vendredi 27 avril 2012

Souheyr Belhassen présidente de la Fidh: l'Etat est responsable de la sécurité et de la protection du citoyen


« L’Etat est responsable de la sécurité et de la protection du citoyen »
Présente à la conférence de presse de soutien et de dénonciation des agressions subies par Jawhar Ben Mbarek, coordinateur du réseau Doustourna, ainsi que par plusieurs de ses membres, conférence qui s’est tenue hier à El Teatro, Mme Souheyr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (Fidh), juge la situation «dangereuse» et «grave» et appelle l’Etat à assurer la sécurité et la protection du citoyen. Voici sa déclaration à La Presse, que nous reproduisons.
«Ce qui me semble dangereux et grave dans les pratiques violentes contre les militants et activistes de la société civile, depuis les élections du 23 octobre, et même avant, c’est qu’elles ne se limitent plus au cercle de l’université, mais touchent les artistes, les hommes de culture, ainsi que les agitateurs d’idées et de pensées dans le domaine politique, qui sont particulièrement ciblés et qui représentent exactement la pensée opposée, pas seulement à celles des salafistes, mais à celle d’Ennahdha. Or le gouvernement représente l’Etat et devrait être normalement au-dessus de la mêlée. Mais ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que l’Etat est partie prenante dans la ‘‘querelle’’ entre modernistes et islamistes de manière générale.
Les salafistes apparaissent comme les bras armés du parti Ennahdha… lequel réfute cela; on veut bien le croire mais, malheureusement, il n’y a pas de preuves pour étayer ses déclarations. Et je prends pour exemples les affaires du cinéma ‘‘l’Africa’’, de la faculté de La Manouba et des événements du 9 avril 2012, tout le monde a vu les agresseurs, leurs photos existent, les vidéos aussi, ils ont été montrés à la télé avec leurs nom et adresse. On se demande, alors, où est l’autorité de l’Etat. On a l’impression que l’Etat, qui laisse ces éléments salafistes se développer depuis l’affaire de Sejnane jusqu’à celle de Kébili, est dépassé et que le mouvement Ennahdha est débordé. L’Etat risque de basculer dans le fascisme, et le pays dans l’anarchie ou dans la guerre civile. Ennahdha devrait se conduire, aujourd’hui, comme un parti au pouvoir, responsable de la sécurité et de la protection du citoyen, des activistes politiques et des militants. Son rôle n’est pas d’être partial en soutenant une partie contre une autre.
La Fidh a demandé à plusieurs reprises des enquêtes neutres et indépendantes. Elle demande que l’impunité des agresseurs cesse et que la justice puisse, à chaque fois, dire son mot de façon objective et sereine.
Car on a l’impression que la machine de la répression qui a fonctionné contre les militants et les activistes de la société civile du temps de Ben Ali est repartie de plus belle, avec des éléments nouveaux, comme cette milice armée de fusils mitrailleurs qui sévit lors des manifestations, notamment celle de 9 avril 2012. La sécurité et l’administration sécuritaire, comme la justice, fonctionnent exactement de la même façon que du temps de l’ancien régime, en employant le système du deux poids deux mesures.
Les filatures, les écoutes téléphoniques, le harcèlement des activistes et des opposants reprennent également, ce qui est absolument insupportable et intolérable après le 14 janvier.
Tout cela doit cesser et la loi doit être appliquée à tous sans exception ni distinction, quelle que soit l’appartenance des agresseurs et de ceux qui recourent à la violence.
Maintenant, comment amener les autorités à mettre fin à cette dérive? En la dénonçant, certes, mais cela est insuffisant, car il est de la responsabilité du gouvernement et de l’Etat d’y mettre fin».
Auteur : Propos recueillis par Samira DAMI

Maya Jeribi (secrétaire générale d’El Hezb El Joumhouri) : «Le processus démocratique est menacé»

Maya Jeribi (secrétaire générale d’El Hezb El Joumhouri) : «Le processus démocratique est menacé»
Militante de la première heure, Maya Jeribi a été de tous les combats, façon tout terrain, politique, social, droits humains...Une vraie battante comme on les aime, avec son franc-parler, non sans élégance du verbe, et sa générosité dans le combat pour les libertés et la démocratie, notamment. Nous n’allons pas, ce n’est pas notre propos, dérouler, ici, son parcours, de femme politique qui en a vu de toutes les couleurs sous le régime répressif et dictatorial de Ben Ali, mais dont la patience a fini par payer. Nous lui donnons la parole, en tant que secrétaire générale du nouveau parti Républicain, El Hezb Al Joumhouri. Les élections du bureau politique de cette formation, issue de la fusion du parti démocrate progressiste avec Afek Tounès et le parti Républicain, ont eu lieu le 9 avril non sans susciter remous et voix discordantes. Certains congressistes de l’ex-PDP reprochant, notamment, l’absence de transparence du Congrès... Maya Jeribi, Constituante, bonne communicante, répond sur cette question et bien d’autres, tels la lenteur des travaux de l’ANC (Assemblée nationale constituante), la politique de répression programmée, les médias publics et leur privatisation dans l’air...

