jeudi 9 avril 2015

Sur Al Watania 1

la censure a la peau dure 

Les vieux réflexes de la censure sont-ils de retour sur Al Watania 1? On peut se poser la question quand on découvre, au cours du 20h00 de dimanche dernier, que le lapsus linguae commis par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, où il a confondu les noms de François Hollande et de François Mitterrand, lors de la manifestation «Tout le monde est Bardo», a été zappé, voire carrément censuré. Ce qui a provoqué une pluie de commentaires moqueurs et persifleurs sur les réseaux sociaux. Mais quelle mouche a piqué ceux qui ont commis cet acte de censure, pour le moins déplacé, en gommant la bourde du Chef de l’Etat tunisien qui n’est pas, au demeurant, si offensante pour le président français ? D’autant que Béji Caïd Essebsi s’est rapidement et finement repris en s’excusant auprès de son homologue par une accolade, tout en plaisantant «c’est celui que je connaissais de mon âge», faisant ainsi allusion à François Mitterrand. Cela sous les rires amusés de l’assistance, y compris de François Hollande. Sachons que BCE n’est pas le premier à avoir confondu les noms des deux présidents français, la chancelière allemande Angela Merkel a commis la même boulette, il y a deux ans, lors d’une conférence commune avec l’actuel président français. Elle s’est également rapidement reprise, sans que cela ne provoque ni censure ni tollé général. C’est pourquoi cette censure s’avère contre-productive car non seulement elle vient conforter l’idée que cette gaffe est au désavantage de Béji Caïd Essebsi, mais aussi le retour de la censure pavlovienne, bête et débile. Ceux qui ont activé, ainsi, les ciseaux se croient-ils du temps du journal télévisé unique de l’ancien paysage audiovisuel? Oubliant, tous, que la séquence en question a été déjà diffusée en direct sur de nombreuses chaînes nationales et internationales et a abondamment circulé, avant le 20h00, sur les réseaux sociaux, les sites des radios et de la presse électronique. Atteinte au droit à l’information E nfin, d’aucuns se demandent qui est derrière cette censure insidieuse: les responsables du J.T. ou ceux de la chaîne publique ou bien s’agit-il carrément d’instructions «tombées du ciel»?. Ce qui est encore plus grave. Mais le plus important, c’est que de tels agissements, qu’on croyait à jamais révolus, sont inacceptables et inadmissibles a fortiori après la révolution, dont le principal acquis, sinon l’unique, n’est autre que la liberté d’information et d’expression. Alors que ceux qui président au destin du J.T., en particulier, et de la chaîne publique, en général, nous épargnent de telles pratiques infantilisantes et insensées, et de pareils réflexes absurdes et dépassés qui semblent avoir la peau dure, mais qui ne font que porter atteinte aussi bien au droit à l’information qu’à celui de la liberté d’expression qui sont les fondementsmêmes d’une vraie démocratie à laquelle aspirent l’ensemble du peuple et du pays.
S.D.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire