mercredi 13 juin 2012


RETRO 10 juin 2012-06-07

LE Journal télévisé 

 Comme un retour à la case départ ?

Après le 14 janvier le Journal Télévisé (J.T.) de la première chaîne publique s’est complètement  transformé, abandonnant la langue de bois et la pesanteur propagandiste qui le caractérisait, pour gagner en fraîcheur, en audace et, donc, en audience. La hiérarchisation de l’information a été chamboulée du tout au tout. Fini les interminables plages consacrées aux activités de l’artisan du changement, à ses discours fleuves, aux réalisations de «l’ère novembriste» et place aux événements foisonnants et à l’information de proximité  s’ouvrant sur la rue et se focalisant sur les préoccupations du peuple.

Cette mutation du téléjournal d’El Watania 1, survenue dans le sillage du bouleversement politique qu’a connu le pays, a été remarquée et saluée par les téléspectateurs qui s’y sont, enfin, retrouvés puisque le  20H00, et en prolongement les émissions de débats concoctées par de jeunes journalistes,  tentaient par tous les moyens de refléter les faits les plus importants qui se déroulaient dans le pays tout en veillant à assurer cette objectivité objet du désir de tous.

C’était avant les élections du 23 octobre 2011. Mais après cette date, et sous la pression ambiante et notamment  le feuilleton  du sit-in «des envoyés spéciaux » voulant nettoyer les médias publics des «rebuts novembristes», le J.T. semble retrouver,  au fil des jours, sa configuration antérieure en renouant avec cette hiérarchisation verticale, défiant à nouveau la proximité, et privilégiant l’ouverture avec les activités officielles quelles soient gouvernementale, présidentielle ou ministérielle. Les ouvertures avec des sujets, qui concernent directement les citoyens, se font si rares…Par moments certaines éditions du J.T. nous rappellent, vu la langue de bois, celles si pesantes et indigestes de l’ancienne ère. Et l’on craint qu’à ce rythme ce rendez-vous, qui a gagné en audience, plus de 40%, ne perdent en intérêt en devenant  au service non pas des citoyens mais surtout des politiques au pouvoir. L’autocensure sous la pression est-elle de retour ? Et est-ce le retour à la case départ ?

Certes on observe une certaine résistance à travers quelques sujets sociaux ou des séquences pouvant créer débat et controverse comme celle encore «fumante» de Slim Ben Hmidane, ministre des domaines de l’Etat et de la propriété foncière mais notre crainte vu que tout le monde, politiques, partisans et citoyens, s’est mis à donner des leçons aux médias et aux journalistes, c’est de voir les anciens reflexes anti-professionnels d’auto- censure, en prévention de la censure, faire leur réapparition et reprendre, ainsi, du poil de la bête. Or, l’information est une spécialité et une science. N’est pas journaliste qui veut, d’où la nécessité que l’équipe rédactionnelle du J.T. ne tienne compte que des critères  du vrai travail journalistiques, en toute objectivité, éthique et professionnalisme. Tout le reste n’est que verbiage et papotage. Il est, donc, temps de se rattraper et d’empêcher toute récupération de tous bords et de toutes couleurs politiques.

Obligation de réserve !

M. Slimane Ben Hmidane, ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières a privilégié, lors de la rencontre au palais de Carthage sous le thème «Quelle est l’origine de vos biens », lançant en off et devant les caméras: «C’est mon opinion personnelle et je l’affiche devant  tous les médias,  j’ai privilégié El Jazeera, car c’est la principale  chaîne qui nous a aidés, nous les militants en exil , à faire tomber la dictature et nous a offert  une  tribune. Ce qui, naturellement, n’était pas possible pour la chaîne nationale, et c’est pourquoi en guise de reconnaissance je donne toujours la priorité à El Jazeera».  Et d’ajouter en tançant El Watania 1 : «Avant de réserve, notamment, concernant un média national  et a fortiori après la révolution et les élections du 23 octobre, seul un citoyen est habilité à critiquer et à dire franchement son opinion, car elle ne fera certainement pas de vagues comme le ferait celle d’un ministre tenu de défendre « le produit national répondre à votre question j’informe les téléspectateurs que je n’ai jamais été invité, ne serait ce qu’une fois, par la chaine publique». Ce à quoi le journaliste-présentateur des infos a répliqué : «C’est votre droit, M. Le ministre, d’exprimer votre reconnaissance à qui  bon vous semble ». Or, le présentateur avait tout faux car un ministre occupant une fonction officielle est tenu par une obligation de».

S.D.

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