mercredi 21 septembre 2011


Media-citoyen

Election, football et équité

Au cours de la semaine écoulée, plusieurs figures importantes, indépendantes ou appartenant à de grands partis politiques tels MM. Néjib Chebbi, Mohamed Jgham, Moncef Marzouki, Kamel Morjane, Abdelfattah Mourou, Rached Ghannouchi et d’autres ont fait la tournée des chaînes, qui dans une rencontre spéciale, qui dans un débat, qui dans une émission de divertissement, s’affichant ainsi ouvertement, chacun d’eux exposant ses idées et défendant ses positions et programmes. Quoi de plus normal si nous n’étions pas en période de précampagne électorale de l’Assemblée constituante ! Car comment empêcher les téléspectateurs de penser qu’il s’agit là de favoritisme, et les autres partis et candidats de listes indépendantes de ressentir un sentiment de frustration et d’injustice, surtout si l’on sait qu’au moins soixante cinq partis sur la centaine qui ont une existence légale participent aux élections de la Constituante. Leurs dirigeants et membres voyant, à coup sûr, d’un mauvais œil ces passages successifs sur les satellitaires locales, alors qu’eux-mêmes ont du mal à se faire connaître du public. Voilà une question d’équité et d’éthique à prendre en considération et à ne pas perdre de vue par toutes les télés, aussi bien publiques que privées.

«Mieux», certaines télés ont consacré des plages importantes à des débats sur l’opportunité des candidatures de figures du monde du football aux élections de la Constituante, entre joueurs, entraîneurs et dirigeants de club, tels Chokri El Ouaer, Saber Ben Frej, Faouzi Benzarti, Mongi Bhar et les autres. Plusieurs intervenants, dont un chroniqueur sportif revenant, s'en sont donnés à cœur joie pour dresser tout un argumentaire justifiant ces candidatures, tout en estimant qu’elles n’ont rien de saugrenu et qu’elles sont, au contraire, tout à fait ordinaires et normales. Or ces personalités du ballon rond ont-elles besoin de toute cette publicité ? Assurément non. Mais, en les invitant, sous prétexte de débattre de leur participation aux élections à la Constituante qui a provoqué la polémique et créé le buzz sur les réseaux sociaux, les chaînes de télé en ont profité, au passage, pour faire de l’audience. La question essentielle étant de savoir si ces sportifs qui, soudainement, se découvrent également une vocation politique à l’approche du 23 octobre sont sincères ou pas. Cela d’autant que beaucoup les accusent d’opportunisme, soupçonnant qu’ils ont été appâtés par des partis financièrement bien nantis qui espèrent gagner des voix grâce à leur popularité. D’où ces questions qui reviennent sans cesse dans la bouche de leurs détracteurs : ces candidats imprévus sont-ils vraiment à leur place ? Quel sera leur apport réel s’ils étaient élus ? A-t-on vraiment besoin de footballeurs pour écrire la nouvelle Constitution de notre pays ?
Les avis divergent : certains pensant que c’est leur plein droit, comme tout autre citoyen, de se porter candidat à ces élections, d’autres dénonçant ce qu’ils considèrent comme une forme d’opportunisme des plus flagrants. Pour notre part, disons simplement qu’en l’absence de critères précis et pointus pour la sélection des candidatures, ce sont les électeurs qui seront juges. Le peuple aura, donc, le dernier mot comme dans toute élection. Mais, entre-temps, d’autres candidats de partis ou de listes indépendantes continuent à être ignorés au profit d’autres plus connus qui font le spectacle, organisent la polémique et créent le buzz, assurant aux chaînes audiovisuelles audience et publicité.

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