mercredi 21 décembre 2011

Dissensions et conflits au sein d’Ettakatol et du CPR

Qui tire les ficelles ?

• Khayam Turki (Ettakatol) se désiste au profit de Hassine Dimassi au poste de ministre des Finances
• La liste proposée par le CPR inchangée

Rien ne va plus au sein des partis Ettakatol et le CPR (Congrès pour la République) formant avec Ennahdha la Troïka.
Depuis l’élection du président de la République par l’ANC (Assemblée nationale constituante) et les tractations et négociations pour la composition officielle du nouveau gouvernement (qui devait être rendue publique et présentée aux médias hier après-midi ou au plus tard aujourd’hui après son adoption par l’ANC), ces partis connaissent des remous, entre dissensions, divergences et scissions. Chacun y allant de ses propres raisons.

Si au sein d’Ettakatol, certains remettent en cause la ligne politique suivie par le parti, soit la coalition avec Ennahdha, concernant le CPR, il s’agit d’un conflit interne de succession.
Mais pour identifier la cause de ces divergences et conflits, certains membres et figures de ces partis n’hésitent pas à pointer du doigt des «forces occultes». Le détail.
S’agissant d’Ettakatol, d’aucuns estiment que leur parti «n’a récolté que des miettes au sein de la coalition, les dirigeants n’ayant pas su négocier afin d’obtenir davantage de portefeuilles ministériels que le parti mérite amplement vu son statut et son poids sur la scène politique».
Le porte-parole d’Ettakatol, M. Mohamed Bennour, s’explique à ce sujet : «Aujourd’hui, la remise en question de la politique suivie par les dirigeants d’Ettakatol, soit la coalition avec Ennahdha et le CPR, est exploitée sciemment pour semer la zizanie et déstabiliser le parti, qui constitue la pierre angulaire de la Troïka parce qu’il rassure et atténue les craintes quant à l’avènement d’une dictature d’un régime islamiste façon iranienne.
Ettakatol, on le sait, est un parti modéré. Dans son essence, il se situe dans la droite ligne politique de militants nationalistes, plutôt centristes, ayant pour chef historique M. Ahmed Mestiri. Et, comme tous les partis nationalistes, il répond toujours à l’appel quand la nation est en danger. Ce qui est le cas aujourd’hui, quand le pays est économiquement en panne, comptant près d’un million de chômeurs et que face au chaos rampant il n’y a pas de solutions miracles.
Mais, parmi les partisans qui ont accouru après le 14 janvier — puisque de 200 adhérents, Ettakatol réunit aujourd’hui 35.000 —, certains parmi eux sont des hommes très pressés qui ont envie de se mettre en évidence et de monter en puissance.
Ainsi, des loups se sont introduits dans la bergerie et exploitent la situation, animés de desseins non avoués. Au profit de qui ces gens opèrent-ils ? J’accuse des forces occultes de tirer les ficelles dans le but avéré de tout saborder». Qui sont ces loups dans la bergerie ?
Sans vouloir nommer personne, le porte-parole d’Ettakatol n’y va pas de main morte : «Je me demande si ces loups ne sont pas en relation avec les mêmes forces occultes qui infiltrent les salafistes et bien d’autres partis. Nous sommes devant un phénomène de déstabilisation généralisée. Je dirais, donc, aux âmes innocentes d’Ettakatol qui s’inquiètent de voir le parti virer vers une coalition avec Ennahdha, que ce choix est motivé par un souci clair et légitime : ne pas laisser toutes les rênes du pouvoir aux seules mains des islamistes et pouvoir, ainsi, influer sur cette nouvelle force installée par les urnes et non pas par un coup d’Etat. Cela afin de maintenir un certain équilibre qui ne peut désormais se faire que par le biais de la coalition et de la participation.
Par conséquent, l’enjeu, aujourd’hui, est de savoir ce que fera Ettakatol et son secrétaire général, Mustapha Ben Jaâfar, pour convaincre les uns et dissuader les autres qui tentent de le déstabiliser au profit de forces occultes qui entendent faire de même à l’égard d’Ennahdha en installant le chaos dans le pays».
Concernant, maintenant, la liste définitive proposée par Ettakatol, pour le nouveau gouvernement, M. Mohamed Bennour nous a confié que M. Hassine Dimassi sera nommé au poste de ministre des Finances en remplacement de M. Khayam Turki.
Concernant le CPR et le conflit interne qui le traverse à propos du membre devant occuper le poste de secrétaire général en remplacement du Dr Moncef Marzouki, qui en a démissionné après son élection en tant que président de la République, une réunion est prévue ce matin à 9h00 «pour trouver la solution adéquate qui satisfera tout le monde», affirme M. Taher Hmila, secrétaire général par intérim. (Même si l’intéressé conteste le titre et nie toute ambition de vouloir occuper ce poste). Et de poursuivre : «Cette réunion tentera de dévier du glissement de certains, tendant à vouloir couper les ponts avec Ennahdha, et de rétablir les choses.
Car nous sommes en partenariat politique avec le parti Ennahdha envers lequel nous avons des engagements à respecter, et on ne peut, au beau milieu de la route, revenir en arrière, surtout qu’il s’agit de l’avenir politique de l’Etat et du pays.
Pour ma part, je dirais que derrière cette opération de déstabilisation, il y a des forces occultes, en dehors du parti, qui tirent les ficelles, jouant un sale jeu».
A propos du retour de Neziha Rjiba (Om Zied) et de la tendance qu’elle pourrait représenter au sein du CPR, notre interlocuteur est catégorique : «Mme Rjiba a démissionné et son retour nécessite une nouvelle demande d’adhésion».
Enfin, nous avons appris que la liste définitive proposée par le CPR pour le nouveau gouvernement est la même que celle proposée avant le récent conflit interne.

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