre-temps, on ne perd rien à réaliser les rêves de quelques personnes démunies. L’Eria est cette autre émission sociale du genre téléréalité qui se focalise sur le parcours terriblement dramatique d’anciens prisonniers qui souhaitent se reconstruire et se réinsérer au sein de la société. Des trajectoires de Sikimimi, Jamel Zguem, Regaïeg et autres, on peut tirer plusieurs enseignements sur l’enfer des prisons et leurs méfaits physiques et psychologiques sur les emprisonnés ainsi que ses effets sur leurs familles. On pourrait reprocher, toutefois, à l’émission sa forme par trop hachée et speedée. Dans sa grille automnale, la chaîne a déja consacré une plage horaire importante au football à travers la retransmission de deux matches par semaine de la Ligue 1 et l’émission hebdomadaire Attassiâ foot. Or, dans la nouvelle grille, on s’attendait à des émissions sportives consacrées à d’autres disciplines que le foot. Mais ne voilà-til pas que la satellitaire remet, encore une fois, en avant le sport roi en programmant Baâd el match (Après le match), animée par le duo Kattou-Hosni, soit une sorte d’analyse d’un match donné, concept déja vu sur d’autres chaînes européennes. Mais n’est-ce pas là forcer la dose ? Assurément oui ! Surtout quand on sait que le reste des disciplines sportives sont marginalisées sur toutes les chaînes locales. De plus, les commentaires de Attissaâ foot and co sont longuets et par trop tactico-techniques, parfois pour un match qui ne mérite même pas qu’à s’y arrête. Ainsi, le retour de la chaîne privée dirigée par le journaliste et animateur Moëz Ben Gharbia s’est décliné, notamment avec des émissions de divertissement aux concepts déjà consommés du sport et des émissions sociales assez accrocheuses en attendant les infos et les débats politiques. Toutefois, il manque, actuellement à la chaîne une émission fédératrice en access prime time afin de fidéliser les téléspectateurs. Il manque, également, à la satellitaire, malgré la diffusion de Mamnoô (Défendu) animé par A. Dabbar, dont l’animation emphatique détonne avec l’ensemble du style adopté par la chaîne, des culturelles qui se braquent sur l’actualité culturelle, le livre et autres expressions artistiques. Concernant la forme, l’on ne peut qu’être gênés par l’exiguïté des plateaux qui secrète un sentiment d’étouffement. Cela sans compter ces lumières obscures et ces tons, entre rouge et noir, un parti pris de la chaîne qui génère une certaine incommodité au niveau de la vision. Enfin, nous ne terminerons pas sans faire remarquer, du moins pour l’avenir, que ce n’est pas parce que la chaîne s’appelle Attassia-TV qu’il faudrait flanquer le chiffre 9 à toutes les sauces et à tous les titres d’émissions. Car ces répétitions sont pour le moins rébarbatives.
S.D.

Retrovision du 21 février 2016

Jeu de clashs 
La tendance sur les plateaux de télé et dans les studios des médias audiovisuels locaux, privés notamment, est de plus en plus aux agressions verbales et aux clashs même à propos d’affaires des plus dangereuses et sensibles telles celles inhérentes au terrorisme. Les violentes altercations entre invités ou entre invités et animateurs sont telles qu’on sombre, vu les divers(es) parti(es) antagonistes, dans un véritable jeu de clashs. Le dernier clash en date, fort médiatisé d’ailleurs, a eu lieu, sur le plateau de Al Yaoum Ethamen (le 8e jour) diffusée le jeudi 11 février sur Al Hiwar Ettounsi et a opposé Ahmed Rahmouni, président de l’OJT (Observatoire de la justice tunisienne), à Néji Jalloul, ministre de l’Education. Et ça hurlait grave ! Le ministre n’ayant pu tenir face à ce qu’il a appelé «Une volonté de blanchir le terrorisme de la part du magistrat, alors que les forces militaires et sécuritaires sacrifient leur vie dans les montagnes». Le juge a justifié la mise en liberté de Mohamed Amine Guebli, suspecté d’avoir participé à la planification de l’attentat du Bardo, le 18 mars 2015, par la