dimanche 3 juillet 2011


 RETROVISION DU 3 JUILLET

Les satellitaires arabes en chiffres

Désormais le nombre de satellitaires arabes, pour l’année 2010, est de 733, alors qu’en 2009, on en comptait 696, soit une augmentation de 37 chaînes et de 5% en une seule année. Sur l’ensemble de ces chaînes 609 sont privées et 124 publiques. Ce sont là les nouveaux chiffres publiés dans le rapport annuel, pour l’année 2010, réalisé par la commission supérieure de coordination entre les satellitaires arabes dont l’Asbu (Union de radiodiffusion des pays arabes) assure le secrétariat technique.

 Le rapport propose une lecture statistique du nombre de télés arabes, leur genre, les langues utilisées, ainsi que le degré d’adaptation de la diffusion satellitaire arabe à celle du reste du monde.  La prolifération des satellitaires et de l’impact sur le paysage audiovisuel est, enfin, l’un des aspects sur lequel focalise cette étude.




Ainsi, les 609 chaînes privées occupent un taux de 83% tandis que les satellitaires publiques au nombre de 124 ne dépassent pas le taux de 27%.  Concernant le genre de chaînes,  sur les 733 télés arabes 243 sont du genre généraliste, soit 23%, dont 61 publiques et 182 privées, alors que  490, soit 87%, dont 63 publiques et 427 privées, relèvent du genre thématique. On compte une quinzaine de genres : la palme revenant aux chaînes de variétés dont le nombre s’élève à 90 dont 3 seulement publiques, au deuxième rang se place le genre fiction avec 61 chaînes dont 54 privées, en troisième position les chaînes sportives sont au nombre de 59 dont 39 privées et 20 publiques. Suivent les satellitaires de divertissement et de service au nombre de 53, en totalité privées. Autres  chaînes thématiques : 48 religieuses dont 41 privées et 7 publiques, 37 informatives dont seulement 4 publiques, 27 enfantines dont seulement une publique, 26 de shopping toutes privées, 20 culturelles dont 13 privées, 17 économiques dont seulement 2 publiques,  17 éducatives dont 9 publiques, 15 du genre femmes et sociétés, dont 2 seulement publiques, 14 du genre documentaire dont une seulement publique, enfin 3 touristiques toutes privées et trois divers autres genres.



L’ensemble de ces satellitaires arabes est diffusé par 26 structures étatiques et 444 structures privées, le reste des chaînes étant diffusées par des pays et structures étrangères, telles EL Horra, France24, Roussia El Youm, BBC Arabic et autres ciblant le public arabe à partir de l’étranger.



La diffusion satellitaire en langue arabe est de 75,17% alors que 20 chaînes utilisent totalement ou partiellement une langue autre que l’Arabe, comme l’anglais (97 chaînes, soit 13,23%) le français (8 chaînes, soit 1,03%) L’indien, espagnole, perse, etc.

 Quels enseignements tirer de ce rapport et de ces chiffres qui l’émaillent ? On remarquera, d’emblée, que les satellitaires arabes augmentent chaque année de manière sensible et que cela est dû, selon le rapport, à l’augmentation des chaînes publiques, puisque sur les 37 nouvelles chaînes 27 appartiennent à ce secteur, passant, ainsi, de 197 à 224. Pourtant le nombre total de télés publiques ne dépassent pas le taux de 16,91% et le secteur privé demeurent majoritaire et 5 fois supérieur, ou presque, à celui public. Les chaînes généralistes et thématiques privées, sont elles aussi, plus importantes en quantité et plus diversifiées.

Concernant les chaînes thématiques une constatation saute aux yeux ce sont celles commerciales consacrées au divertissement, entre chansons, variétés, fictions (feuilletons, films, pièces de théâtre le plus souvent égyptiens) qui occupent les premières places.  Elles sont suivies  des chaînes sportives courues aussi bien par le privé que le public, normal quand on sait l’engouement pour le sport, notamment le football.  Ce qui est assez surprenant d’autre part c’est que les satellitaires religieuses, pour la plupart privées, plutôt spécialisées dans les fatwas plus ridicules les unes que les autres au lieu de privilégier les vrais valeurs de l’Islam, sont plus nombreuses que celles informatives, culturelles, enfantines, documentaires et éducatives. Mieux le nombre des  chaînes de shopping est supérieur à celles des culturelles et  des documentaires.  Aucune chaine thématique publique n’est consacrée au tourisme, au shopping, ni au divertissement et au service, probablement parce qu’elles sont purement commerciales. Celles qui se focalisent sur Femmes et société sont à plus de 90% privées, car privilégiant la mode, l’art culinaire, etc. Justement aucune chaîne thématique n’est consacrée à cet art pourtant si riche dans le monde arabe.

Ainsi de multiples satellitaires se chevauchent et remplissent le même rôle de divertissement au lieu de diversifier le produit et d’opter pour les domaines de l’éducation, la culture, les arts, la science et autre. Enfin, peu de télés arabes utilisent une langue autre que l’arabe afin de s’adresser aux publics du reste du monde dans le but de refléter notre quotidien, nos causes et valeurs, notre image, culture, arts et civilisations. Ce qui est là d’ailleurs l’une des recommandations du rapport.

Ainsi, malgré la pléthore de chaînes à haute définition, valables, pour une bonne majorité, aussi bien sur le plan technique que de la forme, manque toute une stratégie : pourquoi cette déferlante de satellitaires ? Quels sont les objectifs à courts et à longs termes, le sens, l’avenir, les cibles, etc. Pour le moment c’est l’esprit commercial et mercantile qui prévalent sans plans ni buts clairs. L’important, en fait, en ce moment de l’histoire, n’est pas la quantité mais la qualité et le sens. Encore faudrait-il que tous les protagonistes,  aussi bien dans le privé que dans le public en soit conscient et convaincu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire