lundi 6 février 2012


Retro 5 fev

Al Hiwar Attounssi, une chaîne d’information militante

Le paysage audiovisuel compte, aujourd’hui, six chaînes de télé locales si l’on compte celle d’Al Hiwar  Attounssi  (Le dialogue tunisien) qui a obtenu en septembre 2011 sa licence de diffusion en Tunisie. Lancée en 2004, à Paris, par  l’homme d’affaire et militant de gauche Taher Ben Hassine, la chaîne se veut l’organe d’expression de l’opposition démocratique et a pour objectif de servir librement l’intérêt du pays et des citoyens. Son parti pris et sa ligne éditoriale étant de favoriser la couverture de l’actualité nationale et régionale et le débat. En atteste son slogan : «La parole libre est l’essence d’un Etat libre».


 Al Hiwar a choisi dés son lancement, il y a sept ans, de révéler dans son programme de quatre heures, en tout, proposé les dimanche et les mercredi, ce que voulait, en fait, dissimuler l’ancien régime dictatorial concernant les vrais préoccupations des citoyens, la précarité économique et sociale, notamment dans les régions, les grèves et les sit-in, ainsi que les actions des vrais partis d’opposition, des militants des droits de l’homme et activistes de la société civile et la répression dont ils étaient l’objet. Cela à travers des reportages, témoignages et entretiens avec toutes les personnalités et symboles de l’opposition toutes obédiences et factions confondues. Rappelons que cette satellitaire a été pratiquement la seule à couvrir le soulèvement du bassin minier de Gafsa, en 2008, jouant par là son vrai rôle d’information et de contre pouvoir, grâce au combat et à la résistance de ses journalistes et correspondants dont Fahem Boukadous, le premier à avoir filmé les manifestants et sit-inneurs, et a fini par être arrêté et condamné par contumace à six ans de prison ferme.

 Les reportages montrant des scènes de résistance et d’insurrection des populations du Sud-ouest du pays à Redeyef, Metlaoui, etc, faisaient que la chaîne était très suivie et attendue, impatiemment, par ses fidèles téléspectateurs qui avaient droit, parfois, à des films des plus importants du cinéma amateur tunisien ainsi que des chansons engagées. La satellitaire, à travers sa tranche de programme, dérangeait tant et si bien l’ancien régime qu’il a tout fait pour lui mettre les bâtons dans les roues, en portant plainte contre elle et par arrêter injustement son propriétaire, lors d’un court séjour dans le pays, pendant quelques heures à  C’est pourquoi elle a été obligée à la fin des années 2000 de diffuser, à partir de Rome, sur une chaîne italienne de gauche «Arcoiris».

Bref, après le 14 janvier Al Hiwar Attounssi qui émet sur Nilesat, sous la fréquence 11.355 verticale a ouvert plusieurs bureaux à Tunis ainsi que dans les régions de Sousse, Monastir et Mahdia. Outre les informations nationales et régionales et le Journal télévisé concocté sous la direction d’Aymen Rezgui, Rédacteur en Chef, le public a droit à plusieurs émissions dont le fait du jour, les conférences de presse, les enquêtes et  reportages sociaux et culturels sur des sujets de l’heure. Il y a aussi la revue de presse et les entretiens réalisés par Taher Ben Hassine et Aymen Rezgui avec des personnalités politiques et d’autres domaines pour consacrer le dialogue. Les derniers invités en date étant  Hassine  Abassi nouveau Secrétaire-Général de l’Ugtt qui a évoqué les rapports de la centrale syndicale avec Ben Ali et les dernières élections du nouveau bureau et Youssef Oueslati, président du syndicat des journaux de partis et  indépendants qui a évoqué la situation des médias et des libertés.

 Côté contenu, la chaîne se distingue par ses émissions de proximité qui collent à l’actualité et reflètent  les préoccupations des citoyens, ce que franchement on ne trouve pas ailleurs, sur les chaînes publiques, par exemple. Cependant, ce qu’on peut reprocher à l’ensemble de ces programmes d’information c’est  parfois l’imprécision des genres journalistiques, certains reportages ressemblant plutôt à une enfilade de témoignages, la façon de présenter les infos, soit le ton appliqué et un brin criard de la présentatrice et parfois scolaires de certains reporters du Journal télévisé. On ne comprend pas non plus pourquoi la revue de presse se limite à la presse arabophone excluant celle francophone.

La forme, entre décors, lumières, son, filmage, image statique et présentation, est assez basique et rudimentaire ce qui est certainement dû à un manque de moyens, mais nous avons appris que, très bientôt la chaîne s’installera dans ses nouveaux studios à La Manouba. Voilà qui laisse entendre qu’il y  aura probablement une amélioration du look d’Al Hiwar Attounsi. Espérons le, car avec la multiplication des satellitaires locales et celles qui verront bientôt le jour il n’est plus question de se contenter d’une forme primitive, tolérée avant le 14 janvier, tant les téléspectateurs étaient friands d’informations libres et objectives, n’accordant pas trop d’importance à la forme puisqu’ils s’intéressaient, avant tout, au contenu des programmes considérés comme osés, voire subversifs, en ces temps là. Mais puisque aujourd’hui les tabous politiques et sociaux sont, plus ou moins levés, les télés locales ont les coudées plus franches, d’où la concurrence de plus en plus vive au niveau du contenu, d’où la nécessité, donc, d’améliorer la forme.

S.D.

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