RETRO du 22 avril
La violence est-ce la
seule solution ?
Rebelote pour la violence incompréhensible et programmée,
des forces de l’ordre pour mettre fin aux sit-in et blocages de routes. L’action
s’est déroulée, le samedi dernier, au quartier El Mallaha, à Radés. La séquence
diffusée, lundi dernier, vers la fin du Journal télévisé d’El Watania 1, montre
le témoignage d’une vieille femme éplorée : «Les agents de l’ordre ont quadrillé notre quartier et pris d’assaut nos
maisons, pénétrant de force, ils ont massacré mon fils, à coups de matraque,
heureusement qu’il a pu se sauver, sautant d’une terrasse à l’autre, regardez même son vieux père (la caméra le
montre gisant sur un banc) ils ne l’ont
pas épargné»,se plaint-elle.
Mais ce n’est là
qu’une parcelle de la répression endurée par les habitants de «Hay El Mallaha»,
car les autres témoignages, vus sur la
chaîne El Hiwar Ettounssi, sont tellement plus choquants. Debout dans sa
chambre, un homme, éploré, raconte, tout en montrant à la caméra les restes de
bombes lacrymogènes lancées sur eux. Puis, désignant du doigt sa femme
handicapée, clouée sur son lit, il se lamente : «Depuis 6 mois elle ne peut plus bouger, j’ai dû la
transporter dans une couette avec les voisins pour l’évacuer en toute vitesse, parce qu’elle suffoquait, à
cause de la fumée des bombes lacrymogènes que la police a jeté par la
fenêtre de notre salle d’eau. Pourquoi cette sauvagerie ? Qu’a- t- on fait
pour mériter ça» Et d’expliquer : «ce
qui nous ont attaqué sont des jeunes de 20 ans qui, le 14 janvier, lançaient,
avec nous, des pierres sur la police de Ben Ali. Après la Révolution on leur a
prodigué une formation accélérée et, maintenant, il les lâche sur nous et il
nous attaque avec des dizaines de bombes lacrymogènes qu’ils lancent dans nos
maisons».
Dans une autre pièce, une jeune dame, assure que 14 agents
de l’ordre ont pénétré de force chez elle, en proférant des mots
orduriers : «Ils m’ont poussé et arraché
mon bébé de sept mois des bras et ont tabassé mon mari avant de l’emmener avec
eux. A leur départ mon alliance et mon portable tout neuf ont disparu. Ils nous
tabassent et nous volent, maintenant». Dans la rue un jeune exhibe les
traces rouges des coups de matraque qui marquent son corps. Un autre, en
pleurs, ne comprend pas que les forces de sécurité aient emmené sa sœur, Sana
Ayari, âgée de 29 ans, mais relâché après trois jours. Et de commenter : «On n’a pas vu ça même à l’ère de Ben
Ali… C’est quoi tout ça c’est inhumain». La caméra s’arrête sur un
attroupement de jeunes filles, l’une d’entre elle avoue : «On n’a rien fait d’autre que soutenir les
hommes qui demandent du travail, j’ai été trainée par les cheveux
et je suis menacée, je ne peux plus rentrer chez moi». Enfin, un homme,
d’un certain âge hurle sa colère : «Ah si vous aviez-vus les
enfants, les femmes et les vieux évanouis et terrorisés par les agressions
sauvages de ces forces de l’ordre inhumaines qui ont saccagé nos maisons et nous
ont humilié. Ce n’est pas un comportement de police encadrée et disciplinée, ce
sont des milices ou je ne sais qui. Mais ce n’est pas de cette manière qu’on
nous fera taire et ce n’est pas avec, la répression barbare qu’Ennahdha va
gagner les prochaines élections…». Puis, dans un attroupement les habitants
expriment leur regret d’avoir voté
Ennahdha et demandent le relâchement d’une vingtaine de leurs proches arrêtés
dont plusieurs jeunes et une femme enceinte.
