lundi 9 novembre 2015

Arrêt sur image annulation de «douz doc days»

Quand on freine la culture participative

La 5e édition des Journées documentaires de Douz (Douz Doc Days) qui devait se tenir du 12 au 17 octobre 2015 a été annulée.
C’est là la décision prise, récemment, par le fondateur et directeur de la manifestation, Hichem Ben Ammar.
Cela, selon lui, en raison du «manque de visibilité financière» et du «manque de moyens logistiques». En fait, le directeur du festival n’a pas pu réunir le budget nécessaire, car le British Council, qui soutenait financièrement la manifestation par un apport de 45.000 dinars, a décidé de se retirer progressivement de la manifestation. C’est pourquoi Hichem Ben Ammar a sollicité la somme manquante du ministère de la Culture, du Cnci (Centre national du cinéma et de l’image) et du ministère du Tourisme, «mais à dix jours du festival, déplore-t-il, aucune de ces parties n’a encore répondu». L’on comprend, donc, qu’il ait été dans l’obligation d’annuler la manifestation et d’épingler, ainsi, «la bureaucratie qui condamne, selon lui, les acteurs culturels à la désorganisation».
Le fondateur du Douz Doc Days ne comprend pas que «le festival soit qualifié, par le ministère de la Culture, de petit festival local qui ne nécessite pas un budget de 85.000 dinars, semant, ainsi, le doute dans les esprits. «Or, le ministère de la Culture, affirme Hichem Ben Ammar, n’a fourni que des prestations en payant des factures, seul le cnci nous a versé de l’argent en numéraire, en nous octroyant, l’année écoulée, la somme de 10.000 dinars. Comment donc le ministère peut-il demander des comptes à propos d’une somme, 85.000 dinars, qu’il ne nous a jamais attribuée».
En fait, quand on sait que le budget de la 1ère édition du festival international du film arabe de Gabès s’élève à 300.000 dinars, dont 50.000 dinars ont été octroyés par le ministère de la Culture, on peut se demander pourquoi cette politique des deux poids deux mesures, surtout que le projet de la 5e édition de «Douz Doc Days» était mûr.
Puisqu’un programme riche et varié a été annoncé par son fondateur, entre compétitions, séances spéciales, résidence d’écriture,  concours d’affiches audiovisuelles dans les écoles, concours de photos : «Douz aux yeux des femmes», conférence, table ronde, etc. 60 invités de qualité entre réalisateurs, critiques, amoureux du cinéma et autres.
Et on comprend, une fois encore, que Hichem Ben Ammar regrette que «le ministère de la culture favorise, ainsi, la culture du   spectacle et des paillettes aux dépens de la culture participative responsable et citoyenne». N’est-ce pas là une politique dissuasive qui pousse les acteurs culturels à baisser les bras.

Pour une culture participative
Tous croyaient, qu’après la révolution, de pareilles actions culturelles citoyennes trouveraient échos et encouragements auprès des autorités, mais, visiblement, il n’en est rien. D’autant que l’annulation de «Douz Doc Days» ne sera pas sans effets sur la région non seulement au niveau culturel mais aussi économique. Au plan culturel, la région perd un festival de qualité qui favorisait la cinéphilie dans la région ainsi que l’animation et la découverte cinématographiques et culturelles. Cela sans compter l’impact sur les jeunes puisqu’un ciné-club est né et des films sont réalisés.
Au plan économique, il faut dire que les 85.000 D sont pratiquement dépensés dans la région en hôtels, services, etc.
Mieux, «Douz doc days», on le voit, s’inscrit dans une optique de décentralisation culturelle à laquelle la constitution a appelé ; or, quand on constate que des actions du genre se retrouvent dans la trappe par manque d’aide et de soutien des autorités et des parties concernées, on ne peut que le déplorer et appeler, au contraire, à la valorisation et à l’encouragement de toute action de décentralisation culturelle, qui représente une opportunité réelle non seulement pour apporter et offrir la culture et les arts en tous genres aux populations des régions, notamment les jeunes, mais aussi favoriser la communication, l’échange, la participation et l’animation.
Cela surtout dans les régions qui connaissent une inertie et une absence d’actions et d’animation culturelles  alarmantes. A bon entendeur, salut !
Samira DAMI

