mercredi 20 mai 2015


En direct de Cannes — 3 Questions à Brahim Letaief, directeur de la 26e Edition des Jcc

« Les JCC sur la voie de la continuité… »

De notre envoyée spéciale à Cannes, Samira DAMI

« Opter pour le nombre optimal permis par le règlement des JCC, soit 3 longs métrages en compétition »
Brahim Letaïef est le nouveau directeur de la 26e édition des JCC (Journées cinématographiques de Carthage), nous l’avons rencontré au festival de Cannes dans le pavillon tunisien, qui, hélas, est loin de faire le plein et d’attirer les visiteurs. Tenu par plusieurs membres du personnel de l’administration du Cnci (Centre national du cinéma et de l’image) qui ne sont ni des professionnels, ni des spécialistes, ni des connaisseurs du cinéma, le pavillon n’est  plus que l’ombre de lui-même. Il est très peu fréquenté et dénué de l’effervescence qu’il avait connu auparavant, surtout en l’absence d’un grand nombre de professionnels tunisiens qui, cette année, ont fait faux bond, la Chambre syndicale nationale de producteurs de films n’est pas non plus représentée car n’ayant pas été associée par le Cnci au programme du pavillon. Encore heureux que le pavillon, où trône l’affiche, pas du tout inspirée, des prochaines JCC, prévues du 21 au 28 novembre,serve de lieu de rendez-vous au directeur des JCC qui profite de l’occasion pour prospecter de bons films africains, arabes et du reste du monde. Nous lui avons posé 3 questions.

En tant que nouveau directeur des JCC comptez-vous maintenir la continuité ou imaginer une nouvelle conception de la manifestation ?
Je pense que la continuité, au niveau du contenu, doit être maintenue car les fondamentaux des JCC sont un acquis à sauvegarder tandis qu’au plan de la forme et de l’organisation la manifestation a, comme vous le savez,  évolué. Toutefois, étant devenues annuelles, les JCC qui ont avant tout une dimension artistique, donc culturelle, il est certain que la ligne éditoriale est aussi importante que l’organisation. De ce fait, les JCC ne peuvent se dérouler sans des films arabes et africains projetés en avant-première, je vais, donc, prospecter de nouveaux films fraîchement produits.
La continuité se manifestera d’autre part dans les différentes sections du festival qui seront, évidemment, maintenues, à l’instar de la compétition des films arabes et africains, entre courts et longs métrages du genre documentaire et fiction, le Panorama du cinéma mondial, le Focus sur le cinéma tunisien, la section «Takmil» qui prête une attention particulière au cinéma africain en aidant les films dans la phase de post-production. Cette année je compte reprendre la section «Producer-network», abandonnée l’année dernière, en raison de la forte demande. Ainsi des réalisateurs arabes et africains rencontreront des producteurs étrangers qui pourraient les aider à achever le montage financier de leur opus. Enfin, les régions ne seront pas en reste, leurs publics auront droit à un programme ainsi qu’à la fête qui devrait se passer aussi dans les régions comme dans la capitale. Il est temps que les JCC  s’ouvrent franchement sur la Tunisie profonde.
Concernant le cinéma tunisien, dont de nombreux films sont déjà en boîte, or, lors de la dernière édition, un seul film a été choisi par la commission de sélection pour la compétition, combien comptez-vous en sélectionner durant la prochaine ?
Je sais qu’au moins 5 longs métrages sont déjà achevés et peuvent concourir pour les JCC, ceux de Farès Naâna, Mokhtar Ladjimi, Leïla Bouzid, Mehdi Hmili, Férid Boughdir, aussi j’opterai pour le nombre optimal de films permis par le règlement des JCC, 3 en l’occurrence. Cela afin de donner le plus de chance au cinéma tunisien. Je pense, donc, que la commission de sélection des films en compétition  pourrait, si la qualité le permet, choisir 3 longs métrages pour être en lice. Il est normal que notre cinéma ait de la visibilité aux JCC, comme c’est le cas, par exemple,  cette année à Cannes où 5 films français sont en lice dans la sélection officielle.
Pensez-vous, enfin, qu’il est vraiment temps que les JCC bénéficient d’une structure permanente et indépendante, à l’instar de tous les festivals du monde ?
Certes, j’ai été nommé directeur de la prochaine édition mais il faudrait bien qu’une structure permanente soit, enfin, mise sur pied d’autant que la périodicité de la manifestation l’exige. Car une fois les prochaines JCC terminées, vers la fin novembre, il faudrait rapidement entamer la préparation de l’édition suivante et pour cela, il est nécessaire d’avoir une structure permanente, sinon on perdra l’expérience et le savoir-faire acquis par chaque équipe qui s’en ira avec la direction précédente.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire