vendredi 17 mai 2013

Sécurité intérieureLe syndicat hausse le ton


 • Manifestation des forces de sécurité intérieure devant l’ANC

Les membres du Syndicat national des forces de sécurité intérieure accompagnés des agents de la Garde nationale, des institutions pénitentiaires  et de la Protection civile ont manifesté, hier, avec leurs familles devant l’Assemblée nationale constituante (ANC), revendiquant droits, protection  et des équipements adéquats et efficaces dans l’exercice de leurs fonctions.
C’est suite aux événements dramatiques survenus à Jebel Chaâmbi, dans le gouvernorat de Kasserine les 29 et 30 avril et qui se sont soldés par 13 blessés dont quatre grièvement, que cette manifestation a été décidée.
Contacté, Nabil Ayari, secrétaire général du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, évoque pour La Presse les principales revendications de la manifestation : «Nous revendiquons en substance la neutralité de l’institution sécuritaire afin d’instaurer une police républicaine qui soit au service de la République et non du gouvernement. Nous demandons également la protection juridique de la profession, la révision de l’indemnité de risque et l’adoption de la loi sur l’indemnisation des accidents du travail qui existait depuis 1995, mais qui a été supprimée par la suite.
Nous revendiquons également la non-suspension des salaires de nos collègues morts suite à des accidents du travail ou de la route, tels Anis Jelassi et Marwa Brini, du fait qu’ils soient célibataires, ce qui est injuste. On se demande aussi quel sera le sort de nos collègues blessés à Jebel Chaâmbi ?».
C’est pourquoi, selon notre interlocuteur, il est plus que jamais nécessaire d’inscrire les droits des agents de sécurité intérieure dans la Constitution et de criminaliser toute agression contre les forces sécuritaires. Le Syndicat des forces de sécurité intérieure dénonce, d’autre part, le laxisme des autorités face à l’extrémisme et au terrorisme rampants.
Nabil Ayari note que «les Tunisiens doivent prendre conscience des risques patents du terrorisme et doivent se mobiliser autour des forces de sécurité pour endiguer ce fléau qui doit être combattu par l’ensemble des citoyens. Car la réussite de la transition démocratique, aussi bien aux plans politique qu’économique, est intimement liée à l’instauration de la sécurité. D’ailleurs, ce n’est pas gratuitement que nos collègues ont lancé, lors de la manifestation de protestation ce slogan : ‘‘Citoyen, réveille-toi, le terrorisme a investi le pays’’. C’est une sorte d’appel aux citoyens afin qu’ils les soutiennent avec toute la vigilance requise en les aidant à lutter contre la violence et le terrorisme».

Pour une institution sécuritaire républicaine

Trois représentants du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, dont Nabil Ayari, le secrétaire général, et le porte-parole Chokri Hamada, ont rencontré la vice-présidente de l’ANC, Meherzia Laâbidi, pour présenter leurs revendications par écrit : «Au cours de cette rencontre la vice-présidente, qui n’était pas informée de nos revendications et des dossiers que nous avons envoyés au président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, nous a promis qu’elle enverra une correspondance au ministre de l’Intérieur pour qu’il soit auditionné devant l’ANC», affirme Nabil Ayari.
Les représentants des forces de sécurité intérieure ont également rencontré des députés, en majorité du groupe démocratique, afin de les informer de leurs conditions de travail et de leurs principales revendications.
Selma Baccar, constituante d’Al Massar qui était parmi le groupe de députés ayant reçu les représentants des agents de sécurité intérieure,  nous a indiqué que la rencontre a porté sur les conditions de travail, ainsi que sur les revendications des forces de sécurité intérieure : «La rencontre a été édifiante en ce sens que nous avons été informés des conditions de travail de ces agents qui manquent outrageusement d’équipements et de moyens adéquats pour lutter contre le terrorisme et qui sont envoyés à l’aventure tels des boucs émissaires, sans directives précises.
D’où leur demande pressante d’inscription de leurs droits dans la Constitution et de neutralité de l’institution sécuritaire, afin qu’elle soit non pas au service de l’exécutif ou d’un parti quelconque, mais au service du citoyen.  Autrement dit, les forces de sécurité revendiquent une police républicaine. Les représentants ont par ailleurs manifesté leur détermination à conjuguer tous leurs efforts pour protéger le pays, en luttant contre la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent. Dans ce but, ils nous ont exhortés à faire pression sur le gouvernement pour l’amélioration de leurs conditions de travail».
Quel a été, enfin, le résultat de cette rencontre des représentants des forces de sécurité avec les constituants ?
Selma Baccar affirme qu’il leur a été demandé «de fournir aux députés un projet et des revendications unifiés de tous les syndicats afin qu’ils soient soumis à l’ANC».
Enfin, concernant la constitutionalisation de l’institution sécuritaire, notre interlocutrice souligne : «Dans l’avant- dernière mouture du “Destour”, cette constitutionalisation existait, mais dans la dernière copie elle a été revisitée, la notion de police républicaine a été gommée. Mais on y reviendra».

 Un commissaire de police retrouvé égorgé
Un jeune commissaire de police âgé de 35 ans a été retrouvé, hier matin à Jebel Jelloud, égorgé, le pied gauche amputé. Ce cadre sécuritaire travaillait au centre de formation des agents de sécurité de Carthage-Salammbô.
Interrogé sur ce crime, Nabil Ayari, secrétaire général des forces de sécurité intérieure, nous a indiqué qu’une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de ce meurtre.
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 03-05-2013

66e édition du festival de CannesEntre identités et engagements


 Le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche pour la première fois sur la Croisette avec La vie d’Adèle, l’un des films les plus attendus du festival.

Dans une dizaine de jours, soit du 15 au 26 mai, s’ouvrira le 66e festival de Cannes avec Gatsby le magnifique du réalisateur australien Baz Luhrmann, interprété par Leonardo Di Caprio. Le film sera présenté en hors compétition, avant que ne soit entamée, le lendemain, la projection des 20 films en lice pour la Palme d’or.
En se focalisant sur la liste, on relève parmi les longs métrages sélectionnés —sur 1.857 proposés—, deux films représentant le continent africain, d’où sont originaires leurs réalisateurs respectifs. Il s’agit de La vie d’Adèle du Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche et GrisGris du Franco-Tchadien Mahamet Salah Haroun.
Kechiche est l’une des figures du renouveau du cinéma français, grâce à ses films d’auteur, façon «free-cinema», tels l’Esquive, La graine et le mulet ou encore le remarquable Vénus noire. Tous ont obtenu un succès certain, notamment la reconnaissance de la critique, ainsi que celle de ses propres pairs. La plupart de ses films ont raflé moult récompenses dont le grand prix du jury à la Mostra de Venise en 2006 pour La graine et le mulet et quatre Césars autant pour ce dernier que pour l’Esquive. Avec La vie d’Adèle, campé par Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, Kechiche fera pour la première fois la rituelle montée des marches. Le plus long de la compétition avec une durée de 3h07, ce film sera, sans doute, l’un des plus attendus de la sélection officielle.
Quant à Mahamet Salah Haroun qui est déjà allé à Cannes en 2010, il retourne sur la Croisette avec GrisGris où il met en scène un jeune qui rêve de devenir danseur, mais la maladie de son oncle changera ses plans.
L’Iranien Asghar Farhadi, oscarisé pour l’excellent Une séparation, viendra défendre Le Passé, mettant en scène un Iranien empêtré dans son divorce. Le film est interprété par deux acteurs français, Bérénice Béjo et Tahar Rahim.

Jarmusch, le dernier annoncé 

Only lovers left alive du réalisateur américain Jim Jarmusch a été le dernier film annoncé par les organisateurs du festival de Cannes. Il a été ajouté le 26 avril, plus d’une semaine après l’annonce de la liste des films au cours de la conférence de presse du 18 avril. Cet opus qui met en scène des vampires est interprété par Tilda Swinton, Tom Hiddleston et John Hurt.
 Le réalisateur avait remporté la Caméra d’or à Cannes en 1984 pour Stranger than paradise et le Grand prix du jury en 2005 pour Broken flowers.
Le reste de la sélection officielle comporte des habitués de la Croisette dont les frères Coen, Ethan et Joel, déjà palmés en 1991 avec Barton Fink et qui reviennent avec Inside Llewyn Davis évoquant la vie d’un chanteur folk dans le Greenwich Village new-yorkais des années 60. Steven Soderbergh, Palme d’or en 1989 avec son premier long-métrage, Sexe, mensonges et vidéo, sera de retour avec Behind the candelabra campé par Michael Douglas et Matt Damon. L’Italien Paolo Sorrentino qui a obtenu le prix du Jury avec Il Divo en 2008, présentera son nouveau-né La Grande Belleza.
Outre La vie d’Adèle de Kechiche, cinq autres films français sont en lice pour la Palme d’or. Le Franco-Polonais Roman Polanski présentera La Vénus à la fourrure, avec Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner, inspiré du roman érotique de Leopold Sacher-Masoch, qui a donné son nom au masochisme. Polanski avait remporté la prestigieuse Palme d’Or en 2002 avec Le Pianiste.
Jeune et Jolie de François Ozon brosse le portrait d’une jeune fille de 17 ans en quatre saisons et quatre chansons. Valeria Bruni-Tedeschi, sœur de Carla Bruni, est la seule femme à concourir pour la récompense suprême avec Un château en Italie. Arnaud Desplechin présente Jimmy P. et pour la première fois en compétition, Arnaud des Pallières concourt avec Michael Kohlhaas.
A la lumière de ces opus, «Cannes 2013 ne sera pas politique comme cela a pu être le cas dans le passé mais traitera, cette fois, des identités, des engagements, et des vies intimes des individus», a déclaré Thierry Frémaux, le délégué général du festival. Pour la montée des célèbres marches, on annonce déjà Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Robert Redford, Ryan Gosling, Benicio del Toro, Michael Douglas, Bérénice Bejo, Nicole Kidman et autres.
Les organisateurs du festival annoncent également 14 films dans la section «Un certain regard», outre ceux qui sont projetés hors compétition ou en séances spéciales.
Le jury de cette 66e édition est présidé par Steven Spielberg, l’auteur notamment de E.T. et de La couleur pourpre. Il sera épaulé dans sa mission par huit membres, à savoir les actrices Nicole Kidman (Australie) et Vidya Balan (Inde), les acteurs Daniel Auteuil (France) et Christopher Walz (Autriche), les réalisatrices Naomi Kawase (Japon) et Lyne Ramsay (Grande-Bretagne) et les réalisateurs Ang Lee (Taiwan) et Cristian Mungiu (Roumanie). Ils annonceront leur verdict le 26 mai, lors de la soirée de clôture.

