lundi 25 juillet 2011


 Retro 24 juillet

Le droit à la mémoire

 Depuis  l’installation de la télé nationale dans ses nouveaux locaux,  les archives audiovisuelles de l’établissement de la télévision tunisienne (ETT) y ont été réunies, alors qu’auparavant elles  étaient éparpillées  dans plusieurs endroits : l’ancien siège de l’avenue de la liberté,  un hangar à Bab El Assel et un bâtiment à Mégrine.

En 2007, un expert archiviste de l’institut national de l’audiovisuel français, visitant le le local de Mégrine,  a estimé, rien qu’à  l’œil nu, que le un tiers des archives de la télé nationale était obsolète et à jeter définitivement. Ainsi, des images d’archives de notre histoire du temps des Beys, de Bourguiba et même du passé récent sont perdues à tout  jamais. Il fut un temps, où des images historiquement inestimables ont été carrément effacées faute de cassettes vierges afin de les réutiliser pour  d’autres programmes.


Bref,  au sein de l’ancien local la plupart des réalisateurs gardaient dans leur casier, leurs propres documents audiovisuels qu’ils utilisaient en cas de besoin.  Mais, en 1991, ces casiers ont été vidés et nombre de documents audiovisuels ont été jetés. Certains témoins racontent même qu’ils ont vu, de leurs propres yeux vu, le directeur de la chaîne nationale en ce temps là, récupérer certains documents du fond des poubelles. La situation est restée inchangée jusqu’en 1998 quand une toute petite partie des archives a été répertoriée sur fichier. Mais la conservation, la sauvegarde et la consultation des images d’archives sont  demeurées rudimentaires, désuètes voire archaïques.

Pourtant dans le budget de 2010 de l’ETT il est annoncé que depuis l’année 2007, 242.000dinars ont été consacrés à l’aménagement du centre des archives de Mégrine dont 204.000 dinars ont été dépensés alors qu’il  reste la somme de 38.000. Or, l’on sait que très peu a  été entrepris car, seulement quelques chansons ont été numérisées. A preuve rien ne transparaît à l’écran puisque la télé nationale ne produit pas, ne diffuse pas  d’émissions sur le passé où sont utilisées des images d’archives traitées et numérisées.

Maintenant, une fois les archives audiovisuelles, tous formats confondus, réunies dans un même lieu, au rez- de- jardin du nouveau siège, il est vraiment temps de les répertorier, restaurer et  conserver, dans de bonnes conditions et de les numériser afin d’éviter leur détérioration totale qui priverait, ainsi, les générations futures d’un pan important de leur patrimoine audiovisuel. On sait qu’actuellement un documentaliste s’attèle de manière bénévole,  à classer et dresser un inventaire de ces archives filmées et sonores. Mais est-ce suffisant ? C’est pourquoi  l’ETT doit, réellement, s’y mettre toutes affaires cessantes, afin de sauvegarder les programmes et les images irremplaçables, dont certaines inestimables, sont  menacées de disparition.

Que dire enfin, sinon, qu’un pays, sans archive audiovisuelle, est un pays sans mémoire et sans histoire.  Les citoyens ont, donc, le droit à la mémoire visuelle reflétant leurs racines historiques et culturelles et personne n’a le droit de les en priver. Sauvegardons alors ce qui reste de notre patrimoine audiovisuel  truffés certainement de trésors filmiques admirables, de sens et d’enseignements !

Ratages sportifs

Toutes les chaînes locales ont commis, cet été, des ratages de grands événements sportifs internationaux, le dernier en date étant le championnat du monde de football féminin remporté, la semaine écoulée,  à la surprise générale et pour la première fois par le Japon face aux Etats-Unis dont l’équipe est double détentrice de ce championnat. Autre ratage : les grandes joutes mondiales d’athlétisme, sans compter le cyclisme inscrit aux abonnés absents.