torture. «L’échange d’amabilité» n’a pas tardé puisque Ahmed Rahmouni a traité Néji Jalloul «d’insolent et d’irrespectueux», ce qui incita ce dernier à quitter momentanément le plateau pour revenir par la suite, après le départ du magistrat. Qui est revenu à la charge, quelques jours après, le lundi 15 février sur Shems-FM, en accusant le ministre «de blanchir la torture», tout en qualifiant ce comportement de «honteux» et «d’indigne» (sic). En fait, que ce soit sur Al Hiwar-Ettounsi ou ailleurs sur Shems-FM, Rahmouni défend, bec et ongles, le juge d’instruction auprès de la 13e chambre du Tribunal de première instance de Tunis et soutient que «les aveux des détenus dans l’affaire terroriste du Bardo ont été soutirés sous la torture». Ce qui lui vaut l’inimitié des forces sécuritaires et de la brigade antiterroriste. «Mieux», Besma Khalfaoui a décidé de porter plainte pour diffamation contre Rahmouni, suite, a-t-elle affirmé, au post sur sa page facebook où il a écrit «les magistrats honnêtes luttent contre les diables». Post accompagné des photos de la veuve du martyr Chokri Belaïd et de Issam Dardouri. La polémique s’est poursuivie dans l’émission 24/7 du mardi 16 février, quand l’avocat Imed Ben Halima a fustigé le juge Rahmouni qui «s’est permis, a-t-il dit, d’évoquer des éléments de l’enquête en cours sur la vidéo diffusée dans Labès, l’émission de Naoufel Ouertani, alors que lui-même attaque tous ceux qui, entre journalistes et agents sécuritaires, évoquent ne serait-ce qu’un tout petit élément des enquêtes en cours sur des affaires de terrorisme». La vidéo diffusée dans «Labès» se focalise sur une séquence de reconstitution d’une opération de stockage d’armes dans une grotte de la région de Sejnane, effectuée par Mohamed Amine Guebli. Séquence commentée par Issam Dardouri, président de l’Organisation tunisienne de la sécurité et du citoyen (OTSC), qui a accusé «la justice de laxisme dans les affaires de terrorisme et d’avoir libéré le même Guebli alors qu’il a reconnu les faits». Tout ça, on le sait, a valu à Dardouri d’être mis en garde à vue, pendant quelques jours, avant d’être libéré et il devra comparaître en liberté dans cette même affaire. Tandis que le journaliste Naoufel Ouertani a comparu, le mardi 9 février, devant la brigade antiterroriste.
Plus de cohérence, moins de buzz 
Tous ces clashs, polémiques et poursuites judiciaires auraient pu être évités si chacun avait accompli son travail dans les règles de l’art, en respectant l’éthique et la déontologie de son métier, et s’il n’y avait pas eu autant de dysfonctionnements, aussi bien d’ordre sécuritaire et judiciaire que médiatique. Mais il est clair que la justice doit frapper fort et vite le terrorisme afin de renvoyer aux citoyens l’image d’une justice et d’un Etat puissants et afin d’éviter tout encouragement et compassion avec le terrorisme. Maintenant, concernant le rôle des médias, il est clair que dans les pays démocratiques, les documents relatifs à toute affaire en cours d’instruction, et s’il n’y a pas encore eu de jugement définitif, sont interdits de publication sous n’importe quelle forme, que ce document compromette le prévenu en question ou qu’il l’innocente. Mais, dans le cas de Mohamed Amine Guebli qui a été libéré, la vidéo peut-elle être diffusée ? En tout cas, Naoufel Ouertani a pris ce risque en donnant un tout autre éclairage à l’opinion publique sur l’affaire de l’attentat du Bardo. Outre qu’on se demande pourquoi cet empressement à vouloir juger les journalistes, il est évident, par ailleurs, qu’en tant que journaliste, Naoufel Ouertani ne peut être poursuivi sur la base du code pénal mais selon le décret 116 du 2 novembre 2011. Enfin, les clashs et polémiques à propos d’affaires dangereuses qui concernent le terrorisme n’ont fait que désorienter les téléspectateurs, voire les diviser davantage, face à ce flux quotidien d’informations contradictoires et ces «fuites orchestrées» d’éléments