Arrêt sur image: JTC, LE BILAN

Des hauts et des bas

    Par Samira DAMI
La 17e édition des JTC (Journées théâtrales de Carthage), qui s’est déroulée du 16 au 24 octobre, a vécu avec des hauts et des bas, suscitant des critiques concernant le manque d’organisation, l’improvisation, les problèmes de logement  et de logistique subis par certains invités, l’absence de guide et de bulletin quotidien qui constituent la mémoire de ces journées, et nous en passons. Mais là où le bât blesse, c’est que ces critiques ciblent, également, la qualité des productions dont certaines laissent à désirer, car plusieurs d’entre elles, aussi bien arabes et africaines qu’européennes, n’avaient point le niveau requis pour figurer au programme de cette édition, ce qui est corroboré non seulement par la critique mais aussi par plusieurs professionnels du théâtre. Leïla Toubel, dramaturge et comédienne, l’a relevé sur sa page facebook où elle a noté : «Nous avons vu des spectacles qui ne ressemblent à rien alors que la qualité artistique est la colonne vertébrale de tout festival qui se respecte». Il est, ainsi, clair que les programmateurs ont fait le choix de la quantité au détriment de la qualité car dans certaines pièces on constate d’emblée soit la prépondérance du texte sur la mise en scène, soit carrément la médiocrité aussi bien du texte que de la mise en scène.
Or, une manifestation africaine et arabe a une obligation de qualité, afin d’éviter le nivellement par le bas. Ainsi, mieux vaut une trentaine de pièces de niveau certain qu’une cinquantaine dont la moitié s’avère médiocre. L’objectif premier des JTC étant d’attirer le public, par la qualité et d’ancrer davantage la pratique et la fréquentation théâtrales et non point de le rebuter définitivement du 4e art en lui offrant des semblants de créations.

Des Acquis 
Mais il y a aussi du bon, puisque la 17e édition des JTC s’est distinguée par certains aspects et acquis positifs, notamment, celui de la décentralisation qui a permis au théâtre d’aller à la rencontre des régions défavorisées et désertées par la culture. Ainsi, si 20.000 spectateurs se sont déplacés pour goûter au plaisir du 4e art à Tunis, 75.000 spectateurs se sont déplacés dans les régions, dont la majorité est composée d’enfants ; on ne peut, donc, que saluer l’entrée de la culture de nouveau dans les écoles, les lycées et l’université après une éclipse durant, au moins, deux décennies. Cette action permet non seulement de familiariser les enfants et les jeunes, qui constituent le public de demain, avec le 4e art mais de favoriser l’amour des arts en général et du 4e art en particulier. Autres impacts de l’ouverture des établissements scolaires et universitaires sur le théâtre : stimuler la pratique culturelle, et donner le goût de l’apprentissage de l’art théâtral aux enfants et aux jeunes.
C’est pourquoi l’Etat devrait veiller  à encourager la production théâtrale pour enfants et pour jeunes, cela à travers la formation et l’encadrement des troupes et des compagnies qui ciblent ce public spécifique.
Le théâtre pour enfants notamment étant une entreprise délicate et sensible qui nécessite outre une formation artistique, des connaissances pédagogiques et psychologiques incontournables pour un message et un texte adéquats et une mise en scène de qualité. Il serait incongru de proposer des productions médiocres aux enfants ou de les considérer comme un public de 2e catégorie. Bien au contraire. C’est pourquoi il serait judicieux que certaines troupes se spécialisent davantage dans la production de théâtre pour enfants.

Le nécessaire retour de la compétition

Saluons, également, les hommages en guise de reconnaissance à des dramaturges et metteurs en scène qui ont tiré leur révérence tels Ezzeddine Guennoun, Monia Ouertani, Taïeb Oueslati  et autres, sans compter les hommages rendus à des acteurs qui ont tant donné au 4e art, en particulier, et à la culture en général tels Fatma Ben Saïdane, Ahmed Snoussi et Abdellatif Kheïreddine. Témoigner de l’amour et de la reconnaissante aux artistes est impératif pour la pérennité des arts.
De son côté, le marché des JTC représente un nouvel acquis à sauvegarder afin de permettre aux créations théâtrales africaines et arabes de voyager. Aussi des pièces tunisiennes, libanaises, marocaines et syriennes ont saisi cette chance.
Mais encore une fois cette action ne s’est pas déroulée sans querelles, certains hommes de théâtre tunisiens ayant contesté le choix des pièces en question.
Mais peut-on être tout à fait impartial ou contenter tout le monde quand il s’agit d’art?
Enfin, afin d’améliorer la teneur de cette 17e édition au plan de l’organisation et de la qualité du programme, notamment, il serait judicieux qu’à l’instar des JCC (Journées cinématographiques de Carthage), les JTC aient un comité  d’organisation permanent. Cela afin de pouvoir préparer bien à l’avance et de peaufiner aussi bien la programmation que l’organisation, l’infrastructure et la logistique nécessaires.
Au final, disons, encore une fois, que sans la compétition et les prix, les JTC ont perdu de leur piment et attrait et de cet esprit de compétitivité utile et nécessaire à l’évolution de tout art.

