jeudi 1 septembre 2011

Culture

26e édition du Fifak

Sous le signe des cultures de résistance

Sous le signe des cultures de résistance
• 80 films de 13 pays du monde

Le festival international du film amateur de Kélibia (Fifak) se tiendra, exceptionnellement cette année, au mois de septembre (du 3 au 10) —révolution oblige— au lieu du mois de juillet comme le veut la tradition. Le dimanche 28 août à la maison de la culture Ibn-Khaldoun s’est tenue la conférence de presse de la 26e édition qui aura pour label : «Les cultures de résistance », a annoncé d’emblée M. Adel Abid, directeur de la manifestation. Pourquoi donc si ce n’est pour conforter et afficher plus que jamais les credos de la Ftca (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs) organisatrice du Fifak. «Car, explique le directeur, depuis toujours la Ftca s’est opposée et a résisté à la dictature et au régime de Ben Ali : nous avons refusé l’allégeance, l’interventionnisme, la censure… Nous avons dit non au RCD, à l’obscurantisme et à tous ceux qui ont voulu nous utiliser et aliéner notre indépendance à des fins politiques. Concernant le genre de cinéma que nous proposons, il faut dire que nous avons mis le doigt, même avant le 14 janvier, sur de multiples problèmes sociaux, politiques et culturels. Cela, grâce à des films engagés reflétant la réalité telle quelle et évoquant de nombreuses causes et valeurs dont la liberté, la démocratie, etc. Rappelez-vous que l’un des films de la Ftca s’est focalisé, l’année écoulée, sur l’immolation d’un marchand ambulant à Monastir, bien avant la révolution dont l’étincelle fut justement l’immolation de cet autre marchand ambulant de Sidi Bouzid nommé Mohamed Bouazizi. D’ailleurs plusieurs films, ayant marqué par leur pertinence et leur engagement l’histoire du festival et de la Ftca, seront projetés au cours de cette session».

Prenant la parole, Mme Mounira Ben Halima, représentante du ministère de la Culture et sous-directrice au département cinéma, rappelle que «le Fifak est pris en charge par la Ftca et le ministère de la Culture qui le soutient financièrement parce que c’est l’un des festivals les plus anciens et les plus importants du pays, proposant un jeune cinéma d’alternative». Et de poursuivre : «Tous ces jeunes bénévoles si passionnés méritent notre soutien. Nous voulons que cette édition réussisse, malgré tous les problèmes que connaît le pays, non seulement parce qu’elle est la première à se dérouler après la révolution, mais parce qu’il y aura aussi des invités de plusieurs pays du monde».
Concernant le menu de cette 26e édition, 80 films de 13 pays de la planète terre y sont proposés avec, en ouverture, Culture of resistance de la Brésilienne Iara Lee. Le programme comporte plusieurs volets:
- La compétition internationale où seront en lice pas moins de 40 films de 12 pays à travers le monde dont 9 tunisiens.
- La compétition nationale où concourent 8 films.
- La compétition des films d’écoles mettant en lice 6 opus.
- Les films coup de cœur au nombre de 6 sont d’origine espagnole, irlandaise et tchèque.
- L’hommage à Taher Cheriaâ , hélas disparu en 2010 après un long parcours bien rempli en actions décisives et judicieuses, non seulement pour le cinéma tunisien mais arabe et africain aussi. A l’ombre du Baobab, le documentaire de Mohamed Chellouf, sera projeté au cours de la cérémonie.
- Le pays à l’honneur sera l’Egypte qui a emboîté le pas à la Tunisie pour réaliser sa révolution. 18 jours, une œuvre collective de 10 courts métrages sur la révolution, entre films pour et même contre la révolution, est prévue au programme.
- Une spéciale Palestine, avec un lot de films dédiés à la cause palestinienne, est proposé.
- La soirée Ftca consacrée à l’histoire de la fédération et à la mémoire du cinéma amateur sous nos cieux. Y sera projeté le documentaire, Images saccadées de Hbib Mestiri , une sorte de genèse d’un cinéma «qui a exprimé les sentiments profonds de la société tunisienne avec audace et liberté».
Enfin, quatre rencontres, soit avec des invités ou autour d’un thème sont prévues : d’abord avec Hassine Kassi Kouyaté, un artiste polyvalent du Burkina Faso qui s’adonne à plusieurs arts, le cinéma, le théâtre, la musique, la danse, etc. Suivra la rencontre autour du thème Culture et résistance, la culture comme moyen de lutte, les buts et les attentes, animée par trois cinéastes militants : l’Espagnol Alberto Arce, la Brésilienne Iara lee et le Palestinien Ezzaldeen Shalh. Le cinéma avant et après la révolution fera l’objet d’un débat sur le cinéma égyptien militant et ses horizons. Enfin, la Ftca fêtant en 2014 son 50e anniversaire, une table ronde sur le bilan et les attentes de la fédération et de son festival, le Fifak, sera organisée en la présence d’anciennes et de nouvelles figures de cette structure.
Répondant aux questions des journalistes, notamment concernant le budget du festival, son directeur a signifié que «le budget qui lui est consacré n’a pas augmenté, malgré les promesses du dernier ministre de la Culture de l’ancien régime, il est encore de 35.000 dinars. Quant au budget de la Ftca, il est actuellement de 12.000 dinars et s’élèvera probablement à 18.000 dinars».
Toutefois, le coût de l’acquisition, par le ministère de la Culture, des droits culturels des films amateurs, réalisés chaque année par la Ftca, s’élèvera en 2011 à la somme de 50.000 dinars.
Comment trouver d’autres sources de financements et s’affranchir de la coupe du ministère? A cette question, le directeur s’emballe : «C’est notre droit en tant que structure indépendante, comme le reste des associations indépendantes, de bénéficier de subventions et d’aides du ministère. Nous avons reçu à plusieurs reprises certaines propositions de financement de la part de l’Institut français de coopération, mais il faut s’attendre à ce qu’il place au programme deux films ou plus ou à ce qu’il impose deux invités de son choix, en échange, mais nous avons toujours refusé. Nous pouvons frapper à la porte du pôle des partis modernistes, par exemple, mais on ne le fait pas pour garder notre indépendance. Nous avons des relations avec l’Ugtt qui nous aide en imprimant l’affiche du festival et le programme et qui offrira probablement l’enveloppe de tous les prix —y compris celui de l’image portant le nom de Youssef Ben Youssef— Amnesty international nous aide également et c’est d’autant plus important qu’il n’y aura pas cette année de subvention de la municipalité de Kélibia dont le conseil n’existe plus».
Concernant l’état des lieux du théâtre de plein air de la ville où se dérouleront les projections de films, Adel Abid, révèle amer : «Plusieurs chaises en ciment ont été cassées, l’écran a été endommagé, voire troué à plusieurs endroits, par l’affichage de documents des partis politiques. Mais actuellement, une équipe est en train de remédier à tout ça». Encore heureux! Bon festival les jeunes cinéastes amateurs!


Les jurys

International
- Iara Lee (cinéaste brésilienne)
- Hassane Kassi Kouyaté (conteur, acteur et metteur en scène burkinabé)
- Ezzaldeen Esmael Shalah (réalisateur palestinien)
- Alberto Arce (réalisateur espagnol)
- Khaled Walid Barsaoui (cinéaste)

National
- Walid Tayaa (réalisateur)
- Mona Iraqi (documentariste)
- Nabil Sawabi (plasticien)
Ecoles
- Rym Allagui (universitaire et plasticienne)
- A. Ahmed Salem (cinéaste et comédien mauritanien)
- Karim Hammouda (monteur)
Auteur : Samira DAMI

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