jeudi 23 août 2012


PROPOS FESTIVALIERS

Demis Roussos à Hammamet : de beaux restes
Le festival international de Hammamet a consacré deux soirées successives au chanteur grec, Demis Roussos, faisant accourir ses fans qui l’ont découvert et aimé durant la fin des années 60 quand il était membre du groupe Aphrodite’s Child avec  ses compatriotes Vangelis, Lucas Sideras et Silver Koulouris  dont les tubes Rain and Tears et It’s Five O’Clock ont fait le tour du monde suscitant un remarquable engouement,  puis quand il entama une carrière en solo et multiplia les succès.  
Pendant la soirée du vendredi, à laquelle nous avons assisté, un public nombreux, de nostalgiques, surtout, mais aussi de jeunes affectionnant la découverte, a répondu présent, malgré la cherté du prix du billet : 50 dinars, ce qui est loin d’être à la portée de toutes les bourses, cela tombe sous le sens. Mais, à la fin du concert, il semble qu’une bonne partie des «séniors » en a eu pour son argent, puisqu’ils ont affiché leur satisfaction après avoir écouté, 75 minutes durant, en live et en play-back, pour certaines chansons, tous les «Hits» qui ont bercé leur jeunesse. Demis Roussos dont ce n’est pas le premier concert sous nos cieux, puisqu’il y a plus de  30 ans, précisément en 1974, il en avait donné deux  à la Coupole d’El Menzah, a chanté, cette fois-ci, assis sur une chaise, vu son état de santé délicat et l’hernie dont il souffre. N’empêche, il n’a rien perdu de sa stature, de son charisme et de son sens de la scène. Communicateur, ce parfait oriental, grec d’origine, né en Egypte, à Alexandrie, n’a pas cessé d’échanger avec son public surtout en dialecte égyptien lui lançant après chaque chanson interprétée «Ya Habibi», tout en  l’invitant, parfois, à chanter en chœur avec lui. Les tubes se sont succédé, Rain and Tears, For Ever and Ever, Good- bye my love good bye, we shall danse et d’autres orientales.  Accompagné de son orchestre, entre basse, batterie, Synthé et orgue, Demis chanta quelques uns de ses succès en live, la voix quoique demeurée toujours belle est moins puissante, et d’autres en play back et là on retrouve la voix limpide du temps où il était au faite de sa performance vocale, comme  dans la chanson de Vangelis , Ainsi soit-il et Far away. Demis chanta l’amour, mais aussi la vie et la mort sur fond de compositions musicales d’influence folklorique arabe et grecque teintée de romantisme et d’émotivité. Outre les chansons de son répertoire, il interpréta également des tubes internationaux : Mammy blue des Temptation, Follow -me où il a utilisé le deuxième mouvement du Concerto d’Aranjuez. Le public  apprécia, chanta, dansa le sirtaki sur les gradins, applaudit, monta sur scène, à l’invitation du chanteu,r dans une communion totale. Far away , a clôturé le spectacle qui a été trop court de l’avis de certains surtout qu’il y eut une entracte de 10 minutes. Mais, peut-on exiger plus d’un chanteur à la santé fragile ? On ne le croit pas, d’autant qu’il s’apprêtait le lendemain à donner un 2ième concert.
Quel enseignement tirer de ce spectacle ? Sinon que les grosses pointures, dans le domaine des arts, assurent même à un âge avancé, même handicapés et les exemples sont légion : Abdelwaheb, wadiî Essafi, Oum Kalthoum, Ray Charles, Charles Aznavour et autres. Vraiment, les grands artistes ne meurent jamais.





A quand la fin des privilèges et des entrées gratuites ?
 Les cerbères qui se pointent devant les portes des théâtres où se déroulent  les  festivals d’été n’en font qu’à leur tête affichant impolitesse et indélicatesse à l’égard de tout le monde- y compris les journalistes- venus pourtant faire leur métier. C’était le cas tout récemment à Hammamet lors du concert de Demis Roussos où l’on empêcha les journalistes de pénétrer par la porte habituelle pour ne laisser entrer que des invités dont les noms étaient consignés sur une liste visée auparavant par les services du  ministère de la Culture, nous dit-on. L’agent, qui refusa de se présenter se contentait de sommer sèchement, sans politesse ni égard, les journalistes d’aller voir ailleurs, de chercher une autre entrée…Pourtant ceux-là même sont des habitués, tant ils ont, durant des décennies, couvert le festival et les activités du Centre  Culturel de Hammamet. Pourquoi, ne pas recourir, alors, aux attachés de presse qui connaissent leurs pairs pour les accueillir?  
Au théâtre Romain de Carthage, également, des cerbères refusent l’accès des chaises  aux journalistes même si elles sont vides et dégarnies, alors que sous leurs yeux, la même sentinelle permet à d’autres collègues d’entrer, c’est à se demander s’il y a deux catégories de journalistes. La même sentinelle permet aussi à d’autres spectateurs non munis de billets -chaise d’accéder à l’espace consacré. La politique des deux poids, deux mesures continue de plus belle. N’est-ce pas ? Pourtant nous avons cru qu’après la Révolution, l’ère des passe-droits, des invités et invitations, des abonnements gratuits et des cartes permanentes était bel et bien révolue et que même les ministres, comme sous d’autres cieux, en Europe, par exemple, paieraient désormais leur place. Or, ce n’est pas le cas. Ce sont, donc, toujours les citoyens, soit les plus pauvres, qui payent pour les plus riches.
Pis, la mentalité des privilèges et les anciennes habitudes consistant à attendre l’arrivée de ministres et autres hauts responsables pour entamer les spectacles des festivals d’été perdure un peu partout. Ce qui met le public en rogne, le spectacle ayant démarrant après l’heure prévu. Et, il arrive le plus souvent que ces responsables ne restent pas plus de quelques dizaines de minutes pour repartir aussitôt ayant, ainsi, fait attendre, pour rien, aussi bien le public que l’artiste. Quand, donc, les mauvaises habitudes héritées de l’ancien régime disparaîtront-elles ?  Quand, donc, verrons- nous les hauts responsables, entre ministres, gouverneurs, PDG et autres payer leur place ? Reproduire tous les mauvais plis de l’ancien système-certaines administrations ne se sont pas encore, visiblement, mises à l’heure de la Révolution- n’arrange vraiment pas les choses. A bon entendeur salut !
S.D.

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