d’enquêtes par des parties adverses défendant chacune ses credos politiques et idéologiques. Résultat : le téléspectateur lambda n’y comprend que dalle, s’embrouille et ne sait plus qui croire, ni à quel saint se vouer. Aussi, on cherche à comprendre : Al Hiwar Ettounsi a-t-elle une politique éditoriale ou miset-elle uniquement sur le buzz? Car comment en l’espace de quelques jours et dans trois émissions différentes, invite-t-on Issam Dardouri qui fustige le laxisme du juge de la 13e chambre à l’égard des détenus terroristes, ensuite Ahmed Rahmouni qui défend ce même juge, et enfin Imed Ben Halima qui pourfend les propos et le comportement de Rahmouni. Pourquoi avoir invité ce dernier dans Le 8e jour si c’est pour le contredire et le déjuger, quelques jours après ! Car Me Ben Halima a même recommandé aux médias «d’éviter d’inviter, à l’avenir, Rahmouni ainsi que tous ceux qui blanchissent le terrorisme». Ainsi à force de vouloir parier sur le buzz dont certains sont incontrôlés, on peut y laisser des plumes. Pis, parfois les conséquences sont dangereuses et incontrôlables car quand on entend l’historien Mohamed Talbi déclarer dans «Pour ceux qui osent seulement» (Limam yajroô faqat) qu’un tel ou tel autre n’est pas musulman. On peut imaginer les conséquences funestes auprès notamment des jeunes téléspectateurs lambda et autres fanatiques. Alors un peu plus de cohérence, de coordination et d’harmonie dans la programmation des émissions est plus qu’impératif afin de ne pas renvoyer au public l’image d’une chaîne façon «bateau ivre» dont les seuls et uniques buts et enjeux sont l’audience, l’audimat et les parts de marché.
 S.D

Retrovision du 28 février 2016

Divertissement télé et radio
Mieux vaut en rire 
Les émissions de divertissement et les rubriques humoristiques se multiplient aussi bien sur les chaînes de radio que de télé, notamment privées. C’est vraiment la tendance, si l’on puis dire, sous nos cieux. Quoi de plus normal par ces temps de guerre, de crise et de morosité ambiante que les médias audiovisuels se tournent vers le divertissement dans le but de distraire leurs auditeurs et téléspectateurs par le rire et la bonne humeur. Accompagner le réveil matinal des uns et des autres, les conducteurs et conductrices, en route vers le boulot, égayer les veillées des Tunisiens est une bonne cause, car divertir est, entre autres, l’une des trois missions des médias audiovisuels. Mais là où le bât blesse, c’est que la plupart de ces programmes de divertissement ne sont pas drôles mais plutôt insipides et bêtifiants. Le plus souvent, le contenu est une sorte de méli-mélo et un fourre-tout où l’on rit de tout et de rien sans réussir à marquer les esprits avec la bonne vanne et/ou le trait d’esprit intelligent. Dans ces émissions, on rit de tout le monde : du président de la République, des ministres et autres responsables, des artistes et même des citoyens. Certes, ce n’est pas là un sacrilège, divertissements télé et radio Mieux vaut en rire ! Car dans les pays démocratiques, nul n’est au-dessus de la caricature, de la critique et du portrait humoristiques, mais faudrait-il encore que les animateurs, chroniqueurs et autres «agitateurs professionnels» se distinguent vraiment par leur talent et leur savoirfaire. Or, pour la plupart, ils croient qu’il suffit de rires et de fous-rires entre eux dans les studios et sur les plateaux pour réussir à dérider le public et à le divertir. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Et c’est le cas, par exemple, dans la matinale de Mosaïque-FM Ahla Sbeh, animée par Linda Rahali et Midox, où ça rit d’un rire gras et sonore pour un oui pour un non, sans pour autant convaincre ni atteindre la cible, autrement dit les auditeurs, à l’exception, mais pas toujours, de Wassim Herissi qui, dans Seyess Khouk, commente d’une manière ironique, et parfois même corrosive, l’actualité politique notamment, mais aussi sociale, culturelle et sportive.