Arrêt sur image

La mémoire en péril

Par Samira DAMI
Lors d’un passage récent dans une émission de télévision, Zied Gharsa a amèrement déploré l’absence quasi totale de conservation du patrimoine musical qu’est le malouf, qui représente indéniablement l’un des constituants de notre identité nationale. Le chanteur et musicien enfonce le clou en révélant que la totalité de l’œuvre de son géniteur, Tahar Gharsa, disciple de Khemaïs Ternane et considéré comme l’un des maîtres du malouf, n’a été ni enregistrée ni conservée par les institutions étatiques concernées.
zied gharsa a, par ailleurs, confié qu’il dispose de quelques enregistrements du riche legs musical de son père, mais lesquels, à la longue, risquent, faute de conservation idéale, purement et simplement la dégradation.
Toutefois, ce n’est pas tout puisque le chanteur a, également, révélé, au grand dam de tous, que même les 13 noubas du malouf, qui ont été sauvegardées de la déperdition grâce à la volonté et à l’ardeur lyrique et musicale du mélomane et non moins musicien Mohamed Rachid Bey, ne sont pas, aujourd’hui, entièrement enregistrées, ni conservées ni diffusées.
Contrairement, par exemple, à l’Algérie qui a sauvegardé l’ensemble de ses noubas andalouses, par l’enregistrement et la conservation.
Ainsi, notre malouf, faute d’enregistrement et de diffusion, demeure, jusqu’à nos jours, inconnu aussi bien des musiciens que du public.
Et si le malouf, reflet du cachet musical tunisien, n’est pas conservé, que dire du trésor musical de plusieurs décennies, depuis le début du XXe siècle, entre pièces musicales et chansons inimitables.
Mais le plus affligeant, c’est que l’absence de conservation et de diffusion du patrimoine culturel et artistique touche aussi bien le domaine musical que d’autres domaines artistiques : le cinéma, les arts plastiques, le théâtre, la danse traditionnelle, les sites archéologiques, l’architecture urbaine et autres.
Ainsi est-il affligeant de constater que, jusqu’à aujourd’hui, le pays ne dispose pas d’un musée des arts plastiques et que les fonds du patrimoine pictural et sculptural ne sont pas encore répertoriés et conservés dans les normes et les conditions idéales. Deux tentatives de mettre sur pied un musée des arts plastiques, et ce, successivement au milieu des années 1990 et en 2010, n’ont pas abouti. Résultat : la production des arts plastiques tunisiennes, entamée notamment à l’orée du XXe siècle, risque la détérioration en l’absence d’un musée d’art moderne et contemporain auquel ont appelé, à plusieurs reprises, les plasticiens et les académiciens. Le dernier appel en date ayant été fait en février 2015.
A défaut de musée, l’histoire et la mémoire de l’ensemble du secteur des arts plastiques demeurent, ainsi, invisibles aussi bien pour le public que pour les artistes.

Et la volonté politique ?

Côté 7e art, la conservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique sont tout aussi aléatoires, à défaut d’une cinémathèque où le legs filmique national serait conservé dans des conditions idoines.
Pourtant, les nouveaux supports existent et il s’avère nécessaire aussi bien de restaurer tout le gisement de films disponibles et de le transposer sur les nouveaux supports technologiques.
Même situation pour le théâtre car aucun musée des costumes et des décors scéniques n’existe sous nos cieux, comme c’est le cas ailleurs, alors que la production théâtrale a commencé à l’orée du XXe siècle.
Les sites archéologiques et les trésors architecturaux urbains manquent, pour la plupart, de préservation et sont souvent profanés et pillés.
Ainsi, en est-il de plusieurs sites, entre autres Kasserine, Sbeïtla et Djerba où le site archéologique de souk El Guebli a été saccagé sous les regards laxistes et dans l’indifférence des parties concernées, entre ministère de la Culture, police et autres institutions étatiques.
D’ailleurs, l’Unesco a, dans ce sens, lancé «Une alerte contre le trafic du patrimoine archéologique qui s’accentue du fait des révoltes en Tunisie, en Egypte et en Libye, notamment».
Ainsi, le ministère de la culture et les institutions étatiques concernées ont du pain sur la planche s’il existe réellement une volonté politique pour conserver le riche patrimoine national ainsi que la mémoire dans tous les domaines de l’art.
Ce patrimoine, reflet de l’identité nationale, du génie des hommes et de la richesse des civilisations qui se sont succédé sur notre bonne terre, devrait être impérativement conservé et sauvegardé. c’est pourquoi du côté du ministère de la culture, il est temps de se réveiller et d’agir à travers la création de médiathèques, cinémathèques et photothèques, ainsi que de musées d’arts plastiques, d’arts vivants, d’arts scéniques, et autres. Car il est de notre devoir de transmettre aux générations futures le legs patrimonial qui leur est dû car ces lieux de conservation favorisent non seulement l’exposition et la diffusion mais, aussi l’étude, la recherche et la formation.
S.D.

