mercredi 28 novembre 2012

Interview de Slim Chiboub sur Ettounssia


La vérité si je mens!
 Très attendue, l’interview de Slim Chiboub réalisée par l’animateur et producteur Moëz Ben Gharbia aux Emirats Arabes Unis, a été enfin diffusée, avant-hier soir, sur Attounssia. Le taux d’audience était, selon certaines estimations, de 67%. Ce qui a été confirmé, par la suite, par l’interviewer, qui a parlé de record. Mais au fil des minutes, l’intérêt s’émousse, car l’on comprend que le gendre du président ne se départira pas de la langue de bois et qu’il n’était pas là pour faire des révélations ou éclairer notre lanterne, son seul souci étant de s’innocenter en se refaisant une virginité. A-t-il réussi à influencer l’opinion ou s’agit-il d’une pure et simple manipulation, multi-acteurs ?

mardi 27 novembre 2012


Retro 25 novembre

Halte à l’agression des élus du peuple !
Honteuse est la séquence ou l’on voit le Constituant Mourad Amdouni un des élus du peuple violenté par les forces de l’ordre, lors de la marche de protestation, organisée le jeudi 15 novembre à Tunis, contre l’agression meurtrière menée par Israël contre Gaza. Cela parce qu’il a voulu s’interposer entre les manifestants regroupés  à la place Mohamed Ali et les agents de l’ordre. Traiter, ainsi, un des représentants du peuple, c’est en fait agresser symboliquement ce même peuple et montrer un total mépris à son encontre.
Dans la foulée des agressions contre les acteurs de la société civile, les artistes, journalistes, universitaires et autres intellectuels voilà que les brigades d’interventions s’en prennent à un député. A vrai dire ce qui est grave, c’est que de telles images de d’élus agressés et malmenés, que ce soit par des policiers ou des partisans de divers courants ou partis politiques, commencent à se banaliser sous nos cieux. N’a-t-on pas vu Brahim Gassas frappé par un groupe d’excités sans que la police n’intervienne !
Pareils comportements et agissements sont pratiquement inexistants dans les vraies démocraties. Or, si de telles agressions et une telle violence sont de plus en plus fréquentes dans nos murs c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans le processus démocratique. Certaines parties ne l’ayant pas encore intériorisé ou le refusent carrément. Quoi qu’il en soit, voir des représentants du peuple et autres hommes politiques ou de culture outragés est un signe de sous développement exprimant un retour aux réflexes dictatoriaux d’antan.

Retrovision
Chronique d’un quartier déshérité
Fi Samim (Dans le mille) l’émission qui, au commencement, proposait, sur Ettounsia, des enquêtes d’investigation a, au fil du temps, changé de fusil d’épaule, ou plus précisément de genre, versant  dans le reportage. Ce qui ne veut point dire que les téléspectateurs  ont perdu au change. L’avant-dernier reportage sur les Oukala, sises en plein centre de la Médina de Tunis, a véhiculé des images plus que parlantes reflétant la condition humaine  misérable, de ces laissés pour compte, chaque personnage pouvant être l’antihéros ou le héros pathétique d’un roman, d’un film ou d’une pièce de théâtre.
Toutes ces séquences ont été filmées, certainement dans le but de toucher et d’interpeller les uns et les autres, notamment les autorités publiques et la municipalité de Tunis afin qu’elles daignent, enfin, aider ces «damnés de la ville» et trouver quelques solutions aux multiples problèmes dont ils souffrent. Des problèmes sanitaire, d’hygiène, de promiscuité, de logements et de dénuement surtout. Mais, ces habitants d’oukala ne sont pas les seuls à connaître de tels maux, puisque dans le dernier numéro de Fi Samim le concepteur et présentateur Zouhaeir Letaeif a continué sur sa lancée en promenant la caméra dans un quartier déshérité et réputé difficile, Hay Hllal, où se sont regroupés des migrants du Nord Ouest, les Ouled Ayar.
Et on découvre, loin des préjugés, des personnages pétris d’humanité vivant dans des conditions horribles, inhumaines, où le chômage, la pauvreté, les semblants de logements insalubres, des gourbis en fait, la promiscuité, la saleté, les immondices, les moustiques, sont leur lot quotidien. D’où les vols, les rapines, l’addiction à l’alcool et à la drogue dont souffrent des jeunes et moins jeunes. Des habitants du quartier, entre femmes, hommes et enfants, ont témoigné regrettant qu’ils soient toujours «Les éternels oubliés et laissés pour compte». Pourtant «Nous avons tant espéré, a confié un ancien détenu, lors de la Révolution. Nous avons tous voté pour Ennahdha, mais ce parti nous a ignoré et tourné le dos. Pourquoi ? Ne sommes-nous pas des êtres humains, regardez dans quelles conditions impossibles et  insoutenables nous vivons avec en sus l’injustice des forces de l’ordre, cela quand ils leur arrivent de pénétrer dans le quartier… ». Car l’on saura, au fil du reportage, que le poste de police est déserté par les policiers depuis deux ans. Grave pour un quartier comptant des milliers d’habitants. En attendant ce sont les séniors, sages du quartier, qui tranchent en cas de conflits ou de tensions. Il est, par ailleurs, impossible de ne pas relever le témoignage émouvant d’un petit écolier déplorant que «l’odeur nauséabonde des montagnes d’ordures jouxtant l’école l’empêche, lui et ses camarades, de se concentrer».
Ce reportage vient relativiser les credo de certains politiques, journalistes et membres de la société civile qui peuvent croire que la liberté d’expression pourrait être une demande pressante de citoyens qui vivent dans une misère noire. A preuve le témoignage d’un des habitants dépités et très en colère de Hay Hllal: «Quelqu’un m’a dis réjouis toi, la révolution nous a apporté  la liberté d’expression, j’ai répondu que  je m’en contrebalançais car elle ne me nourrira pas moi et mes enfants». Bref, dans leurs propos, complaintes et chansons populaires la plupart de ces témoins paraissaient désabusés, exaspérés, courroucés n’ayant plus du tout confiance en quiconque parmi les politiques. Parmi eux le doyen du quartier, ancien militant de la libération nationale qui a lancé furieux : «tous les politiques sont des menteurs et cela depuis l’ère Bourguiba, tous, jusqu’à aujourd’hui, roulent pour leur propre intérêt et jamais pour celui de la Tunisie».Mais ce qui est sûr c’est que petits et grands ont montré beaucoup d’amour pour leur fief qu’ils défendent  bec et ongles. Ils l’aiment et y reviennent toujours, même quand ils réussissent, tel un chanteur célèbre de Mezoued. «Hay Hllel est un quartier comme un autre, il n’y a pas de grandes délinquances, ni de crimes et même pendant la Révolution il n’a connu aucun incident» explique un des aînés.
Le reportage a ainsi contribué à gommer quelque peu cette idée reçue concernant ce quartier réputé infréquentable, mais aussi à mettre à nu la réalité marquée par des conditions de vie très dures, inacceptables au 21ième siècle. Toutefois, les propos des habitants de Hay Hllel seront-ils entendus, ces derniers verront-ils leur situation s’améliorer ? Répondre à cette question est difficile, quand on sait que, de par le pays, il y a tant de quartiers qui connaissent la même misère contre laquelle s’est déroulée la Révolution. Il est certain que, jusqu’ici , il n’y a ni planification, ni politique d’amélioration des conditions de vie de ces gens-là qui n’ont en cure des palabres politiques a fortiori quand rien n’a changé dans leur quotidien, malgré la Révolution de tous les espoirs.
S.D.

dimanche 25 novembre 2012

clôture et palmarès de la 24ième édition des JCC: Tanit d'or et prix du plublic pour La Pirogue de Moussa Touré


• Tanit d’argent : Mort à vendre, de Faouzi Ben Saïd (Maroc)
• Tanit de bronze : Sortir au jour, de Héla Lotfi (Egypte)
• Prix du meilleur scénario : Le Professeur, de Mahmoud Ben Mahmoud (Tunisie)

C’est La Pirogue du Sénégalais Moussa Touré qui a remporté la récompense suprême dans la section compétition des longs-métrages fiction de la 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), qui se sont déroulées du 16 au 24 novembre et dont la clôture a eu lieu hier soir avec la proclamation du palmarès par les trois jurys des compétitions internationales de fiction, longs et courts métrages, et du documentaire.
Le Tanit d’or et le Prix du public remportés par La Pirogue sont amplement mérités tant le film brille par sa sobriété cinématographique et l’humanité qui se dégagent de cette histoire de périple de la mort entrepris par des voyageurs africains clandestins, aspirant à des horizons meilleurs, mais qui, hélas, s’avèreront bouchés. Un drame universel poignant.
Quant au cinéma marocain, qui a forcé l’admiration au cours de cette édition, il a remporté le Tanit d’argent à travers Mort à vendre de Faouzi Ben Saïdi. Un film noir, éclaté, qui raconte le quotidien de jeunes délinquants dont l’un est repéré par des islamistes radicaux.
Toutefois, un autre long-métrage marocain a forcé le respect: Les chevaux de Dieu, de Nabil Ayouch. Mais, hélas, c’est le film oublié du palmarès. L’histoire se répète pour Ayouch dont le film Ali Zaoua, plébiscité par le public lors des JCC 2000, a été également oublié par le palmarès.
Peu importe, à nos yeux et aux yeux du public qui a très fortement applaudi Les chevaux de Dieu, Ayouch mérite bien une récompense. Il se contentera du prix de la Fipreci (Fédération internationale de la presse cinématographique). Il faut dire aussi que le cinéma marocain a fait un bond remarquable et qu’il domine le cinéma maghrébin. Nous remarquerons  que le cinéma tunisien n’a glané que le prix  du meilleur scénario décerné à Le professeur de Mahmoud Ben Mahmoud. Il est vrai que les films tunisiens en compétition lors de cette édition n’étaient pas du meilleur cru (nous y reviendrons). En revanche, du côté de la compétition des courts métrages Bousculades du 9 avril 1938 de Tarak Khalladi et Sawssan Saya a raflé le Tanit d’argent.
Enfin pour la section compétition documentaire, c’est Président Dia de Osman William Mbaye du Sénégal qui a remporté le Tanit d’or. Un excellent opus «situé» dans la période du président Léopold Sédar Senghor qui a éliminé ses adversaires pour accaparer le pouvoir.
Non moins excellent est le documentaire La vierge, les Coptes et moi de l’Egyptien Namir Abdelmasseeh qui a remporté le Tanit d'argent.
Au final, nous dirons que malgré les quelques couacs et hésitations  au niveau de l’organisation, le cru de cette 24e édition des  JCC a été franchement capiteux et d’une bonne facture.
Nous y reviendrons.
Que vivent les JCC 2014.
samira DAMI

