dimanche 25 décembre 2011


 retro 18 dec

Champ et hors-champ d’une investiture

Les images diffusées par El Watania1, mardi dernier, retransmettant en direct du palais du Bardo le serment prêté par le nouveau président de la République, Dr Moncef Marzouki, devant les membres de l’Assemblée nationale constituante, couronnent le rêve d’un militant des droits de l’homme qui, l’habitait depuis plus d’une décennie, puisqu’il a déjà présenté sa candidature à la présidentielle en 1994.


Après la révolution, il n’y a pas renoncé annonçant depuis son retour au bercail, un certain 18janvier 2011, après plus de neuf ans d’exil volontaire, qu’il se porterait candidat à la magistrature suprême. Certes il a réalisé son rêve en pactisant avec Ennahdha, mais peu importe si l’objet du désir est désormais à portée et enfin assouvi et finalisé par un serment. La scène est immortalisée par la caméra qui le fixe en plan moyen, debout dans son burnous et costume sans cravate, entre tradition et modernité, l’homme vit l’instant l’air grave, il déroule son discours de « président de tous les Tunisiens » qui œuvrera à  améliorer les conditions économiques et assurer tous les droits et libertés dont ceux des femmes qu’il veillera, dit-il à protéger, mais qu’il classifiera en trois catégories, les voilées intégralement ( Munaqabet) les voilées (Mouhajabet) et les non voilées(Essafirat). Il exhortera sur un ton autoritaire « les membres de l’opposition à participer à la vie politique et à ne point se contenter d’être des observateurs».

 Quand il en vient à évoquer le sacrifice des martyrs la caméra serre le cadre, le nouveau président, vivement ému, étouffe un sanglot. Il y a de l’émotion dans l’air. A la fin du discours se décline l’annonce de sa démission du CPR… Arrive, enfin, le moment de prêter serment : gros plan sur la main du nouveau président posée sur Le Coran. Le rêve est totalement réalisé et le moment pleinement savouré quand tous les présents entonnent l’hymne national.

En Hors-champ, dés la fin du discours c’est le tollé sur les réseaux sociaux concernant l’évocation  du Niqab, pratiquement personne ne pensait vraiment que cet objet de toutes les controverses, récemment,  à la Faculté de La Manouba, soit cité dans un discours d’investiture, alors que les problèmes les plus aigus sont plutôt ceux inhérents au chômage et aux conditions de vie difficile, surtout, dans les régions. Mais, ce qui a provoqué notamment  le buzz sur facebook et twitter c’est l’emploi du terme Essafirat qualifié de péjoratif. cette classification jugée étonnante par un bon nombre des représentants de la société civile, qui ne s’attendaient nullement à cette saillie a fortiori de la part d’un fervent militant des Droits de l’Homme ayant ,justement, victime de la répression des idées et des libertés de pensée

Sachant que les Droits de l’homme ne souffrent aucune distinction de race, de sexe, couleur, nationalité… La seule différence à évoquer, selon ces représentants et activistes, étant celle économique et sociale.

Les autres réactions en hors-champ concernent notamment le mandat illimité du Président et ses prérogatives, somme toute, limitées d’où le déséquilibre entre les pouvoirs très large du chef du gouvernement et réduits du président.

D’ailleurs au cours d’un entretien accordé, mercredi dernier, à El Watania 1, dont les questions ont brassé large, sans trop s’approfondir, le président de la République a justement répliqué à propos du mot «Essafirat» affirmant que «c’était nullement intentionné et qu’il n’a jamais pensé que ce terme avait un sens négatif ou péjoratif».  

Enfin, fixant l’objectif de la caméra et regardant les Tunisiens dans les yeux, le nouveau président a appelé à une trêve politique de 6 mois, autrement dit de cesser les grèves, sit-in et autres protestations afin de lui donner, lui et son gouvernement, le temps de reconstruire le pays et de le juger sur pièces déclarant à être prêt à démissionner s’il ne réussissait pas dans sa mission. Des propos qu’il espère être entendu.

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