vendredi 27 avril 2012

Maya Jeribi (secrétaire générale d’El Hezb El Joumhouri) : «Le processus démocratique est menacé»

Maya Jeribi (secrétaire générale d’El Hezb El Joumhouri) : «Le processus démocratique est menacé»
Militante de la première heure, Maya Jeribi a été de tous les combats, façon tout terrain, politique, social, droits humains...Une vraie battante comme on les aime, avec son franc-parler, non sans élégance du verbe, et sa générosité dans le combat pour les libertés et la démocratie, notamment. Nous n’allons pas, ce n’est pas notre propos, dérouler, ici, son parcours, de femme politique qui en a vu de toutes les couleurs sous le régime répressif et dictatorial de Ben Ali, mais dont la patience a fini par payer. Nous lui donnons la parole, en tant que secrétaire générale du nouveau parti Républicain, El Hezb Al Joumhouri. Les élections du bureau politique de cette formation, issue de la fusion du parti démocrate progressiste avec Afek Tounès et le parti Républicain, ont eu lieu le 9 avril non sans susciter remous et voix discordantes. Certains congressistes de l’ex-PDP reprochant, notamment, l’absence de transparence du Congrès... Maya Jeribi, Constituante, bonne communicante, répond sur cette question et bien d’autres, tels la lenteur des travaux de l’ANC (Assemblée nationale constituante), la politique de répression programmée, les médias publics et leur privatisation dans l’air...


Pourquoi le PDP (Parti démocrate progressiste) a-t-il choisi Afek Tounès et le Parti républicain pour opérer une fusion, quelles sont les valeurs qui les unissent ?
Le PDP n’a pas choisi des partis, mais plutôt la fusion avec des formations qui partagent les mêmes valeurs, la citoyenneté, la justice sociale, l’ancrage du patrimoine, les libertés, la démocratie, etc. Nous avons relevé que ce qui nous sépare est dans la nuance enrichissante et valorisante. La situation dans le pays exige le rassemblement des forces proches afin de garantir l’équilibre politique.

En tout cas, il semble que c’est la mode aujourd’hui…
Non, ce n’est pas une mode mais un devoir national exigé par la conjoncture. Vous savez, après chaque révolution, il y a une explosion de partis suivie d’une phase de rassemblement et de prise de conscience de cette nécessité, ce n’est pas propre à la Tunisie.
Dans la foulée de la révolution, chacun contribue à sa manière et je vois ces rapprochements sous un angle très positif car l’effritement ne peut pas mener à la consolidation de la démocratie et le cas de la Tunisie est clair.

La formation d’El Hezb El Joumhouri a créé des remous de la base au sein du Parti Afek Tounès et la suspension de l’adhésion d’un groupe de cadres et de militants au sein du PDP après les élections, dont le Constituant Mohamed Hamdi, qui menace de quitter le parti, accusant le congrès de ne pas avoir été transparent et démocratique, où en sont actuellement les choses
?
Bien au contraire, le congrès a été d’une transparence sans faille, l’opération électorale, de l’avis même de ceux qui ont gelé leur activité au sein du parti et de tous les congressistes, a été irréprochable.
Je rappelle que ceux qui ont gelé leur activité ont accepté le résultat du comité central. A preuve, on est passé à la présentation des candidatures, pour le bureau politique, sans qu’il y ait de contestations. Mais lorsque les résultats du bureau politique sont tombés, ils n’ont pas accepté le résultat.
D’un point de vue électoral, l’opération est transparente. Et à l’image des Tunisiens qui sont fiers des élections du 23 octobre 2011, les militants de l’ex-PDP sont tout aussi satisfaits des résultats des élections au sein d’El Hezb El Joumhouri. Maintenant, il y a problème : dans le cadre des structures d’El Hezb El Joumhouri, le dialogue n’est pas rompu, mais nos amis campent sur leur position, malgré la souplesse que nous avons montrée. Le comité central a validé la démocratie du bureau exécutif qui a décidé de ne pas couper les ponts avec ceux qui ont gelé leur activité, de les impliquer et de les intégrer dans la vie du parti, mais toujours dans le respect du scrutin, des institutions élues et de la légalité.
En fait, Mohamed Hamdi, Mehdi Ben Gharbia, Mahmoud Baroudi, Moncef Cheïkhrouhou et d’autres ont refusé, certes, le résultat du scrutin, mais nous n’avons pas de différend politique. A preuve, Mohamed Hamdi a corédigé la motion politique du congrès, on était sur la même longueur d’onde. Ce n’est pas du tout un différend politique, mais un différend concernant la gestion du parti que j’accepte de traiter avec l’exigence du respect des institutions.