dimanche 2 août 2015

ARRET SUR IMAGE : Suite à la réaction des cinéastes et producteurs tunisiens invités au festival de Locarno

Il n’y a pas de protestations qui tiennent, seul le boycott paye

Par Samira DAMI
Finalement, plusieurs réalisateurs tunisiens qui devaient participer au festival de cinéma de Locarno en Suisse (du 5 au 15 août 2015), qui a consacré une «Carte blanche au cinéma israélien», ont décidé de retirer leurs films et projets de la section «Open Doors» (Portes ouvertes) consacrée au cinéma maghrébin. Ainsi, les cinéastes et producteurs tunisiens invités par le festival de Locarno ont publié un communiqué où ils déclarent ce qui suit : «Nous nous insurgeons contre le partenariat entre le festival de Locarno et «l’Israeli Film Fund » dans le cadre de «Carte blanche» rebaptisée « First Look » et accordée à Israël par la direction du festival de Locarno, un an à peine après les massacres de Gaza qui ont fait 2000 morts dont 500 enfants, il nous semble que le festival commet là une faute grave que nous ne saurions cautionner ».
Aussi, les cinéastes et producteurs tunisiens ont-ils collectivement demandé au festival de Locarno «de renoncer à tout financement public provenant de l’État d’Israël – d’autant que la nouvelle ministre de la culture israélienne a décidé, dès sa nomination, et de manière scandaleuse, de couper les subventions aux artistes palestiniens et  israéliens qui ne partagent pas sa vision ». Mais la direction du festival n’a pas donné suite à leur demande, ce qu’ils regrettent, selon eux, vivement.
Face à ce refus, la réaction des professionnels tunisiens s’est déclinée en deux positions  considérées, par eux, comme politiquement responsables. La première, celle prise par les cinéastes Raja Amari et Mohamed Ben Attia et les productrices Dorra Bouchoucha et Lina Chaâbane qui ont déjà annoncé, avant la publication du communiqué collectif, dans un post sur les réseaux sociaux, le retrait de leurs films et projets du festival de Locarno comme «le préconise BDS Tunisie ». La seconde consiste  à «refuser la politique de la chaise vide en continuant à protester à Locarno pendant la conférence de presse organisée par BDS Suisse». Ainsi, les réalisateurs Néjib Belkadhi, Hind Boujemâa, Moez Kamoun, Nadia Rais et les producteurs Imed Marzouk, Badi Chouka et Farès Ladjimi comptent protester sur place à Locarno. De son côté, la réalisatrice Imen Dellil, dans un post sur facebook, a indiqué avoir retiré son court-métrage « Chouf » de la section Open-Doors de Locarno «en soutien au mouvement BDS». Nous avons appris, d’autre part, par Mehdi Ben Attia lui-même  ce qui suit : «Je suis  personnellement dans une hésitation qui dure depuis très longtemps. Je prendrai sans doute ma décision finale à l’ultime minute. Pour le cas où je déciderais d’y aller, ce serait pour participer à la conférence de presse de BDS Suisse, et j’ai demandé à y prendre la parole». Voilà tout.

