vendredi 30 décembre 2011

le gouvenement Jebali s'installe- Mieux qu'une passassion un engagement


Mieux qu’une passation, un engagement pour la continuité
C’est dans une ambiance démocratique et conviviale que s’est déroulée, hier à la Kasbah, la cérémonie de passation des pouvoirs et de prise de fonction du nouveau chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali, qui succède à M. Béji Caïd Essebsi, Premier ministre sortant.

Dans le patio du Premier ministère, les ministres entrants et sortants de chaque ministère ont pris place côte à côte, façon binôme, afin d’assister à cette passation des pouvoirs, marquée par les allocutions de MM Jebali et Essebsi, favorisant par là un esprit démocratique et un comportement civique reflétant une image éloquente qui n’a pas échappé au nouveau chef du gouvernement. Lequel a estimé «que cette belle image de passation pacifique et civique des pouvoirs entre l’ancienne et la nouvelle équipe gouvernementale représente encore une victoire de la révolution déjà véhiculée par la la transparence et la démocratie qui ont marqué les élections du 23 octobre, par les travaux et débats de la Constituante qui sont, pour le moins, des atouts favorisant la réussite de la mission du nouveau gouvernement qui s’attellera, de manière urgente, à l’examen et à l’étude des dossiers cruciaux afin de relever les défis de la prochaine étape».
Prônant un esprit de cohésion, M. Hamadi Jebali a assuré que «son gouvernement, loin de toute appartenance politique ou calcul étriqué, favorisera la concertation avec l’ancien gouvernement pour le bien de la Tunisie et de son peuple».
M. Essebsi ayant auparavant assuré dans son allocution «qu’il a accompli, avec le gouvernement sortant, sa tâche avec sincérité et en toute âme et conscience, souhaitant, enfin, plein succès au nouveau gouvernement dans son action prochaine»
Les nouveaux ministres du gouvernement et les ministres sortants n’ont pas manqué dans leurs déclarations à «La Presse» de saluer cet esprit de cohésion et cette passation démocratique et civique des pouvoirs, à l’image de M. Mehdi Houas ministre sortant du Tourisme, qui a souligné non sans fierté : «C’est la première fois dans le pays, et même dans le monde que se déroule dans une ambiance conviviale, voire amicale, une passassion aussi civilisée entre une ancienne et une nouvelle équipe gouvernementale. C’est une leçon que nous donnons au monde entier. Je tiens à dire également que nous avons accompli notre tâche en toute liberté et en concertation avec le Premier ministre et qu’il n’y avait nulle trace, comme l’ont prétendu certains, d’un gouvernement de l’ombre. Je souhaite, enfin, plein succès au nouveau gouvernement qui devrait donner la priorité à l’emploi et à la croissance économique».
La réponse du nouveau ministre du Tourisme, M. Elyès Fakhfakh, ne s’est pas fait attendre : «J’espère qu’on restera en contact d’autant que j’estime que M. Houas a fait du bon travail si on prend en considération, qu’en neuf mois d’exercice, on ne peut faire de réforme structurelle. Je dirais, toutefois, que la baisse des recettes touristiques en devises n’est pas à ce point catastrophique.
Si l’on considère que la baisse n’est que de 35%, en comparaison de 2010. Ajoutant que le premier dossier qui sera traité par son ministère concerne la restructuration des unités hôtelières qui souffrent de déficit financier et qui sont menacées de fermeture et qu’il compte soutenir afin de préserver les emplois que ces unités assurent. Le deuxième dossier concerne la diversification du produit touristique qui sera renforcée. Notre pays représente un site exceptionnel dans le monde, nous profiterons de l’élan révolutionnaire pour améliorer le niveau de l’offre touristique.
Mais le plus urgent, ici et maintenant, c’est d’assurer la réussite de la saison touristique de l’été prochain dont les préparatifs commencent dès aujourd’hui».