Amusements collectifs assommants
Dans Fezzz Tesmaâ el Ezz, sur Radio-IFM, on constate, à l’écoute de cette matinale, que «les héros sont fatigués». Car, après avoir cartonné à ses débuts, en 2013, l’émission s’émousse et même les blagues de Jaâfour (comprenez le comédien Jaâfer Guesmi) s’avèrent, au fil des matinales, hyper consommées. Certes, sur d’autres chaînes, quelques rubriques humoristiques réussissent, parfois, à nous défiger, telles Erradialogue de Rafaâ Mejdi et Mohamed Dahech ainsi que celle de la comédienne Rim Hamrouni au sein de la piquante émission Kelmet Ennsé, goupillée par Khouloud Mabrouk et Maya Ksouri. A la télé, les divertissements façon talk-show sont les plus usités et le plus souvent cela tourne aux amusements collectifs assommants comme dans Quoi D’9 sur Attassia où les protagonistes s’amusent et rient beaucoup entre eux mais sans réussir à nous toucher ni à nous communiquer leur rire. On le voit bien, on ne peut faire rire à n’importe quelle occasion et à n’importe quel prix, car faire rire est un art qui présuppose un don, un background spécifique, une bonne dose de culture et surtout du talent. Le divertissement, par le rire et l’humour, est plus que jamais nécessaire par les temps qui courent, mais cela ne doit pas tourner à l’obsession dans nos médias audiovisuels, car il vaudrait mieux s’en passer, à défaut de personnes qualifiées, pour animer un bon divertissement façon talkshow ou autres rubriques du genre. Certes, on comprend que certaines chaînes succombent à la facilité d’autant que le talk-show est peu coûteux, et donc rentable, mais de là à nous servir n’importe quoi, en guise de divertissements, c’en est trop ! Cela d’autant qu’il existe d’autres manières de divertir son public tels les jeux, les sketches, les comédies, les variétés, les reality-show et autres. Au final, il ne faudrait pas croire que le divertissement est un genre mineur, mais il s’agit plutôt d’un genre aussi sérieux que les émissions informatives et culturelles et dont l’enjeu est tout aussi important : communiquer et passer des messages en utilisant l’arme du rire. Autrement dit, joindre l’utile à l’agréable. D’où la nécessité de choisir les bons profils, entre présentateurs et chroniqueurs, doués et talentueux afin de convaincre, d’interpeller et de toucher le public. Les émissions de divertissement ont la mission de nous rendre plus intelligents et non plus bêtes. Elles devraient, donc, répondre à nos attentes et se hisser à un certain niveau. A défaut, mieux vaut en rire!
S.D.

Retrovision du 13 mars 2016

Ben Guerdane résiste à Daech
L'épopée héroïque
Expressives et touchantes sont les séquences télévisées exprimant l’enthousiasme de la population de Ben Guerdane suite à la victoire des forces armées sur le groupe terroriste de Daech, ayant attaqué cette ville du Sud à l’aube du lundi 7 mars. Ces scènes, entre liesse et compassion, expriment à la fois des sentiments de fierté et d’amour de la patrie inspirés par les valeureux militaires et les membres des forces de l’ordre et de la Garde nationale. Un sentiment dû au courage et à la témérité de tous ces héros et martyrs de la nation qui ont déjoué cette horrible et macabre opération terroriste menée dans le sombre dessein «d’instaurer soi-disant un émirat islamique à Ben Guerdane». Un sentiment d’amour de la patrie suscité par la solidarité et la cohésion manifestées par les habitants de Ben Guerdane, à l’égard des forces armées. En attestent les photos, les images et les vidéos diffusées sur les chaînes locales et étrangères ainsi que sur les réseaux sociaux. N’a-t-on pas entendu un citoyen de Ben Guerdane crier : «C’est un terroriste… Vive la Patrie… Vive la Tunisie», au moment même où les forces armées étaient en plein combat contre les semeurs de la mort ! N’a-t-on pas vu des jeunes et moins jeunes risquer, dangereusement, leur vie en se plaçant, dans le champ de tir afin d’épauler nos valeureux combattants ! N’a-t-on pas vu des citoyens proposer de l’eau à un militaire en lui apportant aide et réconfort ! N’a-t-on pas vu des ados et des jeunes brûler le noir et sombre étendard de Daech, puis brandir notre cher drapeau en entonnant l’hymne national ! N’a-t-on pas vu des citoyens braver le couvre-feu pour applaudir les forces armées et chanter avec certains d’entre eux l’hymne national ! Et nous en passons. Tous ces moments forts, malgré les pertes humaines, entre forces armées et civils, véhiculent un message, empreint d’unité et de cohésion, exprimant une vérité inaliénable : La Tunisie n’est pas une terre d’accueil ni une pépinière pour les terroristes. Ainsi, malgré la complicité et la traîtrise d’une minorité, les Tunisiens, dans leur majorité, refusent et rejettent tous les extrémismes idéologiques et a fortiori le terrorisme. Quoi de plus normal de la part d’un pays trois fois millénaire et riche de plusieurs civilisations, jadis florissantes, ayant marqué l’Histoire de l’humanité. La Tunisie n’abritera jamais l’horreur, l’obscurité et la décadence. A preuve : la formidable réaction, saine et patriotique, des habitants de la région et l’ensemble des Tunisiens qui ont manifesté, sur les réseaux sociaux, leur solidarité et leur amour inaltérable pour leur pays. Idem pour la majorité des partis politiques, les associations de la société civile, les organisations et les unions nationales. L’attaque contre la ville de Ben Guerdane a démontré par a+b que les Tunisiens, malgré toutes leurs différences, forment et constituent un peuple uni qui rejette le terrorisme. Un peuple qui privilégie la lumière sur les ténèbres, l’esprit éclairé sur l’obscurantisme, le savoir sur l’ignorance, la modernité sur l’archaïsme, le pacifisme sur la violence et le terrorisme, l’amour de la patrie sur la traîtrise et la connivence avec l’étranger.
Des «journaleuses» d’Al Jazeera dépitées
Or, le succès de nos vaillants agents de l’ordre et soldats, durant cette première bataille d’envergure contre le terrorisme, n’a pas eu l’heur de plaire à deux «journaleuses» de la chaîne propagandiste Al Jazeera, soit, les dénommées Fatma Triki et Khédija Ben Guenna, qui n’ont pas apprécié le selfie montrant quatre jeunes militaires avec, en arrière-plan, les corps de deux terroristes abattus. La première a, dans un statut sur facebook, mentionné «De quel fourrage nourrit-on ces armées arabes» insinuant et insistant par-là, de manière moqueuse, sur «la supposée bestialité, de nos soldats» (sic). Puis n’assumant pas ses propos faux, honteux et débiles, elle s’est rétractée, par manque de courage, en affirmant «que son compte a été piraté» (resic) La deuxième s’est fendue, elle aussi, d’un statut où elle déplore le non-respect de l’éthique de la guerre en notant «qu’elle s’en tiendra, quelle que soit la situation, à l’objectivité et à la déontologie». Ce à quoi on pourrait lui répondre d’emblée : «Et les terroristes ont-ils, eux, une éthique de la guerre quand ils postent des vidéos montrant des décapitations, des immolations d’innocentes victimes par le feu et des exécutions à bout portant de centaines de militaires et de citoyens dans les contrées arabes qu’ils ont détruites et décimées?». On pourrait aussi lui demander ce que représente un selfie, marquant la joie de la victoire, en comparaison avec les abjects et horribles méfaits de Daech? La réponse tombe sous le sens : aucune comparaison. Mais peut-être que les deux employées et leurs employeurs s’attendaient à voir la population de Ben Guerdane applaudir les terroristes et se ranger de leur côté, et à voir aussi l’instauration de «l’Emirat de Ben Guerdane»! L’on peut donc comprendre que c’est plutôt par dépit que par souci de l’éthique de la guerre qu’elles ont pondu ces statuts de l’aigreur et de l’amertume. Bref, il n’y a rien d’étonnant à la réaction de ces deux employées d’Al Jazeera quand on connaît les manœuvres conspiratoires et le rôle joué par la chaîne qatarie dans la propagation de l’islamo-faschisme, le lavage des cerveaux et la manipulation des opinions arabes et mondiales afin d’instiller le wahabisme, d’instaurer la discorde et de déstabiliser un grand nombre de pays arabes. Et c’est d’autant plus clair qu’Al Jazeera désignent les terroristes par le terme «groupes armées» ou «assaillants». quand on sait qui a créé, financé, entraîné et armé Daech, on comprend le désappointement de Ben Guenna and co. De quelle objectivité parle cette employée qui continue à travailler dans une chaîne qui cherche encore à déstabiliser son propre pays d’origine : l’Algérie? De quelle objectivité parle-t-elle quand, sur les plateaux d’Al Jazeera, on nous rebat les oreilles avec la nécessité de faire des révolutions dans