mardi 31 janvier 2012

Entretien avec : M. Mohamed Abbou, ministre auprès du chef du gouvernement, chargé de la Réforme administrative

Pour une administration qui respecte la loi, l’égalité entre les citoyens et l’égalité des chances

Pour une administration qui respecte la loi, l’égalité entre les citoyens et l’égalité des chances
Pouvez-vous nous parler de vos attributions précises, surtout après l’aplanissement des différends les concernant et le compromis trouvé par la Troïka ?
On s’est mis d’accord sur une appellation précise et des attributions précises qui sont en premier lieu la réforme administrative, la conception de la réforme administrative, c’est-à-dire tout ce qui a trait à l’amélioration des services administratifs, la simplification des procédures administratives, l’amélioration de la relation entre les citoyens et l’administration électronique.
Mes attributions concernent en deuxième lieu la Fonction publique et les ordres de mission aux organes de contrôle des services publics et la coordination entre toutes les administrations concernant la réforme administrative.
Il faut dire qu’on ne repart pas de zéro, car il y a eu du travail accompli pendant des décennies dans le pays. Quand on parle, par exemple, de l’allègement des procédures administratives et de l’administration électronique, il faut dire que c’est un travail qui a déjà été entamé. Notre rôle, c’est de l’améliorer, surtout qu’avec l’ouverture politique actuelle, nous pouvons nous permettre d’avancer plus rapidement que sous la dictature.

lundi 30 janvier 2012

Tournage de Jeudi après-midi de Mohamed Damak

Vol au-dessus d’un nid de coucou

Vol au-dessus d’un nid de coucou
Dans une villa modeste sur les hauteurs paisibles de la cité Ennassr II, se déroulent des scènes de la vie quotidienne, mais aussi conjugale, sauf qu’il ne s’agit pas de réalité, mais de fiction. C’est là, en fait, que Mohamed Damak tourne, depuis le 14 janvier 2012, son troisième long métrage, Jeudi après-midi.
Les scènes se déroulent en intérieur-jour dans le décor d’un salon aux murs peints en mauve. La déco assez moderne est éclectique, canapé et fauteuils couverts de tissu marron, des bancs au tissu clair strié de vert, des tableaux de peinture sont accrochés aux murs, la télé est allumée sur Al Jazeera, un bureau au fond de la pièce fait face à une baie vitrée devant laquelle trône un fauteuil roulant. L’espace est encombré de matériels de prise de vue, entre projecteurs, caméras Red one et d’appoint Canon 5 D et de matériel de son, entre perche, mixett et enregistreur. Les techniciens de tous les départements s’activent, ça grouille comme une ruche, car on prépare le tournage d’une nouvelle scène. Cette effervescence n’est pas pour déranger, outre mesure, le réalisateur, assez cool, du moins en notre présence, barbe en bataille et béret vissé sur la tête. Bienvenue au monde du cinéma.

Ils ont dit du film, des personnages et de la production

Mohamed Damak, réalisateur : Une peinture sociale sous la dictature



« Il s’agit d’une comédie sociale farcie d’humour noir, racontant l’histoire d’une famille tunisienne avant la révolution, à travers laquelle on découvre une peinture de la société sous la dictature. En fait, on peut dire qu’il s’agit de la continuité de Dar Ennass où l’on est dans une lutte permanente et perpétuelle de la classe moyenne. Nous continuons à faire un travail de mémoire pour comprendre comment fonctionnait la dictature qui représentait un comportement et un état d’esprit une mentalité . Je tiens à dire finalement que c’est le premier film auquel ne participe pas en tant que scénariste mon compagnon de route, Mohamed Mahfoudh, qui m’a accompagné dans tous mes courts métrages, L’Horoscope, La mort en face, La fiesta ».

