dimanche 11 mars 2012


Retro 12 mars

L’outrage au drapeau et le sit-in devant la télévision tunisienne

Qui mettra fin à ces inadmissibles agressions?

Les images, pourtant tremblotantes, captées par un téléphone portable ont fait, mercredi dernier, le tour des journaux télévisés des chaînes locales : on y voit un  Salafiste  décrocher et profaner  le drapeau national, hissé sur l’édifice qui se trouve à l’entrée de la Faculté des Lettres des Arts et des Sciences Humaines de La Manouba, pour le remplacer par l’étendard noir des Salafistes. Quand une  jeune étudiante, Khawla Rachidi, accourut pour l’en empêcher, il la jeta, violemment, parterre. Un groupe d’étudiants  est, alors, venu à la rescousse dans une pagaille générale, sous les yeux  horrifiés d’une partie des étudiants qui criaient leur colère et indignation alors que d’autres, Kamis et barbes  hirsutes et dont la plupart se sont avérés étrangers à la faculté, hurlaient  leur approbation, voire leur joie tout en scandant des slogans en faveur du port du niqab pour les étudiantes.


 Pourtant le drapeau rouge et blanc  que des «mains sales et inconscientes» ont détérioré et ont voulu éliminer pour en imposer par la force un autre sectaire, symbolise la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté du pays gagnée grâce au sacrifice des martyrs morts  lors de la lutte contre la colonisation et l’injustice. Et l’on ne comprend pas, donc, que tout cela se soit passé sans qu’on ne voie l’ombre ne serait-ce que d’un seul agent des forces de l’ordre, pourtant si prompt à réagir quand il s’agit de manifestations ou marches pacifiques d’autres,  parties politiques ou syndicales. Ces scènes  horribles,  criminelles, écœurantes et effrayantes quant à l’avenir de l’université, voire du pays, ont provoqué  le courroux et l’indignation de la majorité des Tunisiens patriotes, entre citoyens, universitaires et mouvements, dont notamment «Kolna Tounès», qui ont énergiquement réagi, notamment  sur les réseaux sociaux, dénonçant ces actes d’avilissement et d’outrage à notre cher drapeau, à l’exception visiblement de l’ensemble du gouvernement qui, cette journée là et ce soir là, n’a pas condamné officiellement et énergiquement, à l’exception du ministre de l’intérieur qui a condamné ces actes lors d’un débat télévisé, mercredi soir, sur El Watania 1. Encore heureux que la présidence de la République ait énergiquement condamné ces actes les qualifiant de  «de crime à l’encontre de la patrie et des martyrs» ainsi que «d’agression lâche et condamnable contre l’un des symboles de la conscience nationale collective » appelant, enfin, «les autorités judiciaire et sécuritaire à agir avec le maximum de rigueur et de force afin que nul ne s’aventure dorénavant à porter atteinte au drapeau national ».

Les images d’irrespect et d’agression contre l’emblème de la République sont claires et sans appel, alors que le gouvernement et la justice fassent en sorte que le châtiment soit aussi rigoureux et sans appel. Mais, le veut-on vraiment du côté du gouvernement tant on observe un laxisme certain à l’égard de ces fauteurs de trouble depuis que le feuilleton du niqab a commencé à la fac de La Manouba ?  Surtout qu’on connait la suite des événements qui ont  tourné à l’affrontement entre des étudiants de l’Uget (Union générale des étudiants) des Salafistes et d’ autres personnes  étrangères à la faculté munis d’armes blanches  causant cinq blessés dont deux graves. Cela dans un mépris total pour l’intégrité de l’université et la souveraineté nationale.

Est-ce à dire qu’on vit une justice à deux vitesses qui réagit au quart de tour concernant certaines parties et ferment les yeux et se bouchent les oreilles à l’égard d’autres ? Car comment expliquer, par ailleurs, ces scènes inadmissibles montrant sur certaines chaines locales des sit-inneurs salafistes et pro-Ennahdha , campant depuis une semaine devant le siège de la télé tunisienne,  qui, venus selon eux pour « assainir les médias », utilisent des haut-parleurs pour crier les noms de journalistes, soi-disant corrompus leur mettant, ainsi, la pression dans une sorte d’harcèlement qui ne dit pas son nom.



Et comme l’a affirmé une des journalistes du JT d’El Watania 1 sur la chaine  El Hiwar qui s’est demandée pourquoi tous ces gens, qui n’ont rien à voir avec les médias mais qui, en donneur de leçons de journalisme, veulent leur assainissement ne vont pas manifester devant la Banque Centrale ou d’autres ministère?  Et ce n’est pas parce que certains parmi la troïka au pouvoir n’apprécie guère le travail des médias qu’il est permis  à des sit-inneurs de faire la loi en s’éternisant dans certains sites, sans aucune intervention des autorités sécuritaires et judiciaires. Alors que d’autres manifestants ou sit-inneurs d’autres bords sont délogés aussitôt  arrivés. Une intervention rapide et efficace de toutes  les parties, entre société civile, partis et gouvernement,  s’impose afin de lever ce sit-in, d’instaurer un dialogue entre le gouvernement et les médias en vue de les réformer. Mais il n’est pas question d’un retour en arrière, cantonnant les journalistes dans le silence ou dans le rôle de simples courroies de transmission, sans la possibilité d’émettre ni critiques ni opinions.