jeudi 26 avril 2012

Actualités : Nation

Témoignages - Samir Taïeb, constituant, porte-parole de la Voie démocratique et sociale : Nous pouvons nous retirer de l'ANC si les violations des libertés se poursuivent

«Nous pouvons nous retirer de l’ANC si les violations des libertés se po
 «Nous sommes solidaires avec Jawher Ben Mbarek, les choses sont claires : il y a des alliances étranges entre certains partis. Je sais qu’un haut responsable d’Ennahdha chargé des élections coordonne avec les groupuscules salafistes, qui sont les bras armés de ce parti. Lors du dernier Ramadan, Ennahdha leur a permis de dominer les mosquées et d’installer leurs propres imams. Il se trouve malheureusement qu’ils ont dépassé les lignes rouges. 
Quand on prend contact avec la Tunisie des profondeurs, ils nous agressent et nous empêchent de nous adresser aux citoyens, profitant de nos divisions pour camoufler leur échec flagrant dans la gestion des affaires du pays, ils font tout pour briser les fusions des partis démocratiques. 
Ennahdha est en train «d’assainir» l’administration en y imposant ses partisans, en optant pour le «spoil system» aux dépens du «merit system». 
Ainsi, c’est le retour à la case départ et à l’administration partiale au service du parti au pouvoir, comme à l’époque du président déchu. Or, si Ennahdha parvient à noyauter la Fonction publique, l’un des secteurs clés de l’Ugtt, celle-ci s’en trouvera affaiblie. La centrale syndicale devrait prendre conscience de ce danger. 
Notre existence en tant qu’opposition au sein de l’ANC est dans la balance; nous pouvons nous retirer au cas où les violations et les liberté et les atteintes aux droits de l’homme sepoursuivraient à ce rythme. 
Il faut que le CPR et Ettakatol, alliés d’Ennahdha au sein de la Troïka, assument leurs responsabilités et frappent sur la table pour imposer le respect des libertés et des droits de l’Homme»

Maryam Zeghidi, membre du bureau de l’Atfd (Association tunisienne des femmes démocrates) : «Pour un grand mouvement de protestation» 


«Nous dénonçons les violations des libertés qui ciblent la société civile et les activités politiques. Le gouvernement doit  sortir de son silence condamner les agresseurs des militants et des manifestants. Nous regrettons de nous être tus sur ces dépassements et violations des libertés avant les élections du 23 octobre. Nous nous sommes tus parce que nous ne voulions pas briser le processus électoral et démocratique, mais nous aurions dû refuser que ces élections se déroulent dans ces conditions de violence. La violence perpétrée par ces éléments entre Ennahdha et salafistes, n’est pas surprenante. Le gouvernement et la Troïka doivent réagir : ils portent la responsabilité de ces agressions. Il faudrait organiser un grand mouvement de protestation contre toutes les violations et agressions».

Hechmi Ben Frej, président de l’Association du Manifeste du 20 mars : «Le gouvernement est responsable des violations des libertés»


«Les organismes internationaux et la société civile ont toujours demandé l’arrestation des auteurs des violations des droits de l’Homme, en leur faisant comprendre qu’ils doivent être pénalement et personnellement poursuivis. Halte à l’impunité ! Qui est responsable de tout ça ? C’est le gouvernement qui est le premier fautif face à cette escalade. Rassemblons, donc, toutes les forces démocratiques pour mettre sur pied un plan d’action».