samedi 24 novembre 2012

Report de Manmoutech de Nouri Bouzid


Les vraies raisons

Une projection plus que probable pour le 23 novembre

Manmoutech ou Beautés cachées de Nouri Bouzid serait-il programmé de nouveau? On verra bien. Mais remontons les faits tout d’abord: programmé en compétition de la 24e édition des JCC, ce long métrage n’a pu être découvert par le public, venu nombreux, lors de la séance prévue samedi dernier à 18h00 au Colisée. C’est que la projection a été «annulée pour des raisons techniques», a expliqué le réalisateur aussi bien sur scène que sur les marches: «Il s’agit d’un problème d’incompatibilité entre le support et la machine de projection». Et d’ajouter dépité «On ne peut pas toucher le laboratoire parce que c’est le week-end...». Puis de conclure : «Le film s’intitule Manmoutech, mais moi je meurs». Qui est responsable de cette annulation et pourquoi ? Dans le flou qui dominait, plusieurs spectateurs déçus et furieux, surtout après plus d’une demi-heure d’attente, ont rejeté la faute sur l’organisation et déploré qu’une telle chose arrive après 48 ans d’expérience des JCC. D’autres qui ont cru qu’il s’agissait d’une annulation définitive du film, l’ont même imputé à «la censure et aux mains de l’ombre ». Bref, le public, désappointé, a dû rebrousser chemin, espérant une nouvelle programmation du film.
 Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants de cette annulation, nous avons contacté et donné la parole à plusieurs parties. Nouri Bouzid, en premier lieu, qui, franchement, n’a pas été avare en explications: «La copie de projection est en DCP (Digital Cinéma Package), un moyen efficace contre  le piratage et autres formes d’abus. Donc, pour que le film soit projeté, il faut que l’exploitant de la salle communique au laboratoire les références  et codes du serveur et de l’appareil de projection DCP, afin qu’il donne accès au film à distance pour un appareil précis et  une durée précise, du 17 au 26 novembre. Cela a été le cas au festival d’Abou Dhabi, sans aucun problème. On a essayé la copie la veille au Mondial, cela n’a pas marché, mais on espérait que ça marcherait le lendemain au Colisée. En vain».
Certaines sources avancent même qu’il existe, en fait, un différend entre le producteur tunisien (CTV-Services) et le coproducteur français (Nouveau Regard) d’où le problème d’accès au film. Interrogé, l’auteur-réalisateur de l’Homme de Cendres a répliqué sec : «Seul  le laboratoire possède  le code qui est secret et peut, donc, donner accès au film. Concernant le supposé différend avec le coproducteur français, ce qui est faux, je vous informe qu’au contraire, c’est bien le coproducteur français qui a demandé au Big Boss du laboratoire d’ouvrir l’accès au film seulement aux festivals d’Abou Dhabi et des JCC, dans l’attente du festival de Berlin qu’on brigue. C’est plutôt le distributeur français MK2 qui a sacrifié le film, parce que nous avons, Abdelaziz Ben Mlouka et moi, refusé d’aller   à Haïfa».
De son côté, Lassaâd Gobantini, directeur de la salle Le Colisée, est catégorique : «Le DCP s’ouvre avec un fichier électronique, autorisant la diffusion du film, appelé  KDM (Key Delivery Message) et sans KDM valide, réalisé pour un serveur donné, il est impossible de lancer un long métrage numérique. Or, la date de validité du KDM présenté pour la projection de Manmoutech est périmée, car le serveur affichait ‘‘Delated’’, autrement dit ‘‘Empêchement’’».
Nous avons, enfin, approché un membre du comité directeur des JCC qui nous a confié que la panne n’est pas due à la logistique des JCC ou à l’équipement des salles, mais à la clé KDM qui ne permettait pas la lecture du film. «A preuve, ajoute notre source, plusieurs films de la compétition, marocain, libanais, algérien et d’autres nationalités, ont été projetés en DCP au Colisée, au Mondial et ailleurs, sans aucun problème. Dire ou faire croire que les JCC sont responsables de ce problème technique est faux et inconcevable. Nous attendons, maintenant, qu’une nouvelle copie du film nous parvienne afin de le reprogrammer». Aux dernières nouvelles, il semble, selon le réalisateur, qu’une solution a été trouvée : «Pour sauver la situation, les deux coproducteurs se sont mis d’accord pour amener deux copies, l’une avec code et l’autre sans (free). Ainsi, une projection est plus que probable le 23 novembre». Espérons et wait and see.

Samira DAMI

Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouche (En compétition)


Yachine et ses "frères" 

• Bouleversant

Le film s’ouvre sur un terrain vague, jouxtant une immense décharge publique, où des gamins jouent au foot : ce décor n’est autre que le bidonville de Sidi Moumen, quartier très pauvre et marginalisé, d’où sont issus les jeunes qui ont commis les attentats de Casablanca il y a plus de 9 ans. Inspiré de ces dramatiques événements qui ont entraîné la mort de 45 personnes dans cinq lieux différents, Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch remonte le cours du temps, à travers une chronique quotidienne de ce bidonville et de certains de ses personnages, afin de tisser la trame de cette sanglante tragédie. Le scénario signé Jamal Belmahi est adapté du roman Les étoiles de Sidi Moumen de l’écrivain Mahi Binebine.
Tarek, alias Yachine, 10 ans, est un fan du grand gardien de but russe. Timide, il porte un amour secret pour Ghislaine qu’il sait inatteignable. Il subit l’ascendant de son frère, Hamid, 13 ans, un petit caïd qui le protège, mais qui finira quelques années plus tard par être incarcéré après avoir caillassé une  voiture de police. Hamid est le préféré de sa mère qui mène, tant bien que mal, la barque familiale comptant, également, un père dépressif et deux autres fils, l’un dans l’armée et l’autre autiste. A travers le vécu imaginé et non reconstitué des personnages principaux et de ce microcosme familial, le réalisateur marocain dépeint la dure réalité sociale qui prévaut dans ce quartier où règne la misère, le chômage et le désespoir, d’autant que le vol, le viol, la drogue, le meurtre sont monnaie courante.
Le film déroule le parcours douloureux de ces deux frères, depuis l’enfance jusqu’à la jeunesse, quand au fil d’une vie sans repères, vu l’absence du père, les issues se bouchent et les âmes se fragilisent. Ce dont vont profiter les islamistes radicaux, artisans de la mort, afin d’embrigader ces laissés-pour-compte et ces consciences détruites par un milieu social funeste, des relations familiales délétères, des amours impossibles et autres sinistres drames. Ainsi, Hamid,  qui sort transformé de la prison entraînera avec lui Tarek et ses amis, meurtris par les vicissitudes de la vie, sur le chemin de l’horreur et de la mort. Il faut dire qu’ils sont pratiquement tous prêts à toutes sortes de manipulations qui vont jusqu’à l’intériorisation du fait de s’exploser et de mourir en martyr.
Filmé, tel une chronique, de manière conventionnelle, Les Chevaux de Dieu se décline en trois temps : l’adolescence des personnages et leur jeunesse avant l’incarcération de Hamid et après sa sortie de prison. Le passage de l’adolescence à  la jeunesse est merveilleusement réussi, le réalisateur nous renvoie à la scène d’ouverture en filmant les personnages, devenus jeunes, jouant au foot sur le même terrain vague. Et l’on reconnaît tout de suite Hamid, comme quand il était ado avec sa chaîne enroulée autour de la main et du bras et Yachine toujours au poste de gardien de but. Une belle trouvaille.
Dans les deux premiers temps, la caméra est portée pour rendre compte de l’énergie et des soubresauts de la vie. En revanche, dans la dernière étape du parcours des personnages centraux,  la caméra se pose, s’assagit, car la préparation physique et mentale des nouvelles recrues, par les «frères», commence. Cela jusqu’au moment où l’Imam Abou Zubair leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyrs...et leur donne rendez-vous au paradis. La scène marquante où il donne l’accolade à Yachine incarne le comble de la manipulation. D’où le titre du film, car l’expression « Volez Chevaux de Dieu » signifie l’appel au Djihad.
La qualité et la force de la dernière partie du film sont dues au fait que Ayouch filme les «frères» radicaux sans jamais vouloir les rendre antipathiques ou détestables, de manière primaire, il n’y va pas par le sentiment mais par la raison, la logique et la déduction. Aussi,  démonte-t-il tout le mécanisme complexe qui conduit à la manipulation des esprits, tout en le dénonçant de façon claire et nette. Comment peut-on convaincre des jeunes de semer la mort en s’explosant ? Comment des extrémistes en arrivent-ils à mettre sous leur emprise ces quartiers de la misère et du désespoir ? Si ce n’est en raison de la pauvreté, du manque d’éducation, de structures familiales et d’institutions publiques prenant en charge enfants, ados et jeunes. Très documenté et fouillé, ce film a, de ce fait, des allures de documentaire. Ce qui est accentué par «le casting sauvage», si réussi, les acteurs n’étant nullement des professionnels. Cela afin de sauvegarder ce côté réalité-fiction.
Abdelhakim Rachid (Yachine) et Abdelilah Rachid (Hamid), les interprètes des rôles des deux frères, et tous les autres, d’ailleurs, sont, il est vrai, d’un naturel incroyable. C’est qu’ils sont eux-mêmes issus du bidonville de Sidi Moumen.
Ainsi, comme il y a plus de dix ans avec Ali Zaoua, le prince de la rue, inspiré de Pixote, la loi du plus faible du Brésilien Hector Babenco, Ayouch marque les JCC avec un opus bouleversant et émouvant, bien écrit, filmé, casté, musiqué et joué.
Jusqu’ici c’est vraiment le film du festival. Tanitable.
Auteur : Samira DAMI