Certaines mauvaises langues avancent que la coopération de Yacine Brahim servirait à éponger les dettes du PDP…

Je suis désolée, mais nous ne sommes pas des commerçants, nous ne l’avons jamais été et nous ne le deviendrons jamais. Notre démarche de rassemblement est éminemment politique pour l’intérêt du pays. Il s’agit d’un mariage et nous avons longuement débattu de l’intérêt de cette union dans une vision globale.

A combien s’élèvent les dettes de l’ex-PDP ? Et comment allez-vous financer El Hezb El Joumhouri ?
1,3 million de dinars, d’ailleurs, l’ex-Afek Tounès est également endetté à hauteur d’environ 300.000 dinars. Les fonds d’El Hezb El Joumhouri proviendront de tous ceux qui acceptent d’aider un parti républicain qui œuvre pour le processus démocratique, des militants et des congressistes.
L’entrée du capital dans la politique n’est pas toujours bien vue…
Non, ce n’est pas le capital qui entrera dans la gestion du parti, mais il s’agit de contributions financières de citoyens qui adopteront la démarche du parti. Car l’action dans un parti peut être à la fois militante et financière.

Allez-vous reconnaître Mohamed Hamdi comme l’aile réformiste du parti ?
Aile réformiste de quoi ? Je vous ai dit qu’il n’y avait aucune divergence, aux plans de la gestion et de l’institutionnalisation du parti. Tout le monde œuvre pour une meilleure gestion, une meilleure démocratie et une communication internes, enfin une meilleure vision de la participation des régions dans la vie du parti. Tous les militants d’El Hezb El Joumhouri s’accordent sur cette vision. Courant réformiste ou pas, le règlement intérieur stipule la reconnaissance des courants au sein même d’ El Hezb El Joumhouri. C’est une dimension enrichissante bienvenue, certes, mais dans le respect du fonctionnement du parti, car l’un des fondements de l’institution c’est le respect des structures élues.

Où compte se positionner El Hezb El Joumhouri avec à sa droite l’initiative de Caïd Essebsi et à sa gauche «La Voie démocratique et sociale» (El Massar El Dimokrati)?
Nous sommes un parti centriste qui prône la justice, la liberté et les valeurs citoyennes. La phase post-électorale nous a incités à aller dans le sens du rassemblement et nous avons eu beaucoup de discussions avec «La Voie démocratique et sociale», les discussions n’ont pas abouti sur un rassemblement mais plusieurs valeurs nous rapprochent, plus à droite, l’initiative citoyenne de Béji Caïd Essebsi constitue une consolidation de l’institution démocratique.

Comment expliquez-vous le refus, voire la crainte, de certains membres du gouvernement et de la Troïka de l’initiative de Béji Caïd Essebsi ?
C’est un manque de confiance dans leur démarche allergique à toute forme de vivacité de la société civile. Or je suis heureuse de noter cette vivacité au sein de la société civile, des médias, qui défendent leurs corps, bec et ongles, avec une force que nous nous devons de saluer. Normalement, le gouvernement devrait être heureux de voir différentes formations politiques naître, or il montre une frilosité certaine. Comment un parti au pouvoir peut-il craindre la concurrence qui constitue l’âme et le fondement de toute démocratie ?

En tant que secrétaire générale d’El Hezb El Joumhouri, avez-vous le champ libre pour vous imposer en tant que leader politique et monter, ainsi, en ligne ?
Ma mission ce n’est pas de monter en ligne, mais de sauver le pays de toutes les menaces qui pointent, d’améliorer les conditions de vie des Tunisiens et de consolider la démocratie naissante.
La concurrence n’est pas notre parti pris, c’est plutôt la direction collégiale que nous prônons dans le but de contribuer en première ligne à instaurer la démocratie dans le pays et nous y réussirons.
Dès 2006, quand j’ai été élue secrétaire générale, certains ont avancé que je jouerai les seconds rôles, mais nous formions une équipe où chacun a donné du sien.

