dimanche 22 avril 2012


RETRO du 22 avril

La violence est-ce la  seule solution ?



Rebelote pour la violence incompréhensible et programmée, des forces de l’ordre pour mettre fin aux sit-in et blocages de routes. L’action s’est déroulée, le samedi dernier, au quartier El Mallaha, à Radés. La séquence diffusée, lundi dernier, vers la fin du Journal télévisé d’El Watania 1, montre le témoignage d’une vieille femme éplorée : «Les agents de l’ordre ont quadrillé notre quartier et pris d’assaut nos maisons, pénétrant de force, ils ont massacré mon fils, à coups de matraque, heureusement qu’il a pu se sauver, sautant d’une terrasse à l’autre,  regardez même son vieux père (la caméra le montre gisant sur un banc) ils ne l’ont pas épargné»,se plaint-elle.

 Mais ce n’est là qu’une parcelle de la répression endurée par les habitants de «Hay El Mallaha», car les autres témoignages, vus sur  la chaîne El Hiwar Ettounssi, sont tellement plus choquants. Debout dans sa chambre, un homme, éploré, raconte, tout en montrant à la caméra les restes de bombes lacrymogènes lancées sur eux. Puis, désignant du doigt sa femme handicapée, clouée sur son lit, il se lamente : «Depuis 6 mois elle ne peut plus bouger, j’ai dû la transporter dans une couette avec les voisins pour l’évacuer en  toute vitesse, parce qu’elle suffoquait, à cause de la fumée  des bombes  lacrymogènes que la police a jeté par la fenêtre de notre salle d’eau. Pourquoi cette sauvagerie ? Qu’a- t- on fait pour mériter ça» Et d’expliquer : «ce qui nous ont attaqué sont des jeunes de 20 ans qui, le 14 janvier, lançaient, avec nous, des pierres sur la police de Ben Ali. Après la Révolution on leur a prodigué une formation accélérée et, maintenant, il les lâche sur nous et il nous attaque avec des dizaines de bombes lacrymogènes qu’ils lancent dans nos maisons».  


Dans une autre pièce, une jeune dame, assure que 14 agents de l’ordre ont pénétré de force chez elle, en proférant des mots orduriers : «Ils m’ont poussé et arraché mon bébé de sept mois des bras et ont tabassé mon mari avant de l’emmener avec eux. A leur départ mon alliance et mon portable tout neuf ont disparu. Ils nous tabassent et nous volent, maintenant». Dans la rue un jeune exhibe les traces rouges des coups de matraque qui marquent son corps. Un autre, en pleurs, ne comprend pas que les forces de sécurité aient emmené sa sœur, Sana Ayari, âgée de 29 ans, mais relâché après trois jours. Et de commenter : «On n’a pas vu ça même à l’ère de Ben Ali… C’est quoi tout ça c’est inhumain». La caméra s’arrête sur un attroupement de jeunes filles, l’une d’entre elle avoue : «On n’a rien fait d’autre que soutenir les hommes qui  demandent  du travail, j’ai été trainée par les cheveux et je suis menacée, je ne peux plus rentrer chez moi». Enfin, un homme, d’un certain âge hurle sa colère : «Ah si vous aviez-vus  les enfants, les femmes et les vieux évanouis et terrorisés par les agressions sauvages de ces forces de l’ordre inhumaines qui ont saccagé nos maisons et nous ont humilié. Ce n’est pas un comportement de police encadrée et disciplinée, ce sont des milices ou je ne sais qui. Mais ce n’est pas de cette manière qu’on nous fera taire et ce n’est pas avec, la répression barbare qu’Ennahdha va gagner les prochaines élections…». Puis, dans un attroupement les habitants expriment leur regret  d’avoir voté Ennahdha et demandent le relâchement d’une vingtaine de leurs proches arrêtés dont plusieurs jeunes et une femme enceinte.

