vendredi 28 octobre 2011

édias

L’insoutenable erreur cathodique

La Presse — Dès la fin du journal télévisé (J.T.) du 20h00, sur El Watania 1, de la journée du mercredi 26 octobre, une vidéo a envahi la Toile et les réseaux sociaux.
Le «Post» a trait à une lecture en voix off des résultats préliminaires des élections de la Constituante par l’un des journalistes d’El Watania qui, en guise de chute, commente: «Ce sont-là les partis que le peuple a choisis le 23 octobre, Ennahdha d’orientation islamiste, Ettakatol de tendance gauchiste-progressite et le CPR du centre-gauche.



Dès la fin du journal télévisé (J.T.) du 20h00, sur El Watania 1, de la journée du mercredi 26 octobre, une vidéo a envahi la Toile et les réseaux sociaux.
Le «Post» a trait à une lecture en voix off des résultats préliminaires des élections de la Constituante par l’un des journalistes d’El Watania qui, en guise de chute, commente : «Ce sont-là les partis que le peuple a choisis le 23 octobre, Ennahdha d’orientation islamiste, Ettakatol de tendance gauchiste-progressite et le CPR du centre-gauche. Le peuple a donc choisi, à la lumière de ces premiers résultats, les partis qui ne nourrissent pas d’inimitié envers l’Islam. Le peuple a voulu et il a obtenu ce qu’il a voulu».
Un commentaire qui a provoqué un tsunami de réactions indignées et révoltées et le courroux d’un grand nombre de «facebookers» qui ont dénoncé «l’anathème jeté sur les partis adversaires d’Ennahdha et l’insoutenable division du peuple entre musulmans et non-musulmans, laissant entendre que ceux qui n’ont pas voté Ennahdha, Ettakatol et CPR ne sont pas des musulmans, mais des hérétiques».
Du coup, des groupes se sont constitués, appelant à une manifestation dimanche prochain devant le siège de la télévision publique. Il est vrai que le commentaire est maladroit et insoutenable et véhicule une catégorisation religieuse des électeurs et de la population, mais comment en est-on arrivé là ? Le commentaire a-t-il dépassé les intentions du journaliste?
Contacté par téléphone, M. Mokhtar Rassaâ, directeur général de la télévision publique, est catégorique : «Le commentaire du journaliste ne reflète aucunement la position d’El Watania. Je dirais plutôt que c’est un manque de professionnalisme patent. C’est une faute professionnelle grave que le journaliste Hammadi Ghidaoui doit assumer. La direction lui a adressé un questionnaire auquel il doit répondre. Je le répète, cette lecture des résultats des élections n’engage que son auteur. D’ailleurs, nous avons envoyé une précision à tous les médias et nous nous excuserons au cours du 20h00 de ce jeudi 27 octobre».
Ce qui a été effectivement fait et correspond au texte de la précision envoyée qui énonce en substance que «le contenu du compte rendu au cours de l’édition du 20h00 de la journée du mercredi 26 octobre ne représente aucunement la position de la télévision nationale, qui a toujours suivi une ligne éditoriale caractérisée par l’objectivité et l’impartialité tout en instaurant une distance vis-à-vis de tous les acteurs du paysage politique national. Le commentaire du journaliste dans le compte rendu sur les élections est considéré par l’établissement comme une faute professionnelle grave. Son auteur doit s’en excuser et en endosser la responsabilité et le questionnement de la direction».
Interrogée par La Presse, Mme Moufida Hachani, rédactrice en chef du journal télévisé d’El Watania I, s’explique : «Je n’ai pas visionné le compte rendu, faute de temps et en raison de problèmes techniques. Certes, la faute est grave, mais croyez-moi, la pression,   les conditions de travail et la fatigue y sont pour beaucoup. Car pour couvrir de manière satisfaisante ce rendez-vous historique des élections, nous avons mobilisé tout le personnel et tous les moyens. Nous étions présents dans 27 circonscriptions et tous nos journalistes, qui sont franchement très affectés par ce qui s’est passé, se sont donnés à fond, y compris le journaliste en question. En fait, il avoue que les mots ont dépassé ses intentions, car il voulait dire à travers son commentaire que «les Tunisiens ont fait un vote à tendance religieuse». Il est vrai aussi que les mots ont eu une grande portée et très grave, mais croyez-moi ce n’était pas dans l’intention de diviser, de nuire ou de jeter l’anathème sur qui que ce soit.
Sachez que l’erreur est humaine mais l’on est conscient que dans cette nouvelle étape transitoire, il faudrait toujours et encore être vigilant. Ce que nous nous engageons et promettons de faire, car notre credo n’est autre que l’objectivité et l’impartialité vis-à-vis de tous les acteurs et partis politiques».
Que dire, enfin, sinon que la télévision, média de tous les dangers, ne souffre aucunement de telles erreurs cathodiques inadmissibles et intolérables, dont on peut se passer tant elles peuvent susciter la discrimination, le trouble et le désordre, même de manière non intentionnelle.
C’est pourquoi la précaution et la prévoyance, surtout en cette période délicate où le pays s’essaye à la démocratie, s’imposent plus que jamais afin d’éviter l’insoutenable.

1 commentaire:

  1. Rassurez-vous la Watanya a rectifié le tir et depuis le 23 Octobre 2011 elle est sage et s'est rangée du bon côté,à tel point que nous les télespectateurs avons migré de façon irréversible vers d'autres satellites pour rechercher la bonne information.Pauvres médias tunisiens,ils n'ont rien compris et ne comprendront jamais rien à moins qu'un tsunami ne vienne nettoyer le tout et reconstruire à partir de zéro.Zaba vous a complètement détruit comme il a détruit l'enseignement.Tout est à refaire!!!!!!!

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