Est-ce que M. Néjib Chebbi a seulement un poste honorifique?
Nous avons créé une haute instance politique dont le rôle est de proposer des initiatives et d’élaborer la politique générale du Parti et c’est M. Néjib Chebbi qui en est le président. Pour votre information nous avons proposé à Mohamed Hamdi de faire partie de cette instance, mais il a refusé.

Votre passage au quartier d’El Mallaha à Radès a suscité beaucoup de bruit et de versions contradictoires, qu’en est-il exactement?
Je suis allée au quartier d’El Mallaha, en tant que citoyenne, militante et intellectuelle, mais aussi en tant qu’élue du gouvernorat de Ben Arous. Je m’y suis rendue très spontanément, je ne pensais pas que ma visite serait médiatisée. J’ai été accueillie par un groupe de gens à l’appartenance claire, leurs propos en sont témoins, puisqu’ils lançaient les slogans qu’ils remâchent à l’encontre des opposants : «Vous êtes venus pour mettre les bâtons dans les roues», «Rentrez chez vous», etc.
J’ai été surprise que le groupe qui m’a agressé verbalement comme du temps de Ben Ali voulait m’interdire l’accès au quartier, donc à l’information. Car quand je suis rentrée chez moi, un groupe de jeunes est venu me voir pour me présenter ses excuses, en m’affirmant que ceux qui m’ont interdit l’accès au quartier ne les représentaient pas. Et ils ont témoigné de manière poignante, me racontant les assauts des maisons et toutes les agressions verbales et physiques qu’ils ont subies.
Avec des amis de la Ligue des droits de l’homme, de Dostourna, Kolna Tounès et des Constituants, tels Khémais Ksila, on y est retourné et on a été reçu par des centaines d’habitants qui nous ont fait découvrir l’ampleur des dégâts et de la violence des deux côtés. Les citoyens se sont sentis trahis par les promesses faites et qu’ils attendaient leur concrétisation. Or, au lieu de cela, ils ont été tabassés, d’où leur réaction violente. Je voudrais insister sur ce point : j’ai dit aux sit-inneurs, les yeux dans les yeux, je suis contre les barrages des routes car cela nuit à l’économie mais de là à ce que la police assaille les maisons c’est inadmissible et contraire à la loi.
Nous sommes dans une phase où nous exprimons notre solidarité avec les revendications des sit-inneurs dans les régions, l’emploi et la dignité étant des revendications de la Révolution.
La réaction violente des sit-inneurs s’explique par le sentiment d’exclusion (hogra) que le gouvernement se doit de comprendre, d’écouter et de solutionner.
Je me suis adressée au ministre de l’Intérieur par téléphone pour lui dire que nous étions ensemble à l’avenue Bourguiba quand nous faisions face aux pratiques violentes et répressives du régime de Ben Ali et c’est malheureux que ceux-là mêmes qui ont en souffert les reproduisent.

Comment expliquez-vous l’utilisation excessive et disproportionnée de la violence les 3 et 9 avril et contre les chômeurs et les blessés de la Révolution?
C’est un appel à vous tous pour ne pas nous voiler la face, le processus démocratique est menacé en Tunisie. Car il y a deux tendances : la tendance politique, hégémoniste du parti majoritaire au pouvoir et elle s’exprime par les nominations des gouverneurs et délégués et autres hauts fonctionnaires qui visent la mainmise sur l’administration et les attaques contre les médias, le syndicat et l’opposition qui se concrétisent par une politique répressive.
La deuxième tendance est celle des extrémistes salafistes qui menacent notre modèle de société tunisienne. Les évènements de la profanation du drapeau, des facultés de Kairouan, Sousse et La Manouba, la violation des libertés et les agressions contre Jawhar Mbarek et Youssef Seddik, les manifestants, les blessés et les familles des martyrs et des sit-inneurs jouissent d’un silence complice de la part du gouvernement et cela met la société civile, les partis de l’opposition, les associations et les citoyens devant la responsabilité historique de s’unir dans un front civique pour défendre une Tunisie moderne, riche de sa diverté démocratique, fière de son identité arabo-musulmane et résolument tournée vers l’autre et l’avenir.
Je suis très optimiste et confiante. Mon moteur, c’est la société civile qui ne baissera jamais les bras, j’en suis certaine.

