vendredi 3 juin 2011

Rétrovision

Alarmisme quand tu nous tiens !

Parfois, on reste coi devant certains sujets proposés par le 20h00 d’El watania 1 tant on ne comprend guère leur raison d’être. Et les exemples se multiplient ces derniers temps. Cela a commencé avec  les examens du Bac et tout le branle- bas de combat sur la nécessité de protéger les centres d’examens  des éventuels intrus et casseurs, ce qui suppose la mobilisation des forces de l’ordre, voire de l’armée et  même des parents tracassés et alarmés. Puis cela s’est poursuivi avec l’obligation de protéger les champs et les récoltes contre d’éventuels incendiaires, et cela continue avec cet appel des forestiers à défendre la forêt  d’éventuels pyromanes. Mais pourquoi contribuer à créer la psychose en véhiculant toutes ces appréhensions outrancières et  exagérées.

Choisir de traiter de tels sujets  ne donne-t-il pas, en fait, des idées à certains et  n’inciteraient-ils pas de probables instigateurs à sévir ? Pourquoi attiser leur attention ? Qui a dit que les centres d’examens, les champs et les forêts seraient en danger et que, d’une manière ou d’une autre, ils pourraient  être la cible d’attaques et  d’incendies ? Pourquoi ces suggestions et fausses prédictions ? Pourquoi cette anticipation  dramatique ? On se le demande.
Doit-on traiter dans les journaux télévisés de faits  et d’événements qui ont  eu lieu ou de ceux qui sont supposés advenir ? C’est franchement à ne plus rien comprendre. Que l’on se contente dans les JT de nous servir l’actualité vraie, palpable et si abondante ! Au lieu de se laisser aller à la prédiction, l’anticipation et la surenchère catastrophistes et défaitistes susceptibles de semer la zizanie et de jeter le trouble dans le pays, inquiétant parents, élèves et autres citoyens. Cessons de jouer aux alarmistes, surtout s’il n’y a pas lieu et aucune raison de l’être. A moins de vouloir détourner l’attention de tous des vrais problèmes politiques et économiques que connaît le pays.

Radios, infos et équité

En attendant  de nouvelles chaînes, qui ne devraient pas tarder à voir le jour afin de garantir l’indépendance et le pluralisme, le paysage radiophonique connaît, depuis le 14 janvier, un réel changement grâce à une réelle liberté de ton, denrée auparavant si rare, surtout dans le domaine politique. Ces radios obéissent de plus en plus à leur rôle : le premier, et non le moindre, étant d’informer instantanément les auditeurs  sur les événements aussi variés que nombreux que vit notre pays depuis la révolution. Cela a fortiori dans une période de transition aussi délicate que riche en actualité. Infos, scoops, débats et entretiens sont légion. L’émission la plus récente, en date, a été diffusée sur Radio Monastir (mercredi dernier) et s’est focalisée sur l’affaire de l’officier Samir Feriani, haut fonctionnaire de police arrêté après avoir publié deux lettres parues dans le journal l’Express où il dénonce des dysfonctionnements au sein du ministère de l’Intérieur. La parole a été donnée par la journaliste à l’épouse  éplorée,  narrant, en pleurs, les péripéties  et circonstances, façon film  hollywoodien, de l’arrestation de son mari. Encore heureux que dans son intervention, le président du syndicat de la police lui a exprimé son soutien. Instructif tout ça.
Maintenant, pour assurer une certaine audience, ces radios font appel à des  journalistes et animateurs  qui sont désormais  des figures connues et compétentes du PAT (Paysage audiovisuel tunisien) ; l’on comprend, ainsi, que la chaîne Express-FM ait fait appel à la star Elyes Gharbi, qui, après un passage à la télé, est revenu à ses premières amours, en animant  avec brio la matinale de la radio privée. En attestent les entretiens avec Farhat Rajhi, ancien ministre de l’Intérieur, dans la foulée des déclarations qui ont enflammé la rue, Mongi Ibrahimi, président du Parti Ettajdid, Slim Amamou, ancien secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au Sport et tant d’autres.
Mais, la question qui importe, de manière pressante, aujourd’hui, c’est  de savoir si ces radios (les télés aussi d’ailleurs) sont à même d’éviter le sensationnalisme et de jouer le jeu de la sobriété, l’équité et de l’impartialité, en donnant la parole, dans les entretiens, débats et autres émissions, à tous les partis, tendances  et personnages politiques, même les moins connus. Car, si nous n’avons pas les chiffres concernant les radios, ceux sur la télé, disponibles eux, sont assez éloquents, puisque,  selon l’agence Sigma Conseil, seul un tiers des partis est passé à la télé tunisienne, cela à quelques semaines ou mois, on ne sait, des élections. Le mouvement le plus représenté étant Ennahdha, à hauteur de 17%, suivi d’Ettajdid avec 16,1%, du PDP environ 8,4% et enfin le FDLT avec 7,8%.
Parions que les chiffres concernant les radios ne seraient pas aussi différents. Or, refléter toutes les mouvances politiques est la fonction  capitale des médias qui, en démocratie, devraient nécessairement prôner la neutralité. Cela, en acceptant d’inviter tous les politiques, même les moins connus, pour, justement, les faire connaître, et en refusant de privilégier, coûte que coûte, l’audience.
L’élection de la Constituante étant, malgré tous les reports et la valse hésitation des dates, à nos portes. Il est plus que jamais nécessaire qu’une instance de régulation des médias voit le jour (l’Instance nationale indépendante de l’information et  de la communication devrait y veiller, elle) non seulement pour des raisons d’équité et d’impartialité (sous d’autres cieux, en France par exemple, le minutage pour la répartition du temps de parole est sérieusement appliqué), mais aussi de morale et de déontologie. L’élection démocratique d’une Assemblée constituante étant d’une importance capitale pour l’avenir de notre pays cela mérite bien le respect de toutes les règles du jeu.
S.D.

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