vendredi 27 mai 2011

RETROVISION DU 03/04/2011

Cactus production, la fuite en avant

Après avoir longtemps  boudé  les médias, Sami Fehri , le patron de Cactus-production, qui faisait la pluie et le beau temps sur la défunte Tunisie 7, court derrière les médias, entre radios et presse écrite. Ces médias  lui donnent  l’occasion de se défendre, afin de se refaire une virginité. Il jure ses grands Dieux qu’il est innocent de toutes les accusations dont il est la cible. En attestent  l’argutie du producteur : l’association avec Belhassen Trabelsi , il l’a subie  et non voulue, ce dernier non seulement l’a obligé, mais n’a mis aucun sou et s’est contenté d’être son associé à hauteur de 51% a-t-il clamé sur tous les toits. Mais qui a alors payé les droits faramineux de Akhir Qarar exigés par Endemol ?

N’est-ce pas la société Karthago, du même Belhassen montée grâce à l’argent volé au contribuable.  Et la litanie de jérémiades et de justifications du patron de Cactus-production continue de plus belle :  le matériel du car-régie de la chaîne publique, il l’a loué, le personnel de la même télé, il l’a royalement payé,  les recettes de la pub et des SMS ont été empochées  en accord avec tous les directeurs qui ont défilé à la tête de la chaîne, la diffusion de toutes ses émissions en prime-time, c’est toujours avec la bénédiction de la direction de la chaîne.  Quant au fisc, la TVA et la Cnss il est en règle jusqu’au dernier millime. Bref  le patron de Cactus nous  peint une situation des plus  légales. On croit rêver au point de se demander qui en veut tant à S. Fehri, pauvre victime, pour l’accuser de tous ces maux dont il est, selon lui, si innocent ? Qui lui en veut tant  au point de geler tous ses avoirs ? Mystère !

Pourtant, si nos souvenirs sont bons, les émissions de Cactus-production ont accaparé la grille de la chaîne, à telle enseigne qu’on avait l’impression qu’on avait affaire à une télé dans la télé.   Après les émissions de jeu et de divertissement entamées, il y a huit ans avec Akhir Qarar, Dlilek Mlak, Seul contre 100, Ahna Hakka, l’animateur  et producteur s’autoproclame réalisateur en passant à la fiction, commettant, ainsi, deux feuilletons à partir de 2008, Maktoub 1 et 2 et enfin un troisième, Casting en 2010, qu’il a non seulement réalisé mais aussi écrit (sic). La téléréalité ?  Ca le connait aussi puisqu’il a produit El Haq Maâk, Andi Ma Nkollek et même un divertissement pour les enfants, Sofiane-Show, sans compter l’émission de sport  Stade 7 programmée le lundi, dans la foulée de Dimanche-Sport en dépit des redondances.  Certes l’émission conduite  par un animateur de la trempe de Moez Ben Gharbia a de quoi séduire, mais, parlons franc : cette indigestion de programmes  sportifs  ne faisait-elle pas  partie intégrante de la politique lénifiante de Ben Ali qui consistait à anesthésier les masses par le foot ? La réponse tombe sous le sens.

Ainsi, Cactus-Production a raflé toue la mise à telle enseigne qu’en 2009-2010 elle se taillait la part du lion des prime-time durant quatre à cinq soirées consécutives, engrangeant toute la pub sur son passage. Pis, pendant Ramadan 1432 (2005) les téléspectateurs ont été sidérés et estomaqués de voir Akhir Qarar diffusée juste après l’appel à la prière et la rupture du jeûne,  alors qu’ils étaient habitués à suivre des émissions religieuses. De la pure provocation !  Mais qui se souciait, alors, des sentiments,  attentes et traditions du bon peuple ? Visiblement pas Sami Fehri fort du seul pouvoir de son associé si méprisant envers nos valeurs religieuses, morales et traditionnelles et  préoccupé par un seul but : amasser de l’argent à la pelle, encore et encore. Idem pour le feuilleton Maktoub qui s’est également offert le prime time toujours pour une question de  pub, (26 interminables minutes) de sous et de cupidité, au grand dam du public friand de la sitcom Choufli Hall.

Le gérant de Cactus répète à l’envi et à tous ceux qui veulent l’entendre que « ses programmes se distinguaient par la qualité». Mais de quelle qualité parle-t-il ? Certes il est facile quand on dispose d’autant de moyens de soigner quelque peu la forme, mais voyons le contenu et les objectifs de ces émissions ? Détourner les téléspectateurs des vrais problèmes politiques et économiques, les empêcher d’en parler et d’en débattre n’étaient-ce pas là, les buts latents et cachés de ces programmes ? Tout porte à le croire. Et les valeurs véhiculées par la plupart de ces émissions, parlons-en. Ne s’agit-il pas, au fait, de vendre des illusions et de faux rêves au public ? Cela en érigeant l’argent, la cupidité, le profit et l’enrichissement sans effort, ni  peine, ni labeur en norme et  en modèle. Les programmes de Cactus consacrent, justement, le renversement des valeurs : le gain facile au détriment de la connaissance, du savoir et de la compétence.  Avec Sofiane-show on a volé à des enfants candidats leur enfance en les  travestissant en adultes grossièrement maquillés pour une parodie de chant et de danse.