tout le monde arabe pour instaurer la démocratie tout en excluant le Qatar, à propos duquel personne parmi le staff de la chaîne ne pipe un traître mot? On comprend, donc, que les posts de ces deux «journaleuses» ont été accueillis par une campagne de dénigrement et de défi lancée par un grand nombre de Tunisiens sur les réseaux sociaux : un groupe d’internautes a même créé des tee-shirts affichant le fameux selfie de la victoire sur le terrorisme. D’autres, tel le syndicaliste Belgacem Ayari, ont purement et simplement appelé à la fermeture des bureaux d’Al Jazeera, sous nos cieux, en l’accusant «d’espionnage». Le directeur de la chaîne Yasser Abou Hilalah, pour calmer les esprits, a noté sur son compte facebook que «les deux employées pourraient être sanctionnées à cause de leur publication». Mais attendons voir… Il est vrai que la chaîne qatarie a énormément perdu en crédibilité et en taux d’audience qui ne dépasse guère les 1% dans le monde arabe. Et la manœuvre de Ben Guenna et ses pairs n’est rien d’autre qu’une manière d’attirer l’attention pour tenter de se repositionner dans le paysage audiovisuel arabe. Mais «les chiens aboient et la caravane passe». N’est-ce pas ? Maintenant, après avoir remporté la première bataille de la guerre contre le terrorisme qui sera, selon l’avis de plusieurs experts, longue et rude, il reste aux Tunisiens à privilégier plus que jamais l’union, la cohésion et la vigilance. N’en déplaise aux diaboliques manœuvriers et maudits comploteurs qui œuvrent à détruire le modèle politique et social de la seule démocratie du monde arabe ! Voilà qui explique tout.
S.D.

Retrovision du 6 mars 2016

LE GRAND REPORTAGE
Un genre si rare sous nos cieux 
Le grand reportage, genre noble ou aristocratique du journalisme, s’avère une denrée rare sous nos cieux tant il est, pratiquement, évincé du paysage télévisuel. Ainsi très peu de chaînes privilégient le genre qui exige un travail de longue haleine de collecte de l’image, de l’information et de témoignages en direct, pris sur le vif. Ailleurs, en France par exemple, les émissions de grands reportages sont devenues célèbres et très connues d’une partie du public tunisien! Citons-en : Envoyé spécial (sur France 2), Zone interdite (sur M6), Spécial investigation (sur Canal+) ou Arte Reportage (sur Arte). Les sujets abordés sont multiples et variés et cela va de «La pollution de la nature» dans une région donnée jusqu’au reportage de guerre, en passant par une kyrielle de thèmes dans tous les domaines : politiques, sociaux, économiques, culturels, etc. Si le genre est ancré en Occident, il peine à s’imposer sous nos cieux. C’est que le grand reportage exige un parti pris de  la chaîne afin de varier ses programmes et de traiter de tous les genres journalistiques mais surtout afin d’informer son public autrement que par les éternels débats et talk-shows politiques ou sociaux. Le genre exige également des reporters professionnels ainsi que des moyens logistiques et financiers. Bref, rares sont les chaînes locales aussi bien publiques que privées qui recourent au grand reportage. Toutefois, la chaîne privée Al Janoubia a adopté le genre à travers notamment l’émission hebdomadaire Mamnoô minal beth (interdit de diffusion). Le dernier grand reportage en date (21 février 2016) est quasiment un reportage de guerre (genre carrément inexistant sur les chaînes locales), évoquant la lutte contre le groupe terroriste Daech, notamment après les frappes américaines sur la ville de Sabrata. La fuite des terroristes vers le sud de la Libye et les menaces réelles sur la région et les pays limitrophes ont été également abordées. Le reportage s’est avéré et informatif et instructif, que ce soit à travers l’image et notamment les scènes de combats de l’armée libyenne contre le groupe terroriste à Benghazi, Derna, Ajdabia, Sabrata ou à travers les témoignages d’activistes, d’agents sécuritaires et de militaires libyens ainsi que d’experts algériens et tunisiens. Le reporter Mohamed Nassib a fait le tour de ce sujet d’une actualité brûlante en donnant la parole au général de brigade de l’armée libyenne de l’Ouest, Omar Tentouch, Mahmoud Khalifa, conseiller militaire auprès de la Ligue arabe, Walid Louguini, ancien porte-parole du ministère de l’Inté- rieur, Abdelmajid Othmani, activiste libyen, et autres.
