dimanche 14 août 2011


Rétrovision du 14 août
Révélations sur le 14 janvier
Ah, ces questions!
Les révélations du colonel Samir Tarhouni, commandant
de la Brigade Antiterroriste (BAT), lors de la conférence
de presse télévisée donnée lundi dernier au siège du
Premier ministère, ont dévoilé, dans un style chronologique,
ce qui s’est passé le 14 janvier à l’aéroport de Tunis-Carthage,
égrenant à la minute près l’arrestation des familles Ben Ali-
Trabelsi. Certes, nous avons déjà vu sur El Watania 1,
quelques jours après la fuite du président déchu, des images
montrant des membres de ces familles aux arrêts dans le
salon d’honneur de l’aéroport Tunis-Carthage. Mais ces
images n’ont pas été accompagnées d’un compte rendu aussi
détaillé que celui présenté en live par le colonel Tarhouni,
même si ces faits ont été, en gros, distillés par plusieurs
sources informelles depuis voilà six mois, chacun y ajoutant
son grain de sel et y apportant son interprétation personnelle,
suscitant la confusion dans les esprits.

Enfin, il était temps qu’une source officielle incarnée
par celui-là même qui a conduit l’opération de l’arrestation
des Trabelsi à Tunis-Carthage vienne dissiper en sorte les
spéculations et interprétations parfois des plus fantaisistes.
Ce qui aurait dû être fait depuis longtemps pour l’histoire
et pour le bien du pays, surtout que l’obligation de réserve
ne tenait plus la route après tous les événements dramatiques
que le peuple a vécus depuis le 14 janvier. D’où la question :
pourquoi tout ce retard? Pourquoi avoir mis autant de temps
pour parler, informer et dire ne serait-ce qu’une partie de
la vérité au peuple? Pourquoi le choix de ce timing pour faire
ces révélations capitales apportant, un tant soit peu, un
éclairage à même de contribuer à la compréhension de
certains tenants et aboutissants des événements historiques
et mémorables qui ont marqué la journée du 14 janvier 2011?
Or, cette question du timing était l’une des rares posées par
Samira Khiari Kchaou du quotidien Echourouk qui avait du
sens à nos yeux tant d’autres n’avaient ni queue ni tête et
relevaient de l’insignifiant et de la pure perte de temps.
Justement, pourquoi ce timing pour de telles révélations?
Est-ce vraiment pour mettre fin aux rumeurs? Est-ce pour
faire oublier et détourner l’attention du peuple des récents
faits et événements qu’a connus le pays : la fuite d’anciens
symboles corrompus de l’ancien régime, à l’instar de Saïda
Agrebi, et la remise en liberté par la justice d’anciens ministres
détenus comme Béchir Tekkari? Ou est-ce pour faire reluire
l’image de la police auprès des citoyens? Le lieutenant-colonel
a avoué que sa décision «prise librement» de tout révéler a
pour mobile : «de mettre fin aux supputations et aux
versions farfelues qui circulent sur le net sans rapport aucun
avec la réalité»
Certes, il y avait des non-dits dans le récit de l’intervenant,
notamment concernant l’origine de l’ordre reçu le 14 janvier
vers 14h05 de charger les armes en mettant les balles aux
canons. C’est pourquoi la séance du jeu des questions-réponses
représentait une occasion en or pour éclairer, au maximum,
l’opinion publique. Or, nous avons vu certains journalistes
faire preuve d’égoïsme en posant trois questions à la fois
permettant, ainsi, au colonel Tarhouni, qui n’a pas caché sa
nervosité en répondant aux questions, d’en occulter quelquesunes.
En conséquence : une question par journaliste aurait
dû être la règle pour laisser le tour aux autres et permettre
à l’orateur de répondre à toutes les questions. Il fallait aussi,
à notre avis, essayer de savoir si cette prise d’otages des
Trabelsi et Ben Ali a joué un rôle capital dans la fuite du
président déchu dont l’avion a décollé à 17h45, soit 2h45
après l’arrestation de ses proches.
On aurait, également, aimé savoir pourquoi Syrine Ben
Ali «ne représentait rien» aux yeux du lieutenant-colonel ou
entendre un journaliste l’interroger sur la question brûlante
des snipers, qu’il a effleurée dans son récit ou sur les raisons