 En compétition pour la Palme d’or
Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn.
Borgman, de Alex Van Warmerdam.
The great Beauty, de Paolo Sorrentino.
Behind the Candelabra, Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh.
La Vénus à la fourrure, de Roman Polanski.
Nebraska, d’Alexander Payne.
Jeune et jolie, de François Ozon.
Shield of Straw, de Takashi Miike.
La vie d’Adèle, de Abdellatif Kechiche.
Like Father Like Son, de Kore-Eda Hirokazu.
Touch of sin, de Jia Zhang Ke.
GrisGris, de Mahamat-Saleh Haroun.
The immigrant, de James Gray.
Le passé, d’Asghar Farhadi.
Heli, d’Amat Escalante.
Jimmy P., d’Arnaud Desplechin.
Michael Kohlhaas, d’Arnaud Des Pallières.
Inside Llewyn Davis, de Ethan Coen, Joel Coen.
Un château en Italie, de Valeria Bruni Tedeschi.
Only Lovers left alive, de Jim Jarmusch.

S.D. Ajouté le 6/05/13

Interview - Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, à La Presse

«Diplomatie de grand bruit ne rime pas forcément avec efficacité»


 Deux mois après son investiture à la tête de la diplomatie tunisienne, Othman Jerandi estime que «diplomatie de grand bruit ne rime pas  forcément avec efficacité». Servir et défendre les intérêts du pays, redonner confiance à nos partenaires, replacer la Tunisie à la place qui lui revient sur l’échiquier mondial restent les domaines prioritaires de l’action diplomatique tunisienne.
Sollicité depuis un mois, le ministre des Affaires étrangères nous a, enfin, accordé une interview dans laquelle  il apporte des éclairages  sur les grandes questions  brûlantes et les dossiers prioritaires qui concernent la Tunisie : le sort des émigrés clandestins en Italie et de la colonie tunisienne en Syrie, la construction de l’Union du Maghreb Arabe, l’image du pays à l’étranger après les multiples  événements qu’il a connus et autres. Interview.

Durant les quelques mois qui nous séparent des prochaines élections, quels sont les dossiers prioritaires auxquels s’attelle le ministère ?
Le département a un rôle de premier plan à jouer dans cette phase importante de la  transition démocratique de notre pays.
A la veille de la mise en place des institutions constitutionnelles permanentes et à la lumière des défis de l’instant, nos actions et démarches au niveau du ministère pourraient être classées en deux grandes catégories :
- Un volet diplomatique et politique, qui concerne nos contacts et démarches visant à restituer la confiance de nos partenaires étrangers dans ce processus transitoire et à tisser des relations fortes, privilégiées et basées sur le respect et les intérêts mutuels.
- Un volet économique, dans le cadre duquel nous  œuvrons  à mettre à profit le réseau de nos relations avec les pays frères et amis en vue d’appuyer les efforts visant à trouver des solutions adéquates  aux questions qui préoccupent notre société, à l’instar de l’emploi des jeunes, l’émigration, ou le développement des régions intérieures.
Dans ce même contexte, nous accordons un intérêt particulier aux dossiers de la restitution des avoirs mal acquis et l’extradition des inculpés parmi les symboles du  régime déchu et leurs proches. Ce sont des questions qui sont directement liées à la justice transitionnelle, mais ayant également un impact économique immédiat, et elles constituent par conséquent des constantes dans nos actions. Nous essayons chaque jour de surmonter les difficultés, mais c’est aussi un travail de longue haleine qui, objectivement, et comme dans toutes les expériences de transition démocratique, requiert patience et persévérance. Les résultats restent cependant tributaires de l’étendue de la coopération et de la disponibilité des pays concernés à nous aider et de leur volonté d’accélérer les procédures applicables.
 Si, pour ce qui est  de la restitution des avoirs, le Liban, l’Espagne, l’Italie et d’autres pays s’imposent comme  des cas exemplaires d’une coopération positive que nous valorisons, d’autres comme les Seychelles illustrent les difficultés que nous rencontrons. Nous avons déploré la manière par laquelle ce pays ami a répondu à nos démarches et j’ai moi-même initié un contact avec le MAE seychellois pour lui faire part de la position ferme de notre pays et insister sur le droit de tous les Tunisiens à voir les inculpés du régime déchu dans des affaires de corruption extradés et jugés en Tunisie.
Cela dit, je voudrais rassurer nos chers concitoyens que nos efforts, en collaboration avec les hautes instances de l’Etat et les départements spécialisés, ont été porteurs de résultats tangibles: les accords financiers, les dons, tels que ceux récemment signés avec le Japon et l’Allemagne, la reconversion ou le recyclage de certaines dettes extérieures, la restitution de certains avoirs, etc. en témoignent. Certes, beaucoup reste à faire, mais nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts dans la même perspective d’interaction positive avec les aspirations du peuple tunisien et ses besoins, ainsi que dans le même souci d’efficacité pour réaliser les objectifs escomptés.

La Turquie et le Qatar sont deux pays qui montent en première ligne dans le domaine de la coopération bilatérale avec la Tunisie. Cette nouvelle donne annoncera-t-elle un changement de cap dans la diplomatie tunisienne ?
Notre diplomatie est caractérisée par son ouverture à l’image de notre civilisation et de notre peuple. Si nous visons une diplomatie dynamique, réaliste et équilibrée, à même d’apporter des opportunités à l’économie du pays  et d’améliorer les conditions des Tunisiens, nous devons préserver cette ouverture et œuvrer à promouvoir nos relations avec non seulement nos partenaires traditionnels mais aussi avec les pays arabes, musulmans, africains et ceux des espaces asiatique et américain. 
La dynamique enregistrée dans les relations de la Tunisie avec la Turquie et le Qatar s’insère dans cette logique, mais également dans le cadre de l’enracinement de la Tunisie dans sa profondeur géographique et historique et la consécration de sa  réconciliation avec son identité arabo-islamique.                                                                                    
Vous savez que la Turquie et le Qatar étaient parmi les premiers pays à exprimer leur soutien à la volonté du peuple tunisien de recouvrer sa liberté et sa dignité, et à appuyer la Tunisie dans sa phase de transition démocratique en apportant leur aide aux efforts de développement, d’investissement, et d’emploi dans notre pays.
C’est ainsi que la Turquie a réservé une aide financière estimée à 500 millions USD (environ 825 millions de dinars) et s’est engagée avec nous dans des accords de coopération technique et de développement portant sur différents secteurs prioritaires. Tel est le cas pour le Qatar, dont le montant global des transferts financiers au profit de la Tunisie après la révolution a atteint fin mars 2013 un milliard et 300 millions de dollars US (490 millions de dinars environ) sous forme de crédits et de dons ou des investissements dans plusieurs domaines, en plus du financement des projets bénévoles en Tunisie et notamment dans les régions intérieures.
Par ailleurs, je tiens à préciser que dans une Tunisie qui a payé cher le prix de sa liberté, il est impensable de contester l’autonomie de sa décision politique et  l’attachement ferme et fort à sa souveraineté. Nos relations avec tous les pays, sans exception, sont basées sur ce principe sacro-saint du respect mutuel de la souveraineté de chacun. Aucun doute ne devrait effleurer les esprits de nos chers concitoyens concernant cette question, car nous optons pour le principe de zéro tolérance  pour ce qui est de notre indépendance, notre souveraineté nationale, nos choix stratégiques et notre pouvoir de décision.

Mais ces deux pays ont bénéficié d’avantages économiques en Tunisie, et le Qatar, par exemple, nous a accordé des crédits à des taux élevés, supérieurs même à ceux pratiqués par le Japon ?
Je dois préciser que chaque opération obéit à une logique et à des paramètres spécifiques. L’important c’est que dans ce genre d’opérations «win-win» (gagnant-gagnant), la Tunisie trouve son compte d’autant que les relations avec le Qatar sont excellentes. En témoigne la création récente du fonds d’amitié qatari qui vient d’accorder à la Tunisie un don sous forme de prêt de 100 millions de dollars US (environ 170 millions de dinars) pour promouvoir les microcrédits et les projets initiés par les jeunes.
D’ailleurs, ce même fonds a apporté son concours en France et au Japon.

