lundi 15 juin 2015

ARRET SUR IMAGE

Arrêt sur image… les festivals d’été

Un nécessaire retour aux sources

Par Samira DAMI
Le pays compte plus de 250 festivals, dont la majorité se déroule en été. Du genre international, national et local, ces manifestations estivales, qui sont à nos portes, ont été initiées dans le but de créer la fête et une animation tous azimuts pour la célébration d’un genre artistique en particulier dans un espace temps réduit.
Ainsi, si l’on remonte le temps, on constatera que le festival international de Carthage, qui a vu le jour en 1964, a été créé par un groupe de mélomanes amateurs de jazz afin de célébrer ce genre de musique. Ainsi sur la côte de Carthage, le site des thermes d’Antonin, où se déroulait le festival avant sa migration vers le théâtre romain, ont vu défiler les plus grands noms du jazz, Louis Amstrong, Duke Ellington, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Charles Mingus, Ella Fitzgerald, et bien d’autres figures inoubliables.
De son côté, le festival international d’Hammamet a été lancé, également, il y a 51 ans, pour fêter de manière spécifique le 4e art et la danse. Aussi, la scène du coquet théâtre du centre culturel international d’Hammamet, construite pour l’occasion, a-t-elle accueilli les grosses pointures internationales du théâtre, dont Roger Planchon, Jean-Marie Serreau, Maurice Béjart, Aly Ben Ayed et tant d’autres.
Mieux, «Hammamet» ne s’est pas limité à célébrer les arts du théâtre et de la danse, mais fut, par excellence, un lieu de recherche et d’expérimentation non seulement pour le théâtre et la danse, mais aussi pour la musique et les arts plastiques.
Au centre culturel international d’Hammamet se concevaient et voyaient le jour des œuvres concoctées par de grands artistes et de jeunes talents venus du monde entier dans un but de création, d’innovation et de renouveau de ces arts-là. Nous pouvons multiplier les exemples de festivals internationaux et nationaux nés pour servir un ou plusieurs arts en particulier : le festival international pour servir le théâtre classique, le festival international de musique symphonique d’El Jem, fondé il y a 30 ans par Mohamed Ennacer et qui porte bien son nom, tant il est la seule manifestation arabe qui célèbre la musique symphonique. l’orchestre du bal de l’opéra de Vienne, l’orchestre philharmonique de Rome, l’orchestre symphonique Globalis de Moscou, l’orchestre symphonique de la ville de Tunis et autres y ont donné de grands concerts, ou enfin le festival international des arts plastiques de Maharès, fondé il y a 23 ans.
Tout ça pour dire que nos festivals d’été avaient une vocation purement culturelle et jouissaient d’une spécificité qui leur conférait une identité très particulière.
Mais depuis le milieu des années 80, et notamment 90 et 2000, avec l’intrusion des Rotana and Co, les spécificités ont disparu et nos festivals d’été sont devenus un mélange éclectique de tous spectacles commerciaux de variétés, tapageurs et indigents sans saveur ni odeur. Juste bon pour une consommation à effet ponctuel et éphémère, désertée par l’art, la création et la créativité.
Partant, quelques questions s’imposent : n’est-il pas temps, notamment après la révolution, d’effectuer un retour aux sources ?
N’est-il pas temps de voir nos festivals d’été se réapproprier et reconquérir leur spécificité et identité premières loin de tout esprit commercial favorisant la consommation de masse idiote par excellence ? Assurément.
Ainsi les festivals d’été devraient rompre avec la programmation anarchique, sans queue ni tête, de spectacles en tous genres sans aucune vision artistique pour retrouver, enfin, leur vocation purement culturelle, représentative de quelques genres artistiques spécifiques et particuliers. Cela, en veillant à assurer la qualité, la créativité et l’inventivité.

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