Fethi Heddaoui, dans le rôle de Mustapha : Un personnage façon le roi Lear



 L’acteur évoque son personnage qui est central : «Mustapha est un homme d’affaire qui a commis une erreur banale et il la paye fortement, sans compter ses problèmes familiaux et sanitaire, c’est un personnage façon le roi Lear de par ses errances. «Mieux», il tombe amoureux d’une fille qui a l’âge de ses enfants. Mustapha incarne une tranche de l’histoire de la Tunisie non sans cette dimension humaine qui tend vers l’universel. C’est pour moi, en tout cas un nouveau genre de personnage que j’interprète, peut-être avec des recoupements avec d’autres que j’ai joué précédemment. Il représente la génération sous Bourguiba et Ben Ali, c’est un milliardaire opportuniste, on ne sait pas comment il est arrivé. Côté  forme on est en présence d’une comédie noire qui suppose une prise en charge très sérieuse».

Dirige-t-on Fethi Heddaoui avons -nous demandés à l’acteur ? Réponse : «Je vous signale que j’ai joué dans La Coupe, le premier long-métrage de Mohamed Damak. On se connaît, donc, une amitié est née entre nous d’autant que la direction d’acteur est un dialogue évolutif,puisque ensemble réalisateur et acteurs faisons monter la mayonnaise pour aboutir au meilleur. On essaie de favoriser une dialectique positive et constructive : «Les grands comédiens »ne discutent pas les personnages mais le projet, nous avons des discussions fructueuses  qui se déroulent dans une ambiance conviviale et rigoureuse. Ce qui me réjouit également c’est de voir une nouvelle génération d’acteurs et de techniciens sur le plateau, ce qui est très positif. Jeudi après midi viendra certainement enrichir la filmographie tunisienne et j’espère qu’il aura du succès auprès du public».



Sawssen Maâlej, dans le rôle de Monia

« Monia est la fille aînée de Mustapha, elle est très proche de son père, mais malgré les réticences de ce dernier elle a épousé par amour son collègue de fac, Brahim, un militant opposant au régime avec lequel s’établiront, au fil des ans, des rapports conflictuels, d’autant qu’ils n’appartiennent pas à la même classe sociale et que Brahim est demeuré un éternel étudiant au chômage. Le couple à la dérive et au bord du divorce est assisté financièrement par Mustapha, en dépit des efforts de Monia usée entre la maison, les enfants, les cours particuliers et les problèmes familiaux, puisqu’elle se sent  responsable vis-à-vis de son frère et de sa sœur qui vivent de leur côté toutes sortes de difficultés et d’aléas».

Qu’est-ce qui a séduit l’actrice la  poussant à jouer ce rôle ? «Ce qui m’a séduit dans le personnage, répond Sawssen Maâlej, c’est sa spécificité typiquement tunisienne, Monia représente le modèle bâtard de la femme moderne tiraillée entre plusieurs occupations et préoccupations. A mes yeux, ce personnage reflète l’échec du type de femme tunisienne tel qu’il a été bricolé sous Ben Ali, notamment».

Evoquant  le jeu et la direction d’acteur la comédienne apprécie l’esprit partageur qui règne sur le plateau : «On se connait tous pratiquement, ce qui génère une certaine générosité et solidarité entre tous les membres de l’équipe du film, car on ne se limite pas à faire son travail, chacun de son côté, de manière classique, mais on s’implique dans tout le film, chacun  apportant sa propre énergie et son petit grain de folie artistique. Concernant la direction d’acteur, le réalisateur privilégie l’échange et n’intellectualise pas du tout son propos filmique, il discute et accepte les propositions sans jouer au dictateur sur le plateau. J’essaye  de produire un jeu plus élaboré, plus évolué par rapport à ma première expérience avec Mohamed Damak  dans Dar Enness où l’instinctif et l’émotif à travers le jeu et les regards dominaient, mais là  dans Jeudi après- midi il y a un panel d’acting fort intéressant, ce qui décuple mon énergie artistique».

samedi 28 janvier 2012




Merci Eurosport, ZDF, Tchad, Somalie et Cnie

Contre toute logique, la télé Qatarie a privé le bon peuple tunisien et maghrébin des retransmissions de la CAN 2012, exigeant la somme de deux milliards de nos millimes pour la vente des droits. Mais l’information a circulé entre  les passionnés du ballon rond sur facebook et twitter qui ont donné le nom des chaînes qui transmettent les matches de la CAN ainsi que leur fréquence afin de permettre  aux  téléspectateurs de regarder les matches de la 28ième CAN et bien sûr ceux de notre équipe nationale. 