Comment expliquez-vous la reconnaissance, que certains ont considéré comme dictée par des tierces parties, de la coalition de l’opposition syrienne alors que le conflit n’en finit pas de s’éterniser ?
La reconnaissance par la Tunisie de l’alliance de l’opposition syrienne s’est effectuée en coordination avec la position arabe et en droite ligne avec les orientations internationales majoritaires. Malgré les divergences au sein de la coalition, et bien qu’elle ne regroupe pas toutes les composantes de l’opposition syrienne, elle a été considérée comme  le représentant légitime, non l’unique, du peuple syrien et un interlocuteur essentiel de la Ligue des Etats arabes.
Par ailleurs, nous considérons que  toute intervention militaire extérieure en Syrie constitue une ligne rouge pour la Tunisie, et c’est pour cette même raison que notre pays a soutenu les efforts de l’opposition syrienne dans la coordination de son action et l’unification de sa position dans la perspective d’une transition démocratique qui préserve la Syrie de l’effusion de davantage du sang et la met à l’abri de tout danger d’une éventuelle guerre civile qui aurait des conséquences néfastes sur toute la région.
La ferme condamnation de l’agression israélienne contre la Syrie exprimée récemment par la Tunisie , s’inscrit dans le cadre d’une position de principe basée sur le respect de l’intégrité du territoire syrien.
Depuis le début de la crise syrienne, et malgré la croissance tragique du nombre des victimes, des sans-abri et des réfugiés, la Tunisie n’a cessé d’inciter toutes les parties à aboutir à une solution pacifique qui garantisse au peuple syrien frère son droit légitime à la liberté et à l’instauration d’un régime démocratique. Il va sans dire que nous refusons de voir une Syrie détruite et déchirée par la guerre avec toutes les conséquences imaginables sur une région dont la stabilité et la sécurité restent toujours extrêmement fragiles. C’est dans ce souci que nous continuerons à travailler avec l’ensemble de la communauté internationale en vue de favoriser la résolution politique du conflit, et épargner ainsi à la Syrie davantage de pertes humaines et de destructions.

Quels sont les moyens possibles pour établir des canaux de communication avec la communauté tunisienne en Syrie afin d’avoir une meilleure perception sur le sort de nombreux jeunes utilisés comme chair à canon dans la guerre en Syrie
Depuis ma prise de fonctions, j’ai vu qu’il était impératif de réfléchir sur les moyens à même de contourner les difficultés objectives imposées par la situation dans son ensemble : nous avons des ressortissants qui fuient les affrontements militaires, une demande accrue sur les prestations consulaires et les différentes formes d’assistance, mais aussi des jeunes Tunisiens qui sont impliqués dans le conflit armé en Syrie avec toutes les douleurs et les souffrances que cela a engendrées  chez leurs familles et la société tunisienne tout entière.
La première mesure que nous avons prise au ministère était le renforcement du personnel de l’ambassade de Tunisie à Beyrouth par un diplomate et un agent local afin de lui permettre d’assurer, dans les meilleures conditions possibles, l’encadrement des ressortissants tunisiens en Syrie et de leur fournir les prestations dont ils ont besoin. Notre objectif essentiel est de garder opérationnel le canal de la communication avec nos compatriotes en Syrie.
Au niveau du département, nos structures compétentes sont en train d’accueillir les familles des jeunes Tunisiens ou celles de nos ressortissants en Syrie. Leur devoir est d’assurer une bonne coordination avec les autres ministères concernés et de prêter l’assistance nécessaire à ces familles et nous essayons périodiquement de parfaire ces prestations et de remédier aux carences d’informations et à la complexité de la question.
Toutes les décisions prises à cet effet s’insèrent dans le cadre d’un effort global visant à trouver une solution durable à ce problème. Le ministère, un des intervenants dans ce dossier, reste à la disposition des organisations de la société civile créées à cet effet pour rassurer les familles de nos jeunes, les défendre ou leur fournir l’assistance nécessaire.

Pensez-vous que l’antenne créée à Beyrouth est suffisante pour traiter tous les dossiers et répondre à toutes les demandes  des tunisiens qui vivent dans l’illégalité en Syrie, parce que sans papiers ? 
Notre colonie établie en Syrie depuis des générations a besoin de pièces d’identité, laissez-passer et autres services. C’est pourquoi nous avons renforcé nos services  à Beyrouth pour toute opération consulaire. Nous avons d’ailleurs facilité le rapatriement de cinq personnes.

Etant donné que les Américains et les pays occidentaux commencent à reconsidérer leur position sur la crise syrienne, la Tunisie va-t-elle faire de même en cherchant à rétablir les ponts?
Si la situation évolue dans un sens ou dans l’autre, la décision tunisienne suivra, car notre pays s’est toujours inscrit dans la logique du dialogue en préservant nos intérêts. Nous sommes également pour le principe sacro-saint de l’indépendance, de l’intégrité territoriale de la Syrie et du règlement pacifique du conflit.
Après les accords intervenus lors des discussions de Genève 1 entre tous les protagonistes, l’idée d’un Genève 2 a émergé. La réunion préparatoire des «Amis de la Syrie» se tiendra vers la mi-juin en Jordanie.

Le processus de construction de l’Union du Maghreb arabe semble marquer le pas. L’initiative du président provisoire, annoncée en 2012 et portant sur la tenue d’un sommet maghrébin, ne semble pas recueillir une quelconque unanimité dans la région. Au regard de la situation qui prévaut dans la région, pensez-vous que ce dossier est définitivement clos ?
Je viens de rentrer de Rabat, où j’ai participé à la réunion des MAE de l’UMA. J’ai eu des concertations approfondies avec tous mes homologues maghrébins et je peux vous dire qu’il y a une convergence sans équivoque sur l’importance que représente une intégration maghrébine réussie aujourd’hui. Tous les pays de l’UMA sont bien conscients qu’il n’y a pas d’alternative à ce processus étant donné les défis sécuritaires de taille que nous rencontrons tous et les exigences posées par une conjoncture économique régionale et mondiale difficile.
Par conséquent, ce dossier n’est point clos… L’UMA constitue toujours pour tous nos pays un rêve et un projet collectif... Nous aspirons tous à une Union qui serait au diapason de l’époque et des attentes de nos peuples. La Tunisie croit fortement en ce projet et le perçoit comme un choix stratégique. Ainsi, l’initiative du président de la République  provisoire s’inscrivait dans cette logique et nos frères maghrébins apprécient les efforts de la Tunisie en vue de relancer le processus de l’UMA à travers notamment la tenue d’un sommet. Les chefs d’Etat de l’UMA poursuivent leurs consultations dans ce sens.
Cela dit, les activités sectorielles dans le cadre de l’UMA continuent leur cours habituel et à un rythme soutenu, avec notamment des projets en perspective et des programmes de coopération prometteurs... Parmi les décisions arrêtées récemment, nous serons très probablement en mesure, d’ici la fin de l’année, d’annoncer l’établissement de la Banque maghrébine de développement.

L’opacité qui entoure le sort des Tunisiens émigrés clandestinement depuis 2011 en Italie suscite encore colère, attente vaine et questionnement des familles toujours en quête d’informations fiables. Ce dossier a-t-il évolué et comment comptez vous y apporter des solutions, notamment avec la partie italienne ?
Plusieurs démarches ont été entreprises par les services compétents du ministère des Affaires étrangères en collaboration avec notre ambassade, nos missions consulaires en Italie et les autorités italiennes pour apporter des réponses et surtout des solutions à ce problème.
Compte tenu de l’importance que nous accordons à ce sujet et afin de répondre aux questions et aux sollicitations des familles, le gouvernement tunisien a envoyé, depuis le mois de janvier 2012, des représentants de ces mêmes familles en Italie. Notre ambassade à Rome ainsi que nos postes consulaires en Italie, avec l’appui financier de l’Office des Tunisiens à l’étranger et en collaboration avec les autorités italiennes compétentes, ne cessent d’apporter à ces représentants présents sur le sol italien le soutien logistique nécessaire pour leur permettre de visiter les centres d’accueil, de rétention et les prisons susceptibles d’héberger des Tunisiens en situation irrégulière. Nous les tenons régulièrement au courant de toute information nouvelle concernant ce dossier.
De leur côté, les autorités italiennes ont octroyé aux migrants tunisiens, à titre exceptionnel, 11236 titres de séjour provisoires pour des raisons humanitaires et parmi ces bénéficiaires, plus de 6.000 ont pu obtenir des titres de séjour après avoir bénéficié de contrats de travail et 4.617 ont bénéficié du décret n°109 du 16 juillet 2012 relatif à la régularisation des émigrés clandestins.
S’agissant de la question des disparus tunisiens au large des côtes italiennes, nous continuons de solliciter l’appui des autorités italiennes compétentes dans le cadre du déroulement des enquêtes conjointes pour parvenir à des résultats concluants qui contribueraient à apporter des réponses aux demandes insistantes des familles des disparus. En effet, une commission tunisienne  permanente a été instaurée en janvier 2012 lors d’un Conseil ministériel et a été chargée de ce dossier. Cette commission se réunit régulièrement sous la présidence du secrétaire d’Etat chargé de l’Emigration et des Tunisiens à l’étranger avec la participation de représentants des ministères des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense nationale.
En même temps, les autorités tunisiennes ont adressé aux autorités italiennes 1.825 demandes relatives à la recherche de Tunisiens disparus ainsi que 232 relevés  d’empreintes digitales. Seules 14 empreintes digitales correspondant à des ressortissants tunisiens arrivés sur le sol italien avant la révolution ont été reconnues. Les recherches se poursuivent avec les autorités  italiennes en collaboration avec les services de l’Interpol  afin de connaître le sort des disparus et la possibilité de leur présence éventuelle  dans d’autres pays de l’Union européenne.
Nous comprenons et partageons la souffrance des familles concernées, et nous avons les mêmes soucis quant au sort de nos jeunes, mais il faut relativiser le bilan et reconnaître l’étendue et l’importance des efforts déployés par les différents intervenants tunisiens, y compris le MAE et ses structures internes et externes. Il n’y est de l’intérêt de quiconque de  ne pas clore ce dossier ou de rassurer définitivement toutes les familles. La question est complexe et ne dépend pas uniquement du rôle imparti au MAE ou aux organes de l’Etat tunisien.

