dimanche 29 mars 2015

Retrovision

Cérémonie de réouverture du Bardo
Acte de résistance mais...
La cérémonie de réouverture du musée du Bardo, qui s’est déroulée le 24 mars, a été diffusée en direct sur la chaîne publique Al Watania 1. Après l’odieuse attaque terroriste qui a ciblé des touristes et qui a fait une vingtaine de morts et une cinquantaine de blessés, les autorités ont tenu à lancer un message clair aux terroristes et aux troupes fanatiques de tous bords. Résister à la culture de la mort en lui opposant la culture de la vie. Cela, encore et toujours à travers l’art. Et quoi de plus indiqué que la musique, qui adoucit les mœurs, pour rendre hommage aux victimes, célébrer leur mémoire et défier les djihadistes, ces bêtes immondes et sanguinaires. Aussi, un concert de musique et un spectacle de danse ont-ils été donnés devant un parterre de ministres, de représentants diplomatiques, d’artistes, d’hommes de culture, de personnalités politiques et de journalistes.

Bref, les téléspectateurs ont vu l’orchestre symphonique tunisien, dirigé par Hafedh Makni, à l’œuvre, interprétant plusieurs compositions musicales originales de tous les pays dont sont originaires les victimes entre l’Italie, la France, l’Espagne, la Pologne, la Russie, la Belgique, le Japon et la Colombie. Bassem Makni a, lui, finement interprété «Le Bardo», la grande valse pour piano du compositeur français, Henri Boubal, dédiée, il y a 125 années, au bey de Tunis, Ali Bey, qui a été à l’origine de la fondation du musée Alaoui, baptisé aujourd’hui musée du Bardo. Les concertos adagios, et autres morceaux éloquents et touchants coulaient de source, interprétés avec une grande justesse par les musiciens, malgré la mauvaise acoustique. Cependant, les téléspectateurs, médusés, n’arrivaient pas à croire ce qui se passait sous leurs yeux ébahis de la part de l’assistance, assise au fond de la salle. ce moment de recueillement était entaché par toutes sortes de bruits indésirables, entre brouhaha, déplacements de chaises et va-etvient incessants.

Toujours les mêmes figures 
Tous ces spectateurs indisciplinés ont, fortement, dérangé les musiciens pour le moins déconcentrés et déconcertés par tant de désinvolture. Voilà qui constitue une sorte d’attentat contre l’art de la musique et une marque d’irrespect pour les musiciens et la mémoire des victimes. Quand, donc, les Tunisiens, en général, auront-ils le sens de l’écoute de l’art musical ? Là où le bât blesse encore, c’est la présence des mêmes figures déjà consommées par l’ancien régime, la chanteuse Latifa Arfaoui, entre autres. Idem pour le spectacle de danse, c’est encore une fois au ballet de Sihem Belkhoja qu’on a eu recours. Malgré la fraîcheur innocente des enfants, l’interprétation était d’une grande approximation. Tout ça a été relevé par plusieurs journalistes et chroniqueurs dans plusieurs émissions de télé, dont 7/24 sur Al Hiwar-Ettounsi où le chroniqueur attitré, Mohamed Boughaleb, a reproché aux organisateurs «de faire toujours appel aux mêmes figures, aux mêmes artistes et aux mêmes troupes artistiques». D’ailleurs, ce ballet, qui respirait l’improvisation, se justifiait-il dans une telle cérémonie de recueillement, la musique classique n’était-elle pas suffisante en pareille circonstance ? Ainsi, les organisateurs du ministère de la culture auraient pu penser davantage cette cérémonie et mieux la préparer afin de refléter aussi bien l’image d’un musée qui, malgré le drame, l’épreuve et les dégâts qu’il a subis, demeure «un haut lieu du tourisme», que celle d’une Tunisie qui n’est pas finie et qui restera éternellement debout.
S.D.

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