dimanche 7 août 2011


 RETROVISION DU 7 Août

Programmes de Ramadan

Rien de révolutionnaire



Après la révolution on s’attendait à des programmes ramadanesques plus engagés, moins futiles et de meilleure qualité mais sur les chaînes locales rien n’a changé par rapport aux années précédentes. Pis, cette année les nouvelles émissions et productions spécifiques au mois saint sont sacrément ordinaires et parfois même médiocres. Les caméras cachées, fâchées, les 2050 et autres programmes de divertissement  ne font rire que leurs auteurs, on a même vu  dans un des numéros de la caméra cachée sur El Watania 1 un protagoniste jouant le rôle de réparateur de postes de télé  se moquer d’un citoyen en lui faisant croire qu’il est entrain de dégager des snipers (Qannassa) de son récepteur. Quand les snipers deviennent des sujets de dérision, et avec un tel traitement, on reste coi et l’on ne peut s’empêcher de penser aux familles des martyrs devant l’inadmissible. Même la Kasbah 1 et 2 autres événements et symboles de la révolution ont été grossièrement tournés en dérision, ce qui est déplacé et malvenu. Vraiment  l’on ne comprend  pas pourquoi la révolution est utilisée et traitée, dans ces émissions de divertissement, de manière si primaire loin de tout humour intelligent et pétillant où le rire serait garanti. C’est dire que le retour de la caméra de Raouf Kouka, n’est pas jusqu’ici des plus remarquables.


Rien de révolutionnaire non plus côté fiction : sur El Watania 1,  Maître Malek, la série au genre très flou,  car ni comique ni dramatique, sur El Watania 1, réalisée âr Frej Slama et  scénarisée par  Ali Louati, de retour lui aussi après une légère éclipse d’une année, met en scène le quotidien d’une avocate divorcée qui partage son temps entre son travail, ses quatre enfants et son action militante.  Pas d’enjeu accrocheur, pour le moment, sinon une  élection de comité de quartier qui, bien entendu, n’a rien de démocratique, puisqu’elle se déroule du temps du président déchu. Ce qui saute aux yeux de prime abord dans cette ce sont les simagrées de certains acteurs.

  Sur Hannibal-TV,  le feuilleton  Njoum Ellil, épisode 3, scénarisé et réalisé par Mehdi Nasra, affiche déjà d’insupportables lenteurs avec des plans qui s’étirent en longueur, façon remplissage, puisqu’il faut bien venir à bout des 30 épisodes. Il est clair, par ailleurs, que n’est pas scénariste ni metteur en scène qui veut car à chacun sa spécialité.  Disons clairement que ce qui mine, depuis des années sous nos cieux, les productions artistiques et télévisuelles c’est,  justement,  le cumul, par certains, de plusieurs spécialités à la fois, celles de scénariste, réalisateur et producteur et parfois même d’acteur. Quand renoncera-t-on définitivement à cette anomalie ?

Tous ces programmes-y compris, fait étrange, le journal télévisé d’El Watania- sont plus que jamais entrecoupés de plages publicitaires si longues, si interminables qu’on se demande ce qui a changé après la révolution, puisque les téléspectateurs sont toujours considérés comme de simples consommateurs qu’on doit inciter encore et toujours à la consommation loin de la spécificité et de la spiritualité de ce mois sacré. Mais rien visiblement  n’arrête le profit, même pas la révolution.

Maintenant parlons de l’émission de prédication du cheikh Abdelfattah Mourou, Sahha Chribitkom : diffusée quotidiennement sur Hannibal-TV, elle a suscité toute une polémique, mais, jusqu’ici, elle se limite, au fond, à un prêche religieux banal et populaire, façon lieux communs, se focalisant sur l’essence du mois saint ainsi que sur la nécessité d’en finir avec  certains comportements sociaux contraires à l’esprit de Ramadan. N’empêche que cette opération d’un genre plutôt commercial, s’inscrivant dans l’éternelle course à l’audimat entre les différentes chaînes, privées notamment, offre une tribune promotionnelle à une figure connue de la scène politique, contribuant,  par là, à la rendre  encore plus populaire et plus célèbre.

Enfin, en suivant sur les chaînes égyptiennes, la diffusion, en direct, du procès du président égyptien déchu, Hosni Moubarak, de ses fils et de ses proches collaborateurs l’on ne peut que se  demander  pourquoi El Watania 1 ne prendrait pas exemple en diffusant en direct les procès des membres  la famille de Ben Ali et de son épouse, ainsi que de ses proches  collaborateurs. Le bon peuple, les jeunes qui ont fait la révolution et les familles des martyrs y ont tout à fait droit et le méritent bien. Non ?
S.D.

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