La Tunisie a accédé au statut de partenaire privilégié de l’Union européenne en novembre 2012. D’aucuns affirment que notre pays, dont l’économie traverse une grave crise et la compétitivité de ses entreprises a été sérieusement entamée, est dans l’incapacité de tirer profit de ce statut. L’Europe n’a jusqu’ici montré aucune disposition sérieuse pour soutenir le développement de la Tunisie et appuyer son processus de transition vers la démocratie. Comment expliquez-vous cette attitude d’hésitation de l’Europe ?
Effectivement, la Tunisie s’est vue octroyer le Statut du partenaire privilégié de l’Union européenne en novembre dernier. A cet effet, les deux parties ont politiquement approuvé le texte du plan d’action qui traduit ce statut, lequel plan couvre une période de 5 ans : 2013-2017. Aussi, la Tunisie pourra-t-elle tirer pleinement profit de ce statut ainsi que des actions convenues dans le cadre du plan d’action. D’où, peut-être, la nécessité de nuancer les jugements des observateurs, qui prêchent souvent par excès de frilosité et ce, d’autant plus que l’actuelle situation économique du pays n’est pas catastrophique, mais difficile... et qu’elle finira par s’améliorer.
Quant au soutien de l’Union européenne au développement de la Tunisie et l’appui  à son processus de transition vers la démocratie, je ne partage pas le  constat qui prétend que l’Union européenne n’a jusqu’ici montré aucune disposition sérieuse à cet effet. Bien au contraire, au lendemain de la révolution, outre le soutien politique exprimé au plus haut niveau,  l’Union européenne a doublé son aide financière octroyée (sous forme de dons) à notre pays pour la période 2011-2013 pour atteindre les 400 millions d’euros. Cette enveloppe couvre non seulement des programmes d’appui budgétaire mais aussi des programmes de développement des régions défavorisées, d’appui à la compétitivité, d’appui à la gestion budgétaire par objectifs, d’appui à l’intégration, d’appui à la relance, etc. Au titre de 2012, le niveau de paiements a atteint un record historique  de l’ordre de 144,8 millions d’euros, soit une augmentation de 25% par rapport à 2011.
Par ailleurs, l’UE a fourni de l’assistance technique soit pour des institutions publiques (à l’instar de l’appui au processus électoral), soit au profit des ONG. Le montant alloué dans ce cadre est à concurrence de 6,5 millions d’euros.
Je voudrais réaffirmer que le partenariat de la Tunisie avec l’Union européenne demeure un choix stratégique et que notre premier partenaire a fait preuve d’engagement et de détermination à soutenir la Tunisie dans sa transition démocratique. Les perspectives de notre partenariat avec l’Union européenne ne peuvent être que prometteuses. Nous avons fait part récemment de notre vif souhait de voir la partie européenne augmenter substantiellement l’appui financier dédié à la Tunisie pour la période à venir et ce, afin de réunir les conditions idoines à même de contribuer et à la réussite de la transition démocratique et à la mise en œuvre des actions ambitieuses du plan d’action «Partenariat Privilégié».

La diplomatie tunisienne prévoit-elle s’ouvrir sur le Brics (organisation regroupant le Brésil, l’Inde, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud) qui détient 25% des richesses mondiales ?
Nous avons des contacts permanents avec ces pays émergents qui ont une nouvelle lecture des relations internationales d’autant que les cartes géostratégiques se sont brouillées. La Tunisie impliquée dans le groupe Afrique a été d’ailleurs conviée à la dernière réunion qui s’est tenue en Afrique du Sud.

Les Tunisiens considèrent que certaines représentations tunisiennes à l’étranger sont plutôt  au service des familles et des proches du régime au détriment des ressortissants tunisiens qui se plaignent souvent de ne pas trouver l’aide nécessaire en cas de besoin, qu’allez-vous faire pour changer ce jugement ?
Je crois qu’il y a lieu de relativiser ce constat, car si d’aucuns nient que l’image de la diplomatie et des diplomates tunisiens a été ternie par de tels agissements, il ne faudrait absolument pas généraliser ce jugement. Nombreux sont les diplomates qui ont été toujours animés par la volonté et la détermination de servir leur pays et ils l’ont fait... mais les pressions exercées auparavant, l’interférence et l’empiètement sur les prérogatives de nos représentations à l’étranger ont rendu leur tâche difficile. Il n’y a pas lieu non plus d’oublier que le département a souffert d’une négligence voulue par l’ancien régime, ce qui a causé des injustices dont les conséquences sont endurées jusqu’à nos jours par le personnel diplomatique et les autres catégories de fonctionnaires et agents. D’ailleurs, nous avons déployé de grands efforts pour remédier à ces situations d’injustices et de blocage au niveau des carrières de nos fonctionnaires et nous continuerons sur la même voie pour régler ces problèmes.
Aujourd’hui, la mission de chaque agent et fonctionnaire au MAE et de ses représentations à l’étranger est de changer le jugement négatif auquel vous vous référez... Le département  possède une vraie élite et des compétences qui doivent faire l’objet de la fierté de tout le pays. Nos jeunes avec leur enthousiasme et leur niveau éducatif avancé, nos anciens avec le lot d’expérience qu’ils ont pu cumuler, des agents de toutes catégories dévoués... tous sont conscients de l’importance du rôle du ministère  et de la lourdeur de la responsabilité.
Nous œuvrons  chaque jour à rendre ce département plus efficace et plus efficient, et de le placer à la hauteur de ses tâches et de sa mission. Les réformes internes que nous sommes en train de mettre en place, telles que le renfort des postes consulaires à la veille du retour de nos ressortissants au pays à l’occasion de la saison estivale, l’amélioration des services consulaires, les nouveaux mécanismes de gestion de la question de nos ressortissants en Syrie, etc.,visent à créer déjà un contexte favorable à la promotion d’une action réelle et active de la diplomatie tunisienne, notamment dans la protection, la sauvegarde et la défense des intérêts de nos concitoyens à l’étranger.
Les autres mesures que nous avons prises au niveau de l’amélioration  du cursus professionnel des diplomates sont incontestablement à l’actif d’une diplomatie tournée vers l’avenir et au diapason d’une Tunisie nouvelle en évolution constante vers un lendemain prospère.
Je rassure donc nos chers concitoyens que le mot d’ordre au MAE est l’intérêt national et la protection de nos ressortissants. Nous le faisons de par notre devoir et nous le faisons à l’abri de toute considération politique et dans la neutralité à laquelle tient tout le ministère.

Le syndicat de base de votre ministère vous reproche un manque de neutralité et de transparence dans les nominations et les promotions effectués, exigeant de mettre fin à la mission des conseillers de votre prédécesseur. Qu’en pensez-vous?
L’administration est à cent pour cent neutre, il n’y a pas d’interférence et d’aucune partie que ce soit. Nous sommes à égale distance avec tous les partis et  organisations de la société civile. Notre souci majeur est de servir les intérêts de la Tunisie dans toutes nos sphères d’appartenance: maghrébine, africaine et méditerranéenne.
Aujourd’hui, nous sommes en négociations avec le syndicat qui est impliqué dans la promotion de la carrière des diplomates sauf que l’application des décisions dans l’administration n’obéit pas au système «Push button», en raison de la lenteur des procédures administratives.
Au sujet des quatre conseillers, je vous informe que mon prédécesseur  a mis fin à leur détachement, ils sont sur le point de partir et ne participent à aucun centre de décision.

La succession d’évènements violents en Tunisie: manifestations de salafistes, attaques de l’ambassade américaine, de l’Ugtt, assassinat de Chokri Belaïd et les événements tragiques de Chaâmbi (Kasserine) ont réfléchi une image d’une Tunisie à la dérive. Que fait le ministère pour contribuer à améliorer l’image du pays notamment pour sauver la saison touristique, restaurer la confiance des opérateurs et soutenir les investissements ?
Face à la succession de ces évènements, le ministère n’a pas épargné ses efforts afin de rassurer nos partenaires concernant les défis auxquels fait face notre pays au cours de cette étape post-révolutionnaire assez sensible. En effet, le ministère a œuvré à la coordination des efforts des différents intervenants dans ce domaine et notamment les départements concernés, nos missions diplomatiques et consulaires et les structures tunisiennes d’appui à l’étranger (Tunisair, Fipa, Cepex, OTE...) afin d’assurer la promotion de l’image de notre pays à l’étranger, inciter les hommes d’affaires étrangers à investir en Tunisie et encourager la colonie tunisienne et nos compétences à l’étranger à consolider l’effort de développement en Tunisie. Il est certes rassurant que nos partenaires misent encore sur la réussite de la révolution tunisienne. A titre d’exemple, la signature, récemment, du contrat la conversion de la deuxième tranche de la dette avec la partie allemande prouve la confiance dont notre pays continue de bénéficier.
Restaurer la confiance de nos partenaires reste une œuvre globale et une responsabilité nationale qui incombe à toutes les parties : organes de l’Etat, société civile, partis politiques et même chacun de nous. Chaque citoyen a son rôle à jouer et a sa propre contribution à offrir pour présenter une image positive de la Tunisie. Aussi, les efforts diplomatiques doivent-ils être accompagnés par des avancées concrètes  au niveau des questions nationales prioritaires et consolidées par un consensus national qui reflète l’unité de notre pays et donne ainsi l’image d’une Tunisie qui réussit son processus transitoire.
Le capital sympathie de la Tunisie est resté intact. Notre pays a eu le mérite de faire cette révolution, mais vous savez que toute révolution passe par des phases de crise.
La Tunisie n’a pas beaucoup de moyens pour se maintenir aux plans économique et social et les réponses ne peuvent être toujours immédiates. C’est pourquoi nous œuvrons sur la scène internationale et convions  nos partenaires à venir  sur place afin de  vérifier par eux-mêmes que globalement le pays est loin d’être une poudrière.
Le monde entier désire que notre  révolution réussisse sauf que cette période transitoire est accompagnée de nombreux défis politiques (élections) et socioéconomiques. Il existe des facteurs exogènes qu’il faut juguler, c’est la raison pour laquelle l’Etat, les partis politiques et la société civile font face à tous ces défis qu’il faut relever. En dépit de tous les problèmes et les chocs survenus, la Tunisie est en mesure de réussir sa transition grâce à l’ingéniosité des Tunisiens, le crédit sympathie dont  dispose le pays, une administration solide et performante et une société civile agissante et vibrante.
Auteur : Entretien conduit par Samira DAMI et Nejib OUERGHI

