dimanche 15 avril 2012


Retro du 15/04/2012

Mais qui sont ces civils qui ont sévi en ce «Lundi noir» ?

 La levée de l’interdiction de manifester à l’Avenue Bourguiba, emblème de la Révolution, a été levée, mais avec les conditions  que l’on sait. Une décision tardive tant la violence et la répression inouïes qui se sont abattus en ce «lundi noir» auraient pu être évité, si on avait laissé cette manifestation se dérouler pacifiquement, comme elle a débuté. D’autant qu’il s’agissait de fêter les martyrs du 9 avril 1938, et à travers eux ceux de la Révolution. D’où la symbolique de l’Avenue Bourguiba, qui a rassemblé, le 14 janvier 2011, des milliers de Tunisiens dans une mémorable manifestation ayant poussé, sinon contribué à la fuite du dictateur. L’interdire totalement et catégoriquement aux manifestations ne peut être accepté par les Tunisiens qui, après la Révolution, ne sont pas prêts de céder, ne serait-ce qu’une once des libertés acquises grâce à la Révolution.  D’où, la révision de cette décision, hélas, tardive comme nous l’avons dit plus haut, pour la simple raison que les scènes de violence filmées par les télés locales et étrangères et postées sur les réseaux sociaux ont fait le tour du monde reflétant la violence démesurée utilisée par les forces de l’ordre pour disperser les manifestants avant même leur arrivée à l’avenue Bourguiba, objet de tous les désirs.


Une longue séquence diffusée par la chaîne El Hiwar Ettounssi semble comme directement sorti d’un film de Costa Gavras, façon Missing, dont l’action se déroule au Chili, durant le coup d’Etat de Pinochet. Dans un plan large, on y voit  le cœur de la ville enveloppé d’une chape de fumée alors que se déroule sous nos yeux un mouvement de flux et reflux des manifestants face aux agents de la sûreté et vice versa… Des plans plus serrés montrent femmes, enfants et vieux, quasi évanouis, suffocant sous la fumée des bombes lacrymogènes…Une femme pleure la commémoration gâchée de la fête des martyrs...  Dans un café des citoyennes aident une anthropologue italienne à retrouver son souffle : «Je n’ai jamais vu ça même  pas à Gênes, lors du Forum économique mondial en 2001» Commente-t-elle. Des coups de matraque pleuvent…Les instructions  aussi, on suppose. Mais de qui ? Car, on ne comprend pas  que des civils, dont certains bigrement corpulents et baraqués, s’attaquent physiquement et verbalement aux manifestants…Entre autres des Constituants, nous reconnaissons, à l’image, Khemais Ksila, protégé par un civil, mais poursuivi par un barbu qui le filme en  le traitant «de Rcédéiste» et de «Malpropre» le sommant de dégager…«Merci, merci», répond le député. Jawhar Ben Mbarek, coordinateur du Réseau Dostourna, le bras en écharpe, est lui, agressé verbalement et qualifié «d’homme de Ben Ali», Idem pour l’avocat Ahmed Essedik  criant sa colère contre les agissements de ces personnes désignées par les manifestants qui assistent à la scène de «milices d’Ennahdha». Le journaliste Zied El Heni, qui aidait, en tant que membre du Bureau du Syndicat national des journalistes tunisiens, les journalistes locaux et étrangers qui couvraient l’événement, a été également pris à partie…

Au bas de l’écran s’affiche une question : qui sont tous ces éléments qui accompagnent les forces de l’ordre dans tous leurs déplacements, sur l’Avenue Bourguiba, à la rue Jean Jaurès, à la rue du Caire,etc ?  En effet qui sont ces gens qui poursuivent de leur violent zèle les représentants des partis et de la société civile, les élus, les journalistes et les manifestants ?  Une police parallèle ? Comment se sont-ils arrogés le droit, fussent des partisans d’Ennahdha, qui ne sont pas au dessus de la loi, d’agresser sauvagement verbalement et physiquement des manifestants de tous bords ? C’est la question que se sont  posés tous ceux qui ont vu la vidéo diffusée en boucle sur El Hiwar. La Commission d’enquête décidée après le conseil des ministres, mercredi dernier et d’autres commissions nous le diront probablement.

Mais, il est sûr que ces scènes indignes de la Tunisie postrévolutionnaire ont fait le tour des satellitaires et des réseaux sociaux, sans compter que les témoignages des journalistes étrangers dont  celui de Julie Schneider, correspondante du journal électronique Le Point.fr, qui  a raconté dans un article comment elle a été frappée par la police tunisienne, ne contribueront certainement pas à donner une image positive aux investisseurs étrangers et aux touristes tant convoités. Sans compter qu’on se demande pourquoi avoir dépensé des sommes colossales, soit 65 millions de dinars, pour la promotion du tourisme si l’on détruit d’une main ce qu’on a construit de l’autre. Là est la question, car il s’agit d’avoir une vision globale des intérêts économiques du pays et non pas une vision fragmentaire où chaque ministère agit en solitaire sans tenir compte  de la politique et de la stratégie des autres ministères, et donc, de l’intérêt général  de l’ensemble du pays.

Il est clair que la Révolution a eu lieu, en grande partie, en raison de la répression féroce de l’ancien régime dictatorial et au manque total de libertés et ce n’est pas en reproduisant les mêmes pratiques déplorées et réprouvées d’ailleurs, toujours selon des reportages de la chaîne El Hiwar, par des sit-inneurs et des grévistes de la faim de plusieurs régions, Gafsa, à El Gtar, Sidi Bouzid que les choses vont changer.  Ainsi, après une quasi réconciliation entre les forces de sécurité, la police et les citoyens, ils sont, de nouveau, mis dos à dos par les donneurs d’instructions. Mais, encore une fois, qui sont-ils ? Et ces milices ? La commission d’enquête  indépendante saura-t-elle apporter les réponses attendues ? Ou alors faudrait-il comme, en ce qui concerne bien d’autres enquêtes sur le tabassage de manifestants et de journalistes par des milices déchanter ? Espérons que non car, les faits sont graves et si on les occulte, encore une fois, c’est vraiment le chaos qui nous guette.

S.D.

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