Un appel au boycott signé par 200 cinéastes
Mais, remontons, d’abord, les faits. Le festival de cinéma de Locarno a donné «Carte blanche au cinéma israélien». Autrement dit, Locarno apporte son soutien et son aide à certains cinéastes israéliens et à la diffusion de leur film en partenariat avec  le Fonds israélien du cinéma, organe national de financement et de promotion qui est un organisme  étatique  et gouvernemental israélien. C’est ce que reproche, en fait, à Locarno le Pcabi (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel) ou la Campagne palestinienne de Boycott académique et culturel d’Israël représentant la majorité absolue de la société civile palestinienne et qui a lancé depuis le mois d’avril un appel au boycott sous l’intitulé «Ne donnez pas carte blanche à l’apartheid israélien !».
  Cet appel signé par plus de 200 cinéastes, artistes et acteurs culturels a été relayé par le mouvement international BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) et par le Comité des artistes et acteurs culturels solidaires avec la Palestine, en Suisse. Parmi les signataires, plusieurs figures du cinéma européen, tels Ken Locah, Jean Luc Godard, Alain Tanner, palestinien  comme Anne Marie Jacir et Elia Suleïman, israélien  dont Eyal Sivan et tunisien  comme Jilani Saadi, Asma Chiboub, Moncef Taleb, Kaouther Ben Henia et autres. Or, le 22 juillet 2015, le mouvement BDS-Tunisie  a publié une lettre ouverte adressée nommément aux réalisateurs qui ont décidé de participer au festival de Locarno sous l’intitulé « Lettre ouverte aux artistes tunisiens invités au festival de Locarno : Ne donnez pas carte blanche à l’apartheid israélien !».Poursuivant que «la campagne tunisienne pour le boycott d’Israël est profondément désolée de cette participation au festival de Locarno qui place Israël au centre du festival un an après le massacre israélien perpétré à Gaza à l’été 2014 où plus de deux mille Palestiniens, dont plus de cinq cents enfants, ont été tués, le festival de Locarno a décidé de placer Israël au centre du festival en donnant « Carte blanche au cinéma israélien » —   sept films en phase de postproduction seront présentés aux professionnels pour faciliter leur finalisation et distribution — et ceci dans le cadre d’une coopération avec le  Fonds israélien du film. Or, ce fonds est un organisme soutenu par le Conseil israélien pour le cinéma que le gouvernement israélien a mandaté comme organisme consultatif de financement du film; il bénéficie aussi du soutien du département Cinéma  du Ministère des Affaires étrangères, dont le but est de «promouvoir les films israéliens à l’étranger avec l’appui des attachés culturels des ambassades israéliennes partout dans le monde». Il est utile de rappeler que c’est ce même ministère des Affaires étrangères, choisi comme partenaire du festival, qui a justifié les attaques brutales d’Israël contre les civils palestiniens et leurs infrastructures.
La campagne de boycott tunisienne exhorte enfin les cinéastes invités à Locarno à rejoindre tous les artistes maghrébins qui ont décidé de ne pas servir de caution à un festival qui légitime le régime d’oppression israélien et renforce l’impunité d’Israël, en annulant leur participation à ce festival. BDS conclut que «l’agression israélienne de l’été 2015 qui a duré 51 jours a annihilé des familles entières dans leurs maisons… Accepter de participer à un Festival qui bénéficie directement du soutien institutionnel israélien, ce serait envoyer à tous les Palestiniens un message comme quoi leurs vies ne comptent pas et que leurs droits fondamentaux ne sont pas dignes de considération.

Ceux qui boycottent et ceux qui comptent protester
PACBI et BDS demandent, au final, à tous ces professionnels «de respecter leur combat et de soutenir leur stratégie de résistance non violente…tout en les exhortant à tenir compte de leur demande en refusant de participer à Locarno et à cautionner l’apartheid israélien. Espérant, au final, que ces réalisateurs tunisiens choisiront de défendre la dignité humaine face à la barbarie et à l’injustice perpétrée contre tout peuple, contre tous les peuples».
Ainsi, parmi les professionnels tunisiens invités à Locarno, 5 sur 13, ont répondu, jusqu’ici, à cet appel en annulant leur participation, refusant, ainsi, à juste titre de cautionner la politique de la colonisation et de l’apartheid de l’entité sioniste représentée officiellement à cette 68e édition du festival de Locarno. Ce qui a été, en gros, accueilli avec satisfaction et avec des bravos sur les réseaux sociaux. Quant aux autres, ils ont, jusqu’ici, maintenu leur participation, arguant « du refus de la politique de la chaise vide» optant, ainsi, pour la protestation sur place lors de la conférence de presse de BDS Suisse. Voilà qui vaut bien le voyage. Protester en voyageant c’est plus agréable et payant, non ? En tout cas, beaucoup plus agréable que de boycotter le festival en restant chez soi. Mais ceux qui ont choisi la deuxième «posture» oublient que participer à un festival où Israël est partie prenante, c’est quelque part une reconnaissance de l’entité sioniste même s’ils comptent protester du matin au soir. S’asseoir auprès des cinéastes israéliens qui sont soutenus officiellement par le régime colonisateur parce qu’ils ont la même vision que lui, contrairement à d’autres qui s’en démarquent, c’est, en quelque sorte, cautionner, voire soutenir la barbarie du colon israélien. Car, contre l’injustice, les agressions sanglantes et inhumaines d’une colonisation interminable et unique au monde, subies tragiquement depuis plus de 60 ans, par le peuple palestinien, au mépris de toutes les lois et conventions internationales et les droits de l’homme, il n’y a pas de protestations qui tiennent,  il n’y a que le boycott qui paye. A bon entendeur… !

