lundi 21 mars 2016

Retrovision du 28 février 2016

Divertissement télé et radio
Mieux vaut en rire 
Les émissions de divertissement et les rubriques humoristiques se multiplient aussi bien sur les chaînes de radio que de télé, notamment privées. C’est vraiment la tendance, si l’on puis dire, sous nos cieux. Quoi de plus normal par ces temps de guerre, de crise et de morosité ambiante que les médias audiovisuels se tournent vers le divertissement dans le but de distraire leurs auditeurs et téléspectateurs par le rire et la bonne humeur. Accompagner le réveil matinal des uns et des autres, les conducteurs et conductrices, en route vers le boulot, égayer les veillées des Tunisiens est une bonne cause, car divertir est, entre autres, l’une des trois missions des médias audiovisuels. Mais là où le bât blesse, c’est que la plupart de ces programmes de divertissement ne sont pas drôles mais plutôt insipides et bêtifiants. Le plus souvent, le contenu est une sorte de méli-mélo et un fourre-tout où l’on rit de tout et de rien sans réussir à marquer les esprits avec la bonne vanne et/ou le trait d’esprit intelligent. Dans ces émissions, on rit de tout le monde : du président de la République, des ministres et autres responsables, des artistes et même des citoyens. Certes, ce n’est pas là un sacrilège, divertissements télé et radio Mieux vaut en rire ! Car dans les pays démocratiques, nul n’est au-dessus de la caricature, de la critique et du portrait humoristiques, mais faudrait-il encore que les animateurs, chroniqueurs et autres «agitateurs professionnels» se distinguent vraiment par leur talent et leur savoirfaire. Or, pour la plupart, ils croient qu’il suffit de rires et de fous-rires entre eux dans les studios et sur les plateaux pour réussir à dérider le public et à le divertir. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Et c’est le cas, par exemple, dans la matinale de Mosaïque-FM Ahla Sbeh, animée par Linda Rahali et Midox, où ça rit d’un rire gras et sonore pour un oui pour un non, sans pour autant convaincre ni atteindre la cible, autrement dit les auditeurs, à l’exception, mais pas toujours, de Wassim Herissi qui, dans Seyess Khouk, commente d’une manière ironique, et parfois même corrosive, l’actualité politique notamment, mais aussi sociale, culturelle et sportive.
Amusements collectifs assommants
Dans Fezzz Tesmaâ el Ezz, sur Radio-IFM, on constate, à l’écoute de cette matinale, que «les héros sont fatigués». Car, après avoir cartonné à ses débuts, en 2013, l’émission s’émousse et même les blagues de Jaâfour (comprenez le comédien Jaâfer Guesmi) s’avèrent, au fil des matinales, hyper consommées. Certes, sur d’autres chaînes, quelques rubriques humoristiques réussissent, parfois, à nous défiger, telles Erradialogue de Rafaâ Mejdi et Mohamed Dahech ainsi que celle de la comédienne Rim Hamrouni au sein de la piquante émission Kelmet Ennsé, goupillée par Khouloud Mabrouk et Maya Ksouri. A la télé, les divertissements façon talk-show sont les plus usités et le plus souvent cela tourne aux amusements collectifs assommants comme dans Quoi D’9 sur Attassia où les protagonistes s’amusent et rient beaucoup entre eux mais sans réussir à nous toucher ni à nous communiquer leur rire. On le voit bien, on ne peut faire rire à n’importe quelle occasion et à n’importe quel prix, car faire rire est un art qui présuppose un don, un background spécifique, une bonne dose de culture et surtout du talent. Le divertissement, par le rire et l’humour, est plus que jamais nécessaire par les temps qui courent, mais cela ne doit pas tourner à l’obsession dans nos médias audiovisuels, car il vaudrait mieux s’en passer, à défaut de personnes qualifiées, pour animer un bon divertissement façon talkshow ou autres rubriques du genre. Certes, on comprend que certaines chaînes succombent à la facilité d’autant que le talk-show est peu coûteux, et donc rentable, mais de là à nous servir n’importe quoi, en guise de divertissements, c’en est trop ! Cela d’autant qu’il existe d’autres manières de divertir son public tels les jeux, les sketches, les comédies, les variétés, les reality-show et autres. Au final, il ne faudrait pas croire que le divertissement est un genre mineur, mais il s’agit plutôt d’un genre aussi sérieux que les émissions informatives et culturelles et dont l’enjeu est tout aussi important : communiquer et passer des messages en utilisant l’arme du rire. Autrement dit, joindre l’utile à l’agréable. D’où la nécessité de choisir les bons profils, entre présentateurs et chroniqueurs, doués et talentueux afin de convaincre, d’interpeller et de toucher le public. Les émissions de divertissement ont la mission de nous rendre plus intelligents et non plus bêtes. Elles devraient, donc, répondre à nos attentes et se hisser à un certain niveau. A défaut, mieux vaut en rire!
S.D.

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