Abdelwaheb El Hani (El Mejd) : «Une politique de diabolisation de l’opinion divergente»

«Il n’y a pas de système démocratique sans un pouvoir de l’opposition et de l’information et sans impartialité de l’administration. La société civile ne s’est pas élevée assez fortement contre ces pratiques de violation des libertés et ces agressions. Le gouvernement doit appliquer la loi.
Ce qui se passe actuellement, c’est la diabolistion de l’opinion divergente et une politique de division mettant dos à dos les commerçants et la société civile lors de manifestations à l’avenue Bourguiba par exemple. Les choix et libertés sont indivisibles. Le monde est fait de contradictions; la vie ou la mort. La vie signifie l’organisation et la gestion de ces contradictions. Sinon c’est la mort et le chaos. Or, nous sommes tenus d’éviter au pays de sombrer dans l’anarchie».
Auteur : Propos recueillis par S.D

Mohamed Bennour (porte-parole d’Ettakatol) : «Nous sommes indignés qu’aucune mesure n’ait été prise contre les sit-inneurs»

«Nous avons réclamé, hier, l’évacuation du périmètre de la télé nationale par les sit-inneurs, suite à l’agression physique et matérielle et aux insultes proférées contre les journalistes et les agents de la télé.
Or il n’est pas surprenant qu’aujourd’hui, des sit-inneurs passent à l’acte et agressent à l’arme blanche des journalistes et des agents de l’ordre.
L’opinion publique a constaté, à juste titre, une fermeté des autorités publiques et des forces de l’ordre contre les manifestants pacifiques de l’avenue Habib-Bourguiba, et qui sont quasiment absentes lorsqu’il s’agit d’autres manifestants violents comme ceux qui campent devant les locaux de la télé nationale. J’ai, au nom du parti Ettakatol, laissé un message à M. le ministre de l’Intérieur pour lui faire part de ce constat. Nous sommes indignés qu’aucune mesure concrète n’ait été prise depuis lundi dernier contre ces sit-inneurs. Nous déplorons les victimes de la violence commise par ces agresseurs, car il s’agit à nos yeux d’une agression caractérisée. Par ailleurs, on se pose des questions : qui finance et encourage ces sit-inneurs qui campent depuis un mois devant la télé et qui sont les donneurs d’ordre ? Il est grand temps d’évacuer ces groupes organisés et de les empêcher de sévir et d’imposer leur loi».

Les politiques réagissent

Samir Taïeb (constituant) : «Des exigences excessives, des attaques suspectes»

Porte-parole officiel du parti la Voie démocratique et sociale, M. Samir Taïeb faisait partie des constituants qui se sont déplacés pour soutenir les journalistes et employés de la télévision face aux sit-inneurs. Il apporte ici son témoignage et donne son avis sur cette idée dans l’air de privatiser la télé publique.
«Nous étions hier matin à l’ANC dans le cadre des travaux constitutionnels quand nous avons été informés le matin qu’il y avait des journalistes blessés, outre des agents de sécurité. Nous avons donc arrêté nos travaux et, en tant que membres d’El Kotla Démocratiya, nous nous sommes dirigés vers le siège de la télévision. Nous avons trouvé un cordon de police et une forte tension sur fond d’insultes, de confrontation et de violence. Les employés et journalistes de la télé étaient déterminés à faire cesser le sit-in. Nous avons essayé de joindre le ministre de l’Intérieur, M. Ali Laârayedh, mais le téléphone ne répondait pas.
Après d’autres tentatives avec le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Justice afin que le procureur de la République vienne sur place, nous avons réussi à joindre M. Abderrazak Kilani, ministre chargé des Relations avec l’Assemblée nationale constituante, qui nous a informés que la police et le procureur de la République étaient en route vers le siège de la télé. Quand ils sont arrivés, ils ont demandé aux employés de la télévision de rentrer à l’intérieur et sont allés négocier avec les sit-inneurs dans le but de les convaincre de lever le sit-in.
Toutefois, je déplore cette lenteur à mettre fin au sit-in par les autorités publiques, alors qu’elles ont été plus promptes à sévir lors des journées des 3 et 9 avril.
Je déplore aussi la complicité du gouvernement de la Troïka et son silence sur ce sit-in caractérisé par la violence verbale et physique.
Maintenant, concernant cette idée de privatiser la télé publique, je trouve que c’est là une solution de facilité car que veut-on dire par «vendre la télé publique» ? Est-ce parce qu’une télé ne plaît pas qu’on veut la vendre sans consulter les représentants du peuple ?
C’est là le propre des Républiques bananières. Voilà qui prouve l’incapacité de ce gouvernement.
Personne n’a dit que l’information est parfaite dans le pays, mais il faudrait savoir que bien du chemin a été fait après le 14 janvier.
Or, comme on donne le temps d’apprendre la liberté, la démocratie, la tolérance aux politiques et à d’autres professionnels, donnons aux journalistes le temps d’apprendre. Je constate que malgré la bonne audience du journal télévisé et de la télé publique, elle est quotidiennement attaquée. Toutes ces attaques sont à mes yeux suspectes».
Samira DAMI








dimanche 22 avril 2012


RETRO du 22 avril

La violence est-ce la  seule solution ?