jcc 2012- propos festivaliers


Un bon cru et des sections édifiantes, malgré tout

 La 24e édition des JCC touche à sa fin. Dans deux jours, auront lieu la clôture et la proclamation du palmarès. Entretemps, le marathon cinéphilique continue de plus belle, le public court les films de toutes nationalités, notamment arabes et africaines. Tunis s’anime et veille tard, grâce aux JCC, ce qui rompt le quotidien d’une ville, d’habitude, désertée dès 20h00, surtout suite aux problèmes de sécurité qu’a connus le pays.
On aura tout dit sur l’organisation, notamment lors de la soirée d’ouverture où un grand nombre de professionnels n’ont pu accéder à la salle Le Colisée, en raison de l’affluence du public et de l’absence de filtrage. Espérons qu’il en sera autrement pour la cérémonie de clôture. D’aucuns ont vu d’un mauvais œil la tranche musicale qui s’est taillée la part du lion lors de l’ouverture comme si le cinéma ne se suffisait pas à lui-même, d’autant que les troupes africaines qui ont animé la soirée n’étaient pas des plus performantes. Bien au contraire...
D’autres ont déploré les conditions de projection, telle l’absence de mise au point ou l’interruption des films en leur beau milieu ou vers la fin. Ce qui est dû, en fait, au nouveau matériel de projection en numérique DCP (Digital cinéma package) dont la maîtrise n’est pas totalement assurée. Sans compter quelques reports de films dans la programmation.
Cette édition, comme toutes les précédentes, d’ailleurs, (mais certains ont la mémoire courte) a connu des problèmes d’organisation et de qualité du concept du spectacle de l’ouverture. Mais, rendons  à César ce qui lui appartient, car ce qu’on oublie de dire c’est que cette 24e édition se distingue par un bon cru cinématographique et des opus d’une grande qualité, aussi bien dans la section compétition, entre fictions et documentaires, que dans celles des hommages, «Cinémas du Monde», «Ecrans d’à venir», «Perspectives» et autres. En se focalisant sur les films arabes et africains en lice, on remarquera que plusieurs dans le lot forcent le respect et l’admiration tant ils interpellent et émeuvent. Citons en : Les Chevaux de Dieu du marocain Nabil Ayouch, La Pirogue du Sénégalais Moussa Touré, Tout va bien ici de l’Angolaise Pocas Pascoal, Virgin Margarida du Mozambicain Licinio Azevedo, Toiles d’Araignées du Malien Ibrahima Touré et nous en passons.
De quoi forger sa culture cinéphile
 Rien qu’en fréquentant les sections «Hommages» à des cinéastes arabes et africains, entre autres Souleymane Cissé (Mali) et Tawfiq Salah (Egypte) et au cinéma algérien, sans compter la section spéciale «Le cinéma retrouvé» qui offre la rare opportunité au public et surtout aux amoureux du cinéma de découvrir dans des versions restaurées des joyaux filmiques de l’histoire du cinéma et de sensibiliser, ainsi, les spectateurs et les autorités à la nécessité de sauvegarder le patrimoine cinématographique. Il y a, donc là, pour un jeune cinéphile, et a fortiori un étudiant en cinéma, de quoi contribuer largement à nourrir et à forger sa culture cinématographique et cinéphile. Mais à condition de le vouloir. Il n’y a, donc, qu’à suivre assidûment ces sections, comprenant pas moins d’une quarantaine de films, pour s’apercevoir que la plupart sont soit des plus marquants soit de purs chefs-d’œuvre. Car comment peut-on (le public jeune surtout) zapper, si on ne les a pas encore vus, des films de la trempe de Nahla de Farouk Belloufa, La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, Omar Gatlatou de Marzak Alouache, Les révoltés, Journal d’un substitut de campagne et Les Dupes de Tawfiq Salah, Baara, Finyé (Le vent) et Yeleen (La lumière) de Souleymane Cissé, Carnets de notes pour une Orestie africaine de Pier Paolo Pasolini, Voyage en Italie de Roberto Rossellini, Touki Bouki de Djibril Diop Mambety, La Momie de Chadi Abdesselem, Transes d’Ahmed Maânouni et tant d’autres.
En présentant son film Les Chevaux de Dieu, en compétition officielle, le cinéaste marocain Nabil Ayouch a exprimé toute son admiration d’abord pour les Tunisiens qui ont attiré tous les regards du monde vers eux grâce à la révolution «On vous a admiré et suivi, continuez à résister et ne laissez rien passer... ». Il a ensuite dit tout le bien qu’il pense du public des JCC : «Mes meilleurs moments de cinéaste je les ai passés avec vous, il y dix ans, quand  vous avez tant aimé mon film Ali Zaoua. Les problèmes d’organisation on s’en fiche, car il arrive qu’il y ait des couacs, le plus important c’est la particularité des JCC dont la marque de fabrique est la cinéphilie et le public formidable».Voilà un beau témoignage qui reflète comment est perçue cette manifestation du dehors. Ce qui ne veut nullement dire qu’on peut se permettre de négliger l’organisation, mais cela veut dire aussi qu’il ne faut pas braquer les projecteurs uniquement sur la forme. Car tout festival suppose non seulement la qualité de la forme,  mais aussi celle du contenu et cette interaction incontournable et nécessaire avec le public qui doit venir nombreux à la rencontre et à la découverte des films. Or, cette synergie et complicité ne peuvent exister sans cette cinéphilie tant convoitée par tous les festivals du monde.
S.D.


A propos des tagueurs de Gabès

Zwewla ou les cavaliers de la nuit

 Le «Z» de «Zwewla» veut dire Zorro, mot qui signifie «renard» en espagnol. Ce personnage de fiction, créé en 1919 par Johnston McCulley, est un justicier masqué, de noir vêtu, qui combat l’injustice en Californie espagnole au XIXe siècle. Il a inspiré des romans, des bandes dessinées, des films, des séries télévisées, des dessins animés, des jeux et d’autres héros masqués tels que Batman chez les créateurs de DC Comics aux USA. (1)
Le voilà qui inspire  de jeunes artistes «graffeurs» tunisiens. Tout comme leur héro préféré, ces derniers se donnent pour mission de dénoncer les injustices et de défendre les victimes de la pauvreté. Sous le masque de la nuit, ils écrivent ce qu’ils pensent sur les murs. «Handhala», le fameux personnage du dessinateur palestinien assassiné, se trouve partout sur leurs tags. Il tournera le dos  tant que justice ne sera  pas rendue au «zwewla», les misérables de ce pays. Mais qui rendra, à son tour, justice à Chahine Berrich et Oussama Bouajila, membres du groupe, accusés de trois délits passibles de prison, parce qu’ils ont «osé» s’exprimer?

