mercredi 29 février 2012

RETRO 29 fevrier 2012
La liberté de la presse, désormais, inaliénable
L’Affaire du quotidien Attounssia et l’incarcération de son directeur Nassreddine Ben Saida le mercredi 15 février, pour une photo Jugée «immorale et pouvant porter atteinte aux bonnes mœurs» a été le centre d’intérêt de plusieurs programmes des chaînes locales tant elle représente un enjeu capital pour la liberté de la presse et d’expression et un véritable examen pour le gouvernement provisoire.
Encore heureux que le report du procés et la  libération du directeur d’Attounssia, qui a auparavant, observé une grève de la faim, contestant, ainsi, sa détention selon une loi caduque du code pénal (article 121) décrétée par le système répressif du président déchu et qui aurait due être annulée par le décret loi numéro 115, relève du bon sens et de l’équité surtout si l’on sait que les propos appelant à la haine, la violence et la sédition du prédicateur Wajdi Ghoneim n’ont pas suscité la même réaction hyper rapide de la justice.

 D’autant que plusieurs hommes politiques et de loi, d’organisations, de Fédérations et syndicats nationaux et internationaux dont le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) la Fédération internationale des journalistes (Fij) Human Rights Watch Amnesty International, Reporter sans frontière (RSF)l ont qualifié le procès de «politique» et l’incarcération de «démesurée». Par ailleurs plusieurs partis politiques dont le PDM, le PDP, Ettakatol  ont dénoncé  cette incarcération et l’atteinte à la dignité du directeur de la publication et à liberté de la presse. Car, il est paradoxal de voir que la justice postrévolutionnaire reproduise le même schéma de répression d’avant le 14 janvier.
Face au procès intenté à N. B. Saida  l’on ne peut que s’interroger comment après la révolution on ait pu reproduire les mêmes  procédés de ZABA, puisque c’est ce même article 121 qui a permis l’arrestation et l’incarcération de Mohamed Abbou, l’actuel ministre de la Réforme administrative, et le questionnement de Mustapha Ben Jaâfar, Président de la Constituante et même le président provisoire de la République, Moncef Marzouki. Etrange que tout cela se passe sans que ceux là même qui étaient l’objet de la répression de l’ancien régime ne s’en indignent clairement, surtout si l’on sait que certains parmi eux étaient de zélés défenseurs des droits de l’homme. L’on ne comprend pas non plus que ceux qui ont tué, volé et pillé avant et après la révolution demeurent impunis, en toute liberté, alors qu’on n’hésite pas à arrêter et jeter en prison des journalistes.
En fait, l’issue de ce procès démontre que la raison a gagné et que la liberté d’expression et de la pensée sont un cadeau ou l’une des victoires de la révolution que personne ne pourra plus confisquer et voler aux journalistes qui y tiennent très fort tant ils ont souffert sous ZABA de la censure et de l’autocensure.





Chassez le naturel...
Le Journal télévisé (JT) d’El Watania 1 tient à traiter de toutes les activités du président provisoire de la République et même des plus anodines tel ce sujet de quasi deux minutes diffusé mercredi dernier, et se focalisant sur  l’accueil par le locataire de Carthage du président des scouts tunisiens. Ailleurs pareille activité présidentielle n’aurait jamais fait l’objet d’un sujet au 20H00, tant son intérêt reste flou et limité surtout au moment où les patates sont chères, où on réprime la liberté d’expression et de la presse, où on s’attaque à plusieurs sièges de l’Ugtt, horriblement souillés par les ordures jetés par des jeunes («qui ont été payés», selon les syndicalistes qui les ont pris la main dans le sac) devant les portes et sous les fenêtres de la Centrale syndicale  aussi bien à Tunis que dans les régions, agressant, par ailleurs, des gardiens et autres syndicalistes venus défendre jalousement leur temple.
Autres mauvais reflexes contractés dans le JT, c’est le retour, comme du temps du «déchu», des images muettes prises lors des activités des trois Présidents de la république, de l’Assemblée constituante et du gouvernement.  Chose qu’on ne voit pratiquement jamais ailleurs. Au fait,  qu’a-t-on besoin d’images sans le son alors que ces deux éléments permettent de  réussir une couverture visuelle et sonore des plus  animées. Et si les responsables du JT veulent coûte que coûte passer ce genre d’activités, pour une raison ou une autre en tout cas extra-professionnelle,  qu’ils laissent, alors, le son pour que chaque sujet et  images diffusés ait du sens prouvant qu’il ne s’agit pas d’afficher une activité juste par complaisance ou en guise de remplissage, mais parce qu’elle mérite vraiment d’être dans la hiérarchisation  des infos présentées. Ou alors doit-on dire chassez le naturel il revient au galop ?
La contre révolution en marche ?
Encore une désagréable et étrange surprise pour les téléspectateurs obligés, le samedi  18 février, de supporter la glorification de l’ancien régime par  Angham, lors de l’émission de variétés Kollna Touwnssa, quand la chanteuse égyptienne a repris par deux fois le refrain suivant : «7 novembre ya chams El Awtan ou soleil des Nations » et cela sans que le réalisateur ne bronche pour switcher et pouvoir, ainsi,  changer de décor, d’images et de sujet. Mais était-il derrière son pupitre ?  C’est à croire que la contre révolution est en marche à la télé tunisienne. Car après la diffusion, durant l’Aïd El Idha  de la chanson de Faouzi Ben Gamra priant le Bon Dieu de protéger et de préserver Ben Ali, voici qu’on célèbre de nouveau le chiffre 7.
L’important, maintenant, est de savoir si l’enregistrement  montrant la chanteuse égyptienne dans un concert  à Carthage a été vérifié ? Visiblement non. Pourtant lors de la précédente bourde nous avons insisté sur la nécessité de scruter  et évaluer les archives, afin, justement de ne pas tomber dans de tels piège et erreur consistant à réaliser la contre révolution, même de manière involontaire.
A la télé une enquête a été ouverte pour délimiter les responsabilités de chacun, mais nous craignons que comme la dernière enquête elle ne reste lettre morte, sans aucune suite. Car, jusqu’à maintenant personne ne nous a dit comment  a-t-on passé la chanson de Ben Gamra sans en vérifier le contenu. En sera-t-il de même pour la chanson d’Angham ? Tout porte à le croire.
S.D.

 

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