Les émissions de téléréalité  ont, elles, consacré le nivellement par le bas et la télé poubelle en norme, le  voyeurisme et le déballage de linge sale, en imposant aux téléspectateurs des scènes et des propos des plus vulgaires contre toutes les valeurs morales, et ce, notamment dans Andi Ma Nkollek, tandis que El Haq Maâk, expose, au cas par cas, des affaires et des injustices subies par certains citoyens, sans jamais bien sûr rendre compte de celles perpétrées par le clan des familles au pouvoir et leurs proches. Et qui étaient ô combien nombreuses. Or, s’il y avait une vraie justice indépendante du temps Ben Ali, pareille émission aurait-elle eu sa place dans une télé publique ? Assurément non.

Jamais rassasiés, les associés de Cactus-productions  voulaient encore plus. Ils n’ont pas hésité, pour accaparer davantage la cagnotte, à jeter leur dévolu sur le domaine de la fiction, pour cela, Sami Fehri s’est autoproclamé réalisateur, puis scénariste (Casting), alors qu’il était totalement étranger à ces métiers.  Car, il semble qu’aux autres producteurs, animateurs et réalisateurs de la chaîne publique il ne fallait laisser que des miettes. Ainsi, les meilleures plages d’audience étaient monopolisées, sur la défunte Tunisie 7, par Cactus qui comptait même rafler la tranche du prime-time du samedi soir en produisant une émission de variétés dont le premier numéro, fin prêt, n’a jamais été, on ne sait trop pourquoi, diffusé.

 Concernant la prétendue qualité des feuilletons made in Cactus-productions nous l’avons cherché à la loupe, nous n’avons trouvé nulle trace, tant il s’agit d’un galimatias à la sauce mexicaine, informe où tous les tabous sociaux, sauf ceux politiques bien sûr, sont convoqués pour  en mettre plein la vue au public qui, en plein mois de Ramadan, ne savait plus à quel saint se vouer face à toutes ces affaires de sexe, drogue, trafic, gangs, corruption et autres dérives racontées de manière si peu cohérente et de surcroît mal ficelées, truffées de clichés, laborieusement filmées et jouées dans des décors au luxe artificiel et tapageur dans l’air du clan Ben Ali-Trabelsi. Quelles valeurs prônent ces fictions qui montrent sous un jour positif et sympathique un homme à femmes, un bandit, un parrain, sans aucune velléité critique de ces personnages ? Sinon encore une fois, et la boucle et bouclée, des valeurs qui ne sont pas les nôtres, la banalisation, sous prétexte de critique sociale, du délitement des mœurs, de la violence, du gain facile et illicite et nous en passons et cela est d’autant plus voulu que ces feuilletons ont été diffusés  en prime-time au moment où tout le monde se trouve devant la télé,  enfants compris.

En fait ce qui distingue la  majorité des productions de Cactus c’est l’emballage, le clinquant, mais la coquille est vide, sans teneur, seul compte la quantité pour assurer un maximum de profit, ce qui n’a pas manqué  de vider de sa substance et d’appauvrir matériellement et financièrement  la télé publique qui s’est installée dans la routine impuissante à réagir. Encore une fois, le 13 Janvier, jour du dernier discours du président déchu, le réalisateur et producteur accourut précipitamment pour redevenir l’animateur d’un soir d’une émission qu’il croyait salvatrice, mais qui se révéla, bien au contraire, un linceul. Puisque c’était là, la dernière cartouche de Ben Ali, le peuple ayant dit «son dernier mot » et ne voulant plus qu’une chose : qu’il dégage une fois pour toute de leur vie et de leur horizon. L’animateur non seulement n’avait rien compris, mais n’hésita pas à narguer et provoquer les mères des martyrs en  leur demandant de «pousser des you-yous de joie pour saluer le discours progressiste du président » (sic). On connaît la suite…mais à défaut de Carthage-TV dont il attendait l’autorisation, avec son associé, Sami Fehri se contentera de placer le lot de programmes, qui lui est resté sur les bras et qu’il a commis du temps de  Ben Ali, sur la chaîne Ettounissya (on se demandera, au passage, de quel droit un privé s’approprie-t-il le nom du pays pour nommer sa chaîne ?) qui émettra à partir de l’Arabie Saoudite, suivez mon regard…

Maintenant, l’on constate qu’il est facile de cracher dans la soupe,  après avoir profité et joui du système, en long et en large, de jouer à la victime. Car ce que Sami Fehri a omis de nous dire  et d’avouer c’est que sans le bras (hyper) long de son associé, jamais, au grand jamais, il n’aurait bénéficié d’autant de facilité de production, de diffusion et de pubs obtenus, en deux temps trois mouvements, par son associé.  L’avouer, faire son mea-culpa comme beaucoup l’ont fait, c’était le minimum à faire. Mais, non.  Le patron de Cactus production  a préféré poursuivre sur la voie de la politique de l’autruche et celle de la fuite en avant.

2 commentaires:

  1. J'ai l'honneur d'être le premier à devenir membre ou "fan" de ton blog et je voudrais en profiter pour t'en féliciter et te souhaiter bonne continuation dans cette nouvelle expérience. Je sais que ton œil critique est très percutant,je sais que tu ne mâches pas tes mots lorsqu'il s'agit de dire les choses telles qu'elles doivent être dites : c'était déjà une de tes caractéristiques lorsque tu étais à l'IPSI. Tu comprends maintenant pourquoi je me suis permis de te tutoyer.(je suis de la promotion 79 et j'exerce dans l'enseignement.)
    Abdallah makhlouf.

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  2. Merci pour votre intérêt, c'est un plaisir de se retrouver après tant d'années. Me"rci d'apprécier et de partager.
    Samira.

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