qui ont empêché la diffusion en direct par la chaîne publique
des images de cette arrestation comme l’avait planifié le
colonel Tarhouni. Cela au lieu d’entendre des questions
banales, façon Lapalisse, du genre : quelle a été la réaction
des Trabelsi lors de leur arrestation ou encore les Trabelsi
avaient-ils emporté avec eux des bijoux et des devises? Alors
que toute la Tunisie a vu le lendemain du 14 janvier, sur El
Watania 1, des images, en gros plans, des parures, montres
précieuses, joyaux et devises raflés par ces familles et qu’elles
comptaient emporter illégalement. Franchement, on ne
comprend pas qu’on puisse rater le coche en posant pareilles
questions. N’y a-t-il pas dans les salles de rédaction des
journalistes politiques plus rompus à ce genre d’exercice?
Bref, avec des questions plus pertinentes et sensées, les
Tunisiens et autres citoyens du monde auraient pu en savoir
davantage sur les péripéties de cette opération de Tunis-
Carthage et ce qui s’est passé le 14 janvier, donc, une plus
grande «portion» de la vérité dont les autres pièces du puzzle
restent à découvrir.
Ouverture originale
de Hammam-Lif
Ouvrir une manifestation estivale, aussi bien par un
spectacle sur scène que par une animation de rue à
travers une marche de la citoyenneté incitant les
citoyens à aller s’inscrire pour voter le 23 octobre en toute
tranquillité, sans problème aucun, est une idée assez originale
et judicieuse qui rompt avec la routine que connaissent la
plupart de nos festivals. C’est là l’action citoyenne pilotée
par Leïla Toubel, dramaturge et comédienne, présidente du
comité directeur du festival culturel de Hammam-Lif, sur
laquelle s’est focalisée Bila Moujamala (sur Hannibal-TV).
Les images montrent une marche réunissant petits et grands
défilant dans les rues de Hammam-Lif visiblement dans le
but de capter l’attention des habitants les sensibilisant,
ainsi, façon contact direct, à exercer leur droit et leur devoir
de vote et les invitant à fréquenter ce festival qui vient
combler le vide laissé par l’absence du festival de Boukornine
qui , incompréhensiblement, n’a pas eu lieu cette année. Ce
festival organisé avec les moyens du bord, sans subventions
publiques ni sponsors, loin de tout esprit et but mercantiles,
outre qu’il propose plusieurs spectacles engagés, se veut au
service de la révolution et la réalisation de ses objectifs.
Remarquons d’ailleurs que c’est le seul que compte la banlieue
sud, malgré le nombre important de la population, alors que
dans la banlieue nord on dénombre, au moins, trois festivals
éclatés sur plusieurs lieux.
Bref, s’ouvrir sur son environnement est une excellente
initiative, mais faudrait-il encore prévoir des spectacles de
rue, surtout qu’un festival ne devrait pas se limiter uniquement
à une enfilade de représentations programmées chaque soir,
mais englober toutes sortes d’animations impliquant le public
et l’incitant à la participation effective grâce à des actions
d’échanges et de partage. Cela, d’autant qu’en ce soir du 25
juillet, certains participants étaient également venus fêter
la République.
Toutefois, autant cette action culturelle initiée par des
acteurs culturels importants de la place a de quoi réjouir,
autant les images montrant l’état des lieux catastrophique
du théâtre de plein air de Boukornine sont stupéfiantes,
voire ahurissantes. Visiblement, il est hyper- clair que cet
espace en décrépitude souffre d’un manque flagrant d’entretien
: sale, délabré et presqu’inapte à accueillir des spectacles.
Voilà un état alarmant qui devrait, normalement, attirer
l’attention de la municipalité d’Hammam- Lif et du ministère
de la Culture qui n’ont d’autres solutions que de remédier,
urgemment, à cette situation indigne d’une ville qui a vu
naître le grand Aly Ben Ayed et qui a, donc, une longue
histoire avec le 4e art, son théâtre de plein air et son festival
qui aurait dû souffler cette année sa 32e bougie. Il y a donc
urgence à agir.
S.D.

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