Au tableau des satellitaires en question : Eurosport-Allemagne, ZDF, une chaîne allemande aussi, la télé du sénégal et du Mali, etc. Merci, donc, l’Allemagne qui a par ailleurs, soit dit en passant, recyclé une partie de nos dettes en investissements. On voit bien la différence de comportement entre les différents pays et satellitaires, dont certains pourtant arabes, ne cherchent que le profit et d’autres Européens et Africains plus généreux, moins égoïstes et moins regardants sur l’argent et le profit.

Retro 14 janvier

Une main mise médiatique révolu

 Les médias et les dernières nominations à la tête des entreprises publiques étaient à la une des journaux télévisés des radios et satellitaires locales et de certaines émissions de débats des chaînes privés. On s’attendait à un grand débat sur cette question sur El Watanya1 ou 2, mais rien de tout cela n’a eu lieu. Au fait, où sont passés les débats sur les télés publiques ? Nous les avons perdus de vue. On ne comprend vraiment pas les raisons de cette ellipse ou alors faudrait-il comprendre que la chape de plomb plane de nouveau sur la télé publique. Qu’on ne nous dise pas que c’est le retour à l’ère du silence, de l’autocensure et de la censure. Car, c’est ce que redoutent le plus pratiquement tous les journalistes qui ont répondu à l’appel de leur syndicat afin de manifester devant le premier ministère pour la liberté de la presse, contre les agressions subies, de plus en plus fréquemment par les journalistes, le dernier en date à avoir été victime d’une agression verbale et physique étant Sofiane Ben Hmida, enfin contre les désignations de responsables à la tête des rédactions des médias publics, une incroyable et sidérante première et un pas que même l’ancien régime n’a jamais osé franchir.

vendredi 20 janvier 2012

Jawher Ben Mbarek, le coordinateur de «Dostourna», a reçu des menaces

« Cela ne fait que nous stimuler »

  Hier matin, vers 7h00, Ezzeddine Hazgui, le père de Jawher Ben Mbarek a trouvé sous la porte de sa librairie à La Marsa une lettre de menaces qui consiste en un montage composé du coupon d’un article en langue arabe paru dans un quotidien de la place annonçant la mort de Slim Barghouthi, tête de liste de Dostourna à Bizerte. Cet article est accompagné de la photo du défunt Slim Barghouthi, et juste à côté a été collée la photo de Jawher Ben Mbarek, coordinateur du réseau Dostourna.
Contacté, ce dernier est catégorique : «Le fait de mettre ma photo à côté de celle de notre ami Slim Barghouthi, aujourd’hui décédé, est une manière de signifier que je serai le prochain. Le problème, maintenant, c’est que ceux qui ont glissé cette lettre de menaces connaissent l’adresse de la librairie de mon père et ils savent aussi qui est Slim Barghouthi, sa relation avec Dostourna et sont au courant de sa mort. Une enquête judiciaire est ouverte et nous avons remis la lettre à la police pour relever les empreintes. Ensuite, j’ai déposé plainte».
«Avez-vous des soupçons sur une partie ou une personne bien déterminée?». C’est la question que nous avons posée à Jawher Ben Mbarek: «Je ne soupçonne personne, il y a une enquête en cours et j’espère que la vérité éclatera au grand jour».
Comment J.B. Mbarek explique-t-il ces menaces ? A ses yeux, «ce n’est autre que de l’intimidation, mais aussi des signes de panique et de peur et une tentative de faire taire l’opposition».
Mais est-il lui-même effrayé de ces menaces ? Réponse : «Au contraire cela ne fait que nous stimuler, car j’estime que ces menaces sont un signe de faiblesse. C’est pourquoi, nous allons continuer le combat sans hésitation, tant de tels agissements inadmissibles nous donnent du courage et de la grinta». Affaire à suivre donc.
Samira DAMI

Entretien avec Mme Sihem Badi, ministre de la Femme, de l’Enfance et de la Vieillesse

