dimanche 20 mai 2012

65ième festival de Cannes

La Tunisie abritera le siège du Fonds panafricain pour le cinéma


La Tunisie abritera le siège du Fonds panafricain pour le cinéma

 De notre envoyée spéciale Samira DAMI
• Le Fpca, un outil exemplaire de solidarité interafricaine, tant attendu par les cinéastes africains, en voie de concrétisation

C’est fait, le siège administratif du Fonds panafricain pour le cinéma et l’audiovisuel (Fpca) élira domicile en Tunisie, puisque l’appel  lancé par M. Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, présent sur la Croisette, a été accepté par M. Clément Duhaime au nom de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) et appuyé par les ministres de la Culture de la Côte d’ivoire et du Gabon. C’était  hier, au cours d’une rencontre et conférence de presse  organisée au pavillon des  «Cinémas du monde» pour la mise en œuvre effective du Fpca. Rappelons que l’idée de ce Fonds  est née il y a  quatre ans déjà et que c’est lors du Festival de Cannes 2010 que le projet a été annoncé devant la presse internationale. Les objectifs et missions du Fpca sont clairs : soutenir financièrement la production de films pour le cinéma et la télé et la finition de films déjà produits, favoriser l’émergence de films africains et de séries panafricaines de qualité, promouvoir la coopération sud-sud, réconcilier le cinéma de ce  continent avec son public en répondant à ses attentes, besoins et aspirations et permettre, enfin, à un milliard d’Africains de se réapproprier leur histoire, d’affermir leur identité et de partager leur vision avec le reste du monde.
L’appel du ministre de la Culture tunisien, lancé devant un parterre composé de ministres de la Culture de la Côte d’Ivoire et du Gabon, de représentants  et de professionnels des cinémas africains, a été précédé par une déclaration où il a exprimé sa satisfaction et sa fierté quant au chemin parcouru par le cinéma africain et à sa présence à Cannes pour la mise en œuvre du Fpca. Et d’ajouter : «La  Tunisie a été le premier pays à encourager le cinéma parce qu’il représente outre la création, une richesse culturelle pour les peuples. La Tunisie a, grâce au militant Taher Cheriaâ, créé les JCC (Journées cinématographiques de Carthage), contribué à la naissance du Festival panafricain de Ouagadougou (Fespaco) et à la création de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) avec la contribution du cinéaste sénégalais Sembene Ousmane. Ce sont ces deux militants qui ont lancé depuis 1969 à Alger l’idée de ce Fonds dans un même idéal de coproduction et de solidarité sud-sud et il va de soi qu’aujourd’hui le pays des JCC la soutienne et la concrétise». Et de proposer deux motions : la première remerciant l’OIF et son secrétaire général Abdou Diouf et la deuxième consistant en une demande de création d’un conseil d’orientation du Fonds après avoir créé les bases de la structure juridique dudit Fonds tout en affirmant que la Tunisie est prête à le soutenir et à l’accueillir.
M. Duhaime a souligné que plusieurs autres pays et organisations ont annoncé leur soutien au Fpca, suite aux adresses écrites dans ce but par Abdou Diouf à tous les chefs d’Etat africains : le Gabon, le Bénin, le Maroc, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, etc. Et d’ajouter : «Nous avons fait une étude de fiabilité et de gouvernance de ce Fonds et nous sommes rassurés vu les engagements très forts de la Tunisie, du Gabon et d’autres pays et associations. Il est important que les gouvernements africains se donnent les moyens de leur politique nationale concernant le cinéma». Et d’annoncer que c’est le cinéaste sénégalais Moussa Touré dont le long métrage La Pirogue est programmé en sélection officielle qui sera le parrain du Fpca pour l’année 2012. Très ému, Touré  a appelé les gouvernants à apporter leur soutien au Fonds afin que les films soient tournés dans les langues africaines et non pas en langue française, comme c’est actuellement le cas.
Les ministres de la Culture de la Côte d’Ivoire et du Gabon ont approuvé les deux motions de leur homologue tunisien et ont appuyé l’appel de la Tunisie déclarant que «Les révolutions et changements de pouvoirs dans les pays africains ont créé une dynamique politique nouvelle et une volonté de prendre nos propres destins en main». Le cinéaste Férid Boughedir, l’un des animateurs de la rencontre, a indiqué visiblement très satisfait: «C’est un  grand jour, car 43 ans durant, et ce depuis 1969, date de la création de la Fepaci, les cinéastes africains n’ont pas baissé les bras, ils ont créé le Fespaco et d’autres festivals et structures outre les marchés du film... Je veux rappeler que ce que les Européens ont réalisé dans le domaine du cinéma peut fonctionner en Afrique et c’est d’autant plus important que cela garantit l’indépendance de l’image et du cinéma du Continent. Que le rêve devienne réalité».
Enfin dans une déclaration à La Presse le ministre de la Culture a indiqué : «C’est un honneur pour la Tunisie d’accompagner le Fpca et d’abriter son siège grâce aux actions antérieures des militants dans le domaine et à la qualité du cinéma tunisien. Il y aura certainement des défis à relever, mais j’exprime mon engagement à planifier tous les handicaps logistique, matériel ou financier. Fort heureusement cette responsabilité du Fonds représente un argument justifiant la présence du pavillon tunisien. Nous avons perdu une visibilité de notre cinéma dans la compétition officielle, mais notre savoir-faire et engagement a enfin tranché contre l’hésitation exprimée concernant le pavillon tunisien à Cannes».

Auteur : S.D.
Ajouté le : 20-05-2012

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