dimanche 24 février 2013

L'Union pour la Tunisie est née


Un accord a été signé hier entre trois partis de l’opposition : Nida Tounès, Al Massar et Al Joumhoury, au siège de Nida Tounès.
Cet accord stipulant la création d’un front politique et électoral baptisé «l’Union pour la Tunisie» sera, également, signé à l’orée de la semaine prochaine par deux autres mouvements : le Parti socialiste et le PTPD (Parti du travail patriotique et démocratique).
Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, a inauguré la cérémonie annonçant la création de ce front dont les signataires ont affiché, dans un communiqué, leur volonté de «contribuer à la réussite du processus de transition politique, économique et sociale malgré les difficultés et les menaces de renouvellement des fondements de l’oppression et de la corruption et de prolongement indéfini de la deuxième phase transitoire après les élections du 23 octobre 2011».
Les partis formant ce nouveau front ont estimé, par ailleurs, que «la Troïka s’est plutôt investie dans l’accaparement et la concentration du pouvoir, s’appropriant les appareils sensibles de l’Etat, en assujettissant le pouvoir judiciaire, en détournant l’appareil sécuritaire de sa nouvelle vocation républicaine neutre, en tentant de mettre les médias sous sa coupe en déviant du processus de la justice transitionnelle et en montrant son incapacité à traiter la difficile situation économique et sociale que connaît le pays».
Or, toujours selon le texte du protocole : «La déviation du processus de transition démocratique et l’exacerbation de la violence politique ne constituent pas seulement une menace pour la stabilité et la sécurité du pays, mais hypothèquent le déroulement des prochaines élections nationales dans la sécurité et dans un cadre compétitif sain.
Ces dangers et défis nous imposent d’œuvrer à la concrétisation d’un équilibre politique loin de toute monopolisation et garantissant une émulation objective et saine au service du peuple».
De ce fait, les partis signataires ont annoncé «la création d’un front politique et électoral qui œuvrera à l’unification des efforts au service des intérêts supérieurs de la Tunisie et à la participation active pour la réussite du processus révolutionnaire transitoire dans le cadre d’une feuille de route dont le consensus national fixera les objectifs ainsi que les dates».
Les signataires œuvreront également «à l’unification des positions et des activités politiques concernant toutes les grandes échéances nationales dont les prochains rendez-vous électoraux, ainsi qu’à la réussite d’un dialogue national sérieux et efficace à même de trouver des solutions efficaces à la situation économique et sociale difficile que traverse le pays».
Au-delà du texte de l’accord, nous avons recueilli des déclarations de membres  des partis signataires.
Taïeb Houidi, membre du bureau exécutif  d’Al Joumhoury, nous a éclairé sur l’objectif premier du Front de l’union nationale :  «Les dernières élections ont montré que les partis démocratiques ont perdu un million de voix qui n’ont pas rapporté ne serait-ce qu’un siège, on s’est donc dit, étant donné qu’il y a une identité politique commune entre l’ensemble de ces partis, il ne reste qu’à créer un front afin de définir d’un côté un programme commun à l’orientation politique claire, entre démocratie, droits de l’Homme, justice, etc., et de l’autre, un programme électoral commun. Certes cela ne va pas sans les calculs politiques des partis, au sein d’Al Joumhoury, par exemple, mais petit à petit les choses vont se décanter et se clarifier et on établira, certainement, pour les prochaines élections législatives des listes communes et un candidat commun  pour la présidentielle».
M. Abdeljelil Bédoui, vice-président d’Al Massar, estime, lui, que ce «front est l’aboutissement logique d’un processus engagé au lendemain des élections du 23 octobre. Ennahdha s’est taillé la part du lion, aux dernières élections, dans une ambiance de division de la scène politique. Depuis, tous les partis démocratiques, progressistes ont cherché à unir leurs forces, à coordonner leur action par  des unions : Al Massar et le Front populaire, par exemple, étant le produit d’unions de partis. La création du Front de l’union pour la  Tunisie est une  bonne nouvelle pour le pays car c’est bénéfique pour la transition démocratique et l’alternance, la préservation des acquis et une scène politique mieux équilibrée.
Les partis au pouvoir, qui ne sont pas une force négligeable, se trouvent actuellement seuls sur la scène politique et risquent d’être tentés de réinstaurer un pouvoir dictatorial.
J’espère que ce front s’élargira à d’autres forces, car de réelles menaces pèsent sur le choix de notre modèle de société qu’on souhaite moderniste, ouvert, tolérant et tourné vers l’avenir».
 Trois questions à Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès : «Un front pour garantir l’équilibre et l’alternance»

Que vise la création du front de «l’Union pour la Tunisie» ?

Des élections du 23 octobre, a découlé un paysage politique déséquilibré. Notre objectif premier est de contribuer à la réussite du processus démocratique. Ce qui n’a pas pu être réalisé en 1970, nous pouvons le concrétiser aujourd’hui à travers un processus transitoire garantissant la pluralité et la liberté.
La création de ce  front garantit également l’alternance et la création des conditions de cette alternance. Or, si le paysage politique demeure déséquilibré, il n’y aura pas d’alternance.
Il faut savoir que mis à part le mouvement Ennahdha, lequel est bien organisé et discipliné, les autres partis sont des kaléidoscopes ayant obtenu des résultats assez médiocres aux élections du 23 octobre. Ennahdha a obtenu 89 sièges à l’ANC grâce seulement à 1.450.000 voix, alors qu’un autre million de voix n’a apporté aucun siège et que le million de voix restant est allé à une multitude de partis. Dans notre  appel du 26 janvier 2012 nous avons appelé les forces démocratiques à se développer et à créer des pôles importants, d’égale valeur, d’où la création de Nida Tounès. Ainsi, la plus grande partie des Tunisiens qui n’ont pas voté aux dernières élections ont adhéré à notre parti.
Maintenant, pour plus de crédibilité et pour réaliser, d’une façon visible, les conditions de l’alternance, nous avons prôné le regroupement de plusieurs partis: dans un premier temps entre Nida Tounès, Al Joumhoury, Al Massar et bientôt, au début de la semaine prochaine, avec le Parti socialiste et le Parti du travail patriotique et démocratique (Ptpd).

Quel sera votre programme ?
Notre programme résidera essentiellement dans la création d’un front politique et électoral. D’abord, il faut réussir le front politique en s’accordant sur un projet commun politique, économique et social grâce à des discussions et à des débats profonds.
Ensuite, il faut établir une feuille de route précise au moment de l’annonce des dates des élections législatives et présidentielle.
J’espère qu’elles se dérouleront en 2013 et nous ferons  tout pour agir en ce sens. Car la période transitoire s’est prolongée indûment bien que l’accord initial signé par tous les partis importants soit d’une année.

Quel est votre programme pour le front électoral?
Nous allons créer une commission de coordination à cette fin et j’espère que nous commencerons bientôt à travailler.
Propos recueillis par Samira DAMI

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