Oui pour les acquis du CSP, oui pour l’amélioration des lois

Oui pour les acquis du CSP, oui pour l’amélioration des lois
  Etes-vous d’accord sur l’appellation de votre ministère ? Sinon que proposez-vous ?
Je suis pour une appellation plus englobante, soit «le ministère de la Famille». Car dans toutes les familles on trouve des femmes, des hommes, des enfants et des vieux.
Or, paradoxalement, notre ministère cible notamment les hommes, car les femmes sont de fait convaincues de notre rôle, reste à convaincre les hommes pour que la femme ait plus de place dans la société qui demeure assez patriarcale.
Le rôle de notre ministère est d’une importance capitale, il est au centre d’intérêt de tous les autres ministères qui œuvrent pour le développement, et l’amélioration des conditions de vie des familles, grâce à la garantie de l’emploi, la santé, la culture, l’éducation, le droit des femmes et des enfants, etc. C’est pourquoi tous ces ministères doivent coopérer avec le nôtre pour le bien-être des familles tunisiennes toutes catégories confondues.
Je vais donc opter pour le changement de l’appellation de mon département qui deviendra le ministère de la Famille tout court pour les raisons citées plus haut.

mardi 17 janvier 2012

Commission d’élaboration de la Constitution

La Troïka risque gros

La Troïka risque gros
La Troïka joue son va-tout puisque l’un des alliés principaux, qui n’est autre qu’Ettakatol, interpelle ses deux partenaires, le CPR et Ennahdha notamment, quant au partage des responsabilités au niveau de la commission d’élaboration de la Constitution jugée par Ettakatol comme «capitale et fondamentale».
M. Mohamed Bennour, porte-parole du parti Ettakatol, s’en explique: «La présidence de la commission d’élaboration de la Constitution est à nos yeux une question décisive et déterminante, Ettakatol estime qu’elle doit impérativement revenir au président de l’Assemblée constituante, M. Mustapha Ben Jaâfar.
Nous considérons au sein d’Ettakatol que nous avons respecté nos engagements vis-à-vis de la présidence de la République, du gouvernement dont la présidence a été confiée à Ennahdha avec l’appui de nos constituants entre autres. Il est, donc, de notre droit de considérer que la présidence de la commission doive revenir de fait au président de la Constituante.
Toute remise en cause de ce principe va à l’encontre de l’esprit de coalition, fondé sur le partage des rôles, qui anime la Troïka».
Est-ce à dire que la Troïka risque gros et qu’elle volera peut-être en éclats ? On pourrait le croire. Wait and see.
Auteur : Samira DAMI





L’épopée du 14 janvier : un rêve les yeux ouverts

 Témoignage par Samira DAMI

Le  14 janvier restera une date historique mémorable pour le peuple tunisien et l’ensemble des peuples arabes. Ce jour là a scellé le sort du tyran Ben Ali obligé de fuir avec sa famille en Arabie Saoudite, dans la foulée de la manifestation titanesque, inoubliable, qui s’est déroulée à Tunis, à l’avenue Habib Bourguiba. Une manifestation marquant l’apothéose de la révolution de la liberté et de la dignité qui a soufflé sur tout le pays, du Nord au Sud. Une révolution saluée par le monde entier comme une fabuleuse épopée qui a allumé la mèche des révolutions arabes. Nous étions à la «manif» mythique du 14 janvier, objet de tous les espoirs et rêves lumineux d’un peuple qui, de toute son énergie, n’aspirait qu’à une seule chose : briser les chaînes de l’oppression et de la répression et s’enivrer, enfin, de la liberté confisquée. Témoignage.

                                                

ENTRETIEN AVEC LATIFA LAKHDAR

«Le 14 janvier, l’impossible s’est transformé en Possible»

