samedi 28 janvier 2012




Merci Eurosport, ZDF, Tchad, Somalie et Cnie

Contre toute logique, la télé Qatarie a privé le bon peuple tunisien et maghrébin des retransmissions de la CAN 2012, exigeant la somme de deux milliards de nos millimes pour la vente des droits. Mais l’information a circulé entre  les passionnés du ballon rond sur facebook et twitter qui ont donné le nom des chaînes qui transmettent les matches de la CAN ainsi que leur fréquence afin de permettre  aux  téléspectateurs de regarder les matches de la 28ième CAN et bien sûr ceux de notre équipe nationale. 

Au tableau des satellitaires en question : Eurosport-Allemagne, ZDF, une chaîne allemande aussi, la télé du sénégal et du Mali, etc. Merci, donc, l’Allemagne qui a par ailleurs, soit dit en passant, recyclé une partie de nos dettes en investissements. On voit bien la différence de comportement entre les différents pays et satellitaires, dont certains pourtant arabes, ne cherchent que le profit et d’autres Européens et Africains plus généreux, moins égoïstes et moins regardants sur l’argent et le profit.




Halte à l’agression et à la chasse aux journalistes et aux intellectuels !

 La vidéo qui a fait le tour des chaînes de télé et de la toile est on ne peu plus claire : encore une fois on s’attaque aux journalistes, politiques, avocats et autres symboles de l’élite intellectuelle du pays dont Zied Krichen, Rédacteur en chef du quotidien Le Maghreb et Hammadi Redissi, universitaire. C’était lundi dernier devant le palais de justice de Bab Bnet à Tunis lors du procès intenté contre Nessma-TV pour avoir diffusé le film Persépolis. D’autres journalistes, avocats et militants des droits de l’homme ont été également insultés, agressés physiquement et traités d’impies.



La scène se passe devant les grilles du palais de justice : un groupe de Salafistes dont plusieurs barbus portant calottes et kamis, et arborant des drapeaux  islamique, blanc ou noir, sur lesquels on peut lire « Il n’y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son prophète». Puis, on entend  une voix crier «Ils ont corrompu les filles, maintenant  les femmes s’en prennent aux hommes, ils ont nuit à la famille, il n’y a plus d’harmonie et d’osmose entre ses membres, tout ça est l’œuvre des médias et de la gauche». Un autre renchérit : «Mais c’est aussi à cause de certains feuilletons mexicains, du capital et de la mondialisation ». Dans le brouhaha des voix s’élèvent : «Ya Krichène ya Amil» (suppôt de l’étranger), « Dégage !». Enfin, la caméra se focalise sur le journaliste le regard inquiet, le visage fermé, son compagnon Redissi s’accroche à lui presque, essayant de le protéger comme il peut, tous deux tentent de traverser la rue sous les cris « Ya krichène ya Hakir, ya nadhl (minable, salaud) le peuple tunisien est plus fort que toi». Journalistes et présents le filment avec leur caméscope comme si de rien n’était. Or, le danger guette puisqu’un jeune, barbe rousse et fournie, bonnet sur la tête et blouson noir frappe violemment le journaliste par derrière, son ami s’interpose, mais il reçoit un coup de tête d’une violence rare qui le fait tituber et perdre ses lunettes, une voix féminine pousse des cris de frayeur et de détresse. Les deux hommes choqués évitent de répondre à la provocation et à la violence, ils réussissent à traverser la rue sous les insultes et les crachats, « Sale chien ! » « ya kafer, ya kafer » (Impie). Enfin, un agent de l’ordre montre le bout du nez et tente de les protéger, sans que les insultes comme «Tu te crois un homme », «Ennemis de Dieu» ne cessent pour autant, Hamadi Redissi est secoué par un homme d’un âge certain à la barbe blanche fournie. Après une marche d’un pas pressé, qui leur a certainement paru des plus longues, les deux hommes s’engouffrent dans le commissariat de police le plus proche pour avoir la vie sauve, mais aussi pour porter plainte. Les policiers ferment la porte, mais le groupe continue à s’égosiller voulant entrer de force…

 Comment caractériser ces actes de violence répétitifs et gravissimes, contre certains de nos collègues, sinon de dangereux et d’intolérables. Comment ne pas crier halte à l’agression et à la chasse aux journalistes ? De tels actes ne sauraient souffrir aucun laxisme ni de la part du gouvernement provisoire, ni de la part des partis politiques, de la société civile, des membres de l’Assemblée constituante, des associations et autres intellectuels qui devraient réagir et condamner fermement de telles attaques et assauts inadmissibles entravant la liberté de presse et le droit à l’information.