Retrovision

Toutes ces télés en vacances 
Les chaînes de télé aussi bien publiques que privées sont en vacances, on dirait. Car il est clair que pour les différents programmateurs, l’été est synonyme, à leurs yeux, de rediffusions en boucle de vieilles émissions déjà ressassées, entre caméras cachées, variétés, jeux et fictions, la plupart produites tout au long de l’année ou durant Ramadan, soit celui écoulé, soit ceux des années précédentes. Ainsi depuis la fin du mois saint, certaines chaînes ne programment que des rediffusions de leurs propres programmes, ainsi que des fictions venues d’ailleurs, comme sur Ettassia et Al Hiwar Ettounssi, par exemple. D’autres chaînes se sont spécialisées dans la programmation de feuilletons égyptiens et libanais, telle NessmaTV. Les télés publiques ne font pas mieux, tout est reprise, on est même remonté jusqu’aux archives des années 70. Certes, l’émission «Les archives de la télé», diffusée en hiver sur Al Watania 1, vaut le détour, mais pas au point de la rediffuser, encore et encore, juste pour le remplissage. Or, partout ailleurs, les satellitaires ne prennent pas de vacances en été, bien au contraire, elles concoctent des grilles légères, en proposant des émissions toutes fraîches pour leur public. Et les genres varient : jeux, concours, divertissements, talk-shows, variétés. Cela outre la retransmission de grands événements culturels et sportifs. Prenons l’exemple des chaînes publiques françaises, France 2 et France 3 sur lesquelles sont programmées des émissions distractives et culturelles, à la fois aériennes, ludiques et instructives, telles que «Fort Boyard», «Secrets d’Histoire», «Un livre un jour», « Dans quelle étagère », «Intervilles» qui propose une compétition et un concours jubilatoires et conviviaux entre plusieurs villes françaises,s pourquoi, en fait, nos chaînes publiques, Al Watania 1 et 2,s ne produisent-elles pas une émission du même genre ? Ce qui permettrait de tisser des liens entre plusieurs villes et gouvernorats à travers l’émulation et l’échange entre les jeunes ? Certes, certaines chaînes diffusent une ou deux nouvelles émissions à l’image de Hannibal-TV, tel ce documentaire sur les étapes importantes des six premiers mois de la présidence de Béji Caïd Essebssi ou encore le programme hebdomadaire, «l’Interview». Cela outre que la satellitaire a judicieusement maintenu au moins l’un de ses programmes politiques comme « Face-à-Face », à titre d’exemple, où Kamel Jendoubi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec les institutions constitutionnelles et la société civile, a répondu aux questions d’Imen Maddahi sur la prestation du gouvernement Essid dans plusieurs domaines entre autres la crise du bassin minier de Gafsa outre une évaluation de l’adoption, le 25 juillet, par l’ARP de la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. D’ailleurs, l’on se demande pourquoi la majorité des autres chaînes locales ont supprimé leur programme politique comme si en été il ne se passait rien ni au plan national ni au plan international. Ce qui est loin d’être probable, à preuve l’adoption de la loi antiterroriste par l’ARP, les événements en Libye, en Turquie et partout au MoyenOrient qui méritent bel et bien un arrêt sur image.

Des spéciales culturelles qui se ressemblent

 Dans la grisaille des rediffusions ressassées à l’infini, il est encore heureux que quelques chaînes se focalisent sur les festivals d’été, notamment Carthage et Hammamet, et cela grâce à une couverture de tous les spectacles programmés. Ettassia, Tunisna-TV, Hannibal-TV, Al Watania 1 et 2 consacrent, ainsi, des spéciales à ces manifestations d’été. Or, toutes ces émissions se ressemblent, il s’agit de reportages avant et après les spectacles dont des extraits sont montrés outre l’intervention des artistes, des directeurs de festivals, ainsi que des témoignages de quelques spectateurs et journalistes, mais le plus souvent ce sont les mêmes journalistes qui, d’une chaîne à l’autre, évaluent de manière impressionniste la prestation des artistes qui étaient sur scène. Ce qui donne l’impression au public de suivre la même émission sur plusieurs chaînes. Un peu d’originalité dans le concept et le traitement serait, donc, souhaitable. Il existe, également, cette autre tendance dans ces spéciales, consacrées à la couverture des manifestations culturelles, consistant à poser des questions abracadabrantes, comme le fait Hella Dhaouadi sur Hannibal-TV et qui se voit même imitée par certaines de ses collègues. Le hic, c’est qu’on a même parlé dans les médias de «l’école Hella Dhaouadi» (sic). Bref, il est clair que les chaînes aussi bien publiques que privées ont, dans leur majorité, misé principalement sur le mois de Ramadan sacrifiant, par-là, la grille des programmes du reste de la saison estivale. Or, tout le monde ne peut pas se payer des vacances et même ceux qui en ont les moyens ne peuvent couper complètement avec les télés pendant deux mois ou plus. Mieux, la télévision est quasiment l’unique moyen de loisirs des pauvres, voire de la classe moyenne, et si toutes les chaînes leur servent quotidiennement le même plat composé seulement de rediffusions, il est normal que ces téléspectateurs se réfugient ailleurs en regardant les autres satellitaires arabes. A moins que pour les télés locales l’audience et l’audimat ne comptent pas et n’ont aucun intérêt durant la période estivale. Ce qui est étrange, car c’est pendant cette saison, où une bonne partie des Tunisiens sont en vacances et peuvent consacrer plus de temps à la télévision, que les chaînes, notamment les nouvelles, peuvent se (re)positionner et gagner du terrain sur bien d’autres.
Samira DAMI

