mardi 18 décembre 2012

Deuxième anniversaire de la révolution

 La fête gâchée

Marzouki et Ben Jaâfar, cible de jets de pierres

La célébration, hier à Sidi Bouzid, du deuxième anniversaire du déclenchement de la révolution a été marquée par une grande tension : protestations et slogans hostiles aux partenaires de la Troïka. MM. Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, venus prononcer chacun une allocution à cette occasion, ont même eu droit au fameux «Dégage» et à des jets de pierres, de tomates et d’oignons sur la tribune dressée devant le siège du gouvernorat qui les a accueillis.
M. Rchid Ftini, homme d’affaires et directeur du Centre d’affaires de Sidi Bouzid, était parmi la foule. Il témoigne : «Certes, l’allocution du président de la République, qui a appelé les habitants de Sidi Bouzid à tenir compte des difficultés économiques de la phase de transition, s’est déroulée dans une atmosphère tendue entrecoupée de slogans contre le gouvernement de la Troïka et des fameux «Dégage». Mais ce n’est qu’au moment où M. Ben Jaâfar a commis un lapsus en parlant de ‘‘la révolution du 14 janvier’’ que les choses se sont envenimées et que les jets de pierres, de tomates et même d’oignons et de poivrons ont commencé. La cérémonie ayant été entamée à 10h00, c’est vers 11h15 que ça a dégénéré et que les deux présidents se sont retirés à l’intérieur des locaux du gouvernorat. Et au bout de dix minutes, les hélicoptères ont décollé».
M. Jamil Horchani, propriétaire d’un hôtel à Sidi Bouzid et coordinateur de Nida Tounès dans la région, était également présent hier à ces festivités. Il commente : «Nous étions des milliers devant le siège du gouvernorat. Parmi la foule, il y avait des partisans des salafistes avec leurs drapeaux noirs particuliers et remarquables et c’est à mon avis au moment où le président de l’ANC a lancé ‘‘celui qui aime la Tunisie doit s’armer de patience dans l’attente de la réalisation des revendications du peuple’’, que les jets de pierres et autres projectiles ont fusé. Mais après le départ des deux présidents, les choses sont redevenues normales et les gens ont fêté au rythme de la musique, du rap notamment, le déclenchement de la révolution le 17 décembre 2010. Que dire de ces incidents sinon qu’ils sont le résultat d’une absence totale de réalisations dans la région, car rien n’a changé économiquement et socialement à Sidi Bouzid.
J’ajouterai que la politique d’exclusion ne sert à rien et que pour le bien de Sidi Bouzid et des autres régions pauvres et marginalisées du pays, organiser une sorte d’Etats généraux de ces régions, avec la contribution de toutes les sensibilités et parties politiques et économiques s’avère nécessaire».
Commentant sur un ton ferme ces événements, M. Mofdi Mseddi, conseiller auprès du président de l’ANC et chargé de la communication, est catégorique: «Ceux qui ont agi de la sorte en jetant des pierres et des projectiles ont touché à deux symboles du pays, le président de la République et le président de l’ANC,et partant,  à l’aura de l’Etat. Normalement, une enquête devrait être directement ouverte comme cela a été le cas lors des événements devant le siège de l’Ugtt. C’est grave ce qui s’est passé, on ne peut agir de la sorte sous prétexte de mécontentement social. Sachez que la visite était spontanée et pas du tout préparée comme du temps des ‘‘cellules du RCD’’. Les  deux présidents ont fait preuve de réalisme dans leur allocution car toutes les revendications du peuple ne peuvent être satisfaites ici et maintenant. Et leurs discours ne pouvaient être ainsi que francs et réalistes».
Pour en savoir plus sur les raisons de ce mécontentement social et les éventuelles solutions aux problèmes de Sidi Bouzid et autres régions qui souffrent des mêmes maux économiques et sociaux, nous avons donné la parole à M. Rchid Ftini, un homme d’affaires de la région, et à M. Mourad Ben  Aïssa, coordinateur de l’Union patriotique libre à l’Ariana.

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