Tous ces témoignages qui racontent la répression, les arrestations et «l’expédition punitive» commises, selon les habitants, par les unités policières d’intervention, ont été contredits dans le 20H00 d’El Watania, du mardi dernier, par Mehdi Beshaouch, porte porale du syndicat des unités policières d’intervention (Upi), qui a souligné que la police «a agi dans le cadre de la loi, le dialogue et des interventions graduelles ayant été utilisées pour disperser les sit-inneurs, l’important, a-t-il conclut,  étant de ne point politiser l’affaire en usant de partis pris idéologiques». Ce qui n’est pas de l’avis des partis de l’opposition et de plusieurs membres de la société civile dont la Ligue des Droits de l’homme, le Réseau Dostourna et le Syndicat national des journalistes qui ont dénoncé,  dans un communiqué commun, entre autres, «La violence disproportionnée utilisée par les forces de l’ordre». D’où la question assez judicieuse posée par la journaliste du J.T. au porte parole de l’Upi : «Mais est-ce que les problèmes des sit-in et autres actions contestataires des citoyens ne peuvent être résolus que par la violence ?» La réponse est franche : «Non, les solutions sont d’ordre social et les citoyens doivent revendiquer pacifiquement». Or, selon les habitants d’El Mallaha, «Le sit-in était bel et bien pacifique». Mais le message des autorités publiques est clair : l’usage disproportionné de la violence vise à empêcher toute répétition de ce genre d’actions car le gouvernement n’est plus prêt à accepter toute action revendicative qui nuirait à l’économie nationale.

Mais, n’empêche qu’on peut se demander si le gouvernement n’a vraiment pour seule solution aux sit-in et blocages de route, exprimant en fait le désarroi des sit-inneurs face au chômage et conditions précaires qu’ils vivent, que la violence et la répression. N’existe-t-il pas une manière policée et républicaine ayant recours au dialogue, dans le strict respect des Droits de l’homme, pour traiter les actions de protestations sociales des citoyens ? La réponse à cette question est sortie de la bouche même du président de la République provisoire dans le discours télévisé  qu’il a prononcé, mercredi dernier, lors de la célébration du 56ième anniversaire des forces de sécurité intérieure en marquant son refus de voir «l’appareil sécuritaire instrumentalisé au profit d’un parti, d’une organisation ou d’un individu…mais au service de la patrie et du citoyen, une institution qui veille à nouer des relations avec le citoyen sur la base de la confiance, de l’entente mutuelle et du respect des Droits de l’homme et de la primauté de la loi» affirmant également que «Personne n’est au dessus de la loi y compris les forces de l’ordre».

 A quand, donc, une Police Républicaine, indépendantes de tous les  partis, groupes ou individus et tant souhaitée par les citoyens ainsi que la société civile d’autant que la réforme sécuritaire et le respect des droits et libertés sont des demandes pressantes de la Révolution afin d’ancrer la démocratie tant souhaitée.

Attaque et tacle

Les dernières attaques du ministre du sport, Tarek Dhiab, contre l’opposition, qui, selon lui «est prête même à collaborer avec Israël pour s’affirmer sur la scène politique» a suscité moult réactions et remous dans la classe politique et la société civile. Plusieurs figures ont, ainsi, déploré, dans plusieurs émissions de radio et de télé, ces propos «diffamatoires, graves et déplacés» dus, toujours selon eux, à «l’ignorance du combat mené par l’opposition depuis des décennies et à l’incompétence  du footballeur et son incapacité à évaluer le parcours et le militantisme de l’opposition sous Ben Ali».Toutefois le tacle qui a remis l’ancien numéro 10 de l’équipe nationale à sa place de footballeur c’est sans conteste celui incisif de M. Béji Caeid Essebssi  qui, dans une émission de la radio nationale, a déclaré que «ce joueur du milieu de terrain jouait bien avec la jambe gauche, mais moins bien avec la droite, or, en politique, il ne sait jouer ni de la gauche, ni de la droite» Quel tacle caustique ! A l’ancien joueur de l’Espérance de tirer les leçons et de s’en tenir au domaine où il a jadis excellé, le ballon rond, parce que nul n’ignore qu’il doit son poste de ministre, avant tout, à ses analyses footballistiques sur la chaîne El Jazeera -sport. Suivez mon regard…

S.D.

1 commentaire:

  1. c'est vrai que personne n'est au dessus de la loi et qu'une entente mutuelle est préférable, mais que faire quand la situation dégénère aussi rapidement?

    Chloé

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