«L’écoute… ensuite l’action»

De son côté, M. Mohamed Ben Salem, ministre de l’Agriculture, n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction de l’ambiance dans laquelle s’est déroulée la cérémonie de passassion des pouvoirs entre le gouvernement Essebsi et le premier gouvernement élu à la suite de la révolution: «Je remercie M. Mohamed Mokhtar Jellali, mon prédécesseur pour les importantes tâches qu’il a accomplies au ministère de l’Agriculture mettant ainsi les dossiers les plus urgents sur les rails de la réforme».
Quant aux dossiers qui seront traités en priorité, M. Mohamed Ben Salem précise : «Vu que le secteur de l’huile d’olive connaît à l’heure actuelle beaucoup de difficultés d’écoulement sur le marché international, tous nos efforts seront consentis afin de trouver les solutions adéquates. Le deuxième dossier concerne les terres domaniales agricoles cédées précédemment à des particuliers, tels les dix mille hectares dans la région de Béja, par exemple, qui font actuellement l’objet d’un conflit entre certaines parties dont chacune prétend mériter le droit de les exploiter. Notre tâche principale sera de convaincre les citoyens de l’utilité de l’exploitation de ces terres qui ne doivent nullement être abandonnées et demeurer infertiles.
Nous sommes déterminés à réaliser le maximum de nos objectifs pendant la période que durera le gouvernement actuel et qui reste tributaire des travaux d’élaboration de la Constitution».
Mme Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, affirme pour sa part «être fière de faire partie aujourd’hui de cette équipe gouvernementale. Pour mériter la confiance du peuple nous sommes appelés à mettre la main dans la main et à travailler ensemble».
Utilisant un jargon médical inhérent à sa fonction de médecin, la ministre est convaincue que les pathologies cliniques dont souffre la société nécessitent un travail de longue haleine et beaucoup de patience dans la mesure où «les résultats ne sont pas immédiats. Je favoriserai le travail sur le terrain aux côtés des femmes, des familles et du peuple, plutôt que de me cloîtrer dans un bureau feutré.
Je voudrais que les citoyens se sentent concernés, voire avoir le sentiment d’être partenaires à part entière dans tout ce que nous allons entreprendre. Je serai d’abord à l’écoute des catégories vulnérables de la société, des enfants sans soutien, des femmes rurales et personne âgées, puis j’agirai en conséquence.»

«La culture du dialogue»

M. Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, a qualifié la cérémonie de la passation des pouvoirs «d’historique» et de «conviviale» précisant : «Nous sommes en train de vivre des moments inoubliables. Nous œuverons à rompre définitivement avec la culture de l’ancien régime pour consacrer celle du dialogue et de la concertation, de la participation des intellectuels et des créateurs. Etant le disciple de mon prédécesseur, M. Ezzeddine Beschaouech, les dossiers prioritaires seront ceux du patrimoine archéologique, du financement des projets artistiques et culturels, le parachèvement de la cité de la culture, les pratiques culturelles.
Ayant passé quinze ans dans différentes directions du ministère de la Culture, la lecture publique, la Bibliothèque nationale, le dépôt légal, j’envisage d’impulser de nouvelles pratiques culturelles tout en préservant le principe intouchable de la liberté de création».
M. Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, porte-parole officiel du gouvernement, assure qu’il vient de vivre «un moment historique dans une excellente ambiance où la passation s’est faite de manière civilisée et amicale. Je considère qu’il y a un grand défi que nous devrons relever celui de restituer le pouvoir dans une année plus ou moins».
Quant aux dossiers les plus urgents qui l’attendent il cite ceux relatifs aux martyrs et blessés de la révolution, l’amnistie générale pour assurer la rupture totale avec le régime déchu.
«Nous veillerons à consacrer la justice transitionnelle de manière à rendre justice à tous ceux qui ont souffert des pratiques injustes de l’ancien régime, loin de nous l’idée de revanche ou de poursuivre en justice des gens pour leur appartenance politique. Nous avons décidé de lancer une consultation nationale sur la justice transitionnelle et les affaires urgentes en suspens».
Enfin, le nouveau ministre de la Jeunesse et des sports, M. Tarek Dhiab, se félicite du climat de communication et de continuité entre l’ancienne et la nouvelle équipe gouvernementale, précisant : «L’important est de servir le peuple tunisien».
Evoquant les dossiers urgents qu’il envisage d’ouvrir, il cite en priorité celui des fédérations sportives, de la communication avec les associations sportives, les sports individuels.
Pour ce qui est du volet de la jeunesse, il compte proposer un plan pour l’emploi des jeunes diplômés au sein des associations et clubs sportifs.
Auteur : Samira DAMI

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