jeudi 23 août 2012


Dhafer Youssef clôture le festival de Carthage

Sous le signe de la rencontre des cultures et de la communion

 
Le concert du compositeur et musicien Dhafer Youssef a clos en beauté, le 15 août, la 48e session du festival international de Carthage. Un spectacle qui s’est déroulé sous le signe de la rencontre et de la communion. La première rencontre s’est accomplie sur scène entre deux styles de musique d’Orient et d’Occident dans une sorte d’alchimie où se déclinent chacune des cultures musicales, ensuite entre l’artiste et le public conquis d’avance, venu très nombreux, pour écouter en live ce  troubadour  des temps modernes.
La rencontre sur scène entre la musique soufie et d’autres genres, classique, jazz, électro,  World-Music a secrèté, tout au long du concert, une sorte de magie distillée par les morceaux composés ou improvisés par le compositeur et néanmoins luthiste grâce, entre autres, à la qualité technique de son Quartet, des 15 musiciens à cordes de Bratislava et de ses invités venus de plusieurs coins de la planète, tels les virtuoses turcs, Husnu Senlendirici, clarinettiste, Aytaç Dogan au Qanoun et le guitariste norvégien Aarset et autres.
Dance of the invisible Dervishes, c’est là  l’intitulé du spectacle, annonce le ton, renvoyant au mysticisme oriental et à l’exploration d’autres musiques et sonorités venus d’Occident, un mélange où tout tend vers ce dialogue des cultures, si souhaité afin de consacrer compréhension et tolérance entre les peuples, lesquels ont en tant besoin par les temps qui courent.
L’influence soufie, Dhafer la porte en lui, dès sa prime enfance, quand il fréquentait les écoles coraniques et les zaouia pour faire son apprentissage des chants religieux. Quant au jazz, il l’affectionne et l’explore   parce que c’est une musique libre et ouverte sur l’improvisation qui sous-tend toutes ses créations. Ce qui a été, d’ailleurs, nettement perçu à travers des morceaux de ses derniers albums, Divine  Shadows, Abu Nawas Rhapsody et de nouvelles compositions où la voix de l’artiste, tel un instrument, semble comme toucher à l’infini, s’étendant avec souplesse et légèreté dans le registre aigue provoquant toutes sortes de sensations et d’émotions.
 Cette musique vocale fluide, haute en couleur et en sonorités, se décline façon Dhafer Youssef- Touch distinguant son œuvre, qui réfère aux maîtres du soufisme et à leur poésie, dont il cite, notamment El Hallej. Il est vrai que la poésie s’est invitée durant le concert avec la prestation du poète Sghaeir Ouled Ahmed qui a récité, sous les acclamations du public, son célèbre poème Ilahi, prônant la liberté d’expression et la liberté tout court, sur fond de musique vocale et instrumentale.
La deuxième rencontre, voire la communion, qui a marqué ce concert, a eu lieu entre l’artiste et le public qui a écouté religieusement et en connaisseur,  toutes les compositions présentées dans un désir affiché de s’imprégner de spiritualité et de musique teintée de sacré. Le public a, ainsi, vécu un vrai moment de contemplation musicale où l’art le disputait à la spiritualité.

