PROPOS FESTIVALIERS
Tout sur Jamel à Carthage : Sauvé par
l’improvisation
Ce qui séduit le plus dans le spectacle
de Jamel Debbouze, donné, jeudi dernier, sur la scène du théâtre romain de
Carthage, c’est la capacité de l’humoriste de communiquer avec le public, son
sens de l’humour, de l’improvisation et de la répartie expresse. En fait, c’est
ce qui a généré la particularité du show qui s’est quasiment transformé en une
sorte de happening où se sont multipliés les échanges avec le public. Car,
quand Jamel a évoqué la politique, la Révolution tunisienne, le printemps arabe
et la démocratie, il a eu droit à des réponses du genre «Révolution
programmée», «Pays de Salafistes» ou «Il n’y a pas encore de démocratie»,
quand il s’adresse à un couple de spectateurs et que l’homme s’avère être Samir
Dilou, le ministre des Droits de l’homme, de la justice transitionnelle et
porte parole du gouvernement, cela a suscité les huées du public du Théâtre
plein comme un œuf. Mais il n’y a vraiment pas de quoi
décontenancer «l’animateur», qui s’est écrié : «On n’est pas là
pour des embrouilles, chacun ses compétences ». Et
d’ajouter s’adressant à l’homme politique : «Personnellement
j’adore ce que vous faites», mais les huées de
l’assistance n’y feront rien puisqu’il rétorqua : «Je défendrai jusqu’au
bout chacun de mes spectateurs, un peu de respect !». Donc,
ceux qui ont affirmé qu’il a manqué de respect aux politiques tunisiens ont eu
tout faux. Par, ailleurs, le comédien n’a pas manqué d’apprécier
les Tunisiens qu’il «adore», a-t-il assuré, en se délectant de leur l’accent
chantonnant, tout en les remerciant d’être venus aussi nombreux à son spectacle
lançant sur le ton de la plaisanterie «Je dirai que j’ai vu tous les
Tunisiens en une seule soirée, on dirait que vous êtes tous là».
Dans Tout sur Jamel et,
contrairement, à son habitude l’artiste a parlé de religion et de politique
lançant avec une conviction affichée que «la religion est dans les
cœurs », «Nous avons eu, nous aussi, récemment, des élections
et le conseil que je vous donne, c’est qu’il faut aller voter…Allez
voter», et d’enchaîner : «Mais, il ne faudrait pas qu’il repasse …»
le théâtre s’enflamme sous les cris et applaudissements des spectateurs debout,
pendant ce temps-là Jamel, tourne en rond, et quand le public
s’assoit, enfin, il s’écrie, achevant sa réplique : «Sarkozy ».
Eclat de rire général des 10.000 spectateurs leurrés. En fait, Jamel , dans une
attitude ambigüe, visait l’ex-président français alors que le public avait
compris qu’il ciblait le mouvement Ennahdha majoritairement élu le 23 octobre
2011.
Maintenant, concernant le spectacle tel
qu’en lui-même, il s’est décliné dans la continuité de son premier
one-man-show, 100% Debbouze, Jamel y raconte son
parcours du temps où il était au collège de la banlieue de Trappes jusqu’à la
naissance de son fils, Léon, en passant par les cours de théâtre lors de sa
jeunesse, son mariage, etc. Mais, tout ça, laisse une impression de déjà vu au
niveau des thèmes ayant été, pour la plupart, déjà traités, d’autant
que les vannes étaient plutôt faciles, telles celles sur les banlieues, le choc
des Cultures qu’il évoque en opposant le comportement et le mode de vie de ses
beaux parents français à ceux de ses propres parents, des immigrés marocains,
d’où le surnom dont il affuble son père, «Hchouman» (en opposition
à Superman ou Batman, peut-être) autrement dit celui qui lui «fout» la honte.
Même s’il s’agit d’autodérision et de dérision, on peut se demander pourquoi ce
complexe vis-à-vis de la culture de ses beaux parents ? Jamel de Trappes
serait-il devenu le chantre de l’intégration, incitant par là les jeunes des
banlieues issus de l’immigration à mettre en veilleuse ou à avoir honte de leur
propre culture d’origine, qui est en fait, une richesse et non pas quelque
chose d’humiliant dont on devrait s’en débarrasser ou avoir honte. Au plan de
la forme, ce stand-up a été d’une pauvreté inouïe, si l’on excepte les images
retraçant le parcours de Jamel vers la fin du spectacle.
Au final,Tout sur Jamel a
été, quelque peu, sauvé par l’improvisation, car il n’y a rien d’inédit, ni de
nouveau, ça se répète et manque de punch et d’audace : raconter son
mariage, la naissance de son fils, les souffrances de la circoncision, c’est en
gros d’un ennui monstre. L’humoriste devrait cesser de surfer sur le thème
devenu facile de l’immigration, d’autant qu’il s’en est sorti et n’habite plus
dans les quartiers chauds de la banlieue parisienne, mais au quartier latin, en
plein cœur de Paris. En fait, Jamel vit, depuis sa réussite et son
succès, il y a une décennie, un vrai conte de fée. Cet artiste intelligent,
bourré de talent, riche et célèbre, ayant choisi la voie du show-biz, devrait
penser à éviter les sentiers battus et à se renouveler afin d’évoluer, ne point
stagner, et continuer, ainsi, à séduire son public et ses fans.
S.D.
Il ne faut pas trop lui "jeter la pierre".
RépondreSupprimerIl a permi à des jeunes talents à faire leurs premiers pas sur une scène dans "Jamel Comedy".
Le festival du rire à Marrackech , c'est aussi lui.Il a du talent et du coeur...