JCC 2012-En attendant la clôture ce soir


Jouons au palmarès 

 C’est ce soir qu’auront lieu la clôture et la proclamation du palmarès de la 24e édition des JCC. En attendant que les jurys des compétitions internationales des courts et longs métrages de fiction et du documentaire livrent leur choix, continuons notre marathon cinéphile et jouons un peu au palmarès des longs métrages (LM) de fiction.
Les chevaux de Dieu du Marocain Nabil Ayouch figure en première place dans notre palmarès tant il force le respect et mérite amplement la récompense suprême, autrement dit le Tanit d’or. L’opus dénonce, avec une grande maîtrise et de manière bouleversante, l’embrigadement des esprits à des fins idéologiques et terroristes. Pour cela, il restitue la trame ayant abouti aux attentats de Casablanca, en 2003 et démonte, à travers une peinture psycho-sociale, les mécanismes qui conduisent à la manipulation et à l’embrigadement d’une jeunesse misérable et sans avenir. Pour cela, il a focalisé sur le parcours de deux frères, sans repères, issus du bidonville de Sidi Moumen, quartier très défavorisé, d’où sont originaires les jeunes ayant commis les attentats de Casablanca (voir notre critique dans La Presse du 21/11/2012). Cerise sur le gâteau, le film est interprété avec une grande justesse par des acteurs non professionnels.
 Les autres longs métrages qui méritent de figurer dans notre palmarès sont : Tout va bien ici de l’Angolaise Pocas Pascoal qui convainc par la sobriété de la forme et la force du propos se focalisant sur le combat quotidien de deux jeunes sœurs ayant fuit la guerre civile en Angola pour se réfugier à Lisbonne. Racisme, humiliation, peur, misère, désespoir et désarroi font partie du quotidien de ces jeunes filles perdues, livrées à elles-mêmes et aux dangers de la ville, le père ayant disparu et la mère assassinée. Cet opus met en scène la perpétuelle lutte pour la survie que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix. Mais que réserve le destin pour les uns et pour les autres. ? C’est là en fait la vraie question.
Vierge Margarida du Mozambicain Licinio Azevedo traite de la période révolutionnaire en Mozambique à travers des problèmes sociaux et politiques. La condition des femmes battantes et résistantes, à travers l’histoire et les âges, est filmée grâce à une mise en scène épurée à telle enseigne que le long métrage prend des allures d’élégie.
La pirogue du Sénégalais Moussa Touré nous transporte dans le monde des «Harraga» et de l’immigration clandestine dans une traversée de tous les dangers. Le film constate, dénonce, sans juger, mais sa caméra souligne la misérable et tragique condition humaine de milliers d’Africains qui n’ont plus rien à perdre et croit qu’ils ont tout à gagner, en se jetant dans les pirogues de la mort. Sobre, saisissant et poignant.
Nos prix d’interprétation vont à deux frères et deux sœurs en ex-aequo : Abdehakim et Abdelilah Rachid interprétant les frères, dans Les Chevaux de Dieu, Cheila Lima et Giomara Morais dans Tout va bien ici.

Tendances thématiques 

Outre Les chevaux de Dieu l’embrigadement idéologique et le drame du terrorisme représentent la tendance thématique de cette édition, puisque plusieurs films traitent du terrorisme vecteur de  mort et de destruction, tel Parfum d’Alger de Rachid Benhadj, qui, en traitant de la violence sanglante ayant entaché l’Algérie, lors de la décennie noire a hélas pêché par  des redondances, des longueurs et des dialogues façon discours direct, outre un casting peu crédible. Car, à l’évidence, l’actrice italienne Monica Guerritore, dans le rôle de Karima, ne correspond nullement  au personnage d’une quadragénaire, supposée être du même âge que son amie de jeunesse, Samia, devenue sa belle-sœur qui, elle, est encore fraîche et féconde (Rim Takoucht). Le décalage est tellement criard qu’il en devient ridicule. Le personnage du père fort diabolisé aussi. Car ça sent le manichéisme simpliste.
Autres films traitant de l’embrigadement idéologique: Le repenti de Merzak Allouache qui, hélas, pèche par excès de dramatisation, d’emphase et de manque de distance. Ce qui est fort dérangeant et inattendu  de la part du cinéaste algérien plus que confirmé. Mort à vendre du Marocain Faouzi Ben Saïdi, un film noir classique et linéaire qui raconte le quotidien morose de trois petits voyous, des délinquants dont l’un d’entre eux est repéré par des islamistes radicaux.
Les dangers de l’embrigadement idéologique, les voyages clandestins, les conditions de vie humaine,  la recherche de repères et de valeurs et d’une vie meilleure sont les dominantes thématiques de cette session. Toutefois, et c’est fort dommage, au plan de la forme la dominante demeure en majorité conventionnelle. C’était là nos préférences pour les L.M. de fiction de la 24e session des JCC, le jury, lui, aura d’autres choix, mais l’important, c’est que son palmarès réponde à des repères cinématographiques.
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 24-11-2012

ATTOUNSSIA-Affaire de l'interview de Slim Chiboub


Le tribunal de première instance de Tunis prononce un non lieu

Diffusion de l’émission ce soir

Dans un jugement rendu public, hier, le juge en référé près le Tribunal de première instance de Tunis a prononcé un non-lieu dans l’affaire de l’interview de Slim Chiboub intentée, jeudi, par le chargé du contentieux de l’Etat. Cette plainte visait l’interdiction de la diffusion sur la chaîne de télé «Attounssia» et sur toutes les autres chaînes tunisiennes, pour une durée indéterminée, l’interview du gendre de Ben Ali, réalisée par l’animateur et producteur Moëz Ben Gharbia, et enregistrée aux Emirats Arabes Unis, à Abou Dhabi.
En vertu de ce jugement, la diffusion de l’interview est autorisée : «Attounssia a désormais le droit de diffuser l’interview sans aucun obstacle», a déclaré Moëz Ben Gharbia à ce propos.
Contacté, un responsable d’Attounssia a déclaré à La Presse que l’interview de Slim Chiboub sera diffusée sur «Attounssia» ce soir en deuxième partie de soirée.
Et d’ajouter : «Maître Béchir Essid a fait un plaidoyer d’une heure. C’est la liberté de la presse qui a triomphé». Rappelons que la diffusion de cet entretien était prévue, jeudi soir, dans l’émission «Attassiaâ Massa» (9 heures du soir) avant d’être interdite par le Tribunal de première instance de l’Ariana, à la demande du chargé du contentieux de l’Etat.
Ce que Néjiba Hamrouni, présidente du Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens), a qualifié de «grave précédent». Pour sa part, le chef du gouvernement Hamadi Jebali a justifié cette requête, jeudi soir, estimant, selon l’Agence officielle TAP, que cette interview «était un prélude à une normalisation planifiée des symboles de l’ancien régime». Et d’ajouter : «Nous ne tolérerons pas ce plan machiavélique».
Interrogé, hier, de son côté par La Presse, Samir Taïeb, constituant d’El Massar, a déclaré : «Heureusement que le juge est intervenu pour arrêter cette mascarade qui préfigurait un retour à la censure et un coup dur à la liberté d’information et de la presse. Car on ne peut  juger un contenu qui n’a pas encore été diffusé. On ne peut interdire une émission avant son passage. On peut porter plainte s’il y a des dépassements, infractions à la loi ou aux règles de la déontologie. La justice transitionnelle a pris beaucoup de retard, on doit ouvrir les dossiers pour effectuer les jugements puis la réconciliation. D’autre part, si la Haute autorité indépendance de la communication audiovisuelle (Haica) avait été mise en place plus tôt, toute cette affaire n’aurait pas eu lieu et ce serait à elle d’en juger et non pas au gouvernement et à l’Etat qui sont juge et partie. «En tout cas, c’est une bonne chose que le juge ait débouté la partie plaignante et donné raison à Attounssia».
Enfin, de son côté, Moëz Ben Gharbia a déploré cette interdiction, soulignant que «l’interview de Chiboub va dans le sens de la justice transitionnelle», d’autant que l’interviewé a déclaré être prêt à retourner au pays et à se rendre à la justice tunisienne. Mieux, il a reconnu avoir profité du système de l’ancien régime.
Ventilée en deux parties, l’émission comprend d’abord l’interview avec le gendre du président déchu qui, rappelons-le, a fui le pays lors de la révolution et se trouve sous le coup de plusieurs procédures judiciaires et dont les biens en Tunisie ont été saisis.
La deuxième partie comprend, ensuite, un direct avec Slim Chiboub qui répondra aux questions des téléspectateurs.
Voilà une affaire «qui a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux et sur la scène politique entre partisans de la diffusion de l’interview au nom de la liberté d’expression et opposants à sa diffusion, invoquant les dangers de la banalisation des tribunes offertes aux symboles de la corruption». Le débat reste ouvert.
Samira DAMI

vendredi 16 novembre 2012

HAICA


Pour une régulation dans le consensus et la transparence
Une réunion de travail sur l’activation du décret 116 et sur la mise en application de la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel (Haica) s’est tenue, samedi dernier, à la Présidence de la République. La séance a réuni le président de la République, Moncef Marzouki, et des représentants des médias publics et privés, le Syndicat national des journalistes tunisiens, le Syndicat général de la culture et de l’information (Sgci), le Syndicat des entreprises indépendantes de presse ainsi que le président de l’Instance nationale indépendante de la réforme de l’audiovisuel (Inric auto-dissoute) et autres universitaires et journalistes.
Un dialogue a été, ainsi, établi dans le but de présenter les différentes positions de toutes les parties  concernées par le texte de loi du décret 116 et la consultation des principales parties sur la mise en application de la Haica. Après un échange entre les participants, une réunion a été décidée pour mardi prochain entre les différents représentants syndicaux afin de proposer les éventuels amendements des articles objet de divergence et qui semblent poser problème. Dans la foulée, une seconde réunion sera tenue jeudi 15 novembre entre les représentants syndicaux des médias et le président de la République : «Afin d’identifier une vision globale et amendée du décret-loi 116 qui soit approuvée à l’unanimité».
Kamel Laâbidi, président de l’Inric autodissoute, nous a briefés sur cette séance : «Un tour de table a eu lieu en vue d’une consultation sur la question de la mise en application de la Haica qui, et c’est une recommandation du président de la République, doit voir le jour dans les plus brefs délais, d’ici fin novembre. Le décret 116 a été également l’objet d’échanges, le Syndicat des entreprises indépendantes de presse ayant demandé des amendements de certains de ses articles. Des réunions de concertation auront lieu entre les syndicats des médias, l’Inric et certaines compétences afin de relire le texte de loi et faire la lumière sur les articles qui semblent poser problème et susciter l’inquiétude de certaines parties. L’important à nos yeux est de continuer ce dialogue tout en passant en revue des textes de loi similaires portant organisation des instances de régulation de l’audiovisuel dans les pays démocratiques. Car pour préparer ce texte de loi nous avons, à l’Inric, étudié une quarantaine d’expériences à travers le monde.  Ce qui est positif, par ailleurs, c’est la volonté affichée par le président de la République afin que la composition de cette instance, entre président et membres, réponde aux critères et aux conditions stipulées dans les articles 7 et 47 du décret-loi».
Nabil Jmour, secrétaire général de la Sgci, présent à cette réunion, a indiqué : «Les participants ont entendu les différentes positions et réactions des parties concernées sur l’activation et l’amendement du décret 116, les directeurs des entreprises de presse indépendantes ont évoqué certains articles dont l’article 29 qui autorise la Haica à ordonner la suspension temporaire ou le retrait définitif de la licence à un organisme de radio ou de télé, en cas de dépassements graves ou violation de la loi. De son côté, notre syndicat  a également relevé des articles qui devraient être, selon nous, amendés. Car nous estimons que l’Ugtt n’est pas assez représentée au sein de la Haica. Sans compter les pouvoirs considérables du président de cette autorité. Une réunion entre les représentants des syndicats des médias et l’Inric devrait avoir lieu, mardi prochain, afin de proposer un recensement des articles à amender. Une autre réunion est prévue avec le président de la République, jeudi prochain, afin de lui proposer les articles qui devraient être amendés».