PROPOS  FESTIVALIERS 

Tout sur Jamel à Carthage : Sauvé par l’improvisation

Ce qui séduit le plus dans le spectacle de Jamel Debbouze, donné, jeudi dernier, sur la scène du théâtre romain de Carthage, c’est la capacité de l’humoriste de communiquer avec le public, son sens de l’humour, de l’improvisation et de la répartie expresse. En fait, c’est ce qui a généré la particularité du show qui s’est quasiment transformé en une sorte de happening où se sont multipliés les échanges avec le public. Car, quand Jamel a évoqué la politique, la Révolution tunisienne, le printemps arabe et la démocratie, il a eu droit à des réponses du genre «Révolution programmée», «Pays de Salafistes» ou «Il n’y a pas encore de démocratie», quand il s’adresse à un couple de spectateurs et que l’homme s’avère être Samir Dilou, le ministre des Droits de l’homme, de la justice transitionnelle et porte parole du gouvernement, cela a suscité les huées du public du Théâtre plein comme un œuf. Mais il n’y a vraiment pas de quoi décontenancer «l’animateur», qui s’est écrié : «On n’est pas là pour des embrouilleschacun ses compétences ». Et d’ajouter s’adressant à l’homme politique : «Personnellement j’adore ce que vous faites», mais les huées de l’assistance n’y feront rien puisqu’il rétorqua : «Je défendrai jusqu’au bout chacun de mes spectateurs, un peu de respect !». Donc, ceux qui ont affirmé qu’il a manqué de respect aux politiques tunisiens ont eu tout faux. Par, ailleurs, le comédien n’a pas manqué d’apprécier les Tunisiens qu’il «adore», a-t-il assuré, en se délectant de leur l’accent chantonnant, tout en les remerciant d’être venus aussi nombreux à son spectacle lançant sur le ton de la plaisanterie «Je dirai que j’ai vu tous les Tunisiens en une seule soirée, on dirait que vous êtes tous là».
Dans Tout sur Jamel  et, contrairement, à son habitude l’artiste a parlé de religion et de politique lançant avec une conviction affichée que «la religion est dans les cœurs », «Nous avons eu, nous aussi, récemment, des élections et le conseil que je vous donne,  c’est qu’il faut aller voter…Allez voter», et d’enchaîner : «Mais, il ne faudrait pas qu’il repasse …» le théâtre s’enflamme sous les cris et applaudissements des spectateurs debout, pendant ce temps-là  Jamel, tourne en rond, et quand le public s’assoit, enfin, il s’écrie, achevant sa réplique : «Sarkozy ». Eclat de rire général des 10.000 spectateurs leurrés. En fait, Jamel , dans une attitude ambigüe, visait l’ex-président français alors que le public avait compris qu’il ciblait le mouvement Ennahdha majoritairement élu le 23 octobre 2011.
Maintenant, concernant le spectacle tel qu’en lui-même, il s’est décliné dans la continuité de son premier one-man-show, 100% Debbouze, Jamel  y raconte son parcours du temps où il était au collège de la banlieue de Trappes jusqu’à la naissance de son fils, Léon, en passant par les cours de théâtre lors de sa jeunesse, son mariage, etc. Mais, tout ça, laisse une impression de déjà vu au niveau des thèmes ayant été, pour la plupart, déjà  traités, d’autant que les vannes étaient plutôt faciles, telles celles sur les banlieues, le choc des Cultures qu’il évoque en opposant le comportement et le mode de vie de ses beaux parents français à ceux de ses propres parents, des immigrés marocains, d’où le surnom dont il affuble son père, «Hchouman» (en opposition à Superman ou Batman, peut-être) autrement dit celui qui lui «fout» la honte. Même s’il s’agit d’autodérision et de dérision, on peut se demander pourquoi ce complexe vis-à-vis de la culture de ses beaux parents ? Jamel de Trappes serait-il devenu le chantre de l’intégration, incitant par là les jeunes des banlieues issus de l’immigration à mettre en veilleuse ou à avoir honte de leur propre culture d’origine, qui est en fait, une richesse et non pas quelque chose d’humiliant dont on devrait s’en débarrasser ou avoir honte. Au plan de la forme, ce stand-up a été d’une pauvreté inouïe, si l’on excepte les images retraçant le parcours de Jamel vers la fin du spectacle.

Au final,Tout sur Jamel  a été, quelque peu, sauvé par l’improvisation, car il n’y a rien d’inédit, ni de nouveau, ça se répète et manque de punch et d’audace : raconter son mariage, la naissance de son fils, les souffrances de la circoncision, c’est en gros d’un ennui monstre. L’humoriste devrait cesser de surfer sur le thème devenu facile de l’immigration, d’autant qu’il s’en est sorti et n’habite plus dans les quartiers chauds de la banlieue parisienne, mais au quartier latin, en plein cœur de Paris. En fait, Jamel  vit, depuis sa réussite et son succès, il y a une décennie, un vrai conte de fée. Cet artiste intelligent, bourré de talent, riche et célèbre, ayant choisi la voie du show-biz, devrait penser à éviter les sentiers battus et à se renouveler afin d’évoluer, ne point stagner, et continuer, ainsi, à séduire son public et ses fans.
S.D.