L’Assemblée constituante ne semble pas très agissante politiquement?
L’Assemblée nationale souffre de beaucoup de maux dont la lenteur. La gestion même du travail de la Constituante est problématique alors qu’elle devrait être la première instance d’échange et de démocratie et c’est le président de l’ANC, M. Mustapha Ben Jaâfar, qui en assume la responsabilité. Il dépasse ses prérogatives et reproduit des pratiques dictatoriales qu’on croyait révolues.
D’ailleurs, l’exemple le plus récent, c’est l’exclusion des élus d’El Aridha, alors que le règlement intérieur ne le lui permet pas. Les Tunisiens ont également relevé qu’à chaque fois qu’il s’est agi de discussions de fond sur le travail du gouvernement, le temps imparti ne leur permet pas d’aller au fond des choses.
Je souhaiterai que les questions de liberté et de consolidation de la démocratie et des valeurs de citoyenneté réunissent tous les élus, abstraction faite de leur appartenance partisane.

A ce rythme, les travaux de la Constituante vont durer encore longtemps ?
Certains partis veulent que les travaux de la Constituante durent indéfiniment, mais l’intérêt du pays et de la démocratie exige de nous que nous écourtions cette phase pour qu’elle ne dépasse pas une année d’ici le 23 octobre. Cela exige de nous une continuité agissante avec la société civile pour aboutir sans tarder à une feuille de route claire, débattue et convenue au sein de la Constituante.

Croyez-vous que la démocratie triomphera?
Je crois, dur comme fer, que la démocratie finira par triompher, forte de la société civile et de notre détermination à tous de sauver le pays de toutes ces menaces et tendances hégémonistes. C’est pour cela qu’i faudrait que cesse toute ambiguïté concernant la feuille de route et que l’Isie (Instance supérieure indépendante des élections) soit activée. Cette question doit être soumise sans tarder pour une réponse et une décision claires.

Que pensez-vous de la répression au nom de l’économie et de la sécurité ?
Les menaces les plus importantes sont la situation sociale, le chômage, et le sentiment populaire que la Révolution n’a pas atteint ses objectifs. Notre objectif national est d’impulser l’économie, mais justifier la répression pour défendre l’économie, il n’y a pas pire ennemi ou risque pour l’économie que des images de répression à l’avenue Bourguiba ou ailleurs. Ni l’investissement ni le tourisme ne peuvent être impulsés par ces pratiques. Cette politique répressive est pratiquée dans le but d’instaurer l’hégémonie face à une société vivante. C’est là la tendance hégémoniste.

Comment expliquez-vous la fixation du parti majoritaire sur la télé publique, alors qu’il y a tant de problèmes économiques, sociaux, culturels et autres? Et que pensez-vous de l’idée de vouloir privatiser la télé publique ?
Le secteur des médias a vécu une révolution et je salue la détermination des journalistes à défendre leur métier, à tout prix, même au prix du sang et d’agressions verbales et physiques dangereuses et intolérables que je condamne vivement. La révolution a libéré les énergies et je suis admirative devant cette jeunesse qui fait preuve de fraîcheur et de dynamisme. Certes, on peut se tromper et trébucher, mais c’est la ligne de la liberté d’expression, de la neutralité et de la défense du droit au citoyen à une information libre qu’il faut atteindre et on y arrivera. L’idée de privatiser la télé est gravissime, c’est une atteinte à la révolution et les médias publics sont un acquis de la révolution et le parti au pouvoir voulait mettre les médias à genoux et opérer une mainmise. Mais, ils n’y ont pas réussi et ils tentent aujourd’hui le coup de l’argent. Ils ne réussiront pas.

Si vous aviez à faire très succinctement le bilan du gouvernement dans les domaines politique, socioéconomique et autres?
En politique : la tendance hégémoniste, dans le domaine socioéconomique : des promesses non tenues et un risque d’explosion, la justice transitionnelle : tous les axes sont ceux d’une campagne électorale complètement oubliée et dont les principaux concernaient l’arrestation des snipers et des agresseurs des martyrs et la lutte contre la corruption et la répression qui ont gangréné le régime de Ben Ali.