Rebelote pour la violence incompréhensible et programmée, des forces de l’ordre pour mettre fin aux sit-in et blocages de routes. L’action s’est déroulée, le samedi dernier, au quartier El Mallaha, à Radés. La séquence diffusée, lundi dernier, vers la fin du Journal télévisé d’El Watania 1, montre le témoignage d’une vieille femme éplorée : «Les agents de l’ordre ont quadrillé notre quartier et pris d’assaut nos maisons, pénétrant de force, ils ont massacré mon fils, à coups de matraque, heureusement qu’il a pu se sauver, sautant d’une terrasse à l’autre,  regardez même son vieux père (la caméra le montre gisant sur un banc) ils ne l’ont pas épargné»,se plaint-elle.

 Mais ce n’est là qu’une parcelle de la répression endurée par les habitants de «Hay El Mallaha», car les autres témoignages, vus sur  la chaîne El Hiwar Ettounssi, sont tellement plus choquants. Debout dans sa chambre, un homme, éploré, raconte, tout en montrant à la caméra les restes de bombes lacrymogènes lancées sur eux. Puis, désignant du doigt sa femme handicapée, clouée sur son lit, il se lamente : «Depuis 6 mois elle ne peut plus bouger, j’ai dû la transporter dans une couette avec les voisins pour l’évacuer en  toute vitesse, parce qu’elle suffoquait, à cause de la fumée  des bombes  lacrymogènes que la police a jeté par la fenêtre de notre salle d’eau. Pourquoi cette sauvagerie ? Qu’a- t- on fait pour mériter ça» Et d’expliquer : «ce qui nous ont attaqué sont des jeunes de 20 ans qui, le 14 janvier, lançaient, avec nous, des pierres sur la police de Ben Ali. Après la Révolution on leur a prodigué une formation accélérée et, maintenant, il les lâche sur nous et il nous attaque avec des dizaines de bombes lacrymogènes qu’ils lancent dans nos maisons».  

dimanche 15 avril 2012


Retro du 15/04/2012

Mais qui sont ces civils qui ont sévi en ce «Lundi noir» ?

 La levée de l’interdiction de manifester à l’Avenue Bourguiba, emblème de la Révolution, a été levée, mais avec les conditions  que l’on sait. Une décision tardive tant la violence et la répression inouïes qui se sont abattus en ce «lundi noir» auraient pu être évité, si on avait laissé cette manifestation se dérouler pacifiquement, comme elle a débuté. D’autant qu’il s’agissait de fêter les martyrs du 9 avril 1938, et à travers eux ceux de la Révolution. D’où la symbolique de l’Avenue Bourguiba, qui a rassemblé, le 14 janvier 2011, des milliers de Tunisiens dans une mémorable manifestation ayant poussé, sinon contribué à la fuite du dictateur. L’interdire totalement et catégoriquement aux manifestations ne peut être accepté par les Tunisiens qui, après la Révolution, ne sont pas prêts de céder, ne serait-ce qu’une once des libertés acquises grâce à la Révolution.  D’où, la révision de cette décision, hélas, tardive comme nous l’avons dit plus haut, pour la simple raison que les scènes de violence filmées par les télés locales et étrangères et postées sur les réseaux sociaux ont fait le tour du monde reflétant la violence démesurée utilisée par les forces de l’ordre pour disperser les manifestants avant même leur arrivée à l’avenue Bourguiba, objet de tous les désirs.

vendredi 13 avril 2012

2e édition du festival du cinéma russe en Tunisie

Quand passe le cinéma russe

Quand passe le cinéma russe
Le clap final de la 2e édition du festival du cinéma russe en Tunisie, qui s’est déroulée du 31 mars au 7 avril, a été donné samedi dernier, au Théâtre municipal de Tunis, avec la proclamation du palmarès. Organisée par l’Association tunisienne d’échange culturel (Atec) et présidée par le cinéaste tuniso-russe Skander Naâs, cette manifestation a permis au public tunisien de découvrir des films récents et d’autres considérés comme culte, de l’un des plus prestigieux cinémas au monde. Une cinquantaine de films ont composé le menu de ce festival, dont 34 en compétition.
Face à la qualité des films, dans leur grande majorité, le jury de cette édition, composé de Habib Mestiri, Mustapha Taeïb (réalisateurs), Karim Hammouda (chef monteur) et Rabii Zammouri (auteur-compositeur), a avoué avoir eu bien du mal à départager les 12 longs métrages et 12 courts métrages de fiction, ainsi que les 9 films documentaires au menu.

mardi 10 avril 2012







Rétrovision 8 Avril 2012

Des images chocs, signes de désespoir et de désillusion
Deux séquences  chocs ont marqué l’actualité au cours de la semaine écoulée. La première a été diffusée sur plusieurs chaînes, dont El Watania 1, dans un sujet poignant, voire émouvant, qui se focalise sur le sit-in des blessés et des parents des martyrs de la Révolution à l’intérieur et devant le ministère des Droits de l’homme et de la justice transitionnelle.

La caméra se fixe, dans un gros plan, sur le visage d’un jeune blessé affichant une expression de colère et de désespoir compréhensible, cependant ce qui interpelle le téléspectateur de manière impressionnante c’est que ses lèvres  sont cousus non pas de fil blanc, mais  de fil rouge. Atroce.  La caméra descend sur les bras du mutilé, on y voit des aiguilles enfoncées, puis, dans un plan moyen, le sit-inneur s’exprime par le geste, sans doute pour dire que depuis le 14 janvier rien n’a été fait pour qu’on lui rende justice et pour qu’il soit indemnisé. Mais, le comble c’est que les désormais invalides de la révolution ainsi que leurs parents et ceux des martyrs ont été tabassés et violentés, par les agents de sécurité du ministère des Droits de l(homme et ceux qui ont voulu leur porter secours, un jeune avait même la tête tout en sang. En témoignent les vidéos diffusées  durant les infos sur les satellitaires. Honteux et intolérable.

Conférence de presse des représentants des alliances et des associations civiles

Lundi noir à l’avenue Bourguiba

Plusieurs personnalités de la société civile et des militants des droits de l’Homme ont qualifié la journée d’hier du 9 avril 2012 de «Journée noire» dans l’histoire du pays, vu les agressions physiques et verbales et arrestations qu’ont subies, lors de la manifestation organisée pour commémorer l’anniversaire des événements du 9 avril 1938, les citoyens, les représentants de partis, les membres du Conseil de la Ligue des droits de l’Homme, les avocats, les intellectuels et les journalistes. Cela lors d’une conférence de presse qui s’est tenue hier après-midi au siège de la Ligue.
M. Abdessattar Ben Moussa, président de la Ltdh, ouvrant la conférence, a indiqué que «le gouvernement a montré son vrai visage, apportant la preuve de son échec et de sa dictature». Tout en qualifiant l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les manifestants «d’extrêmement violente, rappelant la répression exercée sous le régime de Ben Ali».
Il a également souligné que «la décision du ministère de l’Intérieur de ne pas autoriser la marche pacifique de l’avenue Bourguiba est arbitraire et contraire à la législation en vigueur et aux résolutions internationales en la matière».
Et d’ajouter «qu’il a été procédé à toutes les mesures indispensables à l’organisation de cette marche en l’honneur des martyrs de la patrie. Le choix de l’artère principale de la capitale répond à la symbolique de cette avenue dans l’histoire de la Tunisie».
Il a précisé, par ailleurs, «qu’un recours sera déposé à ce sujet d’autant que sa déclaration s’inscrit dans le cadre de la violation des conventions internationales qui garantissent le droit à manifester».