Haica — Nouveau round de concertation

Des principes partagés

 • Une synthèse des amendements sera soumise lundi prochain au président de la République provisoire

Un nouveau round de concertations à propos du décret-loi 116 et portant sur la mise en place de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a eu lieu hier à Tunis.
Cette rencontre intervient suite à une séance de concertations présidée par Dr Moncef Marzouki, qui s’est déroulée samedi dernier au Palais de Carthage.
Celle-ci a regroupé les représentants de la Présidence de la République, de l’Inric et des syndicats d’entreprises de presse publiques et privées, du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), du Syndicat général de la culture et de l’information, ainsi que l’Association des directeurs de journaux.
Afin d’en savoir plus sur l’évolution et la teneur des négociations, nous avons approché trois parties prenantes. Eclairage.
Aymen Rezgui, représentant du Snjt, est optimiste: «La concertation s’est déroulée dans un esprit de consensus. Toutes les parties ont convenu de l’amendement des articles 29 et 30 en particulier.
Le premier concerne la suspension temporaire ou le retrait définitif de la licence par la Haica à un organisme de radio ou de télévision en cas de dépassements graves ou de violation de la loi. Or la nouvelle disposition sur laquelle nous nous sommes entendus stipule que l’interruption ou le retrait de la licence à un média audiovisuel doit se faire sur décision du Tribunal administratif».
Les participants à la réunion se sont, également, entendus pour apporter quelques restrictions au pouvoir du président de la Haica prévu par l’article 30.
Pour sa part, Hichem Snoussi, représentant de la Haica, affirme que toutes les remarques faites par les patrons des entreprises de presse et de médias audiovisuels ont été consignées par l’Instance nationale de la réforme de l’information et de la communication (Inric). «Certaines ne sont pas compatibles avec les critères internationaux, poursuit notre interlocuteur, mais nous avons demandé le report de la réunion prévue demain avec le président de la République afin que chaque partie puisse consulter ses experts pour une éventuelle décision définitive. Ce qui est sûr, c’est que nous tenons à l’indépendance de la Haica et à l’activation du décret-loi 116 afin de combler le vide juridique dont certains ont profité pour créer des chaînes de radio aux fréquences piratées et autres télés sans répondre à un cahier des charges aux règles claires et précises, échappant  ainsi à la loi. Vous voyez que les plus grands perdants dans l’absence d’organisation et de régulation sont les patrons de médias audiovisuels eux-mêmes. Ce qui nous rend optimiste, c’est que la volonté politique d’activation du décret-loi 116 existe et est incarnée par le président de la République lui-même».
De son côté, enfin, Kaïs Ben Mrad, représentant de l’Association des directeurs de journaux, relève qu’il y a eu d’abord un consensus sur le principe de soutien à la liberté de la presse. Il souligne, par ailleurs, que «l’autre principe partagé par tous concerne le non-retrait définitif de la licence d’un média audiovisuel, c’est pourquoi il a été proposé d’identifier des cas extrêmes pour la suspension, par exemple, l’incitation à la haine entre les personnes ou des groupes de personnes. Le retrait de la licence ne pouvant se faire qu’en cas de récidive».
En ce qui concerne l’article 30, les participants ont proposé que les pouvoirs de décision ne soient pas entre les seules mains du président de la Haica, mais qu’ils relèvent de la responsabilité de l’ensemble de la structure. Concernant l’article 23 qui a trait au financement de la Haica, il a été proposé qu’il soit assuré par le gouvernement. «Il y va de la crédibilité de cette structure qui ne devrait pas obéir à des financements privés», certifie K. Ben Mrad.
Toutes les parties ont décidé de consulter leurs experts et de tenir une deuxième réunion de concertation vendredi prochain. C’est le lundi 19 novembre qu’une synthèse des amendements apportés aux articles objet de divergences sera présentée au président de la République provisoire.
S.D.

 RETROVISION DU 4 NOVEMBRE

De la violence encore !

Les images vues dans l’une des vidéos diffusées sur les télés et les réseaux sociaux sont dramatiques, une nuit et un décor glauques, des bruits de tirs de balle, des flammes d’une incendie montent au ciel, consumant une voiture stationnée devant le poste de police, une voix lointaine hurle : «El Djihad, El Djihad,  les portes du paradis sont ouvertes… ». On se croirait en Afghanistan, la rue est déserte, seul un policier se trouve dans le champ, il s’avance vers les flammes…Le feu brûlant de la violence semble se répandre un peu partout dans le pays. C’était le mardi 30 octobre quand depuis l’après midi des salafistes ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar Hicher pour libérer l’un des leurs le dénommé Saddem arrêté à Jendouba pour avoir agressé le Commandant de la garde nationale Wissem Ben Sliman. Bilan : 2 salafistes tués et 2 blessés parmi les agents de l’ordre. Voilà que des jeunes meurent et que des agents de l’ordre sont gravement blessés en raison du laxisme qui a prévalu face à la violence de ces groupes extrémistes que ce soit à Kairouan, Sejnane, Bizerte, El Abdellia-la Marsa ou devant l’ambassade des Etats Unis et nous en passons.
Aujourd’hui que le jeu se corse et devient encore plus violent, plus dangereux, puisque un officier de la garde nationale évoque le stockage d’armes par les salafistes à la mosquée Nour de Daouar Hicher, les forces de l’ordre semblent vouloir prendre le taureaux par les cornes et en finir avec tous ceux qui veulent s’attaquer ou se substituer à eux en érigeant une police parallèle. Ainsi, ont-ils observé une grève d’une heure, le jeudi dernier, demandant que le ministère de tutelle prenne toutes les dispositions légales afin que les forces de sécurité soient protégées lors de l’accomplissement de leur tâche. Mais il n’y a pas que la police salafiste, il y a ces Ligues de protection de la Révolution qui sévissent, s’érigent en justiciers, usent de violence outrancière allant jusqu’à causer la mort du citoyen, Lotfi Nagdh, pour des raisons partisanes. Or, ces Ligues n’ont aucune raison d’être, la légitimité étant détenue par les élus de l’Assemblée constituante. Pour éviter tous ces débordements et actes de violences dramatiques, pour la plupart restées impunis, les forces de sécurité devraient jouer leur rôle de police républicaine au service du peuple et non des partis de quelque couleur qu’ils soit. Mais il faut dire aussi que la police n’est pas toujours vu d’un bon œil par les citoyens car à leurs  yeux elle représente un instrument de répression, voire de torture pour certains. Ce n’est qu’en créant d’autres rapports avec les citoyens, en tenant compte des droits de l’Homme que cette image pourra changer de manière positive et réconcilier, enfin, la police avec la majorité du peuple.

dimanche 11 novembre 2012

Dossier sur l'Assassinat d'Abou Jihad à Tunis


Chronique d'un crime d'Etat annoncé

Par l’entremise d’une interview posthume de l’un des agents du Mossad, responsable de l’assassinat d’Abou Jihad en avril 1988 et publiée le 1er novembre dans le journal Yediot Aharonot, Israël reconnaît officiellement pour la première fois sa responsabilité dans l’élimination du leader de l’OLP. L’information fait dix fois le tour du monde ! L’Etat d’Israël adresse-t-il à travers cet article un message ou plutôt une menace à ses ennemis actuels ? En tout cas, les réactions en Tunisie, qui a vu, à travers ce crime politique, son territoire violé et ses hôtes agressés jusqu’à chez eux ne se sont pas trop fait attendre. Le 5 novembre, Maître Abderraouf Ayadi, président du mouvement Wafa, a annoncé la décision de son parti de poursuivre en justice, Israël et les… complices tunisiens de cet attentat. Quatre jours après, Abdelwahab El Hani, président du parti Al Majd, appelait dans une conférence de presse l’Etat tunisien à saisir de nouveau les Nations unies de cette affaire. «Plus jamais peur d’Israël», clame Maître Slah Ben Abid. Notre dossier.
La nuit du 15 au 16 avril 1988, le Mossad perpétrait sur le sol tunisien un assassinat politique contre Abou Jihad, le numéro deux de l’OLP et l’artisan de la première Intifada. Reconstitution in situ d’un assassinat, commandé par le Premier ministre israélien de l’époque 

