mercredi 24 septembre 2014

Néziha Rejiba alias Om Zied : Pourquoi je soutiens Kalthoum Kennou

Trois femmes candidates, sur soixante-dix candidats en tout, ont déposé leur candidature à la présidentielle, soit un taux de 4,28%. Il s’agit de Kalthoum Kennou, Leïla Hammami (indépendante), et d’Emna Mansour Karoui, candidate du Mouvement démocratique. En attendant la liste préliminaire des candidats et candidates retenus qui sera annoncée par l’Isie dans deux jours, nous avons approché Mme Neziha Rejiba, alias Om Zied, pour recueillir sa réaction concernant la présence de la femme dans la course à la présidentielle, les raisons de son soutien à la candidature de Kalthoum Kennou, ainsi que son appréciation de l’ambiance qui a marqué l’opération de dépôt des candidatures

Pourquoi avez-vous soutenu Kalthoum Kennou et quelle est  la symbolique de ce soutien à une femme candidate ?
Vous savez, les considérations féministes ne m’intéressent qu’au tout dernier rang. Je ne suis pas du tout obnubilée par la cause des femmes, mais je me dis que si les femmes veulent faire de la politique c’est leur droit.
Mise à part la symbolique de la femme, je soutiens Kalthoum Kennou pour plusieurs considérations : d’abord elle s’est portée candidate pour déjouer le plan d’Ennahdha concernant le candidat consensuel qui, à mon avis, s’inscrit dans l’intrusion de certaines parties étrangères et leur volonté de parrainage de la vie politique nationale comme au Liban.
Ensuite, Kalthoum Kennou est une militante  d’une grande probité morale qui a beaucoup souffert du temps de Ben Ali parce qu’elle a justement milité pour  une cause noble qui n’est autre que l’indépendance de la justice.

Votre soutien relève donc de l’hommage au passé militant de la candidate ? 
Oui, je la soutiens parce qu’elle n’a aucun antécédent avec la dictature, son «casier» politique est vierge et elle n’a pas de B3 noir à l’instar de plusieurs candidats de l’ex-RCD qui devraient être, actuellement, devant la justice transitionnelle. C’était une dissidente à l’ère de Ben Ali et c’est donc naturel qu’elle fasse partie des personnalités qui devraient prendre la relève après le 14 Janvier.
Enfin, Kalthoum Kennou est une magistrate, légaliste, encore en exercice et ses connaissances dans le domaine de la loi lui permettront d’être à l’aise dans le fauteuil de la magistrature suprême, car l’une des fonctions essentielles d’un(e) président(e) est de signer les lois.
C’est aussi une femme à l’écoute qui se fera entourée de gens compétents car elle n’appréhende pas le pouvoir comme un gâteau à partager.
Au final, je vous dirai pourquoi ne la soutiendrai-je pas, surtout qu’elle ne bénéficie pas d’une machine électorale rompue à ce genre d’opérations ni d’appuis financiers illicites. Et je sais pertinemment qu’elle refusera tout appui financier louche.

Quelle est votre appréciation concernant la course aux candidatures à la présidentielle, 70 candidats ayant déposé leur candidature ?
Certes, certaines scènes de ruée sur les candidatures sont cocasses mais cela est dû à trois facteurs : premièrement, se porter candidat à la présidentielle était, à l’ère de l’ancien régime, interdit, on comprend donc cette ruée et tout le folklore qui a marqué le dépôt de candidatures de quelques postulants. Mais tout ce folklore vaut mieux que le paysage électoral qui a marqué les présidentielles du temps de Ben Ali quand ce dernier l’accaparait avec son discours au Palais des congrès, les applaudissements, les youyous des femmes de l’Unft conduites par Saïda Agrebi, la présence de Leïla Ben Ali qu’on voulait destiner à la magistrature suprême.
Aujourd’hui, il y a parmi les mêmes personnes qui soutenaient Ben Ali des candidats à la présidentielle qui profitent des fruits de la révolution et de la démocratie. Ces gens-là on ne connaissait même pas leur voix. Aujourd’hui, ils rouspètent, fustigent tout et alors qu’ils n’avaient pas le droit de parler.
Deuxièmement, cette course à la présidentielle est due à la dépréciation de la fonction de président qui a  perdu de son aura en raison de l’acharnement de tous les partis et d’une bonne partie des Tunisiens sur le locataire actuel de Carthage. Ce qui a écorné  l’image du président.
Troisièmement, dans cette pléthore de candidatures, surtout des indépendants, je vois la main d’Ennahdha, car étant donné que ce parti n’a pu trouver le candidat consensuel, il a poussé plusieurs candidats à se présenter pour encombrer le paysage des élections présidentielles et diminuer les chances des candidats qu’il voudrait éliminer. Mais au final, je dis que cette avidité et cette ruée sur les candidatures va passer avec le temps.
Auteur : Propos recueillis par Samira DAMI

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