Morale : appliquer la loi à tout le monde, quelle que soit la coloration politique et idéologique, avec équité, en toute transparence et démocratie. Mais au-delà de la morale une question s’impose qui  aura, enfin, le courage de mettre fin  à ces inadmissibles dépassements et agressions ?

 S.D.




6 commentaires:

  1. Tout d'abord je tien à signaler que je ne suis pas nahdhaouiste et n'ai pas voté pour Ennahdha.Je suis une tunisienne d'en bas comme 80% des tunisiens.Vos débats idéologiques ne m'intéressent pas et je crois qu'au fond n'interessent pas la majorité des tunisiens moyens et d'en bas.Mais il y a une réalité que vous les médias tenez à voiler:le gouvernement et les élus de l'ANC sont la seule légitimité qu'il y a dans ce pays.vous pouvez vous faire plaisir en répétant "provisoire" à tout bout de chant mais cela n'enlève rien à la légitimité de tous les élus.Par contre s'il y a une institution qui n'a pas encore fait sa révolution c'est bien les médias, la preuve, nous les tunisiens d'en bas ne nous sommes jamais sentis représentés par les médias tunisiens,ni avant ni après la révolution:vous nous avez tourné le dos (tourner le dos à toute la tunisie)à l'époque de Ben Ali en vous soumettant à sa dictature,et maintenant après la révolution, vous combattez le gouvernement élu par nous les tunisiens.Je suis désolée madame Dami mais tant que les médias n"auront pas fait leur propre révolution assainissemt de la SNJT,de l'INRIC...., le climat de tension qui règne dans le pays va persister.Et ne vous faîtes pas plaisir en racontant que les sitinneurs de la watanya sont des barbus,ceux sont des tunisiens comme moi(il y a des barbus , des non barbus, des voilées,des non voilées,enfin des tunisiens tout court,vous voulez séparer les tunisiens en des clans mais vous n'y arriverez pas), qui n'avons rien à cirer de vos débats idéologiques mais qui nous sentons trahis par les médias aussi bien avant et qu'après ben Ali.L'assainissement des médias est un impératif afin d'atteindre les objectifs de la révolution tunisienne.Les médias tunisiens devraient comprendre une fois pour toute que le tunisien n'est pas dupe!!!

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  2. ça veut dire quoi assainir les médias? ça ne veut strictement rien dire. Ben Ali a assujetti les médias grâce surtout aux directeurs-responsables qu'il désignait et grâce à quelques journalistes propagandistes et mercenaires auxquels il donnait de nombreux avantages. Ces gens-là ne représentaient pas plus d'une poignée d'hommes et/ou de femmes dans chaque média public et privé. Le reste des journalistes se réfugiaient dans la culture, le sport, l'économie,la politique internationale afin de ne pas avoir affaire à la politique nationale et être obligés de cirer les pompes de Zaba et de son gouvernement. Donc, les journalistes corrompus , malgré tout ce qu'on peut dire ne dépassent pas la centaine sur les 1000 à 1200 existants. Soit 10% ou moins.Or,le pourcentage des corrompus dans les administrations et autres est beaucoup plus important.
    De toute les manières, si le gouvernement actuel veut savoir vraiment quels sont les journalistes corrompus et veut les déloger des médias, c'est très simple qu'il les présente devant la justice.il n'y a qu'à établir une commission qui aura pour tâche 1) d'inventorier les écrits des journalistes qui ont participé au système de corruption politique en consultant le CDN (centre de documentation nationale)où se touve toutes les archives.
    2) D'ouvrir les archives du ministère de l'intérieur pour savoir qui d'entre les journalistes faisaient partie de la police politique du temps de Zaba et continuent peut-être de l'être actuellement.
    3) Demander à tous les journalistes de déclarer leurs propriétés et avoirs personnels, car vous savez certainement mieux que moi, M. l'anonyme, quel salaire minable perçoivent les journalistes. Donc tout enrichissement illicite, doit être passé au peigne fin.
    Ainsi,en fait, les gouvernements partout ds le monde peuvent tout savoir et tout faire s'ils affichent une véritable volonté politique. Or, visiblement est-ce bien le jugement et la sanction des vrais corrompus du monde des médias qu'on recherche, et c'est pareils pour ts les autres corrompus des autres corps de métier, banques, fonctionnaires, magistrats, médecins de la santé publique, etc.? Apparemment non.
    Les manifestants que j'ai vus devant la télé tunisienne sont dans leur grande majorité des "barbus'et m'ont affirmée eux-mêmes qu'ils étaient des Salafistes et des pro-Ennahdha,loin de moi,donc,toute idée de vouloir séparer les tunisiens.Or, pensez-vous vraiment que crier, devant le siège de la télé,les noms des journalistes dans un haut-parleur, de les menacer de les violer et de les défigurer(pour les femmes bien sûr) et de les égorger (pour les femmes et les hommes)est la manière la plus civique d'assainir comme ils le scandent les médias?