Tous ces témoignages qui racontent la répression, les
arrestations et «l’expédition punitive»
commises, selon les habitants, par les unités policières d’intervention, ont
été contredits dans le 20H00 d’El Watania, du mardi dernier, par Mehdi
Beshaouch, porte porale du syndicat des unités policières d’intervention (Upi),
qui a souligné que la police «a agi
dans le cadre de la loi, le dialogue et des interventions graduelles ayant été
utilisées pour disperser les sit-inneurs, l’important, a-t-il conclut, étant de
ne point politiser l’affaire en usant de partis pris idéologiques». Ce qui
n’est pas de l’avis des partis de l’opposition et de plusieurs membres de la
société civile dont la Ligue des Droits de l’homme, le Réseau Dostourna et le
Syndicat national des journalistes qui ont dénoncé, dans un communiqué commun, entre autres, «La violence disproportionnée utilisée par
les forces de l’ordre». D’où la question assez judicieuse posée par la
journaliste du J.T. au porte parole de l’Upi : «Mais est-ce que les problèmes des sit-in et autres actions
contestataires des citoyens ne peuvent être résolus que par la violence ?»
La réponse est franche : «Non, les
solutions sont d’ordre social et les citoyens doivent revendiquer pacifiquement».
Or, selon les habitants d’El Mallaha, «Le
sit-in était bel et bien pacifique». Mais le message des autorités
publiques est clair : l’usage disproportionné de la violence vise à
empêcher toute répétition de ce genre d’actions car le gouvernement n’est plus
prêt à accepter toute action revendicative qui nuirait à l’économie nationale.
Mais, n’empêche qu’on peut se demander si le gouvernement n’a
vraiment pour seule solution aux sit-in et blocages de route, exprimant en fait
le désarroi des sit-inneurs face au chômage et conditions précaires qu’ils
vivent, que la violence et la répression. N’existe-t-il pas une manière policée
et républicaine ayant recours au dialogue, dans le strict respect des Droits de
l’homme, pour traiter les actions de protestations sociales des citoyens ?
La réponse à cette question est sortie de la bouche même du président de la
République provisoire dans le discours télévisé qu’il a prononcé, mercredi dernier, lors de la
célébration du 56ième anniversaire des forces de sécurité intérieure
en marquant son refus de voir «l’appareil
sécuritaire instrumentalisé au profit d’un parti, d’une organisation ou d’un
individu…mais au service de la patrie et du citoyen, une institution qui veille
à nouer des relations avec le citoyen sur la base de la confiance, de l’entente
mutuelle et du respect des Droits de l’homme et de la primauté de la loi»
affirmant également que «Personne n’est
au dessus de la loi y compris les forces
de l’ordre».
A quand, donc, une
Police Républicaine, indépendantes de tous les
partis, groupes ou individus et tant souhaitée par les citoyens ainsi
que la société civile d’autant que la réforme sécuritaire et le respect des droits
et libertés sont des demandes pressantes de la Révolution afin d’ancrer la
démocratie tant souhaitée.
Attaque et tacle
Les dernières attaques du ministre du sport, Tarek Dhiab,
contre l’opposition, qui, selon lui «est
prête même à collaborer avec Israël
pour s’affirmer sur la scène politique» a suscité moult réactions et remous
dans la classe politique et la société civile. Plusieurs figures ont,
ainsi, déploré, dans plusieurs émissions de radio et de télé, ces propos «diffamatoires, graves et déplacés» dus,
toujours selon eux, à «l’ignorance du
combat mené par l’opposition depuis
des décennies et à l’incompétence du footballeur et son incapacité à évaluer le
parcours et le militantisme de l’opposition sous Ben Ali».Toutefois le
tacle qui a remis l’ancien numéro 10 de l’équipe nationale à sa place de
footballeur c’est sans conteste celui incisif de M. Béji Caeid Essebssi qui, dans une émission de la radio nationale,
a déclaré que «ce joueur du milieu de
terrain jouait bien avec la jambe gauche, mais moins bien avec la droite, or, en
politique, il ne sait jouer ni de la gauche, ni de la droite» Quel tacle
caustique ! A l’ancien joueur de l’Espérance de tirer les leçons et de
s’en tenir au domaine où il a jadis excellé, le ballon rond, parce que nul
n’ignore qu’il doit son poste de ministre, avant tout, à ses analyses footballistiques
sur la chaîne El Jazeera -sport. Suivez mon regard…
S.D.
c'est vrai que personne n'est au dessus de la loi et qu'une entente mutuelle est préférable, mais que faire quand la situation dégénère aussi rapidement?
RépondreSupprimerChloé