dimanche 12 février 2012


Retro 12 fevrier

Chaînes publiques

Quand, donc, ça bougera  ?

Que se passe-t-il du côté de la télé publique ? La dynamique et l’effervescence des premiers mois postrévolutionnaires, ont vite fait de s’émousser, voire de disparaître. A preuve l’apathie dans laquelle se sont installées  El Watania 1 et 2. ça ronronne et tourne en rond, sans aucune approche, ni vision apparentes. Face à la quasi vacuité des grilles, inacceptable et intolérable après le 14 janvier, on ne peut s’empêcher de se demander s’il s’agit d’un repli et d’un retour aux mauvaises habitudes prérévolutionnaire de la défunte Tunisie 7 façon télé partisane mise au pas et qui n’ose plus créer l’événement et susciter le débat ? Car si l’on excepte quelques très rares programmes intéressants et dignes d’intérêt, il y a certains signes qui ne trompent pas, tels le retour excessif aux plateaux de sports, aux rediffusions incessantes et ennuyeuses des soirées poussiéreuses d’anciens festivals d’été et de vieux feuilletons éculés qui sentent la naphtaline, tant ils ont été ressassés et consommés, jusqu’à la nausée.


 Il faut dire que la majorité des émissions de nos satellitaires publiques sont d’un classique agaçant, elles sont presqu’en totalité concoctées dans la morosité et l’enfermement des studios : ni reportages, ni enquêtes, ni investigations, ici ou ailleurs. On se contente de bricolage, en suivant l’air du temps, même les enfantines s’y mettent, à preuve cette émission diffusée dimanche dernier, dans l’après-midi, sur El Watania 2, et où l’animatrice en herbe faisait carrément de la pub pour les écoles coraniques privées incitant les parents à y inscrire leurs enfants. Le tout suivi de bavardage pseudo-religieux qui ont laissé place, ensuite, à Faouzi Ben Gamra, reconverti au Dhikr , ou chant religieux, après avoir débuté dans le genre Mezzoued. Est-ce vraiment là une enfantine ? Où est l’approche pédagogique ? Où résident la connaissance et le savoir supposés être assurés à nos enfants ?  Surtout qu’il  n’est pas permis de tomber dans la facilité et l’approximation concernant l’éducation de nos enfants.

Il est, donc, consternant et triste de constater que, hormis le bavardage dans les studios, il n’y a pas de nouveaux concepts d’émissions de jeux, divertissement, culture, et humour, même noir, dont nous avons tellement besoin en ces temps «transitoires» d’incertitude où chaque jour apporte son lot de «surprises» politiques, économiques, sociales, météorologiques pas toujours des plus agréables. Comment admettre aujourd’hui après la révolution que les Culturelles, pratiquement occultées, demeurent le parent pauvre de la grille. Encore heureux que Maçarat concoctée par Frej Chouchane et programmée, depuis quelques mois, se braque sur la pensée libre et la connaissance, à travers l’exploration de parcours et œuvres  de nos penseurs et intellectuels. Ne parlons pas des fictions, car là, il n’y a rien à faire, qu’il tonne, qu’il pleuve, qu’il neige, on ne dérogera pas à la règle de ne produire de nouveaux feuilletons ou sitcoms que pour le mois de Ramadan. Quant au reste de l’année, c’est circulez, il n’y a rien à voir !



 Côté news et actualités, les Journaux télévisés, d’El Watania 1, ont, franchement, beaucoup perdu de leur verve et de leur ton audacieux et franc, mais, tout le monde le sait, les journalistes s’attachent, malgré tout, à sauvegarder une certaine objectivité en refusant toute tentative d’immixtion et de contrôle. Les  émissions de débats  programmés en prime-time, après le 20H00, et où étaient invités plusieurs représentants des partis et de la société civile qui permettaient d’éclairer les téléspectateurs sur les questions d’actualité politiques et sur les multiples maux et problèmes socio-économiques et culturels ont disparu. Certes, Hadith Essaâ  (Propos de l’heure) diffusée, à 19H00, en access prime-time, évoque le fait du jour, même si le ton est plus sage et plus conventionnel qu’auparavant. En outre cette plage horaire est-elle la plus indiquée pour ce genre d’émission, somme toute, fédératrice ? Pourquoi ne pas la programmer en prime-time afin de lui assurer le maximum d’audience.