Or, si nous voulons lancer et développer les disciplines, chez nous marginalisées, tels le sport féminin, notamment le foot et l’athlétisme,  il serait bien vu de programmer ce genre d’événements, même en léger différé, afin de bénéficier de coûts de diffusion plus modestes.

Ainsi, les chaînes locales qui se morfondent dans les sempiternels programmes bouche- trous qui n’ont rien de révolutionnaires , entre plages musicales et feuilletons, et ces équipes de programmateurs, producteurs et présentateurs  qui  s’auto-qualifient d’ hyper- gagnantes, n’ont  fait aucun effort pour varier leur grille en proposant de nouveaux programmes à la fois instructifs et légers épousant le souffle  de la saison estivale. Ces programmateurs ont, donc, raté le coche et une occasion de bien faire en offrant à leur public des moments de divertissement sportifs et ludiques dont ils ont réellement besoin en ces temps chaotiques où les brutes adeptes de violence courent les rues.

Tous pour la liberté de presse !

 Les temps sont durs  pour les journalistes qui se retrouvent entre le marteau et l’enclume  à chaque événement important  et sensible, tels les sit-in, manifestations et autres, pouvant tourner à l’affrontement.  Le dernier événement  du genre étant celui de la Kasbah 3. Nous y avons vu des journalistes agressés  comme cela a été le cas le mois d’Avril dernier, lors de la manifestation à  l’avenue Bourguiba, quand des photographes ont été pourchassés et tabassés par la police.

 Les journalistes sont,  donc, la plupart du temps pris à partie par toutes les parties en présence : aussi bien par les hommes politiques,  qui leur reprochent leur partialité, que par le public qui critique  leur manque d’audace et de pertinence. La  récente réaction, pour le moins surprenante,  du premier ministre,  Béji Caïd Essebssi,  à la question de la journaliste d’El Watania 1, Naïma Abdallah, qu’il a, du reste, regrettée,  lors de l’entretien accordé à Radio Mosaïque-FM, est,  assez, révélatrice de la position difficile et complexe des journalistes accusés, ainsi, de tous les maux, dont en particulier, la désinformation, le manque de crédibilité, la partialité et nous en passons.

 Que faire alors ? Car si les journalistes  posent  les questions osées  qui fâchent, certains politiques méfiants et soupçonneux verront rouge et refuseront  même d’y répondre, s’ils  ne le font pas c’est le  public qui s’irritera et s’indignera. Pourtant, déontologiquement,  le journaliste n’est au service de personne, il n’est pas là pour faire plaisir aux uns  ni aux autres, il est  juste un  intermédiaire, un médiateur indépendant qui a le devoir et la responsabilité éthique de servir seulement et uniquement  la vérité, en toute impartialité et neutralité. Le but étant on ne peut plus clair : assurer et défendre une information objective et crédible.

De leur côté les journalistes ne sont pas sans reproches : plusieurs n’ont pas osé entamer  une rupture avec le passé en faisant  leur mea-culpa et  demander  pardon au public. Pour ceux qui ne le savent pas,  à la Presse nous l’avons fait  à deux reprises.  Mais d’autres  médias ne l’ont pas fait. Or, un organe de presse, une radio, une télé  pourraient-ils devenir tout à coup crédibles si avant la révolution, ils maniaient l’art de la désinformation et de la censure à plein tube ? La réponse tombe sous le sens.  Alors de grâce que les retourneurs de vestes, entre patrons de médias et journalistes, fassent leur mea -culpa afin  de redémarrer du bon pied et de couper, on l’espère définitivement,  avec les vieux réflexes de désinformation, flagorneries, et manipulation du passé.

 Que les journalistes  profitent de ce vent naissant de liberté pour exercer en toute responsabilité leur délicat métier !  Au public et aux hommes politiques  fair- play et  respectueux du métier et de la liberté de presse de les y aider et d’y contribuer en acceptant la règle du jeu.

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