C’est l’une des ténors du parti Ettajdid où elle a commencé à militer à l’âge de 19 ans, quand le parti communiste œuvrait dans la clandestinité durant les années 70. Discrètement elle a quitté l’organisation du parti en 1994 quand elle a compris que «Ben Ali n’était pas un Homme politique, mais un «Mafiosi» et qu’il n’était pas possible de se battre sur la scène politique». Un exil intérieur où elle se donna corps et âme à la recherche et à l’étude des Sciences religieuses pour compléter sa spécialité en Histoire contemporaine, discipline qu’elle enseigne à l’université de théologie de la Zitouna.  Après la Révolution elle a été Vice-présidente de la Haute Instance et a participé concrètement à la phase de transition. Expérience qu’elle juge bénéfique… Son rêve : la liberté pour tous les Tunisiens, l’ancrage de la démocratie et la rupture avec le totalitarisme. Elle a des angoisses et des appréhensions concernant l’avenir du pays et la réalisation des objectifs de la Révolution, mais elle demeure optimiste…Nous lui avons donné, ici, la parole en tant qu’historienne et l’une des actrices durant la phase transitoire postrévolutionnaire.

mercredi 11 janvier 2012

La Presse à la... U(r)ne !

La Presse à la... U(r)ne !
En ce mois de janvier et à rebours de toutes les superstitions, vendredi prochain sera la journée du bonheur par excellence ; du moins au journal La Presse. Ne voilà-t-il pas qu’en ce vendredi treize, l’un de nous sera élu rédacteur en chef de La Presse ! Elu, pas nommé, nuance. Elu au suffrage libre, direct et secret dans la grande salle de la rédaction !
Du pur bonheur, parce que d’habitude, un rédacteur en chef à La Presse n’est pas élu : il est parachuté à une exception près. Désigné indirectement, après que ses empreintes digitales eurent été gommées à force d’applaudir dans les meetings du RCD. Ou simplement parce qu’il connaît la belle sœur de l’amie du gendre du voisin du ministre et les règles de la censure et de la brosse à reluire.
Regardez bien la photo, car six autres bipèdes auront leur part de responsabilité aussi. Ils seront respectivement adjoints du rédacteur en chef et membres du Conseil de la Rédaction en ce vendredi treize. Tous élus.
Enterrés les directives, les coups de fil, de colère et de sang des gens du Ministère et de la Présidence.
Tout cela est mort. Les gens que vous voyez sur la photo seront totalement libres. Ils se prendront en charge comme des grands et n’auront de comptes à rendre qu’aux règles de la déontologie, à leur public et à la ligne de leur journal. Pas la mauvaise ; la bonne ligne qui fera de La Presse un média encore plus serein et plus incisif.
Regardez comme ils sont unis. Ils promettent de croiser la sagesse, la classe et l’élégance d’antan de ce dinosaure de 76 ans, avec le vent de liberté qui souffle sur la Tunisie d’aujourd’hui.
Vous verrez, ça va être un beau mélange.
Signé : nous tous !

Entretien avec : Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture

« Inscrire la liberté d’expression et de création dans la Constitution »

« Inscrire la liberté d’expression  et de création  dans la Constitution »
Nous avons rencontré, jeudi dernier, le nouveau ministre de la Culture au siège de son département, pour en savoir davantage sur les grands dossiers et chantiers auxquels il compte se consacrer, ainsi que sur les objectifs à court terme qu’il veut atteindre. Interview.Etes-vous de cet avis qui énonce que les révolutions ne peuvent réussir que si elles sont accompagnées d’une révolution culturelle ? Si oui quelles seront les grandes lignes de cette révolution à mettre sur les rails, et quelle stratégie et outils allez-vous adopter à cette fin ?
Je pense que des anciens ministres tels MM. Klibi, Messaâdi et Ben Slama étaient porteurs de projets culturels, les autres étaient de simples gestionnaires des affaires culturelles, car ni l’environnement sociétal, ni le climat culturel et politique, ni les compétences ne leur ont permis cela. S’agissant d’une culture qui accompagnerait la révolution, je dirai qu’elle devrait, en premier lieu, se baser sur la liberté, la dignité et la démocratie aussi bien dans les pratiques citoyennes que dans le vécu. Elle devrait favoriser, en deuxième lieu, la dimension esthétique à travers les arts et l’espace environnemental pour que le vécu commun soit convivial et esthétiquement beau. Mais, ce sont là des objectifs à long terme, alors qu’il faut tabler sur des objectifs «smart», autrement dit à court terme, car la période d’une année s’avère insuffisante pour tracer une politique à long terme.
L’un des premiers objectifs, c’est de donner de la visibilité aux différents arts dans l’espace public : les arts plastiques, les expressions régionales, entre poésie, chant, danse, que je souhaite convoquer dans un hommage à Kasbah I et II, enfin, les monuments historiques qu’il faudrait mettre en valeur. Le deuxième objectif, c’est d’offrir l’opportunité aux jeunes de créer et de prendre la place qui leur incombe. Ce que Pierre Bourdieu appelle «la vision et la division» où il s’agit de donner à ces jeunes une visibilité dans le champ artistique et culturel, car occulter cette catégorie de créateurs, c’est aller à l’encontre de l’esprit de la révolution. Le troisième objectif relève de la bonne gouvernance concernant, essentiellement, les fonds culturels à travers «l’open-Gov» qui consiste à mettre en ligne tout ce qui intéresse le financement public et les différentes aides aux arts dans la transparence la plus absolue. Car on ne peut se prévaloir d’un projet culturel déontologique et éthique dans l’occultation de la transparence et le flou artistique. Je compte, aussi, dans l’immédiat gérer les grands dossiers et chantiers, tels le patrimoine qui a été saccagé et pillé quotidiennement, à chaque instant. Malheureusement les structures qui devraient veiller à la protection n’ont pas su encore s’adapter à l’état d’urgence telle l’absence d’une structure de veille très inquiétante. J’espère que l’Agence tunisienne du patrimoine et l’Institut national du patrimoine capteront la voix de l’environnement et réagiront dans l’immédiat. Ajoutons à cela le dossier du financement du cinéma et du théâtre, notamment, dont les normes et les critères sont à redéfinir.