Un travail de mémoire 
Le reportage dévoile le rôle de la Turquie et du Qatar dans l’implantation de Daech en Libye et l’appui que ces deux pays fournissent en logistique et en armement au groupe terroriste. Les raisons de l’implantation de l’Etat islamique (EI) en Libye ont été également citées par les intervenants. Pour l’expert algérien Ahmed Mizab, il s’agit d’un 2e Sykes-Picot remodelant la région du Maghreb selon les intérêts économiques de l’Occident, dans le but d’accaparer ses richesses. D’où le commentaire du général de brigade Omar Tentouch qui n’a pas mâ- ché ses mots en révélant qu’il n’existe pas de réelle volonté de lutte efficace contre l’EI de la part de l’Occident. Car «les frappes américaines relèvent plutôt d’opérations chirurgicales, ponctuelles». A ses yeux, «il s’agit plutôt d’une mise en scène théâtrale d’autant que l’embargo sur la vente d’armes à la Libye n’a pas encore été levé». Ce qui inquiète encore le général Tentouch, c’est qu’un grand nombre de terroristes sont de nationalité tunisienne, car sur les 65.000 terroristes qui se trouvent à Sabrata, 5.000 sont Tunisiens. Mais l’important selon la majorité des intervenants, c’est l’urgence pour tous les pays de la région, notamment la Tunisie, pays le plus menacé par Daech, d’unir leurs efforts afin de lutter contre l’EI. Cela en sécurisant leurs frontières et en établissant une stratégie de lutte commune à travers une coordination tous azimuts, notamment dans le domaine du renseignement. D’où la nécessité de la création d’un centre de collecte d’informations sur l’identité et la nationalité des terroristes, sur l’armement ainsi que les moyens de communication dont ils disposent. Tout ça pour dire que de pareils grands reportages constituent un travail de mémoire où on filme, selon un angle précis, la réalité sur le terrain et à la source. Et où on propose également une variété d’interprétations et de points de vue qui ne peuvent qu’éclairer la lanterne des téléspectateurs et les changer, ainsi, de la facilité et du ronron des talk-shows. Qui ont recours aux mêmes invités, donc aux mêmes analyses redondantes et répétitives, frisant parfois le bavardage. Il est temps, donc, de voir, notamment la télé publique, revenir aux grands reportages qui figuraient, dans les années 90, dans les grilles de ses programmes. Car privilégier le terrain et la source de l’événement permet de rapporter des images prises sur le vif. D’autant que ce qui distingue la télévision des autres médias n’est autre que l’image.
S.D.

Retrovision du 20 mars 2016

MEDIA ET TERRORISME
Et le respect de la sécurité ?