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Trois questions à : Moëz Bouraoui, président de l’Atide

Elections avant 2013 : c’est jouable

 • Le comité de sélection des candidats de la nouvelle Isie se conformera à la décision du tribunal administratif
L’Atide (Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections) a appelé, hier, dans un communiqué parvenu au journal, au respect de la décision du tribunal administratif concernant l’arrêt des travaux du Comité pour la sélection des candidatures à l’Isie (Instance supérieure indépendante des élections). Décision rendue le mardi 14 mai 2013 suite à une requête déposée par un groupe de 28 avocats «qui se sont opposés, d’une part, aux critères adoptés par le Comité de sélection des candidats et, d’autre part, à la décision de prolonger le délai de soumission des dossiers de candidature».
L’Atide considère que «la décision du tribunal administratif est souveraine, légale et ne peut être, en aucun cas,  sujette à une quelconque interprétation… et appelle à l’application de cette décision pour renforcer l’indépendance de la justice administrative ainsi que pour assurer la neutralité et la transparence au niveau de la composition de la nouvelle Isie».
Rappelons que Moëz Bouraoui, président de l’Atide, a critiqué, à plusieurs occasions, différents aspects du travail du comité de sélection des candidats, principalement en ce qui concerne les critères d’évaluation des candidats tels qu’adoptés par ce comité. Pour en savoir plus sur les critiques et l’avenir de l’échéancier électoral, La Presse a posé 3 questions au président de l’Atide.

Que reprochez-vous en substance aux critères d’évaluation adoptés par le comité de sélection de l’Isie ?
Les critères d’évaluation du comité de sélection de l’Isie sont peu équitables, incompréhensibles, voire insensés. Car comment expliquer que les critères varient d’une catégorie professionnelle à l’autre, selon que l’on soit avocat, magistrat, universitaire ou autres.
La grille d’évaluation prend en compte quatre critères : les catégories d’âge, le diplôme, l’expérience professionnelle et l’expérience en matière électorale. Comment expliquer, encore une fois, que le coefficient attribué au diplôme est de 2 points alors que pour les autres critères, ce coefficient n’est que d’un point ? Ce qui a poussé plusieurs anciens de l’Isie à se retirer.
Le système de notation étant discriminatoire, 28 avocats ont présenté une requête au tribunal administratif qui a décidé l’arrêt des travaux du comité pour la sélection des candidatures à la nouvelle Isie et cette décision est juste à 100%. Donc la grille d’évaluation tombe à l’eau, le tribunal ayant demandé la révision de l’ensemble de la grille d’évaluation régie par un arrêté du président de l’ANC du 20 février 2013. Pis, avant, la sélection des 98 candidats par le comité de sélection comportait plusieurs candidats ex aequo et certains parmi eux n’ont pas compris pourquoi ils ont été exclus alors qu’ils étaient bien placés. A un ancien candidat de l’Irie (Instance régionale indépendante des élections) qui était le mieux placé parmi six candidats ex aequo, le comité de sélection a répondu qu’ils ont favorisé les plus jeunes.
D’autres candidats ont été sélectionnés alors qu’on s’est rendu compte que leur allégeance partisane est des plus claires et qu’un candidat était même inculpé dans une affaire d’escroquerie et nous en avons les preuves.
A un autre candidat, un avocat, également éliminé, le comité de sélection a répondu qu’il a favorisé les candidats les plus âgés. C’est à n’y rien comprendre.
Vous voyez donc que l’enjeu politique a pris le pas sur la neutralité et la transparence.

Quelle est la réaction du comité de sélection des candidats à la nouvelle Isie à l’égard de la décision du tribunal administratif ? La prendra-t-il en compte?
Dans une réunion ayant regroupé hier  le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar, et le comité de sélection, il a été décidé que ce dernier se conformera à la décision du tribunal administratif. Le comité de sélection n’a pas le choix car il peut être suivi pénalement par le tribunal administratif.

Comment voyez-vous l’avenir de l’échéancier électoral, les élections sont-elles réalisables avant la fin de l’année 2013 comme cela a été annoncé ?
Si d’ici le 1er juin 2013, l’Isie est créée et ses neuf membres  sélectionnés, on arrivera largement à réaliser les élections avant la fin de 2013. Et c’est jouable parce que nous avons un prérequis alors que pour les dernières élections, le tableau était vierge.
L’Isie dispose de locaux, de procédures, d’une banque de données et autres, ce qui nous fera gagner au moins trois à quatre mois. Nous n’aurons plus besoin, donc, de huit mois comme cela a été le cas lors des dernières élections.
De toutes les façons, le pays ne peut plus supporter plus de temps d’attente vu la situation économique, sociale et sécuritaire. A mon avis, les élections seront bel et bien transparentes si le conseil de l’Isie est neutre et objectif.
Il s’agit, au final, d’une question d’intérêt général. C’est pourquoi tout le monde doit œuvrer pour que les prochaines élections soient les plus intègres et neutres possibles. La loi électorale sera fixée le 1er juillet 2013 mais rien n’empêche que dès à présent on ouvre les bureaux d’inscription.
Auteur : Propos recueillis par Samira DAMI
Ajouté le : 16-05-2013

apologie de la violence en direct sur Attounssia

 Dès la fin de l’émission Ettassiaâ, diffusée lundi dernier, sur Ettounssia, la réaction sur les réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre.
Des constituants, des journalistes et autres acteurs de la société civile ont fustigé ce qu’ils ont considéré comme l’apologie de la violence et du terrorisme, en direct, avec en prime l’éloge d’Al Qaïda et de son chef disparu, Oussama Ben Laden.
Cet éloge de la violence n’est autre que le forfait de l’un des invités du plateau d’Ettassiaâ, en l’occurrence Bilal Chaouachi, le porte-parole du mouvement «Ansar Al Charia» affilié au réseau Al Qaïda.
Tous les intervenants sur les réseaux sociaux se sont interrogés, à juste titre, «si sous prétexte de la liberté d’expression et de la recherche de l’audimat à tout prix, il faut donner la parole à ceux qui prônent la haine, la violence, voire le port des armes pour instaurer le califat»? N’est-ce pas là une agression claire et nette du public et des invités sur le plateau, dont certains étaient même intimidés, voire complaisants.
Encore heureux que Mazen Chérif, docteur en science de la théologie et dans la stratégie sécuritaire, a tenu la dragée haute à ce Bilal Chaouachi, lequel rejette en bloc la démocratie, l’Etat civil, l’Etat de droit, les élections, et ne reconnaît aucune loi, hormis la chariaâ, en refusant la demande d’une autorisation au ministère de l’Intérieur pour l’organisation du Congrès annuel de son mouvement  jihadiste prévu le 19 mai à Kairouan, «car Allah, a-t-il martelé, nous a déjà donné l’autorisation».
Pis, le porte-parole d’«Ansar Al Charia» refusant de dialoguer avec les invités a accaparé la parole, sous le regard étonnamment permissif de l’animateur Moëz Ben Gharbia, dans d’interminables monologues, en tant que détenteur de la vérité et de la légitimité divines, a asséné des sentences du genre : «Là où il y a Al Qaïda règne la prospérité comme au Yémen, en Syrie et au Mali» ou «Oussama Ben Laden est un bienfaiteur, nous lui devons tout», ou encore : «Il n’y a de démocratie que celle de Dieu».
Enfin, il a annoncé que «son mouvement prendra les armes s’il le faut pour mener la guerre contre les ennemis de Dieu». Et nous en passons. Un invité de ce type qui appelle soi-disant à la prédication prône en fait la lutte armée pour instaurer le califat affichant par là tout un agenda et un programme politique et sociétal extrémiste. Cet illuminé de Dieu avait-il vraiement sa place sur un plateau de TV ?
Pourquoi Ettounsia a donné, encore une fois, une légitimité à ce prêcheur de la haine et de la violence ?
Pourquoi lui avoir donné l’occasion de faire de la propagande pour son mouvement pendant deux heures tout en sachant qu’un public d’enfants et de jeunes peut être influencé par de pareils discours haineux et violents qui pèchent par leur simplisme excessif. L’information n’a-t-elle pas un rôle pédagogique ?
La quête du sensationnel et de l’audimat peut-elle  permettre, contre toute déontologie et éthique professionnelle, d’inviter n’importe qui dans les studios et sur les plateaux de télé, comme lesdites ligues de protection de la révolution, les partis extrémistes et autres prédicateurs de la haine ? Ne fallait-il pas passer à l’acte et couper le miro à cet individu ? Les téléspectateurs ont eu droit à des bips pour moins que ça. N’y a-t-il pas de lignes rouges, de garde-fous et de limites pour la préservation de l’Etat et de l’unité de la patrie ? Ne sait-on pas que la liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres ? Vivement l’instauration d’un cadre juridique de la Haica afin qu’elle puisse jouer, enfin, son rôle.