mardi 10 janvier 2012


CPR

L’épilogue ?

L’épilogue ?
• Abderraouf Ayadi, nouveau secrétaire général... Taher Hmila campe sur ses positions!
• Om Zied s’active, en tant que fondatrice, à redonner souffle au parti

Aux dernières nouvelles, le remue-ménage au sein du CPR (Congrès pour la République) semble avoir connu son épilogue, après la réunion du bureau politique dimanche dernier.
Ainsi, il a été décidé et consigné par procès-verbal que M. Abderraouf Ayadi sera le nouveau secrétaire général du CPR. Tous les membres du bureau politique ont apposé leur signature sur le document à l’exception de M. Taher Hmila.

manifestation des journalistes à la Kasbah: Non à l'immixtion

Hier matin à La Kasbah, une action de protestation a été observée par un grand nombre de journalistes et de communicateurs de tous les médias publics et privés. Cela, pour revendiquer la liberté d’expression et pour contester les récentes nominations dans et à la tête de certains médias du secteur public, et dénoncer l’agression perpétrée à l’encontre de journalistes lors de l’accomplissement de leur tâche, dont la dernière a eu lieu lors du rassemblement devant le ministère de l’Enseignement supérieur.

dimanche 8 janvier 2012

retro du 2 janvier 2012




La liberté de la presse sur la sellette

Dans un entretien accordé, mardi dernier, à El Watania, Hamadi Jebali, chef du gouvernement, a entre autres déclaré que «La presse doit se hisser à la hauteur de la Révolution et des attentes du peuple » Mais qu’attend justement le public si ce n’est une presse libre, transparente et démocratique ? Ce que n’a pas manqué de rappeler, juste dans la foulée de cette réplique, le locataire d’El Kasbah.

mouvement de protestations des étudiants de la Mannouba contre les salafistes devant le ministère de l'enseignement supérieur

Violentes frictions en marge des négociations

• Une journaliste agressée, le ministre présente ses excuses
• Le ministère, selon le chargé de la communication, déploie tous ses efforts pour mettre fin au sit-in