lundi 20 juillet 2015

RETROVISION

De l’inconscience
 Les faiseurs de fictions, sous nos cieux, ont-ils vraiment idée de ce que représente le terrorisme ? En tout cas, à la lumière de certains sitcoms et feuilletons, il se révèle que ce n’est point le cas. Citons l’exemple des sitcoms Bolice et Ambulance, diffusées sur Ettasiaâ, qui sont des parodies calquées sur des productions occidentales, entre américaines, françaises et anglaises. Dans les deux sitcoms citées, les personnages de terroristes sont parodiés d’une manière telle qu’ils en deviennent sympathiques. Comme si on pouvait tourner en dérision le terrorisme n’importe comment et gratuitement juste pour faire rire les téléspectateurs, courant, ainsi, le risque de banaliser le phénomène. visiblement, les scénaristes, réalisateurs et comédiens qui s’adonnent à ce genre d’exercice sont inconscients du danger que représentent des individus cruels, dangereux et inhumains. Et pour être édifié, il suffit de regarder les vidéos dans lesquelles les journalistes occidentaux, auxquels il a été permis de rencontrer des chefs de groupes terroristes, racontent l’effroi qu’ils ressentent encore après leur séjour dans les régions conquises par Daech. Ces journalistes ont jeté un cri d’alarme sur la cruauté et la sauvagerie de ces criminels qui recrutent des jeunes, et même des enfants, à tour de bras. D’ailleurs, le journaliste allemand Jurgen Todenhöfen, en immersion dans l’organisation de l’Etat islamique, n’a-t-il pas révélé, dans plusieurs interviews, que des enfants âgés de 8 ans ont commis des assassinats et des attentats au nom de l’Etat islamique. C’est pourquoi il est vraiment temps que les personnages de «salafistes», de «terroristes» and co soient construits de manière sérieuse et profonde et non banale et folklorique. Que ceux qui réalisent des sitcoms cessent de prendre le terrorisme à la légère et de faire, au contraire, œuvre utile en contribuant à conscientiser les citoyens au danger du phénomène sur l’ensemble du pays. Car le fléau du terrorisme, on le sait, n’engendre que mort, épouvante, cruauté, insécurité, drames, tragédies, effondrement des valeurs et règne de l’ignorance sous couvert de principes religieux. Cela sans compter l’écroulement de l’Etat et ses institutions, au profit du crime, de la terreur et de la dictature. C’est pourquoi les médias audiovisuels, dans des émissions de tous genres, fictions, reportages, enquêtes, débats, devraient avoir pour mission d’impliquer les citoyens en les conscientisant, de manière rationnelle, à la dangerosité du fléau rampant du terrorisme dont nul n’est à l’abri.
Typiquement tunisien 
Ce qui va suivre est typiquement tunisien car, ailleurs, dans d’autres contrées, nous n’avons jamais vu des acteurs défiler dans une émission radio, en l’occurrence Romdhane show, sur Mosaïque FM, pour passer un long moment à évaluer aussi bien les fictions ramadanesques dans lesquelles ils ont joué que d’autres. Pis, ces acteurs et actrices critiquent la prestation de leurs collègues. Certes, c’est l’animateur Hédi Zaïem qui le leur demande, mais les interviewés peuvent refuser de répondre car partout ailleurs dans le monde ce sont, généralement, les journalistes, les critiques, voire les téléspectateurs qui jugent ce genre de productions télévisuelles. Mais sous nos cieux, on a même entendu des actrices qui refusent toute critique, à l’image de Maryam Ben Mami, qui s’est permis d’insulter le peuple en le qualifiant de «schizophrène» (sic). On a également entendu des journalistes défendre des fictions diffusées sur la chaîne où ils travaillent. Ainsi, Lotfi Laâmari, qui travaille à Al Hiwar Ettounsi depuis une année, a défendu bec et ongles le feuilleton Ouled Moufida, toujours dans Romdhane show sur Mosaïque FM. Cette fiction de Sami Fehri, dont le scénario est puisé ici et là de certaines fictions américaines dont Sons of Anarchy (pour le générique notamment), a réussi à rafler les meilleurs taux d’audience, selon des mesures d’audimat qui ne sont pas très fiables, car très peu scientifiques, vu essentiellement le manque de moyens technologiques rigoureux et précis. Pis, de prétendus scénaristes nous servent des idées, des faits et des situations plagiées, le tout sans âme ni vision, et où pullulent des scènes gratuites de beuveries, où toutes les femmes, sans exception, sont des traînées et tous les jeunes sont des fêtards inconscients comme, notamment, dans Hkayet tounssia (Histoires tunisiennes), feuilleton diffusé sur Al Hiwar Ettounsi, qui bat, paraît-il, les records d’audience car, et il faut le dire, tout le monde sait que Naouret el Hawa est rediffusée le lendemain à 18h00 sur Al Wataniya 2, alors que les fictions diffusées sur Al Hiwar Ettounsi ne le sont qu’une seule et unique fois. Le pic d’audience au profit de Histoires tunisiennes de Nada Mezni Hafaïedh est donc compréhensible et logique. Enfin, disons que toutes ces fictions n’ont que faire de l’image de la femme, des jeunes, des enfants et du reste de la société tunisienne en général. Car l’important pour les faiseurs et les diffuseurs, c’est de réaliser de l’audience et un bon audimat en accumulant des scènes invraisemblables qui choquent au maximum. Côté réalisation, ce n’est pas mieux car, soit c’est le ronron, certains réalisateurs se complaisant dans la redondance stylistique, ou alors c’est carrément l’imitation pâle du style américain, comme c’est la cas dans Ambulance de Lassaâd Oueslati, Calquée sur la série française H, ou la sitcom parodique Bolice et le feuilleton Leïlet Echak, tous deux réalisés par Mejdi Smiri. Or, il est temps que réalisateurs, jeunes et moins jeunes cessent de copier et de plagier, pour inventer et créer leur propre style et vision de l’art et du monde.
 S.D. 

