mardi 20 septembre 2011


Retrovision

Une tribune politique comme on les aime

Le débat était chaud, intéressant et édifiant dans la tribune politique (El Minbar Essiyassi), diffusée lundi dernier sur El Watania 1. Etaient présents sur le plateau de cette émission, animée par Iheb  Chaouch ,  Mme Rachida Enneifer, spécialiste en droit constitutionnel et communicatrice, MM Sadok Belaïd, juriste et ancien doyen de la Faculté de droit de Tunis, Hamma Hamami, porte parole du Pcot et le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président d’Ettakatol.  Le plus important à nos yeux c’est que les débatteurs ont rassuré les Tunisiens en démontrant que l’idée de la vacance politique qui pourrait s’installer après les élections de la Constituante ne tient pas la route. Ils ont même passé en revue les  scénarios possibles  pour la continuité de l’exercice du pouvoir : l’Assemblée  élue ayant plein pouvoir de laisser le gouvernement en place,  nommer un autre ou opter pour le panachage entre anciens et nouveaux membres.


 «Ne pas avoir peur», c’est ce que tous les intervenants ont recommandé  «Certaines parties occultes continuent à vouloir effrayer les citoyens de ce passage à la démocratie tant attendue, mais il ne faut surtout pas  céder à la panique » a glissé H. Hamami. D’où l’inutilité du référendum populaire dont l’idée est venue tardivement sans spécifier ni  le contenu ni la nature des questions, sans compter qu’il peut chahuter l’essence des élections de la Constituante.  Enfin, le professeur S.  Belaïd, pro-référendum, a fini par se rallier à la majorité des invités sur le plateau qui refusaient, eux, cette initiative. C’est qu’il a été convaincu par les arguments  des différents intervenants.  Et c’est là, comme l’a relevé Mme Enneifer, le propre de la démocratie.

Autre propos intéressant, celui  concernant les partis politiques soulevé par M. Ben Jaâfar qui a fait remarquer que les partis politiques souffrent d’une mauvaise image reflétée par les médias qui les présentent comme des structures dont le seul souci est le pouvoir, rien que le pouvoir, qu’ils se disputent  âprement. Or, a-t-il expliqué, ce sont des  programmes politiques, des réformes et des changements pour le développement du pays dont  ils  se soucient le plus, sans compter qu’ils constituent  un contre pouvoir nécessaire dans un système pluraliste et démocratique.  De pareils débats instructifs et démocratiques, on en redemande.



  Narcissisme ou agenda politique ?

Drôles de témoignages de nos concitoyens diffusés sur Hannibal-TV, sans fil conducteur, où l’on passe du coq à l’âne de la politique au chômage en passant par la sécurité, le développement régional et autres. Cela que sans que l’on sache le but de tout ça ni à quoi ça rime.

Bref, l’on comprend que c’est là la vox-populi ou la voix du peuple où l’on donne la parole à plusieurs citoyens choisis au hasard pour dire parfois n’importe quoi, comme cela a été le cas mardi dernier à Kairouan où tous les interviewés étaient des hommes et d’une seule catégorie sociale, assez démunie. Qu’appelle-t-on cela sinon du populisme ? Car comment expliquer qu’il n’y ait pas de citoyens de la classe moyenne, par exemple. Un peuple n’est pas représenté uniquement par une seule de ses composantes mais par toutes ses catégories sociales. Etranges tout de même tous ces choix et ce parti pris !

D’ailleurs ce n’est pas là le seul parti pris étrange de la chaîne puisque l’on ne comprend pas les raisons de ce soudain appel au référendum au nom du peuple et tous ces autres témoignages, qui perdurent depuis des mois, faisant l’éloge de la chaîne et de son fondateur comme si ce dernier avait un agenda  et des ambitions politiques. Or, cela peut aussi relever du narcissisme, soit l’importance excessive accordée à l’image de soi, mais cela frise tant le grotesque qu’on en reste coi.

Un recadrage déontologique et éthique de la satellitaire s’impose, donc, afin de respecter  les objectifs et la fonction supposée de toute télé : servir le public et non servir sa propre personne même s’il s’agit d’une télé privée.

Non à la pub politique

Doit-on ou ne doit-on pas passer de la pub politique dans les médias durant le dernier quart d’heure avant les élections de la Constituante ? Des partis tels le PDP  et l’UPL,  refusent de se plier à l’interdiction décidée par l’Isie estimant que «le texte justifiant l’interdiction est illégal» alors que d’autres comme Ennahdha, le Pcot, Ettakatol, le CPR, l’appliquent considérant que «la politique n’est pas une marchandise», tout en jugeant, par ailleurs, qu’il est injuste de voir certains partis inonder les paysages urbain et médiatique de publicité surtout que d’autres n’ont pas les moyens de se payer tous  ces panneaux, encarts publicitaires, affiches murales et spots radios et télés. Voilà qui repose donc  encore une fois la question des  financements  des partis ainsi que de leur relation avec l’argent et le capital. D’où la nécessité de dévoiler les origines de ces financements. Question qui n’a pas été définitivement réglée et clarifiée.

Sur la majorité des partis qui ont présentés des candidats aux élections seuls quelques uns peuvent se permettre de concocter des spots politiques, il y a, donc, de fortes probabilités que ces partis ne se présentent pas sur un pied d’égalité et avec les mêmes chances de réussite lors des élections de la Constituante. Que les adeptes de la pub politique sachent, d’abord, que les partis ne sont pas un bien de consommation à vendre,  que les candidats ne sont pas des acteurs de réclame politique ! Qu’ils sachent, ensuite, que  nous ne sommes pas aux Etats-Unis, pays qui a une tradition bien ancrée dans ce domaine, notamment, après une longue expérience démocratique. Or, nous sommes au tout début de notre parcours démocratique et l’entamer en misant sur l’argent, l’image, le style et parfois même sur de la pure propagande, du genre « Ici et maintenant », le tout aux dépens du fond et du contenu des programmes c’est faire, en quelque sorte, un raccourci sans se soucier aucunement des idées ni du sens pour reconstruire le pays rendu exsangue par la Mafia de l’ancien régime.

Ainsi s’entêter  à faire de la pub politique au détriment de tous les autres partis et des vrais problèmes et intérêts du pays c’est favoriser l’injustice et l’inégalité des chances. Voilà qui n’est pas rassurant pour un baptême démocratique où l’équité et l’éthique devraient normalement constituer la norme et la règle du jeu.

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