Deux poids deux mesures

De son côté, la présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt) et le Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, Sihem Ben Sedrine, a déclaré que «ce qui s’est passé au niveau de l’avenue Bourguiba nous fait sentir que nous vivons toujours sous l’ancien régime eu égard à l’utilisation des anciennes méthodes de répression» soulignant qu’«il sera procédé à la publication d’un livre sur les agressions commises par les forces de l’ordre».
Elle a, ensuite, attiré l’attention sur la présence de milices aux côtés des forces de l’ordre attaquant les participants à la marche les traitant des pires qualifacatifs. Elle s’est également demandée pourquoi les salafistes ont été traités de manière différente dénonçant la politique des deux poids deux mesures appliquée par le gouvernement.
M. Mokhtar Trifi, l’ancien président de la Ltdh, a déploré le non-respect de l’application de la loi dans la gestion des manifestations, précisant que les forces de l’ordre n’ont pas respecté les étapes de la dispersion de toute manifestation et a également dénoncé la présence de milices armées, ce qui constitue un fait très grave exigeant l’ouverture d’une enquête et qu’il est nécessaire de découvrir l’identité de ces personnes, insistant sur le fait que toutes les forces de l’ordre doivent porter l’uniforme officiel qui les identifie.
Ce qu’a également relevé Mme Souhyr Bel Hassen, la présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme, tout en exprimant la solidarité de la fédération avec l’ensemble des organisations de la société civile qui ont manifesté hier, affirmant que l’existence de milices armées est en contradiction avec les conventions internationales et demandant l’ouverture d’une enquête.
Sur cette dangereuse infraction, l’ancien président du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Néji Bghouri, a affirmé que «les milices visaient des personnes en particulier par des menaces et des insultes dans le but de saper la volonté des militants et de les humilier comme avant le 14 janvier 2011». Et d’ajouter : «Le message nous est parvenu…mais nous sommes attachés à la liberté».
M. Khemaïs Ksila, constituant, a précisé que «la violence utilisée hier est un précédent de par la sauvagerie manifeste, et ce, depuis le 14 janvier, ce qui nous pousse à nous demander où allons-nous ?». Il a souligné qu’il a pris part aux côtés de certains de ses collègues de l’ANC, à la célébration de la fête des Martyrs. «Malheureusement, j’ai été, moi et plusieurs personnalités politiques, violenté et insulté par certaines milices appartenant au mouvement Ennahdha.
Heureusement, des agents de la sécurité de l’Etat sont intervenus pour me protéger». Il conclut «qu’une campagne va être entreprise au sein de l’ANC pour identifier les membres qui soutiennent et ceux qui défendent les libertés». Précisant qu’il poursuivra sa mission de défense de la liberté.

Snjt

Appel au boycott des activités du ministère de l’Intérieur

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a appelé, dans un communiqué rendu public hier, tous les journalistes à porter le brassard rouge, jeudi prochain, et à boycotter les activités du ministère de l’Intérieur, une semaine durant, à compter d’aujourd’hui et jusqu’au 17 avril.
Cet appel intervient à la suite de l’agression hier par les agents des forces de l’ordre ainsi que par des milices opérant pour le compte du Mouvement Ennahdha, de journalistes, de défenseurs des droits de l’Homme et de personnalités nationales, à l’occasion de la commémoration de la fête des Martyrs à Tunis et à Sfax, précise le communiqué.
Les agressions qui ont ciblé les journalistes visent la liberté d’expression et tendent à priver le peuple de son droit à l’information, souligne le bureau exécutif du Snjt, exhortant les composantes de la société civile, les partis politiques et les personnalités nationales à soutenir le secteur de l’information dans son combat contre la nouvelle dictature.
Le Snjt déplore le silence dont fait preuve le ministère public au Tribunal de première instance de Tunis face aux plaintes déposées par le bureau exécutif du syndicat contre les agressions commises antérieurement contre des journalistes.
Le syndicat a, d’autre part, menacé de recourir à la justice internationale pour demander la protection des journalistes tunisiens, annonçant le démarrage d’une campagne internationale en coordination avec la Fédération internationale des journalistes (FIJ) «pour soutenir les journalistes tunisiens dans leur combat pour la liberté de la presse et de l’information et pour faire face au retour de la répression sous de nouvelles formes».

Témoignages sur le lundi noir

Hechmi Nouira, journaliste : « J’ai été agressé par des civils »

Notre collègue journaliste d’Essahafa a été tabassé hier matin à l’avenue Bourguiba quand il filmait la manifestation de la Journée du 9 avril, organisée par la société civile. Mais ce ne sont pas des policiers ou des Bop qui l’ont agressé, mais des civils. Voici son témoignage :«J’étais, vers 11h00, devant le café ‘‘Le Parnasse’’ accompagné de M. Abdelmajid Sahraoui, représentant de l’Ugtt à l’Union maghrébine et je filmais des passants fuyant l’odeur acre du gaz lacrymogène, quand un barbu m’a crié de ne pas filmer devant ce qu’il prétend être ses commerces». M. Sahraoui lui a rétorqué : «C’est un journaliste laissez-le faire son travail». Et d’ajouter : «Je vous connais, vous êtes un cadre du parti Ennahdha à Tataouine».
«Sur ce, le gérant du café ‘‘Le Parnasse’’, deux serveurs et un marchand ambulant de lunettes sont accourus s’acharnant sur nous à coups de poing et de pied et nous n’avons dû notre salut qu’à un homme en civil, que je pense être de la sûreté nationale. Toute cette violence m’a causé une double fracture du nez, j’étais tout en sang.
Je vais porter plainte, j’ai les photos de nos agresseurs. Que dire, sinon que moi qui croyais que le pays en avait fini avec les milices des partis, je les vois revenir en force s’attaquant aux activistes, aux journalistes et aux gens de partis et de la société civile. Voilà qui ne contribue nullement à atteindre les objectifs de la révolution au niveau des droits et des libertés, dont celles de manifester et de la presse.
Voilà qui ne contribue pas non plus à ce que la transition démocratique se déroule dans la paix et dans la dignité».