 Comment expliquer, par ailleurs, ce mélange de genre, quand on voit l’animatrice d’une émission de santé diriger un débat à propos de l’état des lieux des médias, comme s’il n’y avait plus de journaliste dans «la Maison», tandis que, par ailleurs, une autre animatrice s’est spécialisée dans les interviews politique, normalement chasse gardée des journalistes.

  Outre la déferlante de rediffusions de vieux feuilletons et chansons et de fictions insipides égyptiennes, produites par les pays du Golfe, El Watania 2, propose, encore heureux, la retransmission des séances de l’Assemblée constituante. Mais surprise ! Au lieu de s’en tenir à la vocation régionale de la chaîne et de braquer l’intérêt sur la Tunisie profonde, d’autant qu’il y a tant à montrer et à dire et ce, dans tous les domaines, on préfère discuter politique dans Hadith fil Essiyassi  en traitant de sujets si éloignés des préoccupations des régions, tels médias et libertés ou la décision du renvoi de l’ambassadeur syrien  (sic). Or, la vague de froid accompagnée de fortes pluies, de neige et d’intempéries qui s’est abattue sur plusieurs régions de l’intérieur, provoquant leur total isolement, constituaient une occasion en or pour sortir, enfin des studios, multiplier les reportages, enquêtes et dossiers afin de contribuer à cerner les maux et à proposer quelques pistes vers de possibles solutions.

 Les nouveaux directeurs récemment désignés, après les démissions des anciens responsables courroucés par la publication, dans la presse écrite, de documents révélant les coûts de production jugés, injustement, excessifs de la couverture des élections du 23 octobre devraient, normalement, avoir une vision et des idées et devraient pouvoir, également, créer une certaine synergie et dynamique, gérer les individualités, flairer les bons concepts et dénicher les talents. C’est pourquoi, surtout en matière de médias et de création, il est plus qu’impératif de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Mais comment agir, concevoir et produire en l’absence de réformes, notamment structurelles et financières, qui, tant attendus par tous, sont plus que jamais nécessaires ? Ainsi, la révision du statut de l’ETT (Etablissement de la télévision tunisienne) la garantie de l’indépendance de la télé publique sont  incontournables pour repartir de bon pied et instaurer une télé professionnelle et moderne, sous l’œil attentif et vigilant d’un Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), cette autorité de régulation nécessaire pour la régulation de l’audiovisuel et l’impartialité des chaînes publiques. Ce qui ne peut qu’être bénéfique aux chaînes publiques. Quand, donc, ça bougera vraiment.?

S.D.

2 commentaires:

  1. Madame Dami,ça bougera quand ce sera nettoyé de fond en comble.Nous les télespectateurs avons migré vers d'autres satellites comme à l'époque de Zaba depuis que le tele journal de 20h nous délivre que de la "poubelle":nous nous sentons insultés.Maintenant nous migrons vers les satellites étrangers pour chercher l'information sur notre pays.Le 20h c'est de la désinformation,c'est normal c'est ce qu'ils ont appris depuis 23 ans.Ce qui m'étonne encore plus c'est que vous les journalistes soit disant exigents n'êtes pas scandalisés par ce niveau médiocre de tele journal du 20h à moins que leur parti pris n'arrange vos orientations partisanes également,c'est la seule explication que je trouve.

    RépondreSupprimer
  2. En fait je dis la même chose que vous sur tous les programes des deux chaînes publiques, mais je sais que les journalistes du Jt de 20H00 ne peuvent plus travailler librement et qu'ils préparent beaucoup de sujets qui sont finalement censurés, car il y a une volonté nette de mise au pas du Jt et de toutes la télé et ce sont les techniciens ou une partie qui jouent le jeu de la Troika. Lire la rétro de demain dans La presse Magazine de ce dimanche,un article sur les raisons du départ de la journaliste Sihem Ayedi de l'émission de Dimanche Sport, ce sont les mêmes Novembristes qui sont de retour à El Watanya 1 et 2 dans des habits de révolutionnaires pour se réapproprier ce qu'ils ont perdu leur territoire au lendemain de la révolution. c très compliqué à la télé il y a les journalistes , les techniciens qui se considèrent également comme des journalistes, bref pour écrire il faut avoir en tête tout ça et nuancer les propos pour ne pas être injuste envers les journalistes du JT qui sont divisés et dont certains font de leur mieux. La révolution a été confisquée dans tous les domaines. Pauvre de nous . La Tunisie mérite vraiment mieux. Cordialement M. l'Anonyme.

    RépondreSupprimer