Les juristes Jawhar Ben Mbarek et Yadh Ben Achour reprochent à l’Assemblée constituante de s’être transformée en un Parlement dont les Constituants forment le gouvernement comme si le but des élections du 23 octobre 2011 était de gouverner et non d’écrire une nouvelle Constitution ? Qu’en dites-vous ?
C’est clair que les élections du 23 octobre ont donné lieu à une Constituante dont la mission est de donner lieu à un gouvernement, de le contrôler et d’écrire la Constitution dans le cadre d’une feuille de route claire. Or, une lenteur inquiétante est constatée dans l’élaboration de la Constitution et le contrôle du gouvernement est confronté à des pratiques non démocratiques qui entravent l’Assemblée constituante et l’empêchent de jouer pleinement son rôle.

A quelle commission de l’écriture de la Constitution participez-vous et combien de lignes avez-vous écrit ?
Je suis dans la commission du préambule et des principes généraux et je dois dire que le débat est interactif et constructif et je m’en félicite. Je rappelle que les représentants d’El Kotla Al Dimokratya ont dès le premier jour appelé à une démarche consensuelle autour de l’article 1 de la Constitution et c’est grâce à la mobilisation de la société civile et la solidarité entre les élus démocrates qu’il a été maintenu. Cette question a été résolue dans le sens qui préserve l’unité du pays et les acquis de la société tunisienne.
Concernant les principes généraux, après les séances de discussions, nous avons entamé l’écriture, nous avons écrit un paragraphe, et nous en sommes à notre condensé de la constitution : l’équilibre entre les pouvoirs, le principe d’égalité, la liberté, les valeurs de citoyenneté, la justice sociale, l’équité régionale, le caractère civique de l’Etat, la relation Etat-religion.

On ne vous a pas vu lors de la manifestation «Tunis lit» ou «L’Avenue lit» : est-ce que la Révolution culturelle ne vous intéresse pas autant que la Révolution politique ?
En me rendant ici pour l’interview je me suis dit qu’il faut vous dire que la réussite de la révolution implique aussi une révolution culturelle en laquelle je crois absolument. J’ai trouvé la manifestation «l’Avenue lit » originale, sympathique, anticonformiste, hors des sentiers battus, positive. Le message qu’elle véhiculait était clair, c’est le livre contre la matraque et l’ignorance. Ce qui m’a beaucoup plu en regardant les vidéos c’est la paix et le calme que dégageait cette manifestation, je peux dire que c’est une manif si tranquille. Malheureusement je n’étais pas à Tunis.

Il est rare que les Constituants évoquent la culture, ou un de ses aspects, à l’Assemblée, est-ce parce que vous considérez qu’elle vient en 2e position après les autres domaines ?
Au contraire, la culture est un liant social entre différentes dimensions et quand il fait défaut c’est la place à l’extrémisme, au débordement et à l’absence du côté humain. Mais j’avoue que les soubresauts de la Révolution font que certains aspects prennent les devants. Je pense, donc, que nous devons prendre conscience de son importance primordiale et ne point minimiser son rôle dans la construction de la démocratie. La manifestation «Tunis lit» je l’ai vécue comme une interpellation positive et constructive. Dans ces moments difficiles de la construction de la démocratie, la culture c’est éminemment politique. La défense de la liberté de création est une mission politique de premier ordre.

Quelle figure du domaine des arts et de la culture appréciez-vous ?
La comédienne Jalila Baccar qui envoie des messages positifs de sérénité, elle représente une révolution tranquille...

Si vous aviez à représenter la révolution tunisienne et cette période de transition par un roman, un film, une symphonie, un tableau de peinture ou une chanson d’Orient ou d’Occident que choisirez-vous ?
«Alimni» de Lotfi Bouchnaq que j’adore représente, à mes yeux, la Révolution. Cette chanson véhicule, fond et forme, une reconnaissance, une leçon à tirer et une perspective pour l’avenir. Or, la révolution c’est ça : une reconnaissance à tous ceux qui ont contribué à faire la révolution une leçon à tirer : il faut protéger notre démocratie naissante, et des perspectives : bâtissons ensemble notre démocratie, l’avenir nous appelle.


Voir notre supplément : "La Presse Champ Civique" du 27-04-2012

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire