mercredi 13 juin 2012

Une Palme d’or méritée pour Amour de Michael Haneke

Une Palme d’or méritée pour Amour de Michael Haneke
 • Haneke dans le cercle privé des cinéastes doublement palmés 
De notre envoyée spéciale à Cannes Samira DAMI
En raflant, lors de la proclamation du palmarès, hier soir, la Palme d’or de la 65e édition du Festival de Cannes avec Amour, comme nous l’avons prévu d’ailleurs, Michael Haneke rejoint le cercle très privé  des cinq cinéastes doublement palmés (Francis Ford Coppola, Shoei Imamura, Bille August, Emir Kusturica et les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne). Très ému, le cinéaste autrichien qui, il y a trois ans, a remporté le même trophée avec Le Ruban blanc, a remercié ses deux magnifiques acteurs, Jean Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, dont la majestueuse interprétation, coulant de source, aurait mérité d’être récompensée, tel un couronnement de carrière, notamment pour l’interprète du film désormais culte, Un homme et une femme, signé Claude Lellouche. Hélas ce n’était pas là le choix et l’avis du jury présidé par le réalisateur italien Nanni Moretti, qui a pourtant rappelé en remettant la palme à Haneke «la contribution fondamentale des deux acteurs principaux». Montés sur scène, sous les applaudissements du public, ces duettistes qualifiés par le réalisateur de  «géniaux parce qu’étant l’essence du film» ont touché et même profondément ému les festivaliers, Trintignant a même fait pleurer la salle partageant la palme en six quarts, dédiés aux producteurs, au metteur en scène, qu’il considère comme le plus grand metteur en scène vivant, à ses partenaires E. Riva et Isabelle Huppert qui joue sa fille dans le film, à l’équipe du film et à sa «moitié Maria ». Il a enfin clos son intervention par un tout petit poème de Jacques Prévert : «Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? ». Nous renvoyant, ainsi, à l’atmosphère poignante et la profondeur du propos de  Amour, film porté par ce merveilleux couple d’octogénaires au crépuscule d’une vie devenue douloureuse et difficile. Voilà, donc, une palme méritée tant ce film s’est détaché du lot, en raison d’une sélection très moyenne.
Le Grand prix, distinction la plus prestigieuse après la palme d’or, attribué à Reality de l’Italien Matteo Garrone a été hué dans la salle de presse, tant ce film sur la téléréalité n’a pas emballé la critique, le président de jury, son compatriote, y serait-il pour  beaucoup dans l’octroi de cette récompense? Autre prix hué par les journalistes, celui de la mise en scène qui a échu au cinéaste mexicain Carlos Reygadas pour Post Tenebras Lux, un opus vraiment ténébreux et ennuyeux de l’avis de la critique unanime. D’où la déclaration ironique que le réalisateur a adressée à la presse qui, a-t-il glissé, «n’a pas arrêté de me flatter, depuis trois jours», tout en remerciant le jury d’avoir cru à ce film en le primant. Rappelons que Reygadas avait il y a trois ans raflé le prix du jury avec «Lumière Silencieuse ».
Le film du cinéaste roumain Cristian Mungiu, Au-delà des collines, a été doublement récompensé, puisqu’il s’est vu octroyer le prix du scénario ainsi que le prix d’interprétation féminine qui a récompensé les deux actrices roumaines Cosmina Stratan et Cristina Flutur. Rappelons que Mungiu, Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, a séduit avec ce film doublement primé et qui se focalise sur la  responsabilité religieuse, l’amour et l’abandon. Dans sa déclaration, le cinéaste roumain a précisé que ce film «est fondé sur des faits véridiques et que si on ne peut pas améliorer le passé on peut améliorer l’avenir».
Ken Loach, le réalisateur britannique, n’est pas reparti les mains vides puisqu’il a obtenu le prix du jury avec La part des anges, une comédie sociale légère qui a égayé la Croisette. L’habitué du festival a obtenu, en 2006, la Palme d’or avec Le vent se lève.
Enfin, Madds Mikkelsen a vu sa prestation dans La chasse  du Danois Thomas Vinterberg récompensée par le prix d’interprétation masculine. Mérité du reste.
Au cours de cette 65e édition, qui s’est achevée comme elle a commencé sous une forte pluie,  aucun  film français n’a été récompensé, bien que plusieurs noms — Jacques Audiard,  Alain Resnais et notamment Léo Carax — aient été cités. Après  la sélection de cette édition qui a marqué une décrue du cinéma mondial, espérons un renouveau pour le 7e art.

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