L’attaque terroriste à Ben Guerdane a bénéficié, cela s’entend, d’une large couverture médiatique aussi bien locale qu’étrangère. Certains médias audiovisuels y ont consacré une couverture en direct dès le premier jour de l’attaque, telle la chaîne privée Nessma-TV. Toutes les chaînes ont couvert ce tragique événement avec force séquences prises sur le vif sur le terrain de la bataille, des témoignages de citoyens et des forces armées, des analyses et des commentaires d’hommes politiques, de journalistes et d’experts. Mais au-delà de la teneur et de la qualité de la couverture médiatique audiovisuelle de l’attaque à Ben Guerdane, une question s’impose : cette couverture a-t-elle respecté la sécurité nationale ? Autrement dit, les journalistes et les correspondants des chaînes audiovisuelles publiques et privées ont-il obéi aux règles de la profession impliquant l’exigence de la sécurité du pays ? Ou bien y a-t-il eu des dépassements et des dysfonctionnements sous prétexte du droit à l’information et à la liberté de presse ? Certes, en comparaison avec les attaques terroristes précédentes sous nos cieux, telles celles perpétrées au musée du Bardo, puis à Sousse en 2015, la couverture médiatique des attaques terroristes sur notre sol s’est quelque peu améliorée avec un sens plus accru de la responsabilité; néanmoins, certains dépassements et dérives graves ont nui au travail des forces armées et par là, à la sécurité du pays. Certains de ces dysfonctionnements ont constitué un grand danger pour les forces armées, car diffuser  en direct leurs positions au moment des combats contre les terroristes est un manquement aux règles les plus élémentaires du journalisme et un non-respect manifeste de la sécurité nationale. Cela d’autant que certains correspondants ont abusé de précisions et de détails à propos des opérations menées par les forces armées, des lieux et endroits stratégiques et même des noms de responsables et de coordinateurs de ces opérations militaires et sécuritaires. Et c’est malvenue, car cela livre aux groupes terroristes une mine d’informations et ne fait qu’entraver le travail des forces armées. Et le président de la Commission des négociations au sein du Syndicat des agents de sûreté de Tunis, Mohamed Ali Laâ- bidi, l’a déploré sur Nessma TV. Selon lui, «certains journalistes ne font pas encore preuve de prudence et de vigilance en s’entê- tant à diffuser des infos préjudicialbes à la vie et à la sécurité des forces armées». Et de donner un exemple précis : un terroriste arrêté lors de l’attaque de Ben Guerdane a révélé aux forces de sécurité que sept de ses pairs «Dawaech» se sont barricadés dans une maison aux environs de la ville de Ben Guerdane. Or, certaines chaînes audiovisuelles ont vite fait de diffuser cette information capitale et sensible, nuisant par là à l’efficacité de l’opé- ration menée par les forces armées. «On aurait pu réussir cette opération à 100%, mais les médias ont bousillé notre boulot», a martelé l’intervenant, dépité par autant de bêtises et par de tels dépassements. Et d’ajouter qu’il incombe aux journalistes de coordonner avec les forces de sécurité, car toute information diffusée promptement peut aider les terroristes. Nous avons, également, constaté des dépassements, voire «des manœuvres manipulatoires» sur des chaînes étrangères, telle France 24 qui a annoncé, dans la soirée du dimanche dernier, dans son News-bar «que des échanges de tirs ont lieu à Ben Guerdane», alors qu’il s’agissait, selon le ministère de l’Intérieur, «d’opérations de ratissage dans les environnements de Ben Guerdane».
Droit à l’information, mais pas à tout prix
Maintenant, disons qu’il est normal que les citoyens aient droit à l’information et les journalistes à la liberté d’expression, mais pas aux dépens de la sécurité nationale. C’est pourquoi il est impératif d’éviter par tous les moyens de renseigner les terroristes en diffusant en direct des séquences des positions des forces armées, prises en pleins combats contre les terroristes. Il est également nécessaire de multiplier les sources et de vérifier la véracité des informations en faisant fi des éléments contradictoires et des rumeurs. Il est, enfin, plus que jamais utile de créer un pool gouvernemental de vérification de l’information en matière de terrorisme. Ce qui n’implique guère que «les médias soient aux ordres du pouvoir». Quant aux experts et aux commentateurs, seules la vigilance et la distance pourraient garantir à leurs propos de la crédibilité. Ainsi, la diffusion en direct ou en léger différé des scènes de combats ne fait que servir, bêtement, les groupes terroristes. Et pour éviter celà, il est nécessaire de rationaliser l’information en créant une cellule ou un pool gouvernemental de communication de guerre. Enfin, de son côté, la Haïca (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) devrait pleinement jouer son rôle en épinglant tous les médias, auteurs de dérives et de dysfonctionnements et dont le seul souci est la course aux scoops, donc à l’audience. Il y va de la sécurité de nos forces armées et de notre sécurité!
S.D.