mardi 23 octobre 2012

Des partis de l'opposition manifestent contre la violence politique- Pour la dissolution des Ligues de protection de la Révolution


 Environ trois mille manifestants ont défilé hier dans une marche pacifique sur l’avenue Bourguiba à l’appel des partis d’opposition: Nida Tounès, Al Massar, le Front populaire et Al Joumhoury afin de dénoncer la violence politique et la «dictature naissante» du pouvoir en place, et ce, sous haute protection sécuritaire.
Des représentants de ces partis politiques, d’associations de la société civile et des personnalités nationales ont participé à cette manifestation qui s’est ébranlée de la statue Ibn-Khaldoun jusqu’à la place des Droits de l’Homme.
Plusieurs banderoles affichaient le portrait du regretté Lotfi Nagdh, président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche (Urap) à Tataouine et coordinateur général de Nida Tounès dans la région, mort jeudi dernier des suites de ses blessures dans un affrontement avec des membres de la Ligue de la protection de la révolution constituée d’adhérents d’Ennahdha, du CPR, de l’UDU et d’autres associations. D’autres pancartes mentionnaient : «Lotfi Nagdh, le martyr de la démocratie » ainsi que des slogans dénonçant la violence tels: «Non aux gangs de la mort», «Non à la violence et non au retour de la dictature», «Le peuple veut libérer le ministère de l’Intérieur». «Non aux ligues de la protection de la révolution», «Oui à leur dissolution», «Oui à la neutralité des ministères de souveraineté»,  «Oui à l’indépendance de la justice et des médias».
Slim Ben Abdessalem, constituant indépendant, déplore sous la clameur des slogans scandés par les manifestants: «J’aurais aimé que la manifestation se fasse de manière non partisane, c’est-à-dire sans les banderoles des partis, car le message serait mieux passé. Je participe à cette «manif» en souvenir du regretté Lotfi Nagdh et contre la violence politique.
Je suis contre les ligues de protection de la Révolution car j’estime que la légitimité est élective et revient donc à l’Assemblée nationale constituante et non à ces comités qui doivent être dissous».
Les groupes de manifestants des partis défilent encadrés par des services d’ordre très vigilants. Les slogans des manifestants du Front populaire expriment une certaine particularité par rapport à ceux des autres partis du genre: «La Essebsi, la Jebali ethawra, thawret zawali» (ni Essebsi, ni Jebali, la révolution est celle des démunis), «Le peuple veut la chute du régime», «Y a zawali, ya meskin, dhahkhou alik bi’sm eddine» (ô pauvre démuni, ils t’ont eu au nom de la religion), «Ennahdha wal Nida aâda el chouhada» (Ennahdha et Nida Tounès ennemis des martyrs», etc.
Jamel Bida, avocat et ancien secrétaire général de l’Ordre des avocats, se trouvait au premier rang des manifestants du Front populaire aux côtés de Chokri Belaïd et de Ahmed Khaskhoussi et Mohamed Brahmi. Emporté par la foule, il nous lance à tue-tête: «Je suis là contre la violence et l’assassinat politiques qui annoncent clairement le retour à la dictature façon Ben Ali. Je crois dur comme fer que nous devons nous unir contre cette dictature naissante tout en ayant à l’esprit que le peuple qui a causé la chute de Ben Ali peut causer celle de ce pouvoir affreux et méchant».
Pour Moncef Letaïef, réalisateur, les objectifs de cette marche sont clairs: «La dissolution desdits comités ou ligues de protection de la révolution et la nomination de personnalités indépendantes à la tête des ministères de souveraineté: la Justice, l’Intérieur et les Affaires étrangères, afin d’assurer la neutralité et l’impartialité de ces ministères.
Les adeptes de la violence politique veulent instaurer, en fait, un climat de peur et d’intimidation à l’approche des élections législatives et présidentielle.  L’enjeu de tous ces dépassements et dérives du pouvoir en place n’est autre que les élections».
Parmi les manifestants de Nida Tounès défile aux côtés de Mohsen Marzouki et Taïeb Baccouche, Abdelaziz Mzoughi qui nous affirme que «si le gouvernement ne sévit pas pour assurer la sécurité, tous les partis vont assurer, par leurs propres moyens, leur sécurité et leur défense».
Arrivé devant le ministère de l’Intérieur, le groupe des partis El Massar et El Joumhoury lancent des slogans du genre: «Ali Laârayedh, dégage», «Le ministère de l’Intérieur, ministère terroriste», «Tarrouche menteur», les femmes poussent des youyous. Au premier rang de ce groupe défilent Ahmed Brahim, Samir Taïeb, Néjib et Issam Chebbi, Iyed Dahmani, Selma Baccar et bien d’autres.
Saïd Aïdi, ancien ministre de l’Emploi, dans le gouvernement Essebsi, est aussi de la partie : «Tous les partis qui ont appelé à cette manifestation s’élèvent contre la violence politique après ce qui s’est passé à Tataouine où un citoyen a trouvé la mort après les appels à la haine et au meurtre. La Troïka a une responsabilité plus que morale. Or, on a dépassé la ligne rouge pour manquement moral. Après les événements devant et dans l’ambassade des Etats-Unis et cet assassinat politique, l’image de la Tunisie est politiquement entachée de sang.
Nous devons tous nous lever contre la violence et le meurtre politique. Nous demandons, donc, la dissolution de ces comités et ligues dits de protection de la Révolution qui ne font que salir l’image de la Tunisie».
Iyed Dahmani, lui, est du même avis: «Ces comités qui nous rappellent les pasdarans en Iran doivent être dissous et les ministères de souveraineté doivent être dirigés, afin d’assurer des élections présidentielle et législatives libres et transparentes, par des personnalités indépendantes et neutres».
                          

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