Arrivés sur le point culminant de la verdoyante colline de Sidi Dhrif dans les parages de l’ancien palais présidentiel, la Mercedes noire conduite par un ex-diplomate palestinien, un des leaders de l’OLP en ces années 80, s’arrête net. La vue plongeante donne sur les quartiers immaculés  en bas du village de Sidi Bou Saïd. Notre guide pointe du doigt une villa de taille moyenne reconnaissable à sa ganariya (moucharabieh) bleue : « C’était la résidence d’Abou Jihad. Avec une clôture moins élevée et un urbanisme tout autour moins dense, à  l’époque elle était encore plus visible à partir de cet endroit. Personne n’aurait pu empêcher les agents du Mossad déguisés en couples  d’épier aisément les faits et gestes des membres de la famille du bras droit de Yasser Arafat».
Des promeneurs du sans souci nous dépassent. Depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011, la colline n’est plus quadrillée par les hommes de sa sécurité rapprochée. En 1988 également, le lieu était libre de tout contrôle policier, l’ex-président n’avait encore pas entamé les travaux de construction de son palais de Sidi Dhrif.

Dossier sur l'Assassinat d'Abou Jihad


Maître Slah Ben Abid :

« Plus jamais peur d’Israël ! »

« L’arrogance de la force continue à animer Israël. Ce dernier aveu public d’assassinat, décidé il y a 22 ans en Conseil des ministres, est un message clair destiné à ses ennemis d’aujourd’hui, le Hezbollah, les scientifiques iraniens travaillant sur le projet nucléaire, les leaders palestiniens... Cela ressemble à une action de banditisme, qui n’a rien à voir avec les procédés diplomatiques ou l’éthique qui doivent régner dans les relations internationales.
Il est vrai qu’on ne peut pas recourir à la Cour internationale de justice pour cette affaire, ni au Tribunal pénal international. Reste l’Assemblée nationale des Nations unies dont les procédures prennent un temps fou mais qui peuvent aboutir à la condamnation d’Israël. A mon avis, l’importance de l’acte d’intenter des poursuites judiciaires contre l’Etat hébreu réside beaucoup plus dans son impact psychologique. Celui de briser le mur de la peur d’Israël ! Bien après la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont bien été poursuivis jusqu’en Amérique Latine. Ne nous moquons pas de cette initiative, elle est porteuse d’imagination et marque les signes des temps nouveaux. Hier, les gouvernements empêchaient l’expression de toute contestation locale du pouvoir voyou d’Israël. Aujourd’hui, avec l’émergence d’une société civile plus libre, rêver de condamner Israël devient possible ! ».

Dossier Assassinat d'Abou Jihad à Tunis


Au-delà de la «fuite» médiatique

Le baiser de Judas

Un quotidien israélien et pas des moindres, Yediot Aharonot, vient de publier des révélations relatives à l’assassinat d’Abou Jihad survenu le 16 avril 1988 dans la banlieue nord de Tunis. Nous savons que dans tout message – et l’article en question en est un – il faut souvent prendre en considération le contexte d’émission. Or, il semble que beaucoup de médias et d’analystes se sont penchés sur le contenu de l’article (qui demeure tout de même important) et ont oublié de se poser une question préalable et somme toute évidente: «Pourquoi cet article maintenant ?».
En réalité, il semble que la publication de telles révélations n’est pas fortuite. En apparence, cela permet de faire vivifier le débat constitutionnel et politique en Tunisie concernant «la pénalisation de toute forme de normalisation avec l’entité sioniste». Mais en quoi cela  pourrait-il être profitable à Israël, si l’on part du principe que cet article a été publié avec la bénédiction du gouvernement israélien? Bref, que gagne Israël ?
Israël gagne deux choses. Sur le plan symbolique, toute action pénale entreprise contre lui par des plaignants tunisiens constitue une forme indirecte de reconnaissance. Car sur le plan procédural, les plaignants ne devront pas porter plainte contre «l’entité sioniste» (terme politique vague et juridiquement imprécis) mais bien contre l’État d’Israël. C’est donc reconnaître implicitement l’existence juridique d’un tel Etat. Est-ce une forme indirecte de normalisation que de poursuivre en justice une entité qu’on considère jusque-là comme étant juridiquement inexistante ? Sommes-nous face à un paradoxe qui ferait sourire les disciples d’un Bertrand Russel ? Mais si nous laissons de côté cette jactance logico-juridique qui intéresse plus les académiciens que les hommes politiques, il s’avère qu’un tel procès (il semble que cela soit le véritable enjeu de l’article paru à Yediot Aharonot) aura des conséquences non négligeables sur l’échiquier politique tunisien. En effet, il semble que l’assassinat d’Abu Jihad ait été «facilité» à l’époque par certaines figures influentes au sein du ministère de l’Intérieur. C’est en tout cas ce que laisse apparaître la plainte déposée par le mouvement Wafa (d’obédience nationaliste) qui accuse non seulement l’Etat d’Israël, mais tous ceux qui l’auraient aidé à commettre le crime ; entendons par là certaines figures sécuritaires de l’ancien régime.
Où se trouve l’intrigue ? Israël veut-il «neutraliser juridiquement» certaines figures influentes qui constituent l’infrastructure cachée et puissante d’un mouvement politique qui dérangerait ses intérêts géopolitiques ? Dans un article précédent intitulé «Comment manipule-t-on les Tunisiens (et le monde arabe) en vue de frapper l’Iran» (voir La Presse du 27 août 2012), nous avons montré qu’un printemps arabe islamiste sunnite serait profitable à Israël. Cela veut dire que l’État d’Israël n’a aucun intérêt à voir réussir une véritable transition démocratique dans les pays arabes. Or, une telle transition (puisqu’il s’agit de transition et non de révolution) ne peut se faire sans une certaine polarisation politique entre d’un côté «les jusqu’au-boutistes» et de l’autre certains partis «réformistes» qui ont fait – ou qui sont en train de faire – un deal avec certaines figures influentes de l’ancien régime, comme ce fut le cas dans les expériences de transition démocratique en Europe de l’Est, en Amérique latine ou en Afrique du Sud.
Il s’ensuit que le procès intenté contre l’Etat d’Israël  fragilisa par ricochet certains partis «réformistes» tunisiens et leur réseau d’hommes encore influents, cette vieille garde qui détient la clef de la boîte noire sécuritaire et qui sera amenée à sortir de l’ombre pour comparaître en tant que témoin ou, ce qui est fort probable, en tant qu’accusée.
Un baiser de Judas...
Auteur : Amin BEN KHALED

Dossier Assassinat d'Abou Jihad à Tunis


Actualités : Nation

Entretien avec : Rafik Chelly, ancien directeur de la Sûreté extérieure

« Il n’y avait pas de sécurité spéciale pour Abou Jihad »

Propos recueillis par Chokri BEN NESSIR
Rafik Chelly était le directeur de la Sûreté extérieure quand Abou Jihad fut assassiné.
Il n’a guère été impliqué dans l’enquête qui a suivi l’attentat qui coûta la vie à cet ancien dirigeant palestinien. Mais voilà qu’un élément portant sur l’identité d’une partie des auteurs de l’opération commando accule les enquêteurs de la Sûreté intérieure à solliciter son expertise.
Dans cet entretien, nous sommes au cœur d’un film d’action où se mêlent espionnage, infiltration et assassinat. Entretien.

Vous étiez directeur de la Sûreté extérieure quand Abou Jihad fut assassiné. Comment avez-vous été saisi de ce dossier ?
C’est vrai je n’étais pas en charge de l’enquête. Cependant, même si Ben Ali ne me portait pas trop dans son cœur, le fait que les enquêteurs aient trouvé des contrats de location des véhicules qui ont servi pour le transport du commando par voie terrestre jusqu’au domicile d’Abou Jihad, aux noms de personnes libanaises, avait obligé les enquêteurs à solliciter l’intervention de mon département pour une investigation au  Liban.
Qu’avez-vous conclu à l’issue de votre enquête ?
Dans le cadre de la coopération avec le vis-à-vis libanais avec lequel on entretenait une bonne coopération, nous avons transmis les identités inscrites sur les contrats de location des véhicules loués (Ndlr : deux mini bus et deux voitures tout terrain), afin de pouvoir les identifier. Quelque temps après, nous avons reçu l’ex-directeur de la Sûreté libanaise M. Nouaiema en compagnie de l’un de ses collaborateurs. Je suis allé en personne les accueillir  au salon d’honneur à l’aéroport. Ensuite nous nous sommes dirigés au ministère de l’Intérieur où nous avons tenu une réunion consacrée aux résultats de l’enquête libanaise. Ils nous ont informé que les documents de voyage utilisés sont de vrais passeports libanais dont les titulaires sont des habitants de la ville de Sour située au Sud-Liban. Ils nous ont également expliqué que les soldats israéliens procédaient, en territoire libanais, à des arrestations et à des perquisitions des habitations et que pendant ces perquisitions, ils confisquaient d’office les passeports des Libanais afin de les utiliser dans des opérations criminelles à l’étranger. D’ailleurs, le directeur libanais nous a affirmé que des déclarations de saisie ont été faites à la police libanaise par leurs titulaires. Ce qui confirmait déjà à l’époque que ce sont des Israéliens qui avaient commis ce crime odieux.