Propos festivaliers 

 Nacir Chemma à Carthage : la musique instrumentale, un genre
à privilégier

Ce soir s’achève la 48ième édition du festival international de Carthage avec le chanteur-luthiste Dhafer Youssef dans un concert intitulé : «La danse des derviches invisibles». L’artiste sera accompagné de son Quartet et d’une quinzaine de musiciens à cordes. Bien du plaisir en perspective. Mais quelques jours plus tôt, le lundi, 6 août, le public a eu droit à un concert consacrant, également, les instruments à cordes avec le virtuose irakien du Oud, Nacir Chemma et son orchestre Echarq, formé d’une trentaine de musiciens, qu’il a lui-même formé à la Maison du Oud arabe, qu’il a fondé à l’opéra du Caire. Dommage que ce Beït Al Oud qu’il a rêvé à Tunis, où il s’est exilé, après la guerre du Golfe, a, finalement, vu le jour dans la capitale égyptienne, en raison de l’envie morbide des uns et du manque de perspicacité et de volonté politique des autres. Cet établissement aurait pu, s’il était né sous nos cieux, former des générations de luthistes et d’instrumentistes de valeur sûre et constituer un fleuron qu’on nous envierait. Mais le manque de vision, de stratégie musicale et culturelle en a décidé autrement. Et l’on regrette d’autant plus que le résultat  de la fondation de la Maison du Oud arabe qui, ce soir là, s’offrait à nos yeux sur la scène du théâtre de Carthage était des plus convaincants : des musiciens de  nationalités diverses, grecque, Turque, égyptienne, Tunisienne, encore heureux, Chinoise, Américaine, Pakistanaise ont émerveillé le public, en maniant une multitude d’instruments à cordes, mais aussi de percussion, secrétant des mélodies orientales où la technique était au service du Tarab. Des Taqacim, improvisations et compositions du maître ont transporté le public dans un voyage, entre plaisir et émotion. Une des pièces exécutées par l’orchestre, Massir Wahid (Destin commun) a été dédiée aux Révolutions arabes, il faut dire que c’est dans l’air du temps, mais la qualité de la mélodie et de l’exécution, pétrie d’une grande sensibilité  orientale, était telle, que l’on ne pouvait qu’apprécier. Idem pour Fresque de la vie et d’autres pièces où se sont invitées des mélodies arabes connues, dont Taht El Yasmina fil lil du grand Jouini, interprétée en chœur par les 3 à 4000 spectateurs présents  ce soir-là. Cependant, Nacir Chemma a cru bon, comme si la musique instrumentale ne se suffisait pas à elle-même, de recourir au vocal, à travers l’interprétation, banale d’ailleurs, par Anwar Abu Barrar, entre autres, de la très belle chanson du patrimoine irakien Foug Ennakhel.
Najet Attia, guest-star non annoncée

Fait imprévu dans ce spectacle : le compositeur a invité Najet Attia, présente parmi le public, à le rejoindre sur scène. Improvisation ou arrangement ?  Dieu seul sait. La «guest-star», non annoncée, a interprété la mémorable Inta Omri. Ce mélange de genre entre musique instrumentale et musique vocale était certes impromptu, mais le public semble avoir apprécié, malgré la difficulté que la chanteuse a éprouvée pour retrouver ses repères. Cette courte  prestation s’est déclinée comme un avant-goût de son concert prévu au festival de la Médina où elle a justement proposé des Kalthoumiat  et où assurément, mieux préparée, elle a mis en avant sa technicité et le beau timbre de sa voix. Pour clore cette digression, disons que reprendre des chansons de la Diva égyptienne c’est bien beau, mais on aimerait retrouver l’artiste dans de nouvelles créations et chansons personnelles, bien de chez nous, qui créeraient un sens à son parcours et exprimeraient son évolution.
Enfin, le compositeur de l’inoubliable El Amiriya, créé lors de la guerre du Golfe, ne s’est pas privé d’afficher ses choix politiques non seulement en consacrant des compositions aux Révolutions arabes, mais en interprétant un morceau «en soutien au peuple syrien contre le dictateur Bachar El Assad». Ce à quoi une spectatrice en colère a répliqué : «Plutôt contre El wahabiya, contre le Qatar, contre l’Amérique ». Puis, de quitter les lieux visiblement très irritée. Quand les artistes font de la politique sur scène ils font des mécontents et perdent assurément une partie ou certains de leurs  spectateurs…La Tunisie n’était pas absente de ce concert puisque le luthiste et compositeur lui a dédicacé un morceau intitulé Khamsa wa Khmiss ala Tounés
Au final, ce spectacle a surtout valu par les pièces instrumentales mélodieuses et rythmées, les sonorités homogènes ainsi que les solos des musiciens où dextérité, technique et doigté ont, franchement conquis le public. On est bien loin du vacarme des soi-disant concerts des Ragheb Allama, Waeil Jassar, Assala Nasri qui était, elle,  vraiment à côté de la plaque, troublée, sans doute, par des gradins, loin d’être pleins (On a même avancé que beaucoup de spectateurs ont bénéficié de billets distribués gratuitement) comme c’était le cas pour ses pairs libanais.
Bref, s’il y a un enseignement  à tirer de ce concert, c’est que la musique instrumentale, si rare sous les cieux arabes, offre, quand la qualité y est, d’excellents moments artistiques. C’est pourquoi sa programmation  dans les festivals  d’été est à développer et à privilégier. Pour le bon plaisir des férus du genre.
S.D.