Témoignages

«La Haica est une coquille vide»

 La Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) a-t-elle réagi au contenu de l’émission «Ettassia» sur Ettounissia-TV, où l’un des invités, Bilal Chaouachi, porte-parole du mouvement «Ansar Al Echariaâ», s’est permis de faire l’apologie d’Al Qaïda et de son chef disparu Oussama Ben Laden ? Cela d’autant que l’intervenant a appelé à l’instauration du califat, même par la voie de la violence et des armes s’il le faut. Pour en savoir plus, nous avons interrogé le président de la Haica, Nouri Lajmi, et Hicham Snoussi, un des membres de l’instance.

Nouri Lejmi, (président de le Haica) : «Nous n’avons pas encore de statut»
Normalement, la Haica est appelée à prendre position et des décisions face à de pareils émissions et propos incitant à la haine et à la violence. Mais, vu que la Haica ne  jouit pas encore d’un statut, notre premier objectif est d’instaurer ce cadre juridique. Cela outre que nous n’avons ni budget, ni local, ni logistique, ni personnel, ni téléphone, ni fax. Enfin, la situation administrative des membres de la Haica n’est pas claire. La plupart occupent toujours leur poste de travail, notamment les universitaires qui ont le devoir de terminer l’année universitaire en assurant les examens et les travaux d’encadrement.

Hichem Snoussi (membre de la Haica) : «La Haica n’a pas encore d’observatoire»
Nous n’avons pris aucune décision concernant cette émission car nous n’avons pas encore de statut, ni de règlement intérieur, ni d’observatoire, l’organigramme fixant les responsabilités de chacun n’a pas encore vu le jour. La Haica est encore une coquille vide. Elle a été annoncée sans que le règlement intérieur, ni le local et la logistique, ni l’administration n’aient été prévus. C’est pourquoi il faudrait accélérer la mise en place d’un cadre juridique pour que l’instance joue pleinement son rôle d’observatoire et de contrôle des médias audiovisuels.
S.D.15/05/2013

Sécurité Faut-il lever l’état d’urgence?



L’armée doit-elle retrouver ses casernes, près de deux années et demie après son déploiement sur le terrain, dans l’ensemble des villes tunisiennes? 

L’heure a-t-elle sonné pour que soit levé l’état d’urgence définitivement, comme le soutiennent plusieurs acteurs du paysage politique et civil national ? 
Ces deux préoccupations se sont imposées ces derniers jours comme un sujet d’actualité dans la foulée des évènements douloureux qui se sont déroulés à Jebel Chaâmbi où les terroristes ont choisi l’escalade et n’ont pas hésité à faire des victimes parmi les forces de sécurité et de l’armée nationale. 
La Presse a sondé les spécialistes, les analystes militaires et les acteurs civils et politiques dont les avis sont partagés. Les uns estiment que l’armée est exténuée, voire au bout du rouleau, et doit prendre du répit. 
Les autres soutiennent que la situation actuelle, marquée par de sérieuses menaces  sur la sécurité de la Tunisie et sur l’avenir de sa révolution, appelle  l’armée à davantage de sacrifices et de mobilisation sur le terrain. Certains proposent une troisième solution, à savoir maintenir l’état d’urgence dans les régions en proie à la menace terroriste. 
En contrepartie, dans les autres régions du pays, les soldats  devraient retrouver leurs casernes et prendre un moment de répit bien mérité.  Toutefois, la vigilance et la veille sécuritaires, en particulier au plan du renseignement, doivent rester de mise. C’est la règle quand l’ennemi est de moins en moins visible. 
Réactions.

Témoignages

 Abdelwaheb El Héni (président du parti Al Majd) : « Pour un état de vigilance et non d’urgence »
Il est clair que nos forces armées connaissent un état d’épuisement certain. Depuis la révolution, elles sont engagées dans des opérations de maintien de l’ordre qui ne font pas partie de leur mission principale.
Leur rôle est plutôt de protéger l’intégrité territoriale du pays. Malheureusement, ces opérations de maintien de l’ordre épuisent l’armée et la détournent de sa mission principale. Car, son rôle n’est pas de protéger les institutions et les ministères et les mausolées.
D’un autre côté, la situation sécuritaire tendue, notamment les menaces terroristes, exige un effort supplémentaire et pour la police et pour l’armée, surtout en matière de renseignements.
La solution serait la levée de l’état d’urgence pour permettre aux forces armées de vaquer à leur fonction essentielle et d’avoir un minimum de répit avant leur redéploiement à l’occasion des prochaines élections.
Il faut, à mon avis, opter pour un remplacement de l’état d’urgence par un dispositif sécuritaire de vigilance sans déploiement des forces armées. Cela en définissant des états de vigilance sécuritaire avec des plans en trois niveaux : 1-2-3 ou jaune, orange, rouge. Autrement dit, un état de vigilance inférieur, moyen et supérieur, sans tomber dans l’urgence qui fait sortir l’armée de son cadre et de sa fonction principale. L’état de vigilance implique la coordination des efforts entre les forces de sécurité et les forces armées là où il y a risque.
Cette coordination est nécessaire afin de définir les niveaux de responsabilité, notamment la responsabilité d’engagement du feu ou l’utilisation des armes, d’une part, Et de rassurer les citoyens et de dissuader les fauteurs de troubles  et criminels, d’autre part.
La vigilance sécuritaire est pratiquée dans le monde par plusieurs pays comme la France, qui applique en période de risque sécuritaire le plan Vigipirate.
Enfin, cette levée de l’état d’urgence nécessite également l’apaisement des tensions sociales et politiques ainsi que la constitution d’un niveau élevé de concorde nationale. Ce qui, aujourd’hui, fait défaut de par la responsabilité de la Troïka.

Mokhtar Trifi (avocat et ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme) : «L’armée doit regagner ses casernes» 
Je suis pour la levée de l’état d’urgence afin que l’armée puisse se consacrer aux tâches qui sont les siennes :s’entraîner, développer ses capacités de défense, garder les frontières, combattre le terrorisme car, comme l’a déclaré Abdelkrim Zbidi, ancien ministre de la Défense, «l’armée est en train de remplir la tâche qui incombe normalement à la police».
L’armée doit regagner ses casernes d’autant  qu’on n’est pas en train d’appliquer l’état d’urgence qui implique, par exemple, que certaines libertés d’attroupement, de manifestation et autres soient restreintes. Ce qui n’est pas le cas, et c’est tant mieux.
Il faudrait, donc, que l’institution sécuritaire assure la sécurité interne en gardant les entreprises publiques, les ministères, assurer l’ordre, etc., afin que les forces armées accomplissent leur véritable mission : protéger le pays contre le terrorisme et garder les frontières.
La situation générale dans le pays doit permettre la levée de l’état d’urgence dont les inconvénients sont plus importants que les avantages. Le président de la République, en coordination avec le chef du gouvernement et le ministre de la Défense, doit prendre la décision de la levée de l’état d’urgence afin que l’armée regagne ses casernes et se consacre pleinement à son devoir.

Ahmed Brahim (président d’Al Massar) : «La levée de l’état d’urgence relève d’une décision politique»
L’état d’urgence dure, maintenant, depuis plus de deux ans, ce qui est excessif pour l’armée qui devrait plutôt consacrer ses efforts à la défense des frontières du pays aussi bien contre le terrorisme, qui porte atteinte à la sécurité du pays, que contre la contrebande qui mine son économie.
Les forces armées devraient normalement avoir autre chose à faire que de surveiller les édifices publics.
Les deux composantes sécuritaires du pays sont les forces armées et les forces de sécurité nationale. Toutes deux sont complémentaires et chacune devrait se consacrer à la tâche qui lui incombe. Et c’est à la police d’assurer la sécurité des citoyens et des institutions publiques.
La levée de l’état d’urgence relève d’une décision politique et c’est au président de la République, en concertation avec le ministre de la Défense, de prendre cette décision. La question de la levée de l’état d’urgence a été d’ailleurs soulevée par l’ancien ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, avec le résultat que l’on sait, puisqu’il a démissionné de son poste, en raison, d’ailleurs, de l’absence d’une réelle volonté politique de lever l’état d’urgence.
De toute façon, il me semble que la question a été de nouveau soulevée et que, normalement, la décision de la levée de l’état d’urgence ne devrait pas tarder.