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  3. (SUITE)
    La plupart des journalistes, sous le temps de Zaba ou même avant, faisaient leur métier pour gagner leur vie comme tout le monde et si quelques uns et ils sont connus dirigeaient et imposaient la propagande de Ben Ali par la répression, la pression et la censure et que personne n'ait osé dénoncé tt ça dans la société civile, vous entre autres, est-ce entièrement de la faute des journalistes dont les jeunes débutants étaient payés et le sont encore aujourd'hui la bagatelle de 200D. S'ils protestaient contre la censure, surtout les jeunes, ils étaient illico menacés de renvoi et donc de chômage.
    Etes-vous au courant de ce qu'à souffert le secteur sous zaba: de la surveillance de la police politique et des "Sabbaba", et ni les pétitions, les brassards rouges, les grèves de zèle, les arrestations, les emprisonnements, les rapports de reporters sans frontière et autres organisations internationales sur les conditions de travail des journalistes tunisiens et de leur souffrance quotidienne n'y ont fait quelque chose. Savez-vous combien de journalistes , du temps de Zaba, ont visité des psychiatres et ont bénéficié d'arrêt de travail pour longue maladie, combien sont morts de crise cardiaque, de cancer et de folie, à cause du stress et de "Hamsa", pour utiliser notre dialecte si expressif? Alors justement pour que tout ça ne recommence pas et que le gouvernement qui, on dirait semble avoir la même conception du journalisme que l'ancien régime, autrement dit une information laudative sans la possibilité de parler des trains qui arrivent en retard, donc des problèmes des citoyens et de leur préoccupation comme la vie chère, l'emploi, le logement, l'éducation, la culture et la santé, etc, et ce que fait le gouvernement, entre mesures, décisions et actions; pour les résoudre. Ce que les journalistes tunisiens ont compris, c'est qu'ils ne sont plus prêts à se laisser confisquer leur liberté acquise grâce à la Révolution par quiconque, soit aujourd'hui la Troïka au pouvoir, et demain, je ne sais quelle autre coalition.
    Il est vrai que certains médias ont besoin de réforme, et certains journalistes de recyclage, mais avouez que le paysage médiatique a changé et en mieux, le nombre de radios, télés, et journaux a augmenté et le contenu est plus libre et plus diversifié et que tous les courants et mouvements politiques sont représentés. Or, que veut le gouvernement aujourd'hui? Que le Journal télévisé s'ouvre et se ferme avec les activités du président et du gouvernement, donc un retour au système propagandiste de Zaba. Les JT en occident et autres pays démocratiques ne commencent avec l'activité du président ou du gouvernement que si elle est d'une importance certaine, mais la couverture systématique de toutes leurs activités est impossible. Il y a une hiérarchie de l'information selon l'importance de l'actualité qui est à respecter. Bref, il y a des choix à faire. Et c'est au comité de rédaction du Jt d'en discuter et de faire ses choix.
    S.D.

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  4. '(suite2) En tous cas un retour en arrière n'est plus possible. A moins que le peuple ne veuille une autre dictature. Car ce qui fait la différence entre une dictature et une démocratie c'est justement la liberté de l'information et l'indépendance des médias publics.
    S.D.

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  5. Je ne veux pas polémiquer mais je reviens sur 2 ou 3 points pour éclaircir:Personnellement je ne fais pas de reproche aus médias avant Ben ALi,c'était une dictature et on comprend.Mais nous n'acceptons pas la situation du journalisme après Ben Ali.Même si vous ne voulez pas le reconnaître,pour nous, le citoyen lambda,il est clair qu'un assainissement des médias s'impose la preuve, le JT débile de la soit disant watanya: cela saute aux yeux que la rédaction du JT garde les mêmes reflexes qu'avant ben Ali:prendre le télespectateur pour un débile.Et pour les mêmes raisons, ils n'acceptent même pas les critiques.Il est certain que nous tenons à l'indépendance de la télévision publique mais il faudrait aussi être professionnel: l'indépendance de la TV publique ne veut pas dire s'opposer au gouvernement. Nous les tunisiens d'en bas réclamons la bonne information sans parti pris.Il n'échappe à personne que la TV publique est l'arbre qui cache la forêt.Aux médias de s'autoassainir, le gouvernement a d'autres impératifs: l'économie de la Tunisie.

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  6. décidément c là un dialogue de sourds, bon vent.

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