PROPOS FESTIVALIERS

Demis Roussos à Hammamet : de beaux restes
Le festival international de Hammamet a consacré deux soirées successives au chanteur grec, Demis Roussos, faisant accourir ses fans qui l’ont découvert et aimé durant la fin des années 60 quand il était membre du groupe Aphrodite’s Child avec  ses compatriotes Vangelis, Lucas Sideras et Silver Koulouris  dont les tubes Rain and Tears et It’s Five O’Clock ont fait le tour du monde suscitant un remarquable engouement,  puis quand il entama une carrière en solo et multiplia les succès.  
Pendant la soirée du vendredi, à laquelle nous avons assisté, un public nombreux, de nostalgiques, surtout, mais aussi de jeunes affectionnant la découverte, a répondu présent, malgré la cherté du prix du billet : 50 dinars, ce qui est loin d’être à la portée de toutes les bourses, cela tombe sous le sens. Mais, à la fin du concert, il semble qu’une bonne partie des «séniors » en a eu pour son argent, puisqu’ils ont affiché leur satisfaction après avoir écouté, 75 minutes durant, en live et en play-back, pour certaines chansons, tous les «Hits» qui ont bercé leur jeunesse. Demis Roussos dont ce n’est pas le premier concert sous nos cieux, puisqu’il y a plus de  30 ans, précisément en 1974, il en avait donné deux  à la Coupole d’El Menzah, a chanté, cette fois-ci, assis sur une chaise, vu son état de santé délicat et l’hernie dont il souffre. N’empêche, il n’a rien perdu de sa stature, de son charisme et de son sens de la scène. Communicateur, ce parfait oriental, grec d’origine, né en Egypte, à Alexandrie, n’a pas cessé d’échanger avec son public surtout en dialecte égyptien lui lançant après chaque chanson interprétée «Ya Habibi», tout en  l’invitant, parfois, à chanter en chœur avec lui. Les tubes se sont succédé, Rain and Tears, For Ever and Ever, Good- bye my love good bye, we shall danse et d’autres orientales.  Accompagné de son orchestre, entre basse, batterie, Synthé et orgue, Demis chanta quelques uns de ses succès en live, la voix quoique demeurée toujours belle est moins puissante, et d’autres en play back et là on retrouve la voix limpide du temps où il était au faite de sa performance vocale, comme  dans la chanson de Vangelis , Ainsi soit-il et Far away. Demis chanta l’amour, mais aussi la vie et la mort sur fond de compositions musicales d’influence folklorique arabe et grecque teintée de romantisme et d’émotivité. Outre les chansons de son répertoire, il interpréta également des tubes internationaux : Mammy blue des Temptation, Follow -me où il a utilisé le deuxième mouvement du Concerto d’Aranjuez. Le public  apprécia, chanta, dansa le sirtaki sur les gradins, applaudit, monta sur scène, à l’invitation du chanteu,r dans une communion totale. Far away , a clôturé le spectacle qui a été trop court de l’avis de certains surtout qu’il y eut une entracte de 10 minutes. Mais, peut-on exiger plus d’un chanteur à la santé fragile ? On ne le croit pas, d’autant qu’il s’apprêtait le lendemain à donner un 2ième concert.
Quel enseignement tirer de ce spectacle ? Sinon que les grosses pointures, dans le domaine des arts, assurent même à un âge avancé, même handicapés et les exemples sont légion : Abdelwaheb, wadiî Essafi, Oum Kalthoum, Ray Charles, Charles Aznavour et autres. Vraiment, les grands artistes ne meurent jamais.





A quand la fin des privilèges et des entrées gratuites ?
 Les cerbères qui se pointent devant les portes des théâtres où se déroulent  les  festivals d’été n’en font qu’à leur tête affichant impolitesse et indélicatesse à l’égard de tout le monde- y compris les journalistes- venus pourtant faire leur métier. C’était le cas tout récemment à Hammamet lors du concert de Demis Roussos où l’on empêcha les journalistes de pénétrer par la porte habituelle pour ne laisser entrer que des invités dont les noms étaient consignés sur une liste visée auparavant par les services du  ministère de la Culture, nous dit-on. L’agent, qui refusa de se présenter se contentait de sommer sèchement, sans politesse ni égard, les journalistes d’aller voir ailleurs, de chercher une autre entrée…Pourtant ceux-là même sont des habitués, tant ils ont, durant des décennies, couvert le festival et les activités du Centre  Culturel de Hammamet. Pourquoi, ne pas recourir, alors, aux attachés de presse qui connaissent leurs pairs pour les accueillir?  
Au théâtre Romain de Carthage, également, des cerbères refusent l’accès des chaises  aux journalistes même si elles sont vides et dégarnies, alors que sous leurs yeux, la même sentinelle permet à d’autres collègues d’entrer, c’est à se demander s’il y a deux catégories de journalistes. La même sentinelle permet aussi à d’autres spectateurs non munis de billets -chaise d’accéder à l’espace consacré. La politique des deux poids, deux mesures continue de plus belle. N’est-ce pas ? Pourtant nous avons cru qu’après la Révolution, l’ère des passe-droits, des invités et invitations, des abonnements gratuits et des cartes permanentes était bel et bien révolue et que même les ministres, comme sous d’autres cieux, en Europe, par exemple, paieraient désormais leur place. Or, ce n’est pas le cas. Ce sont, donc, toujours les citoyens, soit les plus pauvres, qui payent pour les plus riches.
Pis, la mentalité des privilèges et les anciennes habitudes consistant à attendre l’arrivée de ministres et autres hauts responsables pour entamer les spectacles des festivals d’été perdure un peu partout. Ce qui met le public en rogne, le spectacle ayant démarrant après l’heure prévu. Et, il arrive le plus souvent que ces responsables ne restent pas plus de quelques dizaines de minutes pour repartir aussitôt ayant, ainsi, fait attendre, pour rien, aussi bien le public que l’artiste. Quand, donc, les mauvaises habitudes héritées de l’ancien régime disparaîtront-elles ?  Quand, donc, verrons- nous les hauts responsables, entre ministres, gouverneurs, PDG et autres payer leur place ? Reproduire tous les mauvais plis de l’ancien système-certaines administrations ne se sont pas encore, visiblement, mises à l’heure de la Révolution- n’arrange vraiment pas les choses. A bon entendeur salut !
S.D.

Retro 26 aout
Contre toute violence menant au chaos
Le chapelet d’images de violence, que connaissent certaines villes et endroits du pays, s’égrènent au fil du temps, car il n’y a pas de jour qui passe sans que les satellitaires et les radios, d’ici et d’ailleurs, ainsi que les réseaux sociaux n’évoquent ni ne diffusent des récits et des séquences vidéos de violences verbales et physiques perpétrées par de sombres individus dits Salafistes qui ne se soucient guère du respect des libertés individuelle et publique, entre autres la liberté d’expression et de création, pour lesquelles la Révolution, qui fout de plus en plus le camp, est survenue en grande partie.
 Les dernières scènes en date d’agressions et de violence barbares et ignobles, si choquantes, ont été captés par les caméras au cours des différents festivals et manifestations culturelles :  le monde entier a vu, le 16 août, les effets  tragiques de l’assaut  contre les organisateurs et les invités du festival consacré à la Journée inter nationale d’El Aqsa à Bizerte : des traces de sang sur le sol des espaces attaqués, des visages ensanglantés ou tuméfiés par des coups sauvages, des blessés aux têtes suturés et nous en passons.
D’autres récits et images ayant fait le tour de plusieurs télés et réseaux sociaux ont évoqué ou montré des actes d’extrémistes, on ne sait trop par qui manipulés, qui ont sévi un peu partout contre la liberté d’expression et de création, imposant, impunément, leur loi et leur diktat. Ces empêcheurs de tourner en rond n’ont pas trouvé mieux, un certain 14 août à Menzel Bourguiba, que de prier  en grand nombre, devant le lieu où devait se dérouler le spectacle de Lotfi Abdelli, Made in Tunisia ,100% Halal afin d’interdire, à leur manière, son déroulement. Rebelote, un jour plus tard, à Kairouan, pour empêcher, cette fois-ci, des musiciens iraniens de jouer et d’accompagner Lotfi Bouchnak, lors d’un spectacle de musique Soufie. Cela sous prétexte que ces musiciens sont des Chiites, lesquels, il est vrai, ne sont pas du tout, ces derniers temps, en odeur de sainteté. Et ce, pour de multiples raisons qu’il serait fastidieux d’évoquer, ici, tant elles paraissent dérisoires. Ce qui n’a pas empêché, du reste, Bouchnak de chanter sans ses invités. S’en prendre, ainsi, à la liberté de création et d’expression dans un laxisme ambiant des autorités n’augure rien de bon. Quand les libertés fondamentales sont bafouées, c’est que rien ne va plus dans cette phase transitionnelle et qu’un débat national doit s’instaurer, toute affaire cessante, afin de sauver l’enjeu démocratique tant désiré et attendu, à moins que...
 Le sport, plus précisément le foot, a connu également, ces dernies temps, un accès et un excès  de violence grave et inadmissible, les satellitaires de par le monde ont diffusé les séquences chaotiques et hideuses d’envahissement, par le public, du terrain du stade de Sousse, au cours de la partie opposant  l’EST à l’Etoile, comptant pour la Coupe Africaine des Clubs Champions. Voilà l’image que nous donnons de la Tunisie postrévolutionnaire aux autres peuples et millions de téléspectateurs qui doivent être profondément déçus de voir les choses tourner de la sorte, sous nos cieux. Quant à la grande majorité de nos citoyens, ils ne peuvent qu’être tristement désenchantés par de tels spectacles. Décidément  les manipulations tous azimuts du public, les calculs et l’instrumentalisation du sport à des fins politiques ont la peau dure. Les magouilles et l’accointance entre le sport et la politique se poursuivent de plus belle.
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Cependant, on peut se poser la question : à qui profitent tous ces actes de violence? Ils profitent à tous les manipulateurs politiques, à tous ceux qui sont connus pour leur haine de l’art, la création et de la liberté d’expression, à tous les antidémocrates qui n’ont qu’un objectif semer le chaos et la discorde pour régner en solitaire et s’accaparer le pouvoir. Cela, même aux dépens de la pérennité, la cohésion et l’avenir du pays. Or, ces  violences  perpétuelles et interminables qui ne font que bafouer les libertés et les droits humains pourraient aboutir sur la destruction du processus de transition démocratique, sur la déliquescence de l’Etat, qui, il faut le dire a déjà beaucoup perdu de sa superbe.  Toutefois, si l’Etat n’agit pas, les démocrates, la société civile et les autres institutions et organismes libres et indépendants doivent se mobiliser contre toutes formes de violences en exigeant l’application de la loi pour tous, loin d’un traitement et d’une justice à double vitesse. A moins que certaines parties ne veuillent creuser le sillon d’une nouvelle dictature, justement, en recourant à la violence et au chaos. La boucle est bouclée.
S.D.