Imed Khélifa (porte-parole de l’Union des syndicats des forces de sécurité) : «Alléger le poids qui pèse sur les forces armées»
Il faut qu’il y ait accord entre les ministères de l’Intérieur et de la Défense sur la levée de l’état d’urgence. Cela afin de permettre d’alléger la tâche et le poids qui pèsent sur les forces armées et qu’elles puissent se consacrer à la protection de nos frontières.
Propos recueillis par Samira DAMI

ebel ChaâmbiDes obus Hawn provoquent un incendie


 • Dégâts limités et pas de victime 
Une épaisse colonne de fumée s’est dégagée avant-hier après-midi des hauteurs de Jebel Chaâmbi  suite à l’incendie qui s’est déclaré dans la forêt.
Un témoin oculaire, Antar Samaâli, journaliste à Radio Chaâmbi-FM, nous a indiqué qu’il s’agissait d’un incendie qui s’est déclaré sur les hauteurs du mont Chaâmbi et qu’on pouvait apercevoir depuis la ville de Kasserine, distante de 17 km, des fronts de flammes et des colonnes de fumée.
Notre collègue nous a précisé que «le Jebel étant déclaré zone militaire fermée, la rumeur a couru que l’incendie de la forêt aurait été provoqué lors des opérations de ratissage effectuées par l’armée qui aurait bombardé  des grottes et des mines antipersonnel avec des Hawn dans le but de les faire exploser». Les agents de la Protection civile de Kasserine se sont déplacés sur le terrain pour éteindre le feu.
Selon Mongi Kadhi, chef de la cellule des relations publiques à l’Office national de protection civile logé à Tunis : «Le bombardement par l’armée de mines antipersonnel a causé trois foyers de feu. Sous les conseils de l’armée et la crainte d’explosion de mines antipersonnel, nos agents ont évité de se hasarder sur le versant du Jebel et ont pu éteindre les foyers et maîtriser l’incendie à l’aide de pattes à feu».
Nous avons appris, par ailleurs, que les opérations de ratissage se sont poursuivies hier à Jebel Chaâmbi, suite à une interruption occasionnée par cet incendie.
Auteur : S.D.
Ajouté le : 10-05-2013

La Tunisie se dresse contre l’hydre terroriste

Regards croisés

 Suite au discours du chef du gouvernement, Ali Laârayedh, hier, à l’Assemblée nationale constituante, consacré à la situation sécuritaire dans le pays, nous avons recueilli la réaction de quelques constituants. Ils nous ont fait part de leur perception de la situation dans le pays, d’un côté, et leur évaluation du discours, de l’autre. Réactions.

Samir Taïeb (Al Massar) : «J’ai demandé la levée de l’état d’urgence devenu plus que nécessaire» 
Le discours du chef du gouvernement, Ali Laârayedh, n’a pas été à la hauteur des attentes  du peuple, des constituants et des forces de sécurité.
Il est sûr que la violence dans le pays et la menace terroriste sont la conséquence du laxisme du gouvernement avec les groupes qui prônent la violence telles lesdites Ligues de protection de la révolution (LPR) qui, jusqu’ici, opérent impunément.
Que dire alors des groupes armés d’Al Qaïda qui se trouvent dans les zones frontalières du pays et sont soutenus financièrement et prêts à tout pour arriver à leur fin. C’est pourquoi l’Etat doit sévir et montrer une réelle volonté politique d’agir.
Or, je constate que cette volonté n’est pas manifeste,  malgré les efforts du ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou.
Le chef du gouvernement a affirmé que «la majorité des mosquées sont sous contrôle et que seulement un nombre réduit d’entre elles échappe à tout contrôle». Or, justement, les terroristes réfugiés dans les montagnes peuvent descendre de leurs repaires pour se réfugier dans les mosquées.
Tout le monde sait que des mosquées, comme celles d’«Al Fath» et d’Ezzahra, sont sous le contrôle d’extrémistes, pourtant, que fait le gouvernement ? Rien.
Concernant les réseaux de recrutement pour le djihad en Syrie, le ministre de l’Intérieur a déclaré que «mille Tunisiens ont été empêchés d’aller en Syrie». Mais l’important c’est d’éradiquer ces réseaux.
Il nous a également informés de l’arrestation de deux personnes-clés impliquées dans les événements de Jebel Chaâmbi, mais les choses avancent lentement et tout n’est pas très clair.
Toutefois, pour que les militaires puissent justement se concentrer sur leur objectif de lutte contre le terrorisme, j’ai appelé, hier, lors de la séance plénière, à lever l’état d’urgence afin que les militaires se consacrent pleinement à la situation sécuritaire. J’ai également réclamé le renforcement de la présence militaire à nos frontières.
Je considère, enfin, que la proposition de création d’une commission mixte entre les ministères de la Défense et de l’Intérieur au niveau de la Garde nationale est une bonne chose, la coordination et la vigilance étant de mise dans des circonstances aussi graves.

Nacer Brahmi (constituant indépendant) : «Une lecture trompeuse de la situation»
Je considère que la lecture et  l’appréciation de la situation sécuritaire des événements survenus à Jebel Chaâmbi par le chef du gouvernement sont très optimistes et même trompeuses dans la mesure où le pays vit une situation très critique. Car il s’agit d’une insécurité qui a atteint des sommets inédits.
Quand le pays connaît des assassinats politiques et des meurtres de policiers, Mohamed Sboui étant le dernier, quand nos montagnes sont semées de mines antipersonnel par des djihadistes inféodés à Al Qaïda et à Aqmi et qu’on nous dise de ne pas amplifier les choses c’est vraiment inquiétant.
Le malheur, c’est que le gouvernement contribue à l’état de désordre régnant en encourageant la venue des prédicateurs d’Orient, accueillis par des notables d’Ennahdha, Chourou et Ellouze, dont les discours sont haineux et hérétiques.
Je considère, donc, qu’Ennahdha est responsable de cette diffusion de l’Islam wahhabite dans un but électoraliste. Car, tous ces partis et ces personnes qui ont un référentiel religieux sont unis dans leur déni de la démocratie et leur volonté d’appliquer la charia. Cela sous l’œil bienveillant d’Ennahdha, qui est impliqué avec l’ensemble du gouvernement de la Troïka bis dans ce climat d’insécurité et en assume la responsabilité car cela peut aboutir à une guerre civile. Et je ne vois pas une réelle volonté de traquer les mouvements salafistes violents.  L’éradication de la violence ne peut être efficace qu’en contrôlant les mosquées et en arrêtant les visites des prédicateurs de la haine dans notre pays.
Tant qu’on n’a pas fermé les portes à ces gens-là et à leurs discours enflammés qui ouvrent la voie à la fitna (discorde), tant qu’on n’a pas fermé les camps d’entraînement des djihadistes à nos frontières, la guerre civile pourrait éclater d’un moment à l’autre. Il faut donc mener la lutte contre le terrorisme sur tous les fronts.  Cela en assurant aux agents de sécurité la logistique et les moyens matériels nécessaires, en coupant court à la propagande salafiste violente et en fermant les espaces publics aux prédicateurs d’Orient et aux imams extrémistes. Tout en adoptant un discours religieux modéré et médian et en revenant à l’Etat de droit contre l’Etat théocratique. Car les discours religieux extrémistes dans les mosquées et les espaces publics préparent à la victoire des partis fondamentalistes aux élections, lesquels une fois au pouvoir, annuleront la Constitution et établiront l’Etat théocratique en appliquant la charia.

Ahmed Khaskhoussi (secrétaire général du Mouvement des démocrates socialistes) : «Pas de réelles intentions d’éradiquer le processus de la violence»

J’ai trouvé le discours du chef du gouvernement, Ali Laârayedh, non convaincant, car noyé dans des généralités et je considère même qu’il a évité de traiter des problèmes fondamentaux que connaît le pays.
Dans son discours, il ne parle pas de forces de sécurité ou de police républicaine, mais d’unités sécuritaires comme si elles étaient dispersées. Le chef du gouvernement n’était pas rassurant, il a fait un discours partisan, partial, voire sectaire. Il n’a pas répondu à une question qui taraude l’esprit des Tunisiens : que va-t-on faire des djihadistes tunisiens qui seront bientôt de retour de Syrie? Que compte faire le gouvernement pour prémunir le pays de leur menace. Ainsi, outre le manque de maturité, d’expérience et de maîtrise de ces problèmes, le gouvernement n’a pas affiché une volonté de se remettre en cause et de réviser ses positions.
Car la violence et le terrorisme que vit notre pays ne sont pas nés hier mais sont la conséquence de tout un processus: lesdites ligues de protection de la révolution, la visite de prédicateurs d’Orient qui sèment l’ignorance et la haine et cultivent les tensions religieuses et qui se produisent en spectacle même dans les zones touristiques sensibles, à Hammamet par exemple, font fuir aussi bien la population que les touristes, frappant ainsi l’économie du pays au passage.
A tous ces problèmes générateurs de violence et de terrorisme, le chef du gouvernement n’a pas répondu. Son discours relevait de soucis à l’échelle sectaire et non pas nationale.
On se demande d’où viennent les financements de ces terroristes et autres anciens délinquants et marginaux qui s’érigent en LPR. Je n’ai pas senti une réelle intention de les confronter. Pis, je pense que le laxisme et la manipulation des esprits servent à détourner les Tunisiens de leurs véritables problèmes.
Les forces de l’ordre ont la capacité de lutter efficacement contre la violence et le terrorisme si seulement elles reçoivent des instructions claires. Le gouvernement dispose de la sécurité, des équipements, de la loi, des prisons, pour asseoir son pouvoir et préserver les institutions de l’Etat de milices et de groupes de sécurité parallèles, mais faut-il qu’il le veuille.
Ne pas sévir, c’est permettre la déliquescence et la destruction des institutions étatiques et la banalisation de la violence et du terrorisme au profit de groupuscules sectaires. Mais la Tunisie est plus grande que toutes ces parties et tous les partis.
Maintenant, on ne parle plus de révolution et de ses objectifs, mais de prémunir les institutions étatiques. On ne parle plus de développement régional, d’emploi, de droits sociaux, de santé et d’éducation, mais uniquement de préservation de l’Etat.
Propos recueillis par Samira DAMI

Regard sur les événements à Jebel Chaâmbi

 Deux constituants réagissent aux tragiques événements survenus récemment à Jebel Chaâmbi. 