Zied El Hani, journaliste et membre du bureau directeur du Snjt : «…Je crains le retour de la dictature»
«J’étais, dès 9h00, à l’avenue Bourguiba pour aider les collègues à assurer la couverture de la manifestation du 9 avril et pour intervenir si jamais ils sont empêchés de faire leur travail. Je n’ai quitté l’avenue qu’à un seul moment, quand le caméraman de la chaîne El Hiwar Ettounsi a été frappé et empêché de filmer, pour aller déposer plainte au poste de police de la rue Radhia Haddad (ex-rue de Yougoslavie).
A mon retour j’ai été verbalement agressé par les milices d’Ennahdha pour les avoir vus à maintes reprises, lors de la manifestation des journalistes à la Kasbah, devant le Premier ministère, pour avoir débattu avec eux à la télévision et pour les avoir vu intervenir devant le ministère de l’Intérieur lors de la manifestation des agents de l’ordre. Ce sont pratiquement les mêmes qui, accompagnés de malabars, viennent perturber et faire avorter les manifestations et les sit-in.
En m’agressant verbalement ils m’ont poussé de l’allée centrale vers le trottoir d’en face tout en criant des insultes du genre : traître, suppôt de l’étranger, opposant notoire à Ennahdha en témoignent tes écrits sur les salafistes et l’émirat islamique.
Cette violence inouïe et ce comportement révèlent leur tentative de confiscation des droits des citoyens à l’expression de leur opinion et d’agresser les symboles politiques, entre représentants des partis, activistes ainsi que les journalistes et les jeunes qui ont contribué à la révolution et au changement».
Interrogé sur l’interdiction de manifester à l’avenue Bourguiba Zied El Héni rétorque : «En tant que journalistes nous étions à l’avenue non pas pour manifester mais pour faire notre travail. Nous sommes des témoins et non des acteurs. Pour conclure, je dirais qu’aujourd’hui les nouveaux «pasdarans», qui constituent une réplique des gardes révolutionnaires iraniens, sont en train d’envahir le paysage politique et d’imposer leur loi et je crains, donc, que nous soyons en train d’assister au retour de la dictature».
Auteur : S.D.

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Temoignages

Jawhar Ben Mbarek, coordinateur de «Dostourna» : «L’interdiction de manifester à l’avenue Bourguiba ne justifie en rien l’utilisation de la violence»

«J’ai été tabassé à l’avenue Mohamed V et à l’avenue de Paris, puis les BOP m’ont arrêté avec plusieurs autres personnes et frappé dans le fourgon de police. Ils ont confisqué mon portable, puis se sont mis à me tabasser après avoir reçu l’ordre de me relâcher. Maintenant j’ai un œil au beurre noir et le bras fracturé.
Je vais porter plainte contre le ministre de l’Intérieur, j’ai le numéro de la voiture de police où j’ai été arrêté et tabassé non seulement par la police, mais également par des milices d’Ennahdha.
Je vous rappelle qu’il y a eu des blessés graves et on parle même du décès d’une jeune fille qui n’est pas confirmé. Mais je peux témoigner qu’un jeune de 20 ans prénommé Walid Ben Henda a été violemment tabassé et il est actuellement dans le coma suite à une hémorragie cérébrale. Et je peux en témoigner car je l’ai vu à la clinique Mohamed V où je me suis fais soigner».
Interrogé sur l’interdiction de manifester à l’avenue Habib Bourguiba, M. Jawhar Ben Mbarek explique: «Je vous rappelle premièrement que durant la journée du 14 janvier 2011 le pays était également sous l’état d’urgence et je rappelle deuxièmement au ministre de l’Intérieur, M. Ali Laârayedh, qu’il se trouve actuellement dans son bureau grâce à une manifestation non autorisée.
Troisièmement, j’affirme que le ministère de l’Intérieur n’a pas respecté les formes légales pour prendre sa décision parce qu’il fallait adopter une décision administrative écrite et motivée et surtout contre-signée par le Premier ministre, tel que le prévoit le règlement provisoire des pouvoirs publics adopté par la Constituante. Ce qui n’a pas été fait.
Quatrièmement, les motifs évoqués par la déclaration sont des motifs juridiquement bidon tout simplement parce que la limitation de la liberté ne peut arriver jusqu’au point d’interdire la liberté car les pouvoirs du ministre sont des pouvoirs de limitation de la liberté et non pas d’interdiction de la liberté. Il faut promulguer une loi, parce que le règlement provisoire des pouvoirs publics prévoit que tout texte privatif de liberté doit prendre la forme d’une loi.
Cinquièmement, l’argument majeur avancé pour interdire le droit de manifester à l’avenue Bourguiba a pour origine les problèmes qui ont surgi après le face à face entre les hommes de théâtre et des salafistes or il s’agit en l’occurrence d’une erreur monumentale du ministère de l’Intérieur. C’est donc à lui d’en assumer la responsabilité au lieu d’en faire porter le chapeau aux citoyens qui n’ont pas à assumer les erreurs du ministère de l’Intérieur.
Pour conclure, tout cela ne justifie en rien l’utilisation de la violence, car c’est là une violation manifeste des droits de l’Homme».