samedi 27 juin 2015

Attentat terroriste à Sousse

Nos télés déphasées

 Au moment où des satellitaires arabes et européennes annonçaient vers midi l’attaque terroriste à Sousse qui a fait une  trentaine de morts et de nombreux blessés, les chaînes de télé locales continuaient de diffuser normalement leurs programmes ordinaires, entre feuilletons, sitcoms et jeux, sans même annoncer en bas de l’écran dans le «news-bar» le drame survenu dans la ville côtière, La Mecque du tourisme tunisien.
Si Al Watania 1, suivie de la 2e chaîne publique, se sont focalisées dans les journaux télévisés sur l’événement dramatique, les chaînes privées, à l’exception de TNN et surtout de Nessma TV qui a réagi par un débat en milieu d’après-midi,  ont préféré rester déphasées et en marge de l’actualité brûlante en diffusant, jusqu’aux environs de 15 heures, des  programmes soporifiques et stupides réchauffés ou autres culinaires afin soi-disant de divertir les téléspectateurs, mais qui eux, loin de là, n’avaient pas du tout le cœur à ça puisqu’ils se sont rapidement rabattus sur les réseaux sociaux et les satellitaires arabes et européennes généralistes, qui ont interrompu leurs programmes, ou d’informations en continu.
Ainsi, hier tout au long de l’après-midi, les satellitaires locales n’ont  pas prêté à cette tragédie l’importance qu’elle méritait alors qu’il s’agit du fléau de terrorisme qui n’épargne aucun pays.
A preuve, hier, le terrorisme a frappé simultanément dans quatre pays, en France, au Koweït, en Tunisie et en Somalie. D’aucuns affirment qu’il s’agit «d’un plan diabolique américano-sioniste où tous les pays arabes, sans exception, sont visés, le prochain sur la liste étant l’Algérie. Le but étant premièrement de diviser pour régner en s’accaparant toutes les richesses énergétiques arabes et d’éviter, du même coup, qu’une autre puissance, la Chine, n’en profite à son aise.
Deuxièmement, permettre à Israël de dominer, pendant des siècles, la région et le monde arabe, quasi en ruine, en raison des guerres qui y sévissent».
C’est, en tout cas, ce qui se dit un peu partout sur les réseaux sociaux et sur certaines satellitaires arabes et même locales.

Apprendre à réagir à chaud
Mais ce postulat est-il vrai ou faux ? Ne s’agit-il pas d’une analyse des partisans et adeptes de «la théorie du complot» ? Ne s’agit-il pas de rejeter tous nos maux, failles et faiblesses sur les autres : l’impérialisme, le sionisme et toutes sortes  d’ennemis visibles ou invisibles ?
Ne s’agit-il pas d’une politique interne aveugle qui, jusqu’ici, n’a rien fait pour contrer le terrorisme ? Cela en mettant  en place une stratégie nationale étudiée et efficace pour le développement de l’économie, l’instauration d’un équilibre régional, la réforme de l’éducation, de la justice, etc.
C’est pourquoi les chaînes locales auraient dû éclairer à chaud la lanterne des téléspectateurs en posant les bonnes questions à des experts spécialistes et autres politologues.
Disons, enfin, que les présidences de la République et du gouvernement, qui ne se sont adressées au peuple que tardivement, ainsi que les médias télévisuels devraient apprendre à réagir rapidement à l’actualité comme cela se fait ailleurs, notamment lors des événements cruciaux qui touchent et endeuillent toute la nation et que peut connaître le pays hiver comme été.
S.D