Fadhel Moussa (constituant du bloc démocratique) : « Pour la création d’une commission d’investigation parlementaire »
Parmi les constituants, personne ne sait quels sont les détails précis de ces dramatiques événements. L’heure est grave et les conséquences du phénomène du terrorisme sont aussi bien internes qu’externes. Il faut donc que nous, constituants, examinons ce phénomène en connaissance de cause et en ayant en mains tous les éléments que doivent nous fournir, dans un rapport détaillé, les ministères de la Défense, l’Intérieur, la Justice et même des Affaires étrangères.
Je propose donc, afin de ne pas attendre indéfiniment ce rapport, la création d’une commission d’investigation parlementaire afin de disposer de tous les éléments nécessaires pour une évaluation précise des faits.
Cette évaluation s’impose dans le but de prendre toutes les dispositions et mesures qu’il faut, entre stratégie et coordination interne entre les forces de sécurité et les militaires et externe avec les pays voisins, afin de mener une lutte  efficace contre le terrorisme.
L’état des lieux permettra, ensuite, l’accélération de l’examen du projet de loi relatif à la sécurité intérieure et à sa constitutionnalisation.

Mahmoud Baroudi (constituant de l’Alliance démocratique) : «Que le gouvernement prenne ses responsabilités !»
Les tragiques événements de Jebel Chaâmbi sont dus à l’absence de volonté politique de résoudre le phénomène du terrorisme. Phénomène amplifié par les appels à la violence et à la haine, notamment de la part de prédicateurs et de certains dirigeants d’Ennahdha, tel Sadok Chourou, qui a justifié  dans une interview publiée par le journal Essarih, hier, le djihad en Syrie, le considérant «comme un devoir» tout en appelant, en même temps, au dialogue avec les djihadistes.
Mais de quel dialogue parle-t-il ? Est-ce qu’on dialogue avec des terroristes ? Que le gouvernement prenne donc ses responsabilités concernant ces terroristes qui semblent directement ou indirectement couverts. Il y va de l’intérêt du pays de tracer une stratégie, d’assurer tous les moyens et équipements techniques nécessaires aux militaires et aux forces de sécurité intérieure et de les protéger en constitutionnalisant la sécurité nationale dans le but de créer une police républicaine. Et de voter, enfin, un projet de loi révisant le statut des forces de sécurité intérieure inchangé depuis 1982.
Il s’avère, donc, impératif que le ministre de l’Intérieur soit auditionné à l’ANC et que le pouvoir exécutif prenne le taureau par les cornes afin de traiter efficacement le phénomène du terrorisme.
Auteur : Propos recueillis par S.D.
Ajouté le : 07-05-2013

Explosion d’une quatrième mine à Jebel Chaâmbi — Le colonel-major Mokhtar Ben Nasr à La Presse : «Nous sommes déterminés à ratisser toute la surface du mont, mètre par mètre»

 • 16 blessés au total, dont cinq graves
 • C’est le prix à payer pour la défense de la patrie 

Une quatrième mine antipersonnel a explosé hier à 9h30 à Jebel Chaâmbi, dans le gouvernorat de Kasserine, faisant trois blessés parmi les militaires, dont deux grièvement. 
Le colonel-major Mokhtar Ben Nasr, porte-parole du ministère de la Défense nationale, a déclaré à La Presse : «La mine a explosé lors des opérations de ratissage entamées la semaine dernière et qui se sont soldées par seize blessés parmi les militaires et les forces de sécurité intérieure dont cinq graves. C’est le prix à payer pour la défense de la patrie, afin de déloger ce groupe de terroristes retranché au mont Chaâmbi.
Nous sommes déterminés à ratisser cette importante surface large de 70 km2, mètre par mètre, afin d’empêcher ces groupes de s’implanter et de s’installer. Nous sommes conscients des pertes que cela occasionnera et que nous acceptons vaillamment. C’est là la rançon à payer pour préserver l’intégrité du pays».
Les trois militaires ont été héliportés à l’hôpital régional de Kasserine où deux d’entre eux ont subi des opérations chirurgicales. Le premier a été amputé d’une jambe et le deuxième atteint au visage, précisément à l’arcade sourcilière gauche, a reçu les soins nécessaires, alors que la blessure du troisième est sans gravité. Les blessés ont été ensuite transportés à l’hôpital militaire de Tunis où leur état est actuellement stable. 
Comment les explosions se sont reproduites après celles de la semaine dernière qui ont fait 13 blessés dont trois graves ? N’a-t-on pas tiré les leçons? Le colonel-major répond: «Les mines ayant explosé sont de confection artisanale et sont fabriquées avec de l’amonitre, utilisé comme engrais, un produit chimique difficile à détecter par la Brigade canine et les détecteurs de mines dont nous disposons. Il suffit donc de marcher sur une mine pour qu’elle explose». 

«Une base arrière pour s’entraîner ou préparer des opérations terroristes» 

Ces groupes de jihadistes retranchés dans des repaires à Jebel Chaâmbi sont-ils en transit ou ont-ils adopté la Tunisie comme terre de jihad ? C’est la question que nous avons posée au colonel-major Mokhtar Ben Nasr. 
Réponse : «En principe, ces groupes ont résidé dans des abris, sorte de lieux pour effectuer des haltes, puisqu’ils ont laissé derrière eux des aliments, des couvertures, des téléphones portables et autres documents qui incitent au jihad. Ils posent des mines pour deux raisons, d’abord être prévenu par leur l’explosion et pouvoir se retirer, ainsi, rapidement et ensuite retarder l’avancée des recherches. 
Ces groupes sont réfugiés dans la montagne dans le but de s’entraîner. Mais il peut s’agir aussi d’une base arrière pour s’implanter et préparer des opérations terroristes dans le pays. C’est pourquoi nous sommes déterminés, en coordination avec l’Algérie, pays frère, à les déloger, quitte à payer cher cette action pour protéger le pays».
Enfin, concernant le manque de stratégie et d’instructions claires de la part des supérieurs hiérarchiques déplorés par certains agents de la sécurité intérieure, le colonel-major est catégorique: «Tout ça est faux et les forces de sécurité intérieure l’ont elles-mêmes démenti. Les militaires et les forces de sécurité intérieure mènent une opération programmée, précise et délicate avec tous les moyens et les équipements nécessaires. Une seule personne peut donner des instructions pour se retirer ou tirer : c’est le commandant de terrain. Or, on le sait, celui qui ne tire pas devient une cible. Il est donc impensable qu’un commandant agisse de manière à ce que ses troupes deviennent une cible».

MédiasMarzouki annoncera demain la composition de la Haica


 • Accord autour de la candidature de Hichem Snoussi
La composition de la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) sera enfin annoncée demain, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Les neuf membres de la Haica seront présentés lors d’une réunion qui se tiendra au palais de Carthage.
Nous avons appris, par ailleurs, que la présidence de la République a donné, au final, son accord pour la candidature de Hichem Snoussi, second postulant à la Haica, proposé par le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), ce que nous a confirmé Aziz Krichen, conseiller politique du président de la République provisoire, affirmant que «la mise en place officielle de la Haica aura lieu le 3 mai».
Rappelons que Hichem Snoussi était membre de l’Inric (Instance nationale de réforme de l’information et de la communication), qui a concocté les nouveaux textes de loi réglementant le secteur de l’information dont les décrets-lois 115 et 116. Le premier représentant le nouveau Code de la presse et le second portant création de la Haica. Refusée par Ennahdha, la candidature de Hichem Snoussi a été finalement acceptée par la Troïka.
Ainsi, Hichem Snoussi et Rachida Neïfar, deuxième candidate du Snjt, siégeront à la Haica en tant que représentants du syndicat des journalistes. D’ailleurs, une première réunion de contact s’est tenue mardi dernier à la présidence de la République avec la majorité des postulants des différents syndicats et organismes de la presse audiovisuelle dont Habib Belaïd, Riadh Ferjani, Radhia Saïdi, et Nouri Lejmi, universitaire, déjà pressenti par l’ensemble de la presse comme futur président de la Haica.
Bref, comment expliquer la levée de veto sur le candidat du Snjt ? Kamel Laâbidi, président démissionnaire de l’Inric, estime que «c’est la résistance des journalistes aux nouvelles tentatives de mainmise du pouvoir sur le secteur de l’information qui a porté ses fruits. On n’obtient des concessions que par la résistance. D’ailleurs, nous avons appris dans le même ordre d’idées que le CPR a retiré le projet de loi sur la presse présenté à l’Assemblée nationale constituante, en remplacement du décret-loi 115 relatif à la liberté de presse, d’impression et d’édition.
Le projet de loi du CPR comporte 13 articles de peine privative de liberté. Ce qui est une aberration et une véritable confiscation de la liberté de presse. Espérons maintenant que la mise en application des décrets-lois 115 et 116 aura vraiment lieu le 3 mai. Wait and see».
Reste maintenant à dire que la Haica devrait jouir d’un minimum de crédibilité et d’indépendance totale d’esprit et vis-à-vis de l’exécutif, car le pouvoir n’est pas une tutelle mais une partie comme tant d’autres. Cela afin que les citoyens puissent avoir droit à une information libre et indépendante où les médias auront pour rôle de contrôler le pouvoir.
Ainsi, la Haica aura d’emblée à traiter des dossiers très chauds dont les élections et leur traitement par les médias audiovisuels, les radios et les télévisions pirates, la nomination des responsables à la tête des médias publics conformément au décret 116. La prestation et la mission de la Haica constitueront une sorte d’examen relatif à la culture démocratique du pouvoir exécutif.