dimanche 24 février 2013

Assassinat de Chokri Belaid

Graves révélations de Zied Héni au juge d'instruction

 Notre confrère Zied El Hani, membre du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) et de la Fédération africaine des journalistes (FAJ), a été entendu hier par le juge d’instruction du 13e bureau du Tribunal de première instance de Tunis, au sujet de ses déclarations sur l’assassinat du martyr Chokri Belaïd. 
Interrogé sur les péripéties de l’audition, Zied El Hani nous a déclaré : «J’ai d’abord exigé que mes avocats soient présents au cours de l’instruction. A défaut, j’aurais refusé d’être auditionné. Le juge qui a assuré l’audition a été très courtois et a enregistré tout ce que j’ai jugé important de révéler dans cette audition qui s’est tenue sur la base d’une requête que j’ai adressée au procureur de la République sur le plateau de Nessma TV, lui demandant d’ouvrir une instruction judiciaire concernant des informations importantes et d’une grande gravité, se rapportant à l’assassinat de Chokri Belaïd, et qui m’ont été rapportées par une source sécuritaire. J’ai demandé à ce que toutes les personnes citées soient entendues par le juge d’instruction».
Rappelon que Zied El Hani a fait, samedi dernier sur le plateau de Nessma TV, des  déclarations sur la probable implication du directeur général des services spéciaux au ministère de l’Intérieur dans  l’assassinat de Chokri Belaïd.

«Mon devoir de journaliste et de citoyen»

L’un des  avocats de Zied  El Hani,  Fawzi Mrad, a déclaré aux médias que «mon  client a fait, au cours de  l’audition, de  très graves révélations en citant des  noms de responsables de  partis et  du gouvernement». L’avocat a  refusé de révéler les  noms cités  par Zied  El Hani afin de  respecter le secret de l’instruction.
Interrogé sur les  raisons qui l’ont poussé à s’adresser  à un média pour faire  ces révélations et non directement au procureur de la  République, comme cela se fait de  manière légale, Ziad El Hani a expliqué : «D’abord, c’est parce  que mon  devoir de  journaliste l’exige, ensuite c’est par  crainte d’être liquidé, vu la gravité des  informations, et de partir, ainsi, avec mon secret».
A la question de savoir s’il est optimiste quant au déroulement de cette affaire dans la transparence et la légalité,  Zied El Hani a répondu : «Je suis toujours optimiste… Ce qui est sûr, c’est que je suis soulagé et satisfait d’avoir témoigné et signé le procès-verbal de l’audition, car je pense que j’ai fait mon devoir de journaliste et de citoyen. Le processus est enclenché, une trace de l’affaire existe et tôt ou tard on en connaîtra les tenants et les aboutissants».
Enfin, Zied El Hani a tenu à nous informer de l’issue de l’audition : «Sachez que vers la fin de l’instruction devant le juge, avant que je ne signe le procès-verbal, des agents de la BAT (Brigade antiterroristes) ont investi le bureau  pour me faire comparaître devant le procureur de la République. Ce que mes avocats ont refusé, exigeant que la convocation soit lancée par la voie légale. Après avoir signé le procès-verbal, mes avocats m’ont emmené, en scandant l’hymne national, à la bibliothèque des avocats, jusqu’à ce que le procureur de la République ait renoncé à cette convocation intempestive. Je suis enfin sorti du tribunal escorté de mes confrères et consœurs».
Zied El Hani explique cette convocation avortée comme suit : «Je crois qu’il y a une partie qui a déposé plainte contre moi. Peut-être qu’il s’agit du ministère de l’Intérieur. Or, si c’est le cas, je demande le transfert du dossier à la justice militaire. Car quand une affaire concerne un haut fonctionnaire sécuritaire ou militaire, c’est la justice militaire qui se saisit du dossier».

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