jeudi 26 juillet 2012

PROPOS FESTIVALIER- Par Samira DAMI

La performance de Sharrie Williams

 
«La princesse du Rockin’gospel blues», Sharrie Williams, a fait un passage inoubliable au Festival international de Hammamet, le lundi 15 juillet, sa voix rugueuse et puissante a enflammé les gradins du théâtre de Hammamet. Accompagnée de son quartet les Wiseguys, conduit par le lumineux guitariste James Owen, la chanteuse de blues a chanté sans tricher, avec ses tripes, faisant preuve d’une générosité sans pareille, contrairement à tant d’autres artistes mystificateurs. A travers ses succès, tels Blues Lover, Hard Drivin Woman, I’m So Blue, I’m on my way, I’m Here to Stay, elle révèle son style musical particulier imprégné de jazz, de blues et de gospel, mais foncièrement contemporain grâce aux accents musicaux  rocky. Des chansons qu’elle a écrites elle-même, pour la plupart, et qui racontent son enfance, la drogue, la tristesse et la souffrance. 
L’enseignement à tirer de ce concert n’est autre que le don de soi et la performance sur scène, sans tromperie ni facétie. Certes, Sharrie a chanté devant des gradins à moitié pleins, mais c’était comme si elle chantait pour des milliers de spectateurs. Car, nous l’avons déjà dit, ce qui différencie un album d’un concert en live c’est la prouesse vocale de l’artiste et la prouesse de l’orchestre qui l’accompagne. Ce qui est sûr, c’est que le public présent, ce soir-là, n’a pas été déçu, la chanteuse de jazz ayant forcé l’admiration de tous grâce non seulement à son art, mais aussi à sa capacité de communication. Réussissant, ainsi, à créer cette communion, tant souhaitée, par tout artiste digne de ce nom. Le concert de la pétillante jazz-woman est une leçon adressée à tous les artistes qui dupent leur monde par des non- prestations où prédominent la facilité et le non-respect du public.

Dieudonné : rendez-nous l’amour du prochain!
Bête de scène, comédien hors pair, Dieudonné M’bala M’bala était parmi nous le mardi 16 juillet où il a donné l’ultime de son spectacle, Rendez -nous Jésus, sur la scène du Festival international de Hammamet, qui a fait un tabac là où il est passé. Il faut dire que l’humoriste français très controversé, car accusé d’antisémitisme et de racisme, ne laisse personne indifférent. Interdit par les médias français, il a été également privé du circuit traditionnel de diffusion, soit les théâtres officiels, se produisant dans son théâtre, La main d’or, et sur des scènes de fortune, dans des champs, des autocars et autres. Interdit au Canada et en Belgique, il a vu, en mai dernier, son spectacle stoppé net, en son beau milieu, par la police belge à Bruxelles. D’où sa réplique spontanée  improvisée quand il a entendu la sirène d’une voiture de police dont le son est parvenu jusqu’à la scène : «Ils viennent pour moi, je suis habitué maintenant». Ce qui a provoqué l’hilarité des spectateurs tunisiens et français venus en très grand nombre.
 Le boycott institutionnalisé en France et ailleurs en Europe semble l’attrister et le faire souffrir. Puisqu’il ne peut s’empêcher d’en parler aussi bien dans son spectacle que, dans la foulée, lors du point de presse : «On dit que les pays d’Occident sont éclairés, mais la censure existe et la liberté d’expression est en danger, mon spectacle arrêté par la police à Bruxelles en est un exemple vivant. Je n’ai pas pu donner ce spectacle à Tunis en 2010, malgré sa programmation, suite à des pressions du maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui a appelé l’ancien président Ben Ali pour l’interdire...Et de citer le lobby sioniste français qu’il qualifie “d’extrêmement hargneux et belliqueux à son égard, ayant de surcroît les moyens de faire pression sur les politiques français”, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), le patron de la France  qui veille au grain contre toutes critiques à l’encontre des juifs et des sionistes», raille-t-il «Sinon comment expliquer, glisse-t-il, qu’on  jette des excréments à la face d’un personnage incarnant Jésus, dans une pièce donnée, l’année dernière, au Théâtre du Châtelet à Paris, qu’on publie des caricatures contre le prophète des musulmans et qu’on permette des productions et interventions islamophobes, mais que l’on crie au scandale dès qu’on parle de juifs et de sionistes. C’est là une liberté d’expression à deux vitesses».
 La censure, D.S.K. et l’affaire Nafissatou Diallo, «les élections françaises qui ne changent pas grand-chose à la réalité, car que ce soit la droite ou la gauche, elles s’entendent toujours sur le dos des faibles», B.H.L., Sarkozy, Obama et d’autres, c’est avec ces personnages et faits  de l’actualité que l’humoriste français entame son spectacle avant d’entrer dans le  vif du sujet : comment Jésus est-il vu par les musulmans, les chrétiens et les juifs ? Comment est-il perçu par un Africain, le vieux Oképi qui est la réincarnation de Jésus, un Chinois, un Américain, un prêtre, un ado français d’origine maghrébine, un musulman... ? C’est dans une émission de débat avec tous ces protagonistes qu’un journaliste politiquement correct nous fera découvrir la vision de chacun... Et c’est parti pour une heure 30 minutes de rires où l’on se gausse de cette galerie de personnages, très cocasses, merveilleusement campés par le satiriste, et qui, dans leur majorité, n’ont rien compris au message du Christ, pourtant si simple, si humain et si philanthropique : «Aimez-vous les uns les autres». Message rejeté et dénié par les marchands du temple «Qui étaient, déjà la Bande à D.S.K. et au FMI », cogne Dieudo. Au lieu de l’amour comme l’a prêché Jésus Christ, ce sont la haine et l’injustice qui ont triomphé.
Riant, dans ce stand-up, de tous  ces gens, par lui convoqués, quelques que soient leur origine ou leur religion, l’humoriste politique engagé qui «ne parle pas des machines à laver», qui ne s’est pas soumis au show-biz, assène ses propres vérités, afin de pousser au débat, voire à la polémique, en traitant de tout ce qui dérange et trouble l’ordre mondial établi qui sert  les intérêts des plus forts. Il veut rire de tout sans tabous, ni censure, estimant que la liberté d’expression est totale ou n’existe pas. A preuve le public hilare en redemandait de ces répliques au vitriol teintées d’humour sarcastique. Mais le show était si court que nous sommes restés sur notre faim, dans l’attente de nous rassasier davantage lors du prochain spectacle de Dieudonné intitulé, Fox trot qui nous renvoie au rêve américain et qui sera probablement donné sous nos cieux.

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