Notre consœur Sana Farhat, journaliste au quotidien Le Temps, couvrait, hier matin, le mouvement de protestation des étudiants et professeurs de la faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de La Manouba, qui s’est déroulé devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, vers 11h00.
Entre-temps, étaient en réunion avec le chef de cabinet et des responsable du ministère, MM. Houcine Boujarra, représentant de la Fédération générale de l’enseignement supérieur, Anouar Ben Nawa, représentant du bureau exécutif de l’Ugtt, Mme Fadhila Laouani, membre du Conseil scientifique de la faculté de La Manouba, et M. Khaled Nouisser, secrétaire général du syndicat de base de la faculté de La Manouba. La réunion a eu lieu pour tenter de trouver une issue au sit-in d’un groupe de salafistes qui occupe la faculté de La Manouba, en revendiquant notamment le droit pour quelques étudiantes de porter le niqab durant les cours et les examens.
A la sortie des représentants syndicaux, les étudiants qui s’attendaient à une réponse et à une décision claires de la part du ministère n’ont pas apprécié l’issue de la réunion et l’absence de décision. Ils sont alors pacifiquement entrés dans le hall du ministère pour protester, craignant les risques d’une année blanche.
Toujours dans l’accomplissement de son travail, notre consœur était en train de filmer la scène, quand elle a été agressée par des agents de sécurité en civil. Nous lui avons donné la parole ainsi qu’au chargé de communication du ministère, M. Hatem Kattou.
Le détail.
«J’étais devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, déclare Sana Farhat, pour couvrir l’événement, j’ai interrogé les étudiants et les professeurs et j’attendais avec impatience les résultats de la réunion entre les responsables du ministère et les représentants de la faculté de La Manouba et du syndicat de l’enseignement supérieur.
Quand M. Houcine Boujarra, représentant de la Fédération générale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est sorti de la réunion et a rapporté le contenu des négociations, les étudiants qui s’attendaient à une décision claire n’ont pas apprécié. Ils sont alors entrés pacifiquement dans le hall du ministère pour protester.
Les militaires débordés, ce sont les agents de sécurité, en tenue noire, qui sont entrés en action en voulant faire sortir les étudiants de force, les agressant violemment. J’étais en train de filmer la scène, quand un agent en civil s’est écrié : «Tu me filmes… tu me filmes» et m’a arraché mon appareil photo. Un militaire a intercédé en ma faveur.
Mais quand je suis sortie dans la cour du ministère pour reprendre mon appareil photo, les agents en civil m’ont arraché ma carte de presse, m’ont agressée et tirée par les cheveux. Il ont ensuite récusé mon identité de journaliste en criant: «Qu’est-ce que tu fais ici». Violemment tabassée, j’avais des douleurs partout. J’ai alors appelé le chargé de communication du ministère, M. Hatem Kattou, pour récupérer ma carte de presse et mon appareil photo, qui m’ont été rendus.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique m’a personnellement présenté ses excuses, ainsi que le responsable de la sécurité de Bab Souika.
Je me suis rendue ensuite à l’hôpital, où j’ai fait établir un certificat médical et je compte porter plainte».
De son côté, M. Hatem Kattou nous a déclaré ce qui suit : «Il est vrai que la journaliste Sana  Farhat a été agressée par un membre des  forces de l’Ordre. Suite à cet incident isolé, qui s’est déroulé dans l’enceinte du ministère,  elle a été reçue par le ministre, M. Moncef Ben  Salem, qui a tenu à lui présenter personnellement ses  excuses. Le  responsable de la sécurité de Bab Souika lui a également présenté ses excuses pour ce fâcheux incident.
Il faut dire aussi que les étudiants, qui ont librement exprimé leur point de vue, en scandant des slogans, ont tenté d’accéder aux étages, mais le cordon de sécurité est intervenu pour les en empêcher car, comme vous devez le savoir, le ministère est  un service public et une  structure étatique souveraine, régi par des lois et des règlements.
On m’a rapporté, par ailleurs, que mise à part l’agression dont a été victime la journaliste Sana Farhat, un étudiant a agressé un militaire, il a été arrêté puis relâché».
Interrogé sur l’issue de la réunion entre les responsables du ministère et les représentants syndicaux de la faculté de La Manouba, le chargé de communication a précisé : «Au cours de la réunion, nous avons évoqué les voies et moyens en vue de trouver les solutions et issues au problème du sit-in de la faculté de La Manouba, afin qu’elle rouvre ses portes aux étudiants. Les tractations vont bon train et tous nos efforts sont déployés pour faire cesser le sit-in et que cette affaire connaisse, enfin, son épilogue dans les plus brefs délais».