Retro 12 aout
  Emissions, concepts et fictions
 Le temps du  plagiat et du copié-collé ?
Les affaires de plagiat font rage, les accusations fusent contre Li ajli ouyoun Catherine (Pour les yeux de Catherine) scénarisée par Rafika Boujday, la fiction parodiant la série syrienne Bab El Hara dont deux parties se disputent la paternité, Bint waled, série comique, considérée comme une pâle copie de la série française, Un gars une fille, campée par l’excellent Jean Dujardin et  Alexandra Lamy. Cette série étant elle-même adaptée de son homonyme québécoise. Le mimétisme est tel que certaines séquences, comme celle des bougies est reprise quasi intégralement. Etrange non un tel manque d’imagination ! Pis, toujours côté fiction, certains ont eu l’audace de piquer des idées de projets de fin d’études d’étudiants d’écoles de cinéma. Les caméras cachées, elles, aussi, sont soit copiées-collées soit adaptées, la dernière en date étant  Ettemsseh (Le crocodile)qui, à force de se répéter en devient lassante, surtout que certains piégés étaient carrément au parfum, à l’image de Kaouther Belhaj, alias Azza, riant aux éclats face au hideux et terrifiant crocodile (sic) tandis que d’autres étaient pétrifiés et horrifiés telle  Naïma Jani, morte de peur,  Slah Mosbah, lui, en avait perdu son latin, se croyant, on le comprend certes, face à un hippopotame.
Trêve de digression et revenons à  nos moutons, pourquoi tout le monde copie tout le monde ? Ceux qui font les fictions et la télé manquent-ils à ce point d’imagination ? Concernant les fictions, il est clair, que l’absence d’inventivité et de créativité poussent au pillage d’idées et d’images ainsi qu’au  pastiche. Concernant les émissions de télé, le phénomène d’achat des droits d’émissions ou carrément, de clonage a commencé avec l’avènement des chaînes et des grosses sociétés de production  privées, comme Cactus-Production, qui vendaient des émissions, en P.A.D (Prêt à la diffusion), à la chaîne publique. Des productions, que l’on sait, du genre jeux, téléréalités et sociales, etc.  c’est –là le choix de la facilité et le choix de la paresse. Déjà que nous consommons tous genres de produits finis importés, dans tous les domaines et cela va de la simple aiguille, jusqu’à l’airbus, va-t-on devenir avec cette nouvelle tendance de plagiat et d’achat de droit d’émissions de simples consommateurs d’idées et de concepts venus d’ailleurs ? Va-t-on désormais  se contenter de reproduire à l’infini, sans plus jamais nous creuser les méninges, les concepts venus d’orient ou d’occident ? Les producteurs  et auteurs, vont-ils, par manque d’inventivité, sombrer dans la facilité la plus lénifiante et se contenter de copier-coller tous genres de productions et de fictions confondues ? Car, comment peut-on créer et évoluer, si l’on ne fait que piquer les idées des autres et parfois sans même prendre la peine de payer les droits d’auteurs.
 Certes, les concepts  importés d’émissions ou de séries de fictions ne sont pas tous à jeter, au contraire, certains sont même de qualité, mais de là à se croiser les bras et  de se contenter de tout absorber, tel un buvard, c’en est trop. Pis, c’est même grave, car le contrecoup des satellitaires et de la mondialisation ne devrait pas nous pousser à accepter, sans résistance, la standardisation des idées, le formatage de la pensée à travers, le plus souvent, des programmes débilitants et lénifiants afin de mieux anesthésier les esprits, dompter les peuples et zébrer les identités. Cela, soit en faisant pleurer dans les chaumières, soit en usant de populisme, de voyeurisme ou d’exhibitionnisme. Face à cette mondialisation des concepts d’émissions de télé, aux auteurs et producteurs de résister pour éviter de devenir de simples copieurs démunis de cervelle. Est-ce, désormais, le temps du copié-collé ?

Retro  5 aout
Fictions et points communs
Bizarrement les feuilletons «ramadanesques» programmés actuellement dont Ounqoud El Ghadab sur El Watania 1, Min Ajli Ouyoun Catherine sur Nessma -TV et Mektoub 3 sur Attounissia  se caractérisent tous par trois dénominateurs ou points communs : d’abord, toutes ces fictions traitent, sans un regard pour le présent, du passé avec son cortège d’aspects négatifs et de dénonciation des dépassements et abus  commis sous l’ancien régime, entre excès de pouvoir, népotisme, vols, trafic d’influence mafieux, torture, répression, meurtres. Or, évoquer, coûte que coûte, cette enfilade de méfaits, même de manière artificielle et gratuite, notamment, après la chute de la dictature, c’est facile. Ensuite, la pléthore de comédiens qui évoluent dans ces feuilletons, notamment les deux premiers cités plus hautes. Il est vrai que pour les acteurs, l’une des rares opportunités de jouer dans une fiction télévisuelle se présente, en fait, à l’occasion de Ramadan.Normal, donc, que les scénaristes imaginent autant de personnages, que les producteurs et réalisateurs suivent le mouvement. Enfin, le casting, parfois, ridicule, exemple : certaines comédiennes interprétant des rôles de mères paraissent plus jeunes que celles campant le rôle de leur fille, comme dans Pour les beaux yeux de Catherine de  Hamadi Arafa d’après un scénario de Rafika Boujdaï. Or, si c’est compréhensible pour la fille aînée du Raïss Nourreddine, cela n’est nullement valable pour certaines parmi les six autres qui semblent plus âgées que leur génitrice.
Bref, en attendant que s’achèvent ces fictions, on ne peut, cependant pas, passer sous silence, ce qui semble être le retour de la censure sur la première chaîne publique à travers la suppression d’une scène de danse, jugée «sensuelle», dans le 8ième épisode du feuilleton Ounqoud… alors que le réalisateur Naïm Berrhouma n’a même  pas été informé de «ces inadmissibles coupes ».Pourtant il a  regretté pareille pratique, d’autant que «la scène censurée relève,selon lui, du roman rose, en comparaison avec la fameuse séquence de danse dans le film Errisala de Mustapha Akkad». Le Syndicat des réalisateurs et  techniciens qui a, de son côté stigmatisé et dénoncé  «le retour à ces  pratiques de l’ancien régime, faisant fi de l’intégralité de la production ainsi que  du droit et à la liberté d’expression et de création». Cela tout en demandant «le changement du Conseil d’administration, comme conclu entre l’Ugtt et le gouvernement, dans l’attente des lois régissant l’information et la culture». Franchement voilà qui est grave, n’augure rien de bon et atteste que les mentalités n’ont pas, encore, changé au sein de l’administration qui, visiblement, n’est pas à l’heure de la Révolution. Car, elle semble, toujours, considérer que la création est à géométrie variable, autrement dit, selon le bon vouloir du prince. Quand, donc, les censeurs de tous bords comprendront-ils  que la liberté de création et d’expression sont justement des demandes, voire des exigences de la Révolution ? Quand, donc, comprendront-ils, enfin, que la création est libre ou n’est pas ?

