samedi 13 juin 2015

Arrêt sur image…

Du pain sur la planche pour le Cnci

 Par Samira DAMI
Enfin le Cnci (Centre national du cinéma et de l’image) a un nouveau directeur : Fethi Kharrat, qui occupait le poste de directeur général des arts scéniques et des arts audiovisuels au ministère de la Culture.
Et vu les nombreux problèmes que connaît le secteur, le nouveau directeur a bien du pain sur la planche. Et pour faire du cinéma tunisien une réelle industrie, le Cnci devrait d’abord s’atteler à la révision des textes législatifs, qui datent des années 60 et 80, tant le paysage cinématographique et audiovisuel a évolué. Cela afin que les secteurs de la production, l’exploitation et la distribution, notamment, soient en phase avec l’époque actuelle.

Booster la production
Au niveau de la production filmique, il est nécessaire de relever l’aide à la production aux deux tiers du budget des courts et longs métrages aussi bien du genre fiction que documentaire.
Il est vrai qu’actuellement le ministère de la culture est le principal, voire l’unique, bailleur de fonds de la production cinématographique, alors que les chaînes de télé, publiques, qui finançaient en partie le cinéma moyennant une subvention entre 100.000 et 120.000 dinars, se sont totalement désistées depuis la révolution. or, la production cinématographique nécessite l’intervention de plusieurs parties qui consomment l’image, soit les télévisions, les secteurs du DVD, la téléphonie mobile, sans compter les avances sur recettes de la distribution et autres taxes afin de contribuer au financement de la production cinématographique.
D’autre part, la réorganisation du secteur de la production s’avère nécessaire. Car aujourd’hui on compte 600 sociétés pour une production annuelle de 6 à 8 longs métrages et une dizaine de courts métrages. Ce qui est relativement fort réduit par rapport au nombre de sociétés de production. Il s’agit donc de fixer des critères bien définis pour l’attribution des agréments pour la création d’une société de production.

L’exploitation : sortir de la déprime
Côté exploitation, il est clair que  le secteur connaît une  grave déprime tant le parc des salles s’est réduit comme peau de chagrin puisqu’on ne compte plus qu’une  vingtaine de salles de cinéma dans l’ensemble du  pays.
Or, outre la promesse du parti politique vainqueur des élections législatives de créer 100 salles de cinéma, et dont la réalisation n’est pas pour demain, il est actuellement possible d’utiliser les salles de projection des maisons de la culture et de la jeunesse en tant que circuit d’exploitation commerciale et dont le nombre dépasse une centaine d’unités. Car sans exploitation, les films produits avec l’argent du contribuable ne peuvent arriver à ce même contribuable. Sans salles de cinéma, tout film produit est mort-né, d’où la nécessité d’injecter une bouffée d’oxygène au secteur de l’exploitation en utilisant ces salles de projection, tout en veillant à les équiper d’un matériel moderne façon numérique, entre DCP et Blu-Ray. Ce qui permettra au cinéma tunisien, en particulier, d’atteindre sa cible et son public.
Qui dit exploitation dit distribution, les deux secteurs étant étroitement liés et sans un vrai parc de salles, on ne peut réellement parler de distribution, laquelle peine, ces dernières années, à acquérir des films importants et de qualité.

Les actions à mener
Les professionnels du cinéma sont dans l’attente d’autres actions telles que la réactivation du guichet unique, le contrôle du piratage des œuvres cinématographiques, la révision du rapport avec les chaînes de télé, la mise en place d’une convention collective des artistes et techniciens intermittents, la facilitation de l’obtention des autorisations de tournage aux films tunisiens et étrangers, etc.
Mais l’une des tâches d’une importance capitale du Cnci n’est autre que la numérisation des archives qui sont une richesse patrimoniale filmique à ne pas laisser à l’abandon tant elle représente l’histoire du cinéma. On se doit donc de restaurer et de conserver ces archives dans des conditions adéquates afin d’éviter leur destruction. Un patrimoine qui sert et nourrit la cinéphilie. Cela outre le soutien des associations cinéphiliques ainsi que la promotion des festivals en tous genres aussi bien amateurs que professionnels.
Les solutions aux problèmes des différents secteurs du cinéma nécessitent le dialogue et la concertation avec toutes  les parties concernées, ainsi que divers ministères : Education afin de développer la cinéphilie, Finances pour l’adoption de certaines taxes et l’exonération du matériel d’équipement cinématographique d’autres taxes, enfin le ministère des Affaires foncières pour le règlement des problèmes fonciers qui bloquent la création de nouvelles salles de cinéma.
Le Cnci réussira-t-il à mettre sur pied une véritable industrie du cinéma qui rendra le secteur viable et rentable? C’est ce que souhaitent, en tout cas, tous les professionnels du cinéma qui devraient, de leur côté, contribuer à ce projet.

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