Dossier : Assassinat d'Abou Jihad à Tunis


Chronique d'un crime d'Etat annoncé
Par l’entremise d’une interview posthume de l’un des agents du Mossad, responsable de l’assassinat d’Abou Jihad en avril 1988 et publiée le 1er novembre dans le journal Yediot Aharonot, Israël reconnaît officiellement pour la première fois sa responsabilité dans l’élimination du leader de l’OLP. L’information fait dix fois le tour du monde ! L’Etat d’Israël adresse-t-il à travers cet article un message ou plutôt une menace à ses ennemis actuels ? En tout cas, les réactions en Tunisie, qui a vu, à travers ce crime politique, son territoire violé et ses hôtes agressés jusqu’à chez eux ne se sont pas trop fait attendre. Le 5 novembre, Maître Abderraouf Ayadi, président du mouvement Wafa, a annoncé la décision de son parti de poursuivre en justice, Israël et les… complices tunisiens de cet attentat. Quatre jours après, Abdelwahab El Hani, président du parti Al Majd, appelait dans une conférence de presse l’Etat tunisien à saisir de nouveau les Nations unies de cette affaire. «Plus jamais peur d’Israël», clame Maître Slah Ben Abid. Notre dossier.
La nuit du 15 au 16 avril 1988, le Mossad perpétrait sur le sol tunisien un assassinat politique contre Abou Jihad, le numéro deux de l’OLP et l’artisan de la première Intifada. Reconstitution in situ d’un assassinat, commandé par le Premier ministre israélien de l’époque 

Arrivés sur le point culminant de la verdoyante colline de Sidi Dhrif dans les parages de l’ancien palais présidentiel, la Mercedes noire conduite par un ex-diplomate palestinien, un des leaders de l’OLP en ces années 80, s’arrête net. La vue plongeante donne sur les quartiers immaculés  en bas du village de Sidi Bou Saïd. Notre guide pointe du doigt une villa de taille moyenne reconnaissable à sa ganariya (moucharabieh) bleue : « C’était la résidence d’Abou Jihad. Avec une clôture moins élevée et un urbanisme tout autour moins dense, à  l’époque elle était encore plus visible à partir de cet endroit. Personne n’aurait pu empêcher les agents du Mossad déguisés en couples  d’épier aisément les faits et gestes des membres de la famille du bras droit de Yasser Arafat».
Des promeneurs du sans souci nous dépassent. Depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011, la colline n’est plus quadrillée par les hommes de sa sécurité rapprochée. En 1988 également, le lieu était libre de tout contrôle policier, l’ex-président n’avait encore pas entamé les travaux de construction de son palais de Sidi Dhrif.

«Un scénario à la James Bond 007 !» 

Le regard rivé sur la maison de son ami disparu cette nuit du 15 au 16 avril 1988, le diplomate récuse la thèse avancée par le journal Yediot Aharonot, le 1er novembre dernier. Selon le quotidien israélien, l’opération de l’assassinat d’Abou Jihad, alias Khalil El Wazir, âgé de 52 ans, dirigée par Moshé Yaalon, actuel ministre des Affaires stratégiques, sous le commandement de son adjoint Nahoum Lev, a débuté avec le débarquement secret des escadrons de la mort du Mossad sur la plage de Raoued. La manœuvre aurait été supervisée par le chef d’état-major adjoint de l’époque, Ehud Barak, à bord d’un Boeing 707, qui survolait la Méditerranée.
« C’est une version de l’histoire inspirée des films de James Bond 007 ! Je n’y crois pas une seconde. Il s’agit d’une tactique de diversion dont le Mossad est passé maître. Dans un pays qui reçoit annuellement quatre millions de touristes, les 26 membres du commando des unités spéciales des services secrets israéliens, chargées des éliminations physiques munis de faux passeports pouvaient facilement accéder au territoire tunisien d’une manière légale et en tout cas beaucoup plus banale. L’hypothèse qu’ils soient entrés avec de faux passeports diplomatiques reste également valable : on peut tout glisser dans les valises des cadres de chancelleries, y compris les armes hypersophistiquées», affirme notre source.

jeudi 8 novembre 2012


Le projet de loi sur la création de l’ISIE

L’avis d’experts

 Fadhel Moussa, constituant d’«El Kotla El Democratiya» 

" Il est nécessaire que l’Isie soit totalement indépendante du gouvernement" 

Quelle est votre appréciation du projet de texte de loi portant création de l’Isie?
D’une manière générale, il est acceptable si on y introduit quelques modifications. Les points contestés portent sur la façon de la représentation des membres de la commission.
Certains estiment qu’il serait plus judicieux que les candidatures soient présentées par corporations (avocats, experts-comptables, universitaires, etc).
Les 27 candidats seront retenus par une commission représentant tous les groupes parlementaires (Koutal) et selon des critères bien précis aux 3/4 des voix. Les membres de l’Isie seront élus par l’Assemblée constituante, chaque député élisant 9 candidats parmi les 27 présentés à la majorité des 2/3.
Il est nécessaire que l’Isie soit totalement indépendante du gouvernement. Le point concernant les statuts des membres de l’Isie sera discuté, car le président de l’Instance et ses membres auront une masse importante de travail à fournir et leurs salaires ne peuvent être indexés sur celui d’un fonctionnaire de l’Etat, surtout s’ils viennent d’une profession libérale.
Au niveau de l’organisation administrative, le président doit être choisi parmi ses pairs et ne peut être nommé d’office. Certains préfèreraient procéder par consensus, or ce que l’on souhaite c’est d’être loin de tout esprit partisan.
D’autre part, il est nécessaire de créer des commissions régionales et ne pas laisser le choix des candidats à la bonne volonté de la commission principale. Cela dans un but de décentralisation pour l’élection des instances régionales indépendantes des élections (Irie).
Quant au directeur exécutif, il sera élu à la majorité des 2/3.

Samir Taïeb, constituant d’«Al Massar» 

«Le projet de texte de l’ISIE souffre d’un manque de mécanismes de transparence»

Que pensez-vous des clauses portant sur le choix du président de l’Isie ? 
Je ne vois pas comment la formule adoptée par la commission, soit l’élection de 9 candidats sur les 27 présentés, garantirait l’option du choix par la Troïka de Kamel Jendoubi  en tant que président de l’Isie. Paradoxalement, le choix de la commission législative où Ennahdha est majoritaire est un coup de frein à l’intronisation de Kamel Jendoubi comme président de l’Isie. J’aurais préféré qu’il y ait deux votes : un pour l’élection du président de l’Isie et un autre pour l’élection des membres de l’Isie.
Que pensez-vous maintenant de la clause sur le choix des membres de l’Isie ? 
L’exclusion de l’huissier-notaire dans le projet de texte actuel qui prévoit seulement la présence d’un juge judiciaire et d’un juge administratif n’est pas judicieuse.
Il aurait fallu, d’autre part, la présence d’un juge financier de la Cour des comptes afin d’examiner et de contrôler le budget de l’Isie et des campagnes électorales. Concernant les spécialités des membres de l’Isie, le projet de texte n’est pas précis. Il aurait fallu indiquer en ce qui concerne les universitaires par exemple qu’ils doivent être des spécialistes en droit public.
Que veut dire, par ailleurs, un représentant de l’étranger et de la société civile ? Ce ne sont pas là des spécialités. Il aurait fallu les préciser. Je considère, enfin, que le choix de neuf membres composant l’Isie est insuffisant, étant donné l’importance de la tâche qui leur incombe.
A mon avis, on aurait dû choisir onze membres. Ce qui aurait permis d’ajouter un magistrat de la Cour des comptes et un représentant des huissiers-notaires qui figurait dans l’ancienne Isie et qui a été écarté dans le projet de texte actuel.
Ce que je crains, maintenant, c’est le blocage au niveau du choix des 27 candidats à la majorité des 3/4 par la commission législative. C’est pourquoi j’aurais préféré que la commission législative n’ait pas été constituée à la proportionnelle mais par un membre pour chaque groupe parlementaire. Cela nous aurait épargné tout blocage.
Selon vous, l’Isie doit-elle être totalement indépendante ou rattachée au gouvernement ?
Bien sûr, il faut que l’Isie soit totalement indépendante. Le chef de l’Isie doit s’adresser directement au chef du gouvernement. L’Isie doit  disposer d’un pouvoir réglementaire spécial en matière électorale. Et il faudrait insister sur tout ce dont l’Isie a besoin pour l’exercice de ses prérogatives.
Selon-vous, qui doit désigner le directeur exécutif de l’Isie ?  
Le directeur exécutif doit être désigné par les membres élus de l’Isie et doit être sous l’autorité du président et de ses membres. Ils sont ses supérieurs hiérarchiques. Il ne faudrait pas que la direction exécutive se transforme en une administration mastodonte dont le pouvoir serait plus important que celui du président.
Avez-vous d’autres points à soulever concernant le texte de projet de l’Isie ?
Le projet souffre d’un manque de mécanismes de transparence en ce sens que la proclamation des résultats du vote doit être faite systématiquement, bureau de vote par bureau de vote, et les résultats affichés instantanément sur les sites de l’Isie. Cela afin de permettre aux partis de contrôler les résultats des élections et de présenter leur requête au Tribunal administratif en cas de litige. Or, ce mécanisme manque et il faudrait le prévoir pour des élections réellement libres et transparentes. 
Propos recueillis par Samira DAMI 

Présidence de la HAICA


 La présidence de la République choisit Lotfi Hajji

Nous avons appris, selon des sources concordantes, que la présidence de la République a touché Lotfi Hajji, journaliste et actuel président du bureau d’El Jazira à Tunis, pour lui proposer de présider la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle). Contacté, celui-ci a confirmé l’information : «Oui la présidence de la République m’a contacté pour me proposer la présidence de la Haica, mais j’ai demandé un moment de réflexion et ma décision n’est pas encore prise».
Lotfi Hajji est l’un des candidats de la Troïka pour la présidence de la Haica. Or, cette candidature a été critiquée par plusieurs parties concernées qui considèrent que Lotfi Hajji est à la fois sympathisant d’Ennahdha et journaliste dans un média satellitaire plutôt favorable à Ennahdha.
D’autres candidats, rappelle-t-on, tels que Mohamed Krichen et Kalthoum Saâfi, tous deux journalistes, et Mustapha Beltaïef, juriste de son état, ont été pressentis à ce poste. Kamel Laâbidi, président de l’Inric autodissoute, «n’est pas candidat à la présidence de la Haica, pas plus qu’à aucune autre instance», pour reprendre ses termes.
Mais la désignation finale des candidats, selon l’article 47 du décret 116 relatif à la Haica, est du ressort du président de la République. Ils sont nommés à titre provisoire en attendant la mise en place des institutions législatives et exécutives conformément à la nouvelle Constitution encore en chantier.Ainsi, «le président et les membres de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle sont désignés par le président de la République par intérim, parmi les personnalités indépendantes connues pour leur expérience et leur compétence dans le domaine, en coordination avec l’Instance nationale pour la réforme du secteur de l’information et de la communication (Inric)».
Interrogé pour savoir s’il y a eu consultation de l’Inric,  Kamel Laâbidi, répond : «Nous n’avons pas été contactés pour cette nomination conformément à ce que stipule l’article 47 du décret-loi 116. Ce qui peut être considéré comme une violation de cet article. Certes, nous avons rencontré le président Moncef Marzouki et nous lui avons soumis des dossiers et des propositions de noms susceptibles de présider la Haica. Nous lui avons, également, fait part de notre souhait de voir la présidence de la République envoyer un message très fort aux autres institutions de l’Etat, aux médias et à la société civile en désignant le président de la Haica sur la base des critères énoncés dans le décret-loi 116 : la compétence, l’intégrité et l’indépendance et l’examen méticuleux des dossiers des candidats. Ce que l’on craint c’est que la décision de la désignation ait été prise avant le coup d’envoi des consultations lancées par le président de la République et que le reste n’est que du cinéma».

Haica : rôle et composition

Pour en savoir plus sur le rôle et la composition de la Haica, il faudrait signaler qu’elle est dirigée par un collège composé de neuf personnalités indépendantes reconnues pour leur expérience, leur compétence et leur intégrité dans le secteur de l’information et de la communication et elles sont nommées par décret par le président de la République pour une période de six ans. Mais pour ce mandat, elles sont nommées seulement pour la durée de la période transitoire.
Deux membres sont désignés sur proposition de l’Assemblée nationale constituante (ANC), les deux membres magistrats sont désignés sur proposition des organisations professionnelles les plus représentatives des magistrats, deux membres sont proposés par le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), un membre désigné sur proposition des organisations les plus représentatives des professions audiovisuelles non journalistiques, enfin, un membre désigné sur proposition des organisations les plus représentatives des propriétaires d’entreprises d’information et de communication audiovisuelle.
Les conditions pour la nomination des neuf membres sont claires, selon Kamel Laâbidi : «Les personnes ayant assumé des responsabilités gouvernementales ou électives, publiques, partisanes ou politiques ou ayant été salariées d’un parti politique pendant les deux années précédant leur nomination ne peuvent ni postuler à la candidature ni être nommées».
Une autre condition importante est soulignée par Kamel Laâbidi : «Les personnes détenant directement ou indirectement des participations ou des intérêts financiers dans des entreprises d’information et de communication ne peuvent être désignées. Sauf s’il est établi qu’elles ont renoncé à ces intérêts ou participations».
Concernant le rôle de la Haica, il affirme qu’il s’agit «de veiller à l’organisation et à la régulation de la communication audiovisuelle. Cela en tenant compte des principes de la démocratie, des droits de l’Homme, de la suprématie de la loi, de la liberté d’expression, du pluralisme, de la diversité et de la précision et l’équilibre de l’information».
Les prérogatives de la Haica qui a un pouvoir de contrôle et de décision sont nombreuses. Parmi les plus importantes : «Celles de veiller à imposer le respect des règles et des régimes régissant le secteur audiovisuel, examiner les demandes d’octroi des licences de création et l’exploitation des entreprises de communication audiovisuelle à but lucratif et à but non lucratif», conclut le président de l’Inric.
Pour ce qui est de la presse écrite, la responsabilité de la régulation incombe aux représentants des journalistes et des patrons des entreprises de presse. Il s’agit d’autorégulation par un conseil de la presse, par exemple. «Mais, le malheur, regrette Kamel Laâbidi, c’est qu’il y a une volonté de constitutionnaliser une instance de régulation pour tout le secteur de l’information, autrement dit, c’est revenir à un ministère de l’Information ou à l’Atce comme sous l’ère Ben Ali car dans les pays démocratiques, seules les instances de régulation des médias audiovisuels sont constitutionnalisées. Ce que nous avons expliqué aux membres de l’ANC, en vain. Nous sommes choqués que les élus de l’ANC et des décideurs du gouvernement ne soient pas conscients d’une telle confusion.  Tout porte à croire que les constituants n’ont pas jeté un coup d’œil sur le rapport général de l’Inric qui propose un diagnostic des maux de la profession hérités de l’ère Ben Ali».
Samira DAMI

samedi 3 novembre 2012


Actualités : Nation

On nous écrit

La Fth et la Ftav répondent au ministre du Tourisme

 Suite à l’interview accordée par le ministre du Tourisme au journal La Presse en date du 31/10/2012, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (Fth), à travers la personne de son président Mohamed Belajouza, déclare qu’elle assimile  les propos de ce responsable gouvernemental à une atteinte à l’intégrité du patronat hôtelier et à une ingérence de l’Administration dans les affaires internes de la Fédération.
La Fth ne fera cependant aucun commentaire concernant le contenu même des propos du ministre et laisse aux professionnels du tourisme et à l’opinion publique nationale le soin de juger par eux-mêmes du nivellement par le bas engagé par le ministre du Tourisme dans les relations Administration/profession.

La Ftav condamne

Le bureau directeur de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) a lu avec stupeur la nature des propos du ministre du Tourisme figurant dans l’interview qu’il a accordée au journal La Presse en date du 31 octobre 2012.
En conséquence, la Ftav dénonce et condamne le contenu totalement déplacé de la réponse du ministre à la dernière question de la journaliste et  tient à témoigner à ses homologues et partenaires de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) son soutien indéfectible.
La Ftav souligne que, malgré les divergences professionnelles pouvant exister actuellement entre les professionnels du secteur et le ministère du Tourisme, à aucun moment il n’y avait eu atteinte à la dignité des individus ; les déclarations du ministre constituent, par conséquent, un franchissement de la ligne rouge du respect et de l’éthique.
En tout état de cause, la Ftav invite Monsieur le ministre à rassembler tous les intervenants privés et publics du secteur autour d’une même table pour aplanir ses dissensions et se pencher sérieusement sur les priorités de notre tourisme en cette période où la Tunisie traverse des moments délicats et où elle a besoin de l’unité de ses enfants.

vendredi 2 novembre 2012

Entretien avec Elyès Fakhfakh, ministre du Tourisme


"L'image de la Tunisie à l'étranger ne correspond pas à la réalité"

La saison touristique a enregistré, lors des neuf premiers mois de l’année 2012, des signes tangibles de reprise, malgré une situation sécuritaire instable. Cette tendance à l’embellie semble, cependant, connaître un coup d’arrêt.
Les raisons en sont multiples : au plan local, les salafistes et autres mouvements radicaux commettent des forfaits de plus en plus violents, contrastant avec l’attitude permissive, voire laxiste, des pouvoirs publics.
Au plan international : les évènements sont relayés par certains médias et parfois montés en épingle, prenant «la forme d’un véritable acharnement médiatique». Afin de mieux saisir cette corrélation entre la nébuleuse salafiste et la tendance baissière du secteur touristique, La Presse a interrogé M. Elyès Fakhfakh, ministre du Tourisme. Entretien et éclairages.

Entretien avec Mohamed Mediouini, directeur des JCC

"Retour aux principes fondateurs, malgré toutes les tentations"

 Seulement une quinzaine de jours nous séparent des 24es Journées cinématographiques de Carthage qui se tiendront du 16 au 24 novembre. Le directeur de cette manifestation, Mohamed Mediouni, universitaire, homme  de théâtre et cinéphile, soutient que cette édition sera marquée par «le retour aux principes fondateurs des JCC  et à l’esprit pionnier de leur fondation en 1966 tout en réinventant une approche qui tient compte des réalités du siècle nouveau». Pour en savoir plus sur ce concept et ce  parti pris et d’autres détails concernant le menu de cette session, nous l’avons rencontré. Entretien.