retrovision 15 juillet


Qui veut détruire notre révolution ?
Penseur, écrivain et chercheur dans les sciences politiques, Riadh Sidaoui, est directeur du Centre des Nations arabes de recherches et de publications à Genève où il réside. Spécialiste du monde arabe, des mouvements islamistes et des changements démocratiques. Invité dans l’émission Fasl El Maqal animée par Soufiane Ben Farhat son analyse percutante et pertinente de la situation en Tunisie a eu un grand succès aussi bien à l’écran que sur la toile. L’Affaire Baghdadi Mahmoudi  et la réaction du président Marzouki, sa lettre postée sur le portail d’El Jazeera, les crédits des pays du Golfe et notamment qatari, l’évaluation de l’information ont été égrenés au fil de cette émission commentant l’actualité politique. Concernant la lettre postée par le président sur la chaîne qatari l’analyste a souhaité que le président n’écrive pas sur une satellitaire d’une dictature possédée par un dictateur, car au Qatar il n’y a pas d’élections, ni de falsification d’élection, ni démocratie, ni liberté d’expression. Qu’il écrive dans les journaux tunisiens, Koweitiens, libanais, égyptiens où la démocratie existe, mais pas sur El Jazeera est une chaine dictatoriale qui a un agenda clair pour les petits et les grands qui obéit à une dictature arabe, officiellement le citoyen  qatari n’a vu une urne qu’à la télé…
Evoquant les élections il affirma que l’enjeu c’est d’écrire un Destour et et de préparer les nouvelles élections  or, on s’est retrouvé embarqué  dans les relations internationales  du coup le pays est  devenu un nid d’agents de renseignements Des gens qui complotent contre la Syrie, qui veulent l’attaquer, après une semaine Gaza a été bombardé, or, personne n’a proposé le congrès des amis de Gaza ou de Palestine. Sommes -nous de simples serviteurs de ces pays arabes. Amener le Qatar er l’Arabie Saoudite à répandes la démocratie n’est ce pas aberrant. Ce modèle de rois et de prince ne peut détruire et nuire. Avec leurs satellitaires il veut détruire la révolution tunisienne, le même groupe de chaine dans le même studio, avec les mêmes caméras et réalisateur, amène Haifa Wahbi sur Artevidéo -club puis Amrou Khaled sur Ikra pour détruire les cerveaux  arabes. Il faut sauver nos jeunes des Wahabites.
Sur le plan économique il a expliqué qu’il y avait deux modèles économiques : l’économie publique,  le capitalisme sauvage et l’économie de marché comme l’a fait le RCD, hier, et Ennahdha aujourd’hui.   Le Qatar a perdu la bourse américaine plus de 2500 milliards dollars, s’il donnait à la Tunisie seulement 20milliards dollars de crédits, on en finira avec la pauvreté. Mais non.
A propos de la liberté de presse l’intervenant a déclaré que la. liberté d’informer et d’expression vit, aujourd’hui son âge d’or et aucun pays arabe ne jouit  mais elle est ciblée et menacée.. Bref, on ne va pas tout dire, mais notre essayiste et penseur démonte tout le système pour montrer comment certains ont intérêt à voir la révolution tunisienne complètement détruite et anéantie pour mieux implanter leur branche islamique rétrograde avec la panoplie de charlatanisme et de démagogie avec la religion pour fonds de commerce.