 Ce groupe de manifestants Salafistes ne pouvaient-ils pas manifester pacifiquement ?  Pourquoi ont-ils usé de violence et pourquoi les a-t-on laissé faire ? Où sont passés les forces de l’ordre ? Ces provocations et agressions visent-elles à faire taire les journalistes en les empêchant de faire leur métier en leur âme et conscience ?  Ces derniers sont-ils acculés à subir la violence dans l’indifférence et le silence radio total ?  Cela ne nous rappellent-t-ils pas certaines pratiques de l’ancien régime qui consistaient à bâillonner, museler et réprimer toute presse différente afin d’empêcher la pluralité de l’opinion et de ne laisser place qu’à la propagande dictatoriale. Une question s’impose face à toutes ses dérives : est-ce le retour de la dictature ? On dirait que oui, car c’est seulement et uniquement quand on réprime les médias et la liberté d’expression et de création qu’on s’installe dans la dictature puisqu’on le sait, nulle démocratie n’est possible sans la liberté de presse et d’expression. Les idéaux et les valeurs de la révolution pour lesquels s’est soulevé tout un peuple sont-ils, désormais, l’otage des nouveaux  ennemis de la liberté qui, au nom de la religion, n’hésitent pas à attaquer verbalement et physiquement toutes personnes qui affichent sa différence par la réflexion et la liberté de pensée. Il est vrai que quand on est incapable de répondre par la réflexion et un argumentaire logique on peut sombrer dans l’insoutenable et exécrable violence haineuse.

Aux partis de la majorité et à la Troïka au pouvoir et au gouvernement en place, donc, d’assumer leur responsabilité et d’envoyer des signaux forts au bon peuple pour indiquer clairement que leurs discours prônant le droit à la liberté de presse, d’expression et de création sont réellement en harmonie avec leurs actes et décisions. Les journalistes qui, aujourd’hui, se sentent en danger en accomplissant leur tâche et noble mission doivent savoir qu’ils bénéficieront de la protection nécessaire contre toute entrave ou agression. Encore heureux que le premier ministre provisoire, Hamadi Jebali, n’a pas manqué de condamner dans son discours devant l’Assemblée constituante l’agression contre  Zied Krichène tout en déclarant que «La justice suivra son cours quel que soit l’appartenance politique de l’agresseur». Et de poursuivre : «Il ne peut y avoir de libertés sans garantie de l’intégrité physique des journalistes». Espérons que cela soit réellement traduit dans la pratique et que dorénavant les autorités anticipent les faits au lieu de les subir et de s’en excuser  après coup.

 Le gouvernement devrait, ainsi, afficher, encore et toujours, sa détermination à sévir contre tous les extrémistes auteurs de violence verbale et physique à l’encontre des journalistes, intellectuels, politiques, avocats, et créateurs afin qu’ils ne demeurent pas impunis et que la justice puisse suivre son cours en toute équité et impartialité. D’ailleurs, on attend toujours les résultats des enquêtes ouvertes à propos des agressions perpétrées précédemment contre plusieurs de nos collègues et autres politiques et créateurs. A défaut ce serait la porte, grande ouverte, à toutes les dérives et à tous les abus que favorise le sentiment d’impunité qui poussent les agresseurs à récidiver allégrement. On peut dire, alors, adieu à la liberté de presse et d’expression fondement de toute démocratie car ceux qui sont réellement visés par ces violences ne sont autres que les journalistes et les mèdias.
S.D.


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