dimanche 1 avril 2012


Retro 1er avril

Ben Ali-Salafistes : Même Combat



Les scènes insoutenables reflétant  ce qui s’est passé, dimanche dernier, au cours de la journée mondiale du théâtre laisse entendre, franchement  que l’art est  réellement en danger. Les reportages des chaînes de télé  ont estomaqué et indignés les téléspectateurs ahuris par tant de violence et de vindicte haineuse à l’encontre des professionnels du théâtre, de jeunes  étudiants et amateurs si attachants dans leurs costumes de fête. Tous se produisaient devant une foule d’enfants et d’adultes afin de  leur apporter joie, émotion et bonheur.

A l’ l’image : Des œufs lancés sur les artistes maculent  les marches du théâtre municipal, une chaussure, des bouteilles et autres projectiles traînent sur le trottoir… les Salafistes sont passés par là, en attestent les séquences filmées, puisqu’ils  ne se sont pas contentés de jeter toutes sortes de projectiles sur les artistes, ils les ont insultés, attaqués, agressés, traités de mécréants, les obligeant, sous le regard passif du cordon de sécurité de la police, à se réfugier dans le Théâtre, après avoir tenté vainement de résister en chantant l’hymne national et en brandissant le drapeau national...Leurs  agresseurs, qui s’en sont pris également au spectateurs de l’Avenue Habib Bourguiba, sévissant toujours dans l’impunité, jubilaient savourant ce qui, à leurs yeux était une victoire. Dans l’une des vidéos nous avons vu des enfants apeurés, d’autres  pleuraient effarés et horrifiés par un tel spectacle de violence et de sauvagerie. Voilà qui nous rappelle les coups, les tabassages et la  violence perpétrés par les BOP de Ben Ali, un certain 12 janvier, à la veille du triomphe de la Révolution  sur de vaillants artistes telles Raja Ben Ammar, Leila Toubel, Jélila Baccar et d’autres.

Alors Ben Ali et les Salafistes : même combat. A l’évidence oui. Puisque, à leurs yeux, les artistes ne méritent aucun respect et doivent disparaître de la cité. Chacun possède bien sûr son propre argumentaire. Le premier est allergique à toute forme de liberté, fût-t-elle une marche des plus pacifiques, que dire, alors, de l’expression artistique ou de l’expression tout court.  Les seconds, eux, sont tout simplement rétifs à l’art tous azimuts et aux artistes. L’Art est mécréance, l’art est péché, interdisons-le et bannissons ces mécréants de la cité. Qu’ils se taisent à jamais. C’est ce qu’ils désirent et ils ne s’en  cachent pas.

Bref, de jeunes artistes ont été humiliés et agressés et n’ont pas été protégés, en dépit de l’autorisation qui leur a été donnée. De quoi se demander à quoi cela sert-il  de voir, à chaque acte de violence et d’agression commis par les Salafistes, les agressés rendre aussitôt  visite au Président de la Constituante, Mustapha Ben Jaâfar, d’autant que le scénario semble se répéter à l’envi alors que les coupables demeurent dans l’impunité totale. Par conséquent, s’adresser à la justice c’est tellement mieux. L’important est de voir les artistes et hommes de théâtre continuer à exercer leur métier sans rien lâcher de sa liberté d’expression et de création pour lesquels certains d’entre eux ont tant milités et œuvré.
S.D.