dimanche 8 janvier 2012

mouvement de protestations des étudiants de la Mannouba contre les salafistes devant le ministère de l'enseignement supérieur

Violentes frictions en marge des négociations

• Une journaliste agressée, le ministre présente ses excuses
• Le ministère, selon le chargé de la communication, déploie tous ses efforts pour mettre fin au sit-in

Notre consœur Sana Farhat, journaliste au quotidien Le Temps, couvrait, hier matin, le mouvement de protestation des étudiants et professeurs de la faculté des Lettres, des Arts, des Humanités de La Manouba, qui s’est déroulé devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, vers 11h00.
Entre-temps, étaient en réunion avec le chef de cabinet et des responsable du ministère, MM. Houcine Boujarra, représentant de la Fédération générale de l’enseignement supérieur, Anouar Ben Nawa, représentant du bureau exécutif de l’Ugtt, Mme Fadhila Laouani, membre du Conseil scientifique de la faculté de La Manouba, et M. Khaled Nouisser, secrétaire général du syndicat de base de la faculté de La Manouba. La réunion a eu lieu pour tenter de trouver une issue au sit-in d’un groupe de salafistes qui occupe la faculté de La Manouba, en revendiquant notamment le droit pour quelques étudiantes de porter le niqab durant les cours et les examens.
A la sortie des représentants syndicaux, les étudiants qui s’attendaient à une réponse et à une décision claires de la part du ministère n’ont pas apprécié l’issue de la réunion et l’absence de décision. Ils sont alors pacifiquement entrés dans le hall du ministère pour protester, craignant les risques d’une année blanche.
Toujours dans l’accomplissement de son travail, notre consœur était en train de filmer la scène, quand elle a été agressée par des agents de sécurité en civil. Nous lui avons donné la parole ainsi qu’au chargé de communication du ministère, M. Hatem Kattou.
Le détail.
«J’étais devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, déclare Sana Farhat, pour couvrir l’événement, j’ai interrogé les étudiants et les professeurs et j’attendais avec impatience les résultats de la réunion entre les responsables du ministère et les représentants de la faculté de La Manouba et du syndicat de l’enseignement supérieur.
Quand M. Houcine Boujarra, représentant de la Fédération générale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est sorti de la réunion et a rapporté le contenu des négociations, les étudiants qui s’attendaient à une décision claire n’ont pas apprécié. Ils sont alors entrés pacifiquement dans le hall du ministère pour protester.
Les militaires débordés, ce sont les agents de sécurité, en tenue noire, qui sont entrés en action en voulant faire sortir les étudiants de force, les agressant violemment. J’étais en train de filmer la scène, quand un agent en civil s’est écrié : «Tu me filmes… tu me filmes» et m’a arraché mon appareil photo. Un militaire a intercédé en ma faveur.
Mais quand je suis sortie dans la cour du ministère pour reprendre mon appareil photo, les agents en civil m’ont arraché ma carte de presse, m’ont agressée et tirée par les cheveux. Il ont ensuite récusé mon identité de journaliste en criant: «Qu’est-ce que tu fais ici». Violemment tabassée, j’avais des douleurs partout. J’ai alors appelé le chargé de communication du ministère, M. Hatem Kattou, pour récupérer ma carte de presse et mon appareil photo, qui m’ont été rendus.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique m’a personnellement présenté ses excuses, ainsi que le responsable de la sécurité de Bab Souika.
Je me suis rendue ensuite à l’hôpital, où j’ai fait établir un certificat médical et je compte porter plainte».
De son côté, M. Hatem Kattou nous a déclaré ce qui suit : «Il est vrai que la journaliste Sana  Farhat a été agressée par un membre des  forces de l’Ordre. Suite à cet incident isolé, qui s’est déroulé dans l’enceinte du ministère,  elle a été reçue par le ministre, M. Moncef Ben  Salem, qui a tenu à lui présenter personnellement ses  excuses. Le  responsable de la sécurité de Bab Souika lui a également présenté ses excuses pour ce fâcheux incident.
Il faut dire aussi que les étudiants, qui ont librement exprimé leur point de vue, en scandant des slogans, ont tenté d’accéder aux étages, mais le cordon de sécurité est intervenu pour les en empêcher car, comme vous devez le savoir, le ministère est  un service public et une  structure étatique souveraine, régi par des lois et des règlements.
On m’a rapporté, par ailleurs, que mise à part l’agression dont a été victime la journaliste Sana Farhat, un étudiant a agressé un militaire, il a été arrêté puis relâché».
Interrogé sur l’issue de la réunion entre les responsables du ministère et les représentants syndicaux de la faculté de La Manouba, le chargé de communication a précisé : «Au cours de la réunion, nous avons évoqué les voies et moyens en vue de trouver les solutions et issues au problème du sit-in de la faculté de La Manouba, afin qu’elle rouvre ses portes aux étudiants. Les tractations vont bon train et tous nos efforts sont déployés pour faire cesser le sit-in et que cette affaire connaisse, enfin, son épilogue dans les plus brefs délais».
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 05-01-2012

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