PROPOS FESTIVALIERS
Demis Roussos
à Hammamet : de beaux restes
Le festival international de Hammamet a consacré deux
soirées successives au chanteur grec, Demis Roussos, faisant accourir ses fans
qui l’ont découvert et aimé durant la fin des années 60 quand il était membre
du groupe Aphrodite’s Child avec ses
compatriotes Vangelis, Lucas Sideras et Silver Koulouris dont les tubes Rain and Tears et It’s Five O’Clock ont fait le tour du monde
suscitant un remarquable engouement,
puis quand il entama une carrière en solo et multiplia les succès.
Pendant la soirée du vendredi, à laquelle nous avons
assisté, un public nombreux, de nostalgiques, surtout, mais aussi de jeunes
affectionnant la découverte, a répondu présent, malgré la cherté du prix du
billet : 50 dinars, ce qui est loin d’être à la portée de toutes les
bourses, cela tombe sous le sens. Mais, à la fin du concert, il semble qu’une
bonne partie des «séniors » en a eu pour son argent, puisqu’ils ont
affiché leur satisfaction après avoir écouté, 75 minutes durant, en live et en
play-back, pour certaines chansons, tous les «Hits» qui ont bercé leur
jeunesse. Demis Roussos dont ce n’est pas le premier concert sous nos cieux,
puisqu’il y a plus de 30 ans,
précisément en 1974, il en avait donné deux à la Coupole d’El Menzah, a chanté, cette
fois-ci, assis sur une chaise, vu son état de santé délicat et l’hernie dont il
souffre. N’empêche, il n’a rien perdu de sa stature, de son charisme et de son
sens de la scène. Communicateur, ce parfait oriental, grec d’origine, né en
Egypte, à Alexandrie, n’a pas cessé d’échanger avec son public surtout en
dialecte égyptien lui lançant après chaque chanson interprétée «Ya Habibi», tout en l’invitant, parfois, à chanter en chœur avec
lui. Les tubes se sont succédé,
Rain and Tears, For Ever and Ever, Good-
bye my love good bye, we shall danse
et d’autres orientales. Accompagné
de son orchestre, entre basse, batterie, Synthé et orgue, Demis chanta quelques
uns de ses succès en live, la voix quoique demeurée toujours belle est moins
puissante, et d’autres en play back et là on retrouve la voix limpide du temps
où il était au faite de sa performance vocale, comme dans la chanson de Vangelis , Ainsi soit-il et Far away. Demis chanta l’amour, mais aussi la vie et la mort sur
fond de compositions musicales d’influence folklorique arabe et grecque teintée
de romantisme et d’émotivité. Outre les chansons de son répertoire, il interpréta
également des tubes internationaux : Mammy
blue des Temptation, Follow -me
où il a utilisé le deuxième mouvement du Concerto d’Aranjuez. Le public apprécia, chanta, dansa le sirtaki sur les
gradins, applaudit, monta sur scène, à l’invitation du chanteu,r dans une
communion totale. Far away , a
clôturé le spectacle qui a été trop court de l’avis de certains surtout qu’il y
eut une entracte de 10 minutes. Mais, peut-on exiger plus d’un chanteur à la
santé fragile ? On ne le croit pas, d’autant qu’il s’apprêtait le
lendemain à donner un 2ième concert.
Quel enseignement tirer de ce spectacle ? Sinon que les
grosses pointures, dans le domaine des arts, assurent même à un âge avancé,
même handicapés et les exemples sont légion : Abdelwaheb, wadiî Essafi,
Oum Kalthoum, Ray Charles, Charles Aznavour et autres. Vraiment, les grands
artistes ne meurent jamais.
A quand la fin des privilèges et des
entrées gratuites ?
Les cerbères qui se
pointent devant les portes des théâtres où se déroulent les
festivals d’été n’en font qu’à leur tête affichant impolitesse et
indélicatesse à l’égard de tout le monde- y compris les journalistes- venus
pourtant faire leur métier. C’était le cas tout récemment à Hammamet lors du
concert de Demis Roussos où l’on empêcha les journalistes de pénétrer par la
porte habituelle pour ne laisser entrer que des invités dont les noms étaient
consignés sur une liste visée auparavant par les services du ministère de la Culture, nous dit-on. L’agent,
qui refusa de se présenter se contentait de sommer sèchement, sans politesse ni
égard, les journalistes d’aller voir ailleurs, de chercher une autre entrée…Pourtant
ceux-là même sont des habitués, tant ils ont, durant des décennies, couvert le
festival et les activités du Centre
Culturel de Hammamet. Pourquoi, ne pas recourir, alors, aux attachés de
presse qui connaissent leurs pairs pour les accueillir?
Au théâtre Romain de Carthage, également, des cerbères
refusent l’accès des chaises aux
journalistes même si elles sont vides et dégarnies, alors que sous leurs yeux,
la même sentinelle permet à d’autres collègues d’entrer, c’est à se demander
s’il y a deux catégories de journalistes. La même sentinelle permet aussi à
d’autres spectateurs non munis de billets -chaise d’accéder à l’espace consacré.
La politique des deux poids, deux mesures continue de plus belle. N’est-ce
pas ? Pourtant nous avons cru qu’après la Révolution, l’ère des
passe-droits, des invités et invitations, des abonnements gratuits et des
cartes permanentes était bel et bien révolue et que même les ministres, comme
sous d’autres cieux, en Europe, par exemple, paieraient désormais leur place. Or,
ce n’est pas le cas. Ce sont, donc, toujours les citoyens, soit les plus
pauvres, qui payent pour les plus riches.
Pis, la mentalité des privilèges et les anciennes habitudes
consistant à attendre l’arrivée de ministres et autres hauts responsables pour
entamer les spectacles des festivals d’été perdure un peu partout. Ce qui met
le public en rogne, le spectacle ayant démarrant après l’heure prévu. Et, il
arrive le plus souvent que ces responsables ne restent pas plus de quelques
dizaines de minutes pour repartir aussitôt ayant, ainsi, fait attendre, pour
rien, aussi bien le public que l’artiste. Quand, donc, les mauvaises habitudes
héritées de l’ancien régime disparaîtront-elles ? Quand, donc, verrons- nous les hauts responsables,
entre ministres, gouverneurs, PDG et autres payer leur place ? Reproduire
tous les mauvais plis de l’ancien système-certaines administrations ne se sont
pas encore, visiblement, mises à l’heure de la Révolution- n’arrange vraiment
pas les choses. A bon entendeur salut !
S.D.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire