mardi 18 décembre 2012


Anniversaire du déroulement de la révolution

M. Rchid Ftini, homme d’affaires, directeur général du centre d’affaires : «Ras-le-bol des habitants de Sidi Bouzid où rien n’a été fait»

 «Après les élections du 23 octobre 2011, à Sidi Bouzid il y avait de l’espoir dans l’air et la célébration du premier anniversaire de la révolution le 17 décembre 2010, dans la foulée des élections, je l’ai fêtée en costume cravate et rasé  de près. Hier, j’étais en espadrilles et tout à fait dans un autre état d’esprit, comme tout le monde à Sidi Bouzid. Car on nous a demandé, encore une fois, de patienter, malgré les tensions et le mécontentement général et l’absence totale de développement. Rien n’a changé à Sidi Bouzid, je suis un homme d’affaires, comme vous le savez, j’ai trois entreprises et j’en ai déjà fermé une où j’étais en partenariat avec des Allemands.
Je ne vous cache pas que les deux autres entreprises sont en souffrance. Or, si on veut booster les investissements dans la région, il faudrait d’abord faire une mise à niveau de l’infrastructure générale afin de rattraper les régions côtières et que l’Etat se fixe un objectif sur 5 à 15 ans, par exemple, sinon les inégalités et les déséquilibres régionaux vont se pérenniser.
Il faudrait, ensuite, offrir des spécialités et des avantages aux investisseurs, l’exemption d’impôts et autres.
Je me rappelle qu’au cours d’une réunion avec les trois présidences du pays nous étions trois hommes d’affaires originaires de Sidi Bouzid et nous avions demandé le transfert de la vocation des terres agricoles en terrains industriels afin d’implanter des usines. Mais jusqu’ici rien n’a été fait. Ça bloque au niveau de l’ANC et des lois.
Or, il n’y a pas encore de zone industrielle à Sidi Bouzid. Trois grands projets sont encore en attente : une usine de médicaments, un projet d’entreprise d’acides aminés, un investissement d’un industriel français qui, malgré les promesses des dix ministres du gouvernement en visite dans la région, a fini par être transféré à Gafsa où il y a une zone industrielle et un technopôle.
Le troisième projet consiste en une usine de céramique, mais il a fini par se faire à Kasserine, toujours faute de zone industrielle. On dirait que les habitants de Sidi Bouzid subissent un châtiment parce qu’ils ont élu le parti El Aridha et non Ennahdha.
C’est en tout cas ce que pensent ici la majorité des gens. Et on les invite à patienter encore, alors qu’ils ont faim et qu’ils affrontent le chômage et la misère. Enfin, tenter d’imputer les jets de pierres au parti du Front populaire n’a pas de sens, car ces agissements traduisent un ras-le-bol et n’étaient pas préparés, mais spontanés. Il faut se mettre à la place